Quelque part, ensemble (polyptyque)

26 minutes de lecture

récit co-écrit avec DivaJu

« Pourras-tu suivre là où je vais ? »

Seras-tu là ?

Auteur, compositeur & interprète : Michel Berger

I. Martin

De grands yeux noirs, comme dessinés au fusain, une épaisse chevelure de jais, une silhouette sylphide... C’est toi que je devine à travers ce moucharabieh d’ébène, toi que je choisis sans que tu puisses me voir. Je te tends la main, te touche, caresse cette peau que j’épouse sur la méridienne en rotin... Un patio d’inspiration méditerranéenne où nous sommes venus chercher la fraîcheur à l’ombre d’un pin parasol, nos désirs naissants qui nous couchent et se conjuguent à l’infini. Ivresse enivrante de délectables pêchés, tu clos tes paupières dans un soupir...

Bip-bip-bip !

Je me réveille en sursaut, le corps encore moite d’un ébat fantasmagorique, et coupe l’alarme de mon smartphone.

6 heures 40. Merde, je suis à la bourre.

Je bondis de mon lit et cours vers la salle de bain attenante à ma chambre pour rattraper ce temps qui défile encore à contre-jour, ces minutes qui s’égrainent invariablement sur l’affichage numérique de la station d’accueil de mon I-pod. Je me laisse aller un bref instant sous le jet tiède de ma douche, puis me savonne énergiquement et me rince avec la même ferveur pour tenter de gagner cette course perdue d’avance. Je me brosse les dents en vitesse, m’asperge de One Million et enfile un costard à la hâte avant de me coiffer à la hussarde. Les aiguilles de l’horloge murale figée sur la cloison séparative de ma cuisine high-tech me donnent le vertige : il faut que je bouffe quelque chose... Je mords dans une viennoiserie à peine entamée la veille, avale une gorgée de jus d’orange premium avant de me saisir de mon attaché-case et quitter mon appartement-terrasse. L’ascenseur me fait dégringoler de quatre étages pour rejoindre le parking souterrain. Je m’installe au volant de ma Maserati ; le V8 s’ébroue, ses vocalises transalpines couvrant presque la voix fluette de Cindy Lauper.

Time after time...

Mon marathon journalier peut commencer.

***

II. Ranae

Dans la chaleur humide d’une après-midi semblable aux autres, je parcours les couloirs sombres et silencieux de cette prison aux mosaïques chatoyantes. Des odeurs de thé mentholé ainsi que des arômes boisés flottent dans l’air telles de fines particules. Le lieu est paisible. Seuls quelques murmures parviennent à échapper à l’oreille vigilante de nos imposants gardiens. Aujourd'hui, El Raya ne descendra pas voir ses épouses et concubines. La veille déjà, il n’avait fait qu’une brève apparition. Son enveloppe corporelle était là, déambulant au milieu de cet écrin parfumé et de silhouettes soyeuses, mais son esprit voguait vers d’autres courbes. Celles du désert et des territoires que le sultanat se dispute avec des groupes indépendants armés. C’est en tout cas ce qui se raconte au palais. Les conseils militaires lui prennent beaucoup de son temps et de son énergie, et en ce moment, sa présence profite davantage à ses conseillers qu’à ses courtisanes.

Le hammam. Deux eunuques m’ouvrent la lourde porte et, sous leurs regards, je pénètre dans l’immense pièce chaude. La vapeur est épaisse et, tout en faisant transpirer les fresques murales aux pâles couleurs beiges et bleues, elle enrubanne les corps de sa douce senteur d’eucalyptus. On m’attend sous l’une des arches de cette luxueuse étuve. La Validé Soultane et le Grand Eunuque ont mis des odalisques à mon service pour me préparer. Il y a quelques heures de cela, j’étais encore l’une des leurs. Après avoir traversé la coupole et atteint la fontaine qui trône en son centre, je rejoins les femmes qui patientent. Parvenue à leur hauteur, et sans un mot, mes sœurs circassiennes m’ôtent le tissu blanc qui recouvre ma peau et me font asseoir.

Une journée plus tôt, nous fumions ensemble le narguilé, et dansions insouciantes au son festif du tambourin. En tant qu’esclaves, nous ne sommes pas destinées à rencontrer le Sultan. Nous sommes là pour nous occuper des épouses et des concubines. Nous sommes les ombres du harem, ses fantômes vivants. Alors, pour occuper le temps dans cette vie chaste et recluse, une fois nos activités domestiques achevées, nous fumons et dansons. Aux pulsations du même tambourin et sous l’euphorie des mêmes mouvements. Dans ce spectacle qui prend vie spontanément et sous les regards des mêmes spectatrices, deux yeux avisés s’étaient invités sans qu’on ne les remarquât. Et sans que je ne le susse non plus, ceux-ci m’observaient, me scrutaient, me jaugeaient. La Validé Soultane était là et avait autant été séduite par les traits fins de mon visage que mes courbes lascives. Elle avait voulu que son fils me rencontrât. A cette fin, elle m’avait placé sous la surveillance rapprochée du Grand Eunuque le temps qu’elle organisât la nuit de notre rencontre.

