By the sea (quadriptique)

3 minutes de lecture

« Et sur ta marinière /

Je cherche notre trait d'union /

Tu l'as jeté à la mer /

Pour donner à bouffer aux poissons... »

Ta marinière

Paroles & musique : Hoshi

Interprète : Hoshi

I. Bleu amertume

L’écume, c’est une larme qui se forme, qui embue la rétine peu à peu, comme ça, pour rien, quand je pense à nous deux.

Une larme que je retiens, que j’écrase de mon poing quand elle s’échoue, quand elle se brise sur le sable fin.

Et puis, la mer se retire, comme tu as retiré ta main de la mienne.

A l’évidence, la mer fait ce qu’elle veut, elle s’en fout que le rivage se distorde après elle. Elle s’en fout de ces sillages qu’elle forme sur son visage. Elle va, elle vient, elle revient ?

Si ma voix portait plus loin, si elle n’était pas couverte par le bruit incessant des vagues, si tu pouvais l’entendre, moi aussi je te crierais : « Reviens ! »

Seulement, ce n’est pas un cri, tout au plus un murmure. A quoi bon hurler plus fort que la mer puisque c’est elle qui gagnera, toujours ?

D’ailleurs, c’est elle que tu as prise, à moins que ce ne soit l’inverse. Et moi, je reste comme un con sur la lande, à t’attendre. A écrire sur le sable : « Reviens-moi ». Mais trop souvent, la mer se venge et efface mes mots, bien avant que tu ne puisses les lire.

Tu ne reviendras pas. La mer préfère te garder pour elle toute seule. Alors, j’enfouis mes maux sous le sable, je veux que personne ne les voit. Je voudrais qu’il n’y ait que toi qui les vois, mais tu n’es plus là, depuis longtemps déjà…

***

II. L’appel de la mer

Ces bateaux au loin, ils me rappellent tellement de choses ; ils me rappellent tellement toi.

L’appel de la mer a été le plus fort, bien plus fort que moi. Mais si tu me l’avais demandé, si tu m’avais laissé le choix, j’aurais quitté ma terre, je serais venu avec toi.

Un chalutier traîne encore sur la grève. Peut-être embarquerai-je à son bord demain. Peut-être rejoindrai-je tous ces navires qui s’alignent le long d’un gris horizon. Peut-être te retrouverai-je sur l’un d’eux…

Peut-être…

***

III. Cabine de plage


Une cabine de plage à rayures, comme celle dans laquelle on se réfugiait, minots, lorsque la pluie nous surprenait trop tôt.

Gamins, elle nous servait de cabane, abritait nos jeux enfantins. Tu y jouais les effarouchées qui refusent d’ouvrir leur porte aux inconnus ; tu te penchais à ta fenêtre, espiègle, et me laissais te courtiser.

Bien plus tard, cette cabine devint notre refuge, notre jardin secret, celui qu’on ne partageait avec personne d’autre. Je t’y ai volé mon premier baiser ; et puis, un soir d’été, tu t’es donnée par amour et nous l’avons fait.

C’était toi et moi, c’était magique, c’était pour l’éternité, mais t’en souviens-tu là où tu es ?

Je regarde cette cabine de plage et ne peux m’empêcher d’être nostalgique de nos jeunes années, des sentiments que l’on s’est portés, longtemps.

Tu vois, celui qui reste ne parvient jamais à oublier. Est-ce pareil pour celui ou celle qui part ?

***

IV. Les jours gris


Je suis revenu sur mes pas, je suis revenu vers notre banc mais tu avais disparu.

Il ne reste que les traces de ceux qui ont piétiné le sable après nous, mais l’ont-ils fait main dans la main, les yeux dans les yeux, comme des amoureux, comme nous deux ?

Il y a eu des ados, des vieux, d’autres couples peut-être, même des rires d’enfants, ceux que nous n’aurons jamais ensemble. Ils ont tous foulé notre plage, effacé le cœur et nos initiales entrelacées.

Non, il ne subsiste rien de notre idylle, rien du décor de carte postale, de la toile de fond qui abritait l’amour que je te faisais.

C’était en juillet, quand nous courions dans les vagues ; c’était en juillet, quand nous nous embrassions au gré des alizés ; mais je crois voir novembre poindre, et ce crachin qui m’éloigne encore un peu plus irrémédiablement de toi.

Il ne subsiste rien ; même le soleil s’en est allé, même le vent est devenu froid, même la mer est devenue grise.

Seul le ressac est immuable. Le ressac et le souvenir de ton visage.

Parfois, je le caresse encore dans mon sommeil…

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