Quand je laissais passer mes rêves...

2 minutes de lecture

1984. J'ai onze ans et m'émancipe doucement de l'enfance en tombant littéralement amoureux de France Gall - ma première idole de « grand » - sur la pochette de son nouvel album Débranche !, en traînant dans les rayons d'un disquaire de Bourg-en-Bresse - où je vivais à l'époque.

Je ne connaissais pas vraiment l'artiste, juste le single-titre, mais c'est véritablement cette photo qui me poussera à me faire offrir le trente-trois tours - qui reste encore aujourd'hui excellent à mes yeux. C'est peut-être de là que me vient mon attirance pour les blondes...

J'ai donc suivi la carrière de France, la trouvant vraiment magnifique. Et puis j'aimais sa voix, son univers artistique.

1992. J'ai dix-neuf ans et termine ma première année de fac. Et j'attends fébrilement la sortie de son album-duo avec Berger. Je sais tout de leur couple, les deux enfants qu'ils ont eus ensemble - leur fils porte le même prénom que moi -, je les trouve hyper glams. Je m'achète donc le CD Double Jeu - porté par le single Laissez passer les rêves - dès qu'il est dans les bacs, au mois de juin. Et je me dis alors que c'est vraiment l'aboutissement artistique ultime de ce couple fusionnel - c'est l'image qu'ils donnaient en tout cas, même si ce n’est pas tout à fait vrai -, initié par leur première collaboration sur Mon fils rira du rock'n roll en 1974, année de leur rencontre. Le mélange de leurs deux voix est vraiment « nouveau », dans le sens « éloigné » de ce qu'ils avaient pu faire en duo jusqu'alors - Ça balance pas mal à Paris notamment - et donc aussi intéressant que réussi. Et lorsqu'en août de la même année, alors qu'une tournée live de leur duo était annoncée - et à laquelle je voulais absolument assister -, j'apprends le décès de Berger, c'est d'abord un choc - il n'avait que quarante-quatre ans. Avant de me dire que c'est curieux le destin, tout de même, comme si la vie avait décidé de le quitter une fois qu'il était allé jusqu'au bout avec France, qu'ils avaient atteint ensemble une certaine apogée artistique et personnelle.

L'année suivante, son épouse partit seule à la rencontre de leur public pour défendre sur scène l'album-duo : la tournée Simple Je. Et je suis allé la voir bien sûr, l'écouter à Bourg-en-Bresse - alors que je n'y vivais plus -, là où je m'étais amourachée d'elle la première fois neuf ans plus tôt. Et je me suis laissé porter en laissant passer mes rêves de préado... Vanessa l'avait remplacée depuis lors dans mes fantasmes - et c'est marrant de savoir a posteriori que Berger ambitionnait d'écrire des chansons à la toute jeune lolycéenne qui est progressivement devenue ma muse -, alors ça résonnait presque comme un adieu à un premier amour de jeunesse.

France Gall s’est éteinte elle aussi, en janvier 2018, à l’âge de soixante-dix ans. Et ça m’a fait bizarre quand la nouvelle est tombée, comme si une partie de ma jeunesse avait disparu avec elle. Comme si j’avais perdu quelque chose, ou quelqu’un qui a compté pour moi. Ça ne m’a pas rendu triste, mais plutôt nostalgique. Et ça m’a donné envie de l’écouter à nouveau, encore et encore. Pour ne pas l’oublier, Évidemment...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Aventador ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0