***

III. Martin

10 heures.

Cette réunion hebdomadaire avec mes collaborateurs me fait chier. J’ai envie de tout envoyer valser.

— Martin ? Martin ?

— Hein ? Tu disais ?

— Qu’est-ce que tu en penses, de ce nouveau plan marketing ?

— Rien, Stan ! J’en pense rien...

Je me lève et quitte la salle de travail sans avoir validé un seul des projets qui m’ont été présentés. Stan me rattrape dans le hall.

— Putain, Martin, qu’est-ce que tu fous ? Tu peux pas nous planter comme ça avec les chinetoques. Ils débarquent de Shanghaï cet aprèm’ ! Alors qu’est-ce qu’on fait ?

— Toi tu fais ce que tu veux, moi je me tire. J’en ai marre de tout ça...

— Quoi ? Mais attends, c’est toi le boss ! Martin, fais pas le con...

— Écoute Stan, ça fait dix ans que je suis le boss, dix ans que je prends toutes les décisions, dix ans que cette société m’étouffe dans son carcan. J’ai besoin de respirer, tu comprends ? Respirer...

— Mais tu ne peux pas partir, pas maintenant ! Le contrat avec Chihiro Entertainment est capital pour l’entreprise... Martin !

— Ça n’a plus d’importance, non, plus aucune espèce d’importance pour moi. J’ai besoin de me tourner vers autre chose...

— Tu décartonnes complètement ! Te tourner vers quoi d’abord ?

— Je sais pas, autre chose... Quelque chose de différent, de moins inutilement strictement mercantile.

Stan n’en revient pas. Dans son esprit, ces paroles ne peuvent pas être les miennes, pas celles de son ami d’enfance. Celui avec lequel il avait grandi, dragué les premières nanas au seuil d’une insouciante adolescence, descendu les premières bouteilles, partagé les premières teufs et usé les bancs de la fac. Il en reste bouche bée et me laisse m’éloigner sans aucun autre geste pour me retenir.

Il ne peut plus me comprendre. Non, il ne peut pas comprendre que la superficialité de mon existence m’asphyxie. Je ne vis que pour mon job, et si on me l’enlève, qu’est-ce qui me reste ? Rien. Ma femme m’a plaqué il y a bientôt trois ans parce que la multinationale que je dirige était plus envahissante qu’une maîtresse, ma fille est trop accaparée par ses occupations d’adolescente pour passer une soirée avec moi sans avoir préalablement pris rendez-vous sur Messenger... Mon appartement est désespérément vide, je n’y fais que de courtes escales pour éviter de penser à ce que j’ai foiré ici.

Via mon smartphone, je réserve un billet d’avion low cost en roulant vers Roissy. J’ai un besoin impérieux, immédiat de changer d’air. Destination : Nowhere, les hasards d’une opportunité de dernière minute. J’ai deux heures à tuer avant mon enregistrement au terminal d’EasyJet. Pour une fois que j’ai du temps devant moi.

***

IV. Ranae

Recouverte d’un onguent musqué, alors que certaines de mes sœurs massent longuement mes formes arrondies, d’autres s’affairent sur mes épais cheveux noirs, les recouvrant d’huile et de miel. Les rumeurs, de même que les nouvelles, vont vite dans pareil lieu confiné où ne se côtoient que des femmes. Très vite, on a su que je devais être présentée à El Raya avant la prochaine lune, et que je quittais ainsi ma position d’odalisque pour prendre celle de concubine. De simple esclave intendante, je passe à celle de rivale potentielle, encourant l’infortune d’abriter en mon ventre l'un des futurs héritiers du sultanat. Les courtisanes ne peuvent rencontrer El Raya dans l’alcôve d’un lit qu’une fois dans leur vie, et alors que certaines se meurent d’ambition de n’avoir pu tomber enceinte, d’autres, plus romantiques, se meurent d’amour de n’avoir pu être honorées que quelques heures dans une nuit. Pour avoir été au service de différentes concubines, j’en connais le destin et je n’en veux pas. Dès que la Validé Soultane eût décidé de me soumettre à son fils, ma décision de fuir fut prise, m’exposant ainsi à la mort. Il existe une porte dissimulée dans le harem : seules les défuntes courtisanes l’empruntent. C’est par cette porte dérobée, dans l'un des longs et sinueux couloirs du sérail, que l’on fait disparaître ces corps qui n’ont plus d’utilité au plaisir et au divertissement. C’est par là que je prévois de disparaître à mon tour. Je ne veux pas soupirer après l’amour, je n’ai pas le courage de cette attente, de ce devoir auquel on m’oblige. L’amour, je veux le vivre, l’éprouver. Et quitte à ne le connaître jamais, vivre alors ne m’intéresse pas.

