Boutique-shop (L’homme-objet)

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J'avais mis mon cœur en solde ;

Tu faisais du lèche-vitrine et puis, comme j'avais de l'amour à revendre, tu t'es laissée tenter.

T'as juste pas fait gaffe que c'était un aller simple, en première classe, pour le Septième Ciel.

Une bombe capable d'atomiser tous les pores de ta peau et de ton âme.

Alors tu as pris peur ; c'était trop violent, trop beau.

Et ma chute n'en fut que plus mortelle.


Faut dire aussi que j'avais le packaging fragile.

Tu aimes bien ça, les packagings fragiles, beaucoup plus que les m'as-tu-vu qui perdent de leur éclat dès la fin de garantie.

Avec eux, il y a toujours tromperie sur la marchandise ; ça te promet monts et merveilles, un feu d'artifice à vie, mais au final ce n'est rien de plus qu'un pétard mouillé qui émoustille trois secondes et retombe comme un soufflé.

Alors que mine de rien, les packagings fragiles, ça a du charme.

Ça assure, ça rassure.

Ça tient non seulement la distance mais aussi toutes ses promesses.

T'avais juste omis de regarder sur l'étiquette : « Ni repris, ni échangé », a fortiori si l’on a sorti le cœur de son emballage d'origine et qu'on l'a négligé par mégarde.

Un cœur, c'est fragile comme du verre, ça se brise en mille morceaux en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Il suffit de quelques mots.

Un peu comme une enfant capricieuse, tu m'as abandonné là dans un coin, vieille poupée cassée.

Sorti de mon frêle écrin, je ne ressemblais plus à rien.

Tout au plus au souvenir fané d'un amour oublié.

Nos fantasmes adolescents n'ont fait que glisser sur l'émeraude invisible de mes yeux dans lesquels tu ne pouvais rien lire de moi, rien de cet amour qui ne se conjugue plus qu'au passé.

Prunelles de Ken vides, jeu d'amour virtuel addictif, sauf que c'était pour de vrai.

Et puis, tu t'es lassée des jolies phrases contenues dans mon coffret.

Tu as jeté les piles, et s'est tu le jouet.


Depuis, tu t'es remise à faire du shopping, mais aucun autre bibelot ne te plaît.

Trop décoratif, trop surfait.

C'est si rare les élans d'amour sincères que tu te perds dans les méandres des boutiques de prêt-à-porter.

Il te faudrait du sur-mesure, un cœur haute-couture, aussi seyant que vrai.

Peut-être est-il là, juste à côté, séduit par tes atours de femme, comme moi, enivré.

Mais comme c'est la fin des soldes, il te faudra sublimer ton âme, la déshabiller de ton corps féminin, diaphane, pour pouvoir le dénicher.

Et le laisser t'aimer.

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