Je t’aimais…

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« La vie est belle, subtile, épique, oisive /

Elle est celle de nos choix, de nos envies, de nos souvenirs /

Elle est débile, futile, avenante, convenante /

Elle est souffrance, elle est méchante /

Et parfois elle est chiante ! »

Ces choses-là

Paroles & musique : Mat Bastard

Interprètes : Sophie-Tith / Corson

C’est difficile, Valérie. Difficile de s’avouer que ses actes manqués, on ne les doit qu’à soi-même.

Je regarde avec une nostalgie de merde, incontrôlable et qui pourtant me prend aux tripes, cette photo que tu aimes tant, celle où nous n’étions que des gosses qui dansaient ensemble. Tu vois, ce cliché, vieux d’un peu plus de trente ans, résume à lui seul toute notre histoire, tout ce qu’on aurait pu être, tout ce qu’on ne sera jamais. Et aujourd’hui, qu’est-ce qu’il en reste à part ses couleurs délavées par les années ?

Je t’ai toujours aimée je crois. Je t’ai toujours trouvée jolie. Tes yeux, tes cheveux, ton sourire, ton visage. Ses expressions surtout. A chacune de nos rencontres, je les imprimais en moi. Les grandes fêtes familiales, je les attendais avec impatience. Pas pour les événements en eux-mêmes, mais parce que j’espérais. J’espérais t’y croiser, j’espérais pouvoir te parler. Un peu. Et même un peu, c’était déjà beaucoup. J’adorais discuter avec toi. J’aurais pu le faire pendant des heures et des heures, jusqu’au bout de la nuit même, mais le temps nous a toujours été compté. Alors, on s’isolait. On s’isolait pour être seuls tous les deux. On était tellement complices. C’est ce qui me restera de ces années je crois. Cette complicité unique. Celle que je n’ai jamais eue avec aucune autre fille. Celle qui fait que j’étais amoureux de toi.

Mais tu ne l'as jamais su. Et pour ma part, j'étais loin de me douter que notre histoire allait te hanter autant que moi. Te détruire.

Parce que tandis que je songeais à toi, à ce qu'on aurait pu vivre tous les deux, tu me cherchais dans le regard des autres.

Moi, je m'imaginais monter sur Paris un week-end sur deux, venir pour les vacances, t'aimer dans ta chambre. Même y finir mes études. Oui, pour toi, je me serais bien vu parisien.

Je ne savais pas que de ton côté, tu te noyais dans d'autres bras à force de chercher l'amour qu'ils ne te donnaient jamais. Tu t'offrais, tu espérais les retenir, mais ils ne prenaient que ton corps. Le reste, ce que tu ressentais, ce que tu attendais, ils n'en avaient rien à foutre. Tu étais « de celles », à l’image de cette Nathalie qui se raconte dans la chanson de Benabar (1).

Quand tu décachetteras l’enveloppe et découvriras mes mots, tu te demanderas sûrement : « Pourquoi ? Pourquoi maintenant alors qu’aucun de nous deux n’est libre dans sa vie ? » Parce que j’avais besoin de te dire toutes ces choses, besoin que tu saches que quelqu’un a brûlé et brûle encore d’amour pour toi. Et que ce quelqu’un, c’est moi.

Tu vois, on dit souvent que notre mémoire ne retient que quelques instantanés, les moments clés de notre existence. Que les autres, on les oublie au fil du temps. Ce sont ces instantanés qu’on garde gravés en nous toute notre vie, ceux qu’on emporte partout avec nous, dans un coin de notre tête et de notre cœur. Moi, je sais que c’est toi que j’emmènerai partout avec moi jusqu’à mon dernier souffle, parce que tu es mon héroïne, celle que j’ai laissée partir. En particulier ce soir-là. Ce soir où tout aurait pu, où tout aurait dû basculer. Notre premier rendez-vous manqué.

Je... Je sais que j'ai bousillé ta vie de femme, Valérie. A cause de mon silence, de ce que je n'ai pas osé, tu as cru que personne ne pouvait t'aimer. Alors, je te demande pardon, ma belle, pardon de ne pas t'avoir embrassée ce soir-là, de ne pas t'avoir avoué que je t'aimais. Je t'ai blessée bien plus qu'aucun autre garçon ne l'a jamais fait. Et je m'en voudrai toute ma vie de t'avoir brisée cette nuit-là. Parce que depuis, je suis... En manque de toi.



(1) : Référence à Je suis de celles, chanson de Benabar.

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