Habillée, coiffée et parfumée, je suis prête. Je longe la coursive qui mène à la cour des esclaves. C’est là que je dois attendre le Grand Eunuque une heure après le service du thé pour être conduite jusqu’à la chambre d’El Raya. Et avant qu’on me laisse y entrer, la Validé Soultane examinera mon apprêt. Mais je ne me dirige pas vers la cour. Plutôt que de tourner à droite et d’emprunter les quelques marches qui y conduisent, je continue tout droit vers la réserve. J’ai peu de temps. Le service du thé a commencé alors que l’on tressait mes cheveux. A mesure que je hâte mon pas, mon cœur s’accélère. Malgré tous les risques et dangers que j’ai pu me figurer, malgré la conscience de pouvoir mourir, ma fuite s’avère plus difficile à supporter qu’à imaginer. Après avoir dépassé la réserve et m’être assurée du silence des lieux, je m’engouffre dans un couloir. Grâce à lui, je contourne le quartier réservé aux esclaves et accède directement à l’hôpital du harem, sans avoir à franchir le patio. D’y avoir vécu toute mon adolescence sans jamais avoir pu en sortir, cet ingénieux labyrinthe n’a plus de secrets pour moi. Le vrai mystère est dehors, au-delà de ces murs et de ses gigantesques fresques défraîchies. A quoi peut bien ressembler un ciel non morcelé, non borné par les frontières d'une cour intérieure : telle est la question que souvent je me pose. Enfant, je le savais mais lorsque l’on me prit ma liberté, c’est comme si l’on avait également volé mes souvenirs en me confisquant ainsi le plus précieux de mes biens. Peut-être reviendront-ils lorsque je la recouvrerai ? J’atteins la porte donnant sur l’hôpital. Je ne peux m’y attarder, elle est visible depuis le patio. Avant de la pousser, j’aperçois brièvement l’ombre du Grand Eunuque. Il m’attend déjà, et dans quelques minutes, ne me voyant toujours pas venir, il enverra des esclaves me chercher. Je pénètre une autre coursive, et avant de m’y engager complètement, j’écoute. Mon cœur bat tellement fort que j’ai l’impression d’entendre l’écho de son tambour.

Mais l’étroit et sinueux passage est désert. Je perçois juste les bruits venant de la cour de l’hôpital. Au bout de quelques secondes d’une marche empressée, j’atteins une autre porte. L’issue se rapproche. Mêlée à l’angoisse, l’excitation me fait trembler : une fois la dernière pièce traversée, le monde s’offrira à moi.

***

V. Martin

Le ronronnement fatigué d’un antique ventilateur, les perles d’une délectable sueur qui gouttent sur la douceur cuivrée de ton épiderme, l’amour que nous faisons ensemble...

Je te rêve encore. Malgré le climat de ma suite tempérée par le climatiseur, je suis en nage. Il faut que je sorte, vite. La rue, la misère qui contraste avec le luxe tapageur de mon hôtel cinq étoiles... Des prostituées tapinent là. Depuis longtemps sans doute. Je loue les services de Naïma, la plus jolie d’entre elles, la suis dans un recoin lugubre, prévu pour une baise tarifée sur des matelas crasseux, à même le sol. Elle se déshabille, mais je l’arrête d’un geste, lui fait comprendre que ce n’est pas ce que je veux.

— Qu’attends-tu de moi ?

— Je ne sais pas, Naïma, une présence peut-être. Oui, juste une présence... Tu viendrais avec moi ?

— Pour quoi faire ?

— Pour découvrir, se découvrir, se poser aussi.

— Tu as refusé que je me découvre...

— Parce que c’est ton âme que je souhaite découvrir !

— Je ne peux rien te donner d’autre que mon corps. C’est dans mes absences qu’il trouve son salut. Pour trouver ce que tu recherches, tu devras aller là-bas, vers l’Est. Parce que c’est à l’Est que le gens vont pour entrer en communion avec la foi, avec cette présence qui te manque tant, celle d’Allah.

Je m’exile alors des bas-fonds de la luxure sans m’y être adonné. Je rejoins le hall marbré de mon palace, ses faïences bleu piscine. Une fête bat son plein sur la terrasse, une sono crache ses décibels de techno insupportable. Auparavant, je me serais mêlé aux convives jet-set, j’aurais joué les pique-assiettes et fini ma nuit dans les draps d’une blonde siliconée. Mais je ne m’attarde pas. Je monte la volée de marches qui conduit à cette chambre presque trop grande, même pour deux ; j’y rejoins ma solitude. Je m’avachis comme une loque sur un paddock king-size aussi démesuré que le reste, sans même prendre la peine de me dévêtir de mon costume de lin, informe d’avoir trop voyagé. Depuis ma couche, je contemple les heures sombres qui s’étirent sur les murs couverts de chaux ocre. Quelques toiles matinées d’odalisques s’y exposent impudiquement, elles pourraient m’entraîner dans de voluptueux songes. Seulement, je ne laisse pas Morphée me border. Il se dispute mes faveurs avec Allah.

