Variation saisonnière

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« Une ville se fane /

Dans les brouillards salés /

La colère océane est trop près... »

Hors-saison

Auteur, compositeur et interprète : Francis Cabrel

Septembre. C'est la fin de la saison, la pluie qui s'abat sur les côtes dès que les derniers aoûtiens ont levé les voiles. On replie les grands parasols qui ne fleurissent plus sur les terrasses, les petites boutiques du littoral ferment peu à peu leurs portes, les grands hôtels donnant sur la promenade se vident... On sent déjà les premiers frimas de l'automne poindre à l'horizon grisâtre de l'océan qui se déchaîne parfois sous la houle.

A l'évidence, mon échoppe à moi, petit atelier artisanal perdu au fin fond d'une ruelle sombre, n'attire jamais personne, qu'on soit hors-saison ou pas. Personne sauf toi, ce jour-là. Tu y fis entrer la lumière quand la sonnette carillonna. Il devait être 15 heures, mais je n'ai jamais vraiment eu la notion du temps. C'était un samedi, le dernier samedi d'août. Je levai ma tête de mon établi et ta voix cristalline s'adressa à moi. Les émaux exposés en vitrine t'intéressaient. Surtout les turquoises, ceux qui allaient si bien avec le bleu de tes yeux. Un peu emprunté, je m'empressai de te les présenter un à un. Tes prunelles brillaient de mille feux, le blond de tes cheveux portait en lui l'éclat du soleil, ta robe à volants tournoyait à mesure que je te dévoilais le fruit de mon travail. Et puis, tout s'assombrit subitement lorsque tu aperçus cet homme en costume marine qui s'impatientait en avisant sa montre, appuyé sur l'aile avant de sa berline grise. Une berline parisienne.

— Je... Je dois y aller. On m'attend. Désolée pour le dérangement, Monsieur... Je reviendrai... Un autre jour peut-être...

Il y avait alors toute la tristesse du monde dans ton regard, ce sourire un peu gêné de devoir écourter ce moment si féerique. C’est ainsi que tu disparus brusquement de ma modeste boutique, au bras de l'homme en costume marine, à bord de la berline grise. Pour remonter sans doute en direction de la capitale. Sans doute...

Septembre. C'est la fin de la saison, la pluie qui s'abat sur les côtes... Mais, tu n'es jamais revenue, jamais depuis cet été-là. Et depuis, même en plein soleil, j'ai froid.

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