Audrey

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On m'avait dit que ça ne durerait pas entre nous. Enfin, c'était Lilian qui m'avait dit ça. Que les putains étaient toutes les mêmes, qu'elles s'éclipsaient toutes bien avant la tombée du jour... Qu'est-ce qu'il en savait, Lilian ? C'est sûr, il avait dû en voir défiler par wagons, des putains au Continental, vu qu'il y est veilleur de nuit. Mais il n'en avait certainement couché aucune dans son lit. Moi, si.

Avec Audrey, on avait fait l'amour, on l'avait fait toute la nuit. J'aurais bien continué, mais elle s'était assise nonchalamment sur le bord du paddock, balançant ses jambes dans le vide. Alors je l'imitai, je balançai moi aussi mes jambes dans le vide. Ça me faisait bizarre de la voir ainsi, j'avais presque l'impression qu'elle voulait prendre le temps d'observer, de se poser. A un moment donné, j'aurais aimé passer mon bras autour de ses épaules, l'enlacer. Parce qu'elle était nue, parce qu'elle était belle, parce qu'elle avait froid peut-être. Mais je n'osai pas briser la magie de l'instant. Elle avait les yeux dans le vague, comme ça, le regard qui portait loin. Et moi, j'avais envie d'elle, mais je ne bougeais pas. Ça aurait été incongru, je crois.

— Je me sens bien chez toi, finit-elle par lâcher. Bon, faudrait changer la déco parce que le jaune pétant et la lumière crue des néons, c'est pas trop mon truc. Mais sinon, c'est calme, reposant en fait, cette vue sur le grand lac, les montagnes alentour...

— Tu voudrais rester ?

Un oui silencieux se lova contre moi. J'étais Brad Pitt, j'étais Tom Cruise. Pendant deux minutes. Ou deux heures, j'en sais rien. Y avait quelque chose dans l'air, quelque chose qui me faisait planer, vraiment. Le septième ciel, ça doit ressembler à ça, quand c'est l'amour qu'on aime aimer... Soudain, Audrey me poussa de mon nuage pour se lever sans le moindre préavis, sans délicatesse, pour se vêtir à la hâte d'une chemise Burton qui trônait sur mon valet. Un voile masculin qui la rendait sexy. Surtout qu’elle ne portait rien d'autre... Et d'une démarche féline, elle foula l'escalier pour quitter la mezzanine.

— Où tu vas ? demandai-je.

— J'ai faim. Après l'amour, j'ai toujours faim. Tu me rejoins sur la terrasse ?

Elle ouvrit la baie vitrée en grand et s'installa sur le balcon. Elle m'avait emprunté mon briquet et mon paquet de cigarettes qui traînaient sur le meuble télé ; et elle s'en alluma une. Depuis plus rien. Le temps que j’enfile un peignoir éponge, elle avait disparu d’un claquement de doigts, sans un mot.

« Les putains sont toutes les mêmes... »

Non Lilian, les putains ne sont pas toutes les mêmes ; Audrey voulait s'installer ici, avec moi. D'ailleurs, l'argent que je lui ai donné hier soir s'effeuille encore sur le coin de table ; tu vois, je ne l'ai pas rêvée !

Et elles sont où, tes clopes ?

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