Allah...

Les lettres composant son nom dansent devant mes yeux. Athée de naissance et de culture, les méandres de la religion ne m’avaient jamais attiré jusqu’à présent. Il a suffi que cette fille me l’évoque pour que je m’y intéresse. Dès demain, je foulerai les dunes, je m’en irai vers l’Est, vers ceux qui savent, ceux qui croient : les sages.

***

VI. Ranae

Combien de temps ai-je couru ? Je l’ignore. Mes genoux en tremblent encore et je peine à retrouver mon souffle. J’ai eu peur. J’avais à peine franchi les murs arrière du palais que l’alerte fut donnée. La voix vociférante du Grand Eunuque transperça alors tout le harem. Alors, je me mis à courir plus vite, traversant échoppes, rues étroites et sinueuses, luttant contre la lourdeur de ma parure galante de concubine. Sur mon passage, plusieurs personnes m’ont dévisagée, scrutée. Mon apprêt trahissait ma provenance et si ces témoins venaient à être interrogés par la garde du Sultan, ils pourraient indiquer sans difficulté mon lieu de fuite : le désert. L’angoisse m’étreint : je n’ai ni vivre, ni eau, ni destination particulière, si ce n’est celle de la liberté d’aimer et d’être aimée. Je suis si facile à retrouver et emprisonner ! Le sable s’étend à perte de vue, et le vent de la nuit qui se profile balaie doucement les traces qu’ont pu laisser mes pieds dans leur hâte. Au fur et à mesure des minutes qui s’égrainent, et dans cette obscurité qui colore le ciel et s’opacifie, je deviens incapable de dire d’où je viens. A cette heure-ci, à en juger le timide éclat de la lune, je devrais être dans les draps d’El Raya. A cette pensée, je suis secouée de spasmes qui m’enserrent la poitrine et me nouent la gorge. Je pleure. Bruyamment. Mon envie m’apparaît folle, démesurée, et je m’en veux de n’avoir pu me satisfaire de ce qui m’était offert ; je m’en veux d’autant plus que, le pas entamé, la frontière franchie, tout retour en arrière est impossible. Mes jambes, déjà affaiblies par la fuite, ne parviennent plus à me porter. Je m’écroule. Je me sens seule, tellement seule que, sous cet air qui fraîchit, les bras d’El Raya m’apparaissent comme un foyer sécurisant. Mes sanglots redoublent. Je ne veux pas de ce foyer-là, non, car sans même le connaître, je l’ai toujours exécré. Mais cette nuit où mon idéal d’amour prend lentement les formes d’une illusion qui se dessine dans le sable et s’efface sous le balai d’Allah, cette nuit où je me retrouve emprisonnée parmi des centaines de dunes semblables sous l’empire de mon propre caprice ; cette nuit-là, j’aurais accepté leur étreinte artificielle.

« Ranae… »

Cette voix grave qui m’appelle, il me semble la connaître. Serait-ce celle de mon père ? Non, dans mon souvenir, elle est plus rauque, davantage marquée du sceau de la misère. Ce timbre que j’entends est doux et rassurant. Il chantonne à mon oreille comme une tendre berceuse. Il m’apaise. Deux mains s’emparent des miennes. Elles m’entraînent, m’attirent, m’enlacent. Je suis bien. Je m’y sens à ma juste place. Je le sais maintenant : c’est là que je dois aller…

***

VII. Ranae

Mes pieds me chatouillent. Dans un demi-sommeil qui ne veut être interrompu, j’essaie de chasser le désagrément en les bougeant par grands à-coups. Mais fidèle et persévérante, cette sensation finit par revenir. Ce jeu dure ainsi plusieurs minutes jusqu’à me réveiller complètement. Je me redresse brusquement, agacée, ayant dans l’idée de me débarrasser définitivement de cette gêne, au moins par vengeance. A ma grande stupeur, je me rends compte que je ne suis plus dans le désert. Dans ces quelques secondes de confusion, l’angoisse d’avoir été retrouvée et ramenée au harem m’oppresse. Mais je n’en reconnais pas les murs. Ceux-ci sont beaucoup moins décorés et moins bien entretenus, ils se fissurent de toute part. Le sol n’est pas recouvert de beaux tapis turcs, aux dimensions démesurées, mais de simples paillasses de fortune, que le sable salit. A mes pieds, la sensation désagréable persiste. J’en découvre la cause : une petite chèvre blanche me lèche avec entrain tantôt la voûte plantaire, tantôt les orteils. Au même moment, un homme pénètre la petite pièce dans laquelle je me trouve.

— Ah, tu es réveillée !

L’homme porte un turban taupe sur la tête et une longue toge de lin blanc. La couleur pâle de ses habits fait ressortir le cuivre de sa peau et l’ébène de ses yeux.

— Où suis-je ? demandé-je à la fois inquiète et curieuse. Suis-je ta prisonnière ?

L’inconnu rit.

— Si tu l’étais, je ne t’aurais pas laissée dormir dans ma maison, et je n’aurais pas laissé ma chèvre te lécher les pieds.

— Où suis-je alors ?

— Je t’ai trouvée allongée dans le sable hier au soir, en faisant ma patrouille quotidienne. Je suis chargé de surveiller les abords de notre village. Nous craignons les indépendantistes. Et toi, que faisais-tu ? Ne sais-tu donc que l’on ne s’engage pas dans le désert seule et sans provision ? D’où viens-tu ?

— Je me suis enfuie, me contenté-je de répondre.

— D’où ?

— Je me suis enfuie, c’est là tout ce que tu dois savoir.

— Très bien... Et pourquoi t’es-tu enfuie ?

— Parce que j’étais une esclave, et que je veux goûter à la liberté. Parce que je suis jeune.

— Oui, peut-être trop jeune pour avoir sérieusement réfléchi aux conséquences de tes actions. Tu sais, ce n’est pas parce qu’une situation est nouvelle qu’elle vaut mieux que la précédente.

— Sans doute as-tu raison. Moi j’ai fui parce que ce que je vivais ne correspondait pas à ce que je voulais.

— Mais a-t-on vraiment le choix ?

Le visage de l’homme s’était assombri.

— Bien sûr ! m’exclamé-je. Sinon nous ne serions pas en train de parler !

— Nous sommes en train de parler parce que je t’ai sauvée. Tu serais sûrement morte, entre le froid de la nuit et les scorpions qui rôdent.

— On t’a mis sur mon chemin !

— Quelle délicieuse innocence ! J’aimerais avoir la même...

Avec une tendresse paternelle, l’homme s’approche de l’animal et l’étreint. L’image de cet instant me renvoie à la douceur de mon propre rêve. Je l’avais oublié.

— Je l’ai recueillie il y a trois mois sur un marché aux bestiaux, raconte l’inconnu, le regard perdu dans le vague. Comme toutes les chèvres de ces marchés, elle était destinée à l’élevage et la reproduction. Et moi, j’en suis tombé amoureux. Je l’ai achetée avec mon maigre salaire, et j’en ai fait une chèvre domestique. Depuis trois mois, je la chéris comme ma propre fille.

— Ne sois pas triste, villageois ! Elle te le rend bien. Elle a l’air de te considérer comme un père, elle aussi !

— L'une des femmes du village doit mettre un bébé au monde dans les heures qui viennent, selon les anciennes, continue-t-il, mais elle souffre beaucoup. Le bébé a peu de chance de survivre. Et c’est de ma faute.

— Tu en es le père ?

— Non. Les anciennes disent qu’avoir élevé un animal au rang d’humain a vexé les Dieux, et qu’il faut leur donner réparation pour que l’enfant survive. Seulement, elle n’y est pour rien !

— Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Ça veut dire que, ce soir, ma petite chèvre sera sacrifiée.

L’inconnu refoule un sanglot. Mais une grimace de douleur vient trahir son effort. Je bondis hors des étoffes m’ayant servi de lit.

— Veux-tu venir avec moi ? demandé-je avec brusquerie.

L’homme fronce ses sourcils. Il ne me comprend pas.

— Tu aimes ta chèvre comme ta fille et tu ne veux pas la voir sacrifier, ce que ne semble pas vouloir entendre les gens de ton village. Viens avec moi et emmène ta chèvre. Tu lui éviteras la mort, et toi son deuil.

L’homme semble réfléchir.

— Non, se ravise-t-il, ce serait une fuite, et ce serait lâche. Même si je ne crois pas que ma chèvre soit à l’origine des douleurs de l’enfantement, je dois en assumer la responsabilité malgré tout. Je fais partie d’une communauté et j’ai un devoir envers elle.

— Mais cela ne va-t-il pas à l’encontre de ton propre bonheur ?

— Mon bonheur ne peut être égoïste, il est forcément relié à celui du peuple auquel j’appartiens.

— Tu ne peux accepter de souffrir à cause d’une décision qui n’a de fondement que dans une croyance !

— Ça suffit maintenant ! s’énerve le villageois. Je t’ai ouvert ma maison, ne m’y insulte pas. Tu peux partir si tu le désires, rien ne te retient ici. Je te conseille de marcher vers l’Est, et de continuer toujours tout droit, tu devrais finir par rejoindre la ville d’Agradaba. Là-bas, je ne sais pas si tu y trouveras ton bonheur, mais plus probablement du travail.

***

VIII. Martin

Ranae, symphonie aussi lyrique qu’hypnotique. Un prénom féminin que je ne connais pas, et qui pourtant m’obsède.

Ton prénom.

Es-tu une déesse, la fille d’un prophète, le fruit de la terre et du soleil ? Une reine, une princesse, une muse ? Ou plus prosaïquement une simple mortelle, une odalisque ?

Cette musique onirique tourne en boucle dans mon esprit jusqu’à m’en donner le vertige. Elle résonne en moi comme un chant sacré psalmodié par une chorale gospel. Je suffoque en murmurant ce psaume, la gueule écrasée de poussière aveuglante. J’ouvre mes paupières scellées par mes quelques larmes, celles qui me brûlent la rétine d’avoir essuyé tantôt une tempête de sable. J’ai la gorge sèche, l’estomac noué. Je porte une main tremblante à ma gourde et m’hydrate du peu de liquide qu’elle contient.

Je suis fou...

Fou d’avoir tenté seul ce vain voyage. Je suis paumé, complètement paumé. Ça fait trois jours que je marche vers l’Est, à la recherche d’un quelconque Eden peuplé de sages... Rien. Rien que cette putain d’étendue désertique à perte de vue. A perte de vue... Il ne me reste qu’une modeste barre énergétique, unique relique de cette civilisation occidentale que je veux fuir. Si je continue comme ça, je vais finir par crever. De faim, de soif, de solitude...

Après avoir rebouché ma gourde, je tente de me relever. La trop forte luminosité me fait plisser les yeux. Mais je réussis à l’apercevoir. Une cité saharienne, ceinturée de contreforts. L’image tremble, se floute. Péniblement, je pose un pied devant l’autre, mes pas s’enfonçant à chaque fois un peu plus dans le sol meuble. Une ombre danse devant moi, elle s’approche.

— Ranae ?

— Non, je m’appelle Isbiah. Et toi ?

— Martin, Martin Cortège. Pourquoi te caches-tu, pourquoi dissimules-tu ton visage sous ce morceau de tissu ?

— Parce que les hommes de mon village l’ont décidé. Ils disent que la beauté d’une femme est un trésor qu’il faut à tout prix préserver de la convoitise. Elle se doit d’être une offrande, une dot réservée à l’époux de sa promise.

— Tu ne peux pas rester ainsi recluse sous cet habit toute ta vie ! N’as-tu aucune liberté ?

— La liberté d’aimer mon mari, d’enfanter ses fils, d’honorer Allah.

— Et les femmes n’ont-elles jamais leur mot à dire ?

— Qu’auraient-elles à dire ? Ce sont les hommes qui décident. Toujours. Pas chez toi ?

Je souris, presque désabusé.

— Non... Non, pas chez moi. Chez moi, les femmes ont le droit de quitter leur époux comme bon leur semble. Tu ne veux pas venir avec moi ? Tu ne veux pas de cette liberté ?

— Non. Ce n’est pas dans l’ordre des choses. Mon dessein est ici, et le tien est ailleurs.

Isbiah me tend un baluchon qu’elle portait jusqu’alors à l’épaule.

— Prends ces provisions, Martin Cortège, tu en auras besoin. Tu n’as sans doute pas assez foi en Allah pour t’intégrer parmi nous, mais il saura te guider vers l’horizon qui te sied.

Sur ces dernières paroles, elle me salue, tourne les talons et s’éloigne. Elle disparaît comme elle m’est apparue. La cité fortifiée n’est plus. Il ne subsiste rien. Était-ce un mirage ?

***

IX. Ranae

Je marche vers l’Est, comme me l’a conseillé l’homme à la petite chèvre.

J'ai eu du mal à comprendre cette étrange notion « d’Est ». Il m’a alors expliqué comment me repérer grâce à la position de mon ombre. Elle m’a toujours suivie, et aujourd’hui c’est moi qui la suis. On ne prête pas toujours attention à ces trésors qui nous constituent. L’homme m’a aussi débarrassée de mes habits de courtisane, lourds, épais et sombres. A présent, je suis tout autant couverte, mais la toge et le voile que je porte sont davantage adaptés à la violence du soleil et à la marche dans le désert. Enfin, à la porte du village, tel un père, l’inconnu m’a donné quelques vivres :

— Si tu survis à la nuit, tu devrais pouvoir tenir jusqu’à ton arrivée à Agradaba, m’a-t-il dit en me remettant un petit sac en toile.

En partant, j’ai eu un pincement au cœur de savoir l’épreuve qui l’attendait, et de l’y voir condamné à la subir. Puis, en m’enfonçant parmi les dunes, j’ai éprouvé de la colère : sa chèvre n’était pas condamnée ; seulement en ne tentant rien pour la sauver, c’était lui qui la condamnait ! Enfin, après quelques heures de marche et un bout de viande séchée avalé, j’ai eu pitié. Autant de lui, qui n'a pas eu le courage d'affirmer l'unicité de son cœur, que de moi, qui n'ai pas eu celui d’assumer mon projet démentiel. Est-ce le soleil couchant qui, dans son déclin, emporte avec lui toutes mes certitudes ? Je ris. Au moins, je les verrai reparaître à l’aube… Si je survis ! Je repense aux quelques paroles échangées avec l’inconnu à la chèvre. Peut-être est-elle là ma jeunesse : faire des choix que je ne parviens pas à assumer ; et peut-être est-elle là sa vieillesse : avoir peur de ses propres choix. Et peut-être la sagesse naît-elle de ces deux extrémités : faire des choix à la mesure de son courage.

Soudain, sous mes pieds, le sable se met à vibrer. J’entends un bruit qui s’intensifie, comme si le vent vrombissait. Quelque chose se rapproche… Il me semble que c’est une auto. Mon cœur se fige.

Serait-ce la garde royale ?

La panique me saisit alors et je commence à courir. Dans l’amas de sable et les dunes qui l’habillent, mon corps est lourd et peine à se mouvoir rapidement. Ma course est vaine, je le sens. Mais une force me pousse à courir malgré tout. La fierté sans doute, celle de s’être battue jusqu’au bout. L’auto ne s’arrête pas loin de moi et des hommes aux visages masqués me poursuivent. Sans grand effort, l’un d’eux me rattrape. Alors qu’il m’emmène, je crie et me débats. Si je dois mourir, je veux mourir d’avoir résisté. Encore cette fichue fierté, sûrement ! Sur la banquette arrière, les hommes qui m’entourent sont armés. Leurs uniformes ne ressemblent pas à ceux de la garde royale.

Qui sont-ils ? Que vont-ils me faire ?

Je me remets à crier et tente à nouveau de m’enfuir. Certainement jugée trop bruyante et gênante, je sens que l’on m’assène un coup derrière le crâne. Je m’écroule.

« Ranae… »

Cette voix qui revient et me pénètre... Et ce souffle qui me caresse… Ces bras qui se tendent et m’attendent… Il me semble y percevoir derrière le scintillement de l’océan et le son éternel des vagues s’abattant et léchant le rivage sablonneux… Oui, c’est là qu’il est, et c’est là que je dois aller…

De l’eau me réveille, et le bruit d’un seau qui s’écrase près de ma tête me fait sursauter. Je me redresse. Je me trouve dans une pièce désaffectée, aux murs peints en vert. Le sol est poussiéreux et parsemé de déchets. Je suis dans l'un des angles, menottée à la tuyauterie. Un homme cagoulé, portant une mitraillette, me fait face. C’est lui qui m’a réveillée.

— Hamza veut te voir, dit-il avec dureté.

— Hamza ? l’interrogé-je, surprise.

A peine ma phrase s’achève-t-elle qu’un second homme cagoulé entre dans la pièce et ordonne au premier de déguerpir. Il ne parle et ne bouge pas. Il semble concentré. Au bout de quelques secondes d’immobilité totale, l’homme découvre son visage.

Hamza… Mon grand frère !

— Nous ne risquons plus rien ; je leur ai demandé de me laisser m’occuper de toi, déclare-t-il. Que faisais-tu dans le désert ?

La honte m’envahit. Je respecte tellement mon frère. Comment lui expliquer la poursuite d’un idéal amoureux ? Je baisse les yeux.

— Réponds ! s’énerve-t-il.

Je demeure muette. A cet instant précis, mon projet m’apparaît être le plus grand déshonneur porté à ma famille.

— Réponds, te dis-je ! me menace-t-il de sa main.

— Je… Je me suis enfuie du palais ! m’écrié-je.

— Tu t’es enfuie ? m'observe-t-il déconcerté. Comment as-tu réussi ? Pourquoi ?

Je me recroqueville.

— Ranae, quand je te pose une question, tu me réponds !

— Ils voulaient que je devienne courtisane, mais moi, je ne le voulais pas ! Alors, la nuit durant laquelle je devais être présentée au Sultan, j’ai pris la fuite en passant par la chambre mortuaire du palais...

— Pourquoi ne voulais-tu pas devenir courtisane ? Tu préfères crever de faim et agoniser dans un bidonville comme nos vieux, c’est ça ? !

— Non, dis-je misérablement.

— Tu préfères mendier toute la journée, accoucher de tes gosses au milieu de déchets qui pourrissent, et les vendre comme esclaves de ne pouvoir les assumer ? !

— Non ! commencé-je à sangloter.

— Alors pourquoi t’es-tu enfuie ?

— Parce que je n’étais pas heureuse ! Parce que j’aspire à autre chose !

— Quand on vient d’un bidonville, Ranae, on n’aspire jamais au meilleur mais au moins mauvais ! Quand on vient d’un bidonville et qu’on a été vendue comme esclave, on se contente d’une situation qui aurait pu être pire...

— Eh bien moi, je ne vois pas les choses comme ça, Hamza !

— C'est pourtant ainsi que je les vois, et tu sais parfaitement j’ai raison !

— Ah oui ? Alors pourquoi es-tu cagoulé et armé, Hamza ? Tu voudrais que je prenne exemple sur tes principes alors que tout le sultanat est à la poursuite de ton groupe ? Tu as rejoint les indépendantistes, tu es un clandestin sans foi ni loi !

— Ce ne sont pas des affaires de femmes, et la seule loi que je respecte, c’est celle d’Allah.

— Et moi, celle que je m’édicte.

— Mais enfin, pour qui te prends-tu, Ranae ? Qui es-tu pour proclamer tes propres lois ?

— Une personne bien plus réelle que l’idole pour laquelle tu prends les armes, Hamza. Et plus fidèle aussi...

— Comment ça ? grogne-t-il. Je te rappelle que je suis fidèle aux préceptes du Coran !

— Mais pas à toi-même, Hamza ; tu as toujours détesté la guerre ! Tu voulais être épicier dans un petit village, avoir une femme et des enfants que tu aurais pu élever, envoyer à l’école... Pas un fugitif qui s’échine à survivre dans des baraquements insalubres et à massacrer des innocents ! A quoi bon suivre d'illusoires préceptes quand tu ne respectes même pas les tiens ! Comment peux-tu être un bon fidèle lorsque tu te trahis toi-même ? Explique-le moi, Hamza, parce que moi, je ne le comprends pas !

Il me gifle.

— Petite insolente ! Tu as oublié qui je suis ? Ton grand frère, alors tu me dois le respect ! Tu as de la chance que je sois recherché par les hommes d’El Raya, sinon je t’aurais reconduite au harem... Et j’aurais demandé à assister à ta punition !

— Seulement, tu ne le peux pas. Laisse-moi partir.

— Non...

— Tu vas me tuer ?

— Non, répond-il en serrant les dents.

— Vas-tu demander à l'un de tes hommes de le faire ?

— Non !

— Alors laisse-moi partir. Si tu n’étais pas recherché, tu aurais pu venir avec moi.

— Non. Ça aurait été contraire à mon engagement.

— Ton engagement de guerrier ou celui de grand frère ?

— Lève-toi, m’ordonne-t-il alors qu’il me détache, je vais faire en sorte qu’on te conduise à Agradaba.

— Non ! m’exclamé-je. Il faut que j’aille vers l’océan ! Qu’on me dépose sur le rivage de l’océan...

— le long des côtes du Kiri-Koo ?

— Oui...

— Mais pourquoi ?

— On m’y attend.

— Qui, Ranae ? Qui peut bien t’y attendre ?

— Je ne sais pas, quelqu’un...

Hamza soupire.

— Inch’ Allah.

***

X. Ranae & Martin

Les vagues s’échouent sur le rivage sablonneux. La mer ondule sous la houle et se pare d’un bleu nuit irisé. C’est la fin du voyage, je suis au bout de cette terre. Des arabesques se dessinent sur ta silhouette ambrée et s’y fondent dans un halo solaire. Je sais que c’est toi...

Je sais que c’est toi qui m’attends, assis sur cette plage, le regard perdu. T’es-tu perdu, Martin ?

Non, Ranae, je ne me suis pas perdu puisque tu es là, tu me rejoins, tes pieds nus épousant le sable, tes bijoux tintant de ta démarche féline.

Tu es différent, différent des hommes que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. Les yeux et la peau clairs, les mèches cuivrées, rebelles s’échappant d’un turban de fortune, la barbe naissante, ombrant à peine ton visage.

Tu es belle. Tu habites mes songes depuis si longtemps...

Tu ne parles pas. Tu me tends juste la main pour m’attirer à toi...

A moi... Tes cheveux s’agitent au gré d’un vent salé, un zeste d’écume nappée d’embruns ruisselle sur ton corps qui me charme et m’enivre.

Tu te lèves et plonges tes prunelles dans les miennes, on ne se parle toujours pas...

Toujours pas...

Langage des signes, je sais que c’est toi qui m’apprendras l’amour.

Langage des signes, je sais que c’est toi qui m’apprendras à vivre. Je m’accroche à ton regard. Parce que je t’aime, parce que tu es mon sauveur.

Je ferme les yeux, je prends ta main, tu me guides...

Oui, je te guide. Tu ne veux pas que le rêve s’achève, tu ne veux pas rouvrir tes paupières et découvrir qu’en réalité, tu n’as peut-être jamais quitté ta prison dorée.

Je te suis à tâtons, portée par l’inconnu, et toi tu m’entraînes. Où allons-nous ?

Quelque part, ensemble.

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