Salle de bain 1
Un temps, j'adorais le rouge sur mes lèvres. Mon reflet m'éclate à la gueule, je suis laide et d'une vulgarité dégueulasse. Figée devant la vision, je ne suis plus seule tout à coup.
- Désolée.
- T'excuse pas. Je lui réponds d'une voix étouffée.
- Tu ne seras jamais comme elles, mais ce n'est pas grave.
Je sais qu'elle parle des femmes sur les affiches. Des femmes dans les écrans et dont la beauté me souffle à chaque apparition. Je sais qu'elle parle des femmes dont la beauté et le talent m'obsèdent. Je sais qu'elle sait.
- Je t'aime quand même.
- Même si je suis immonde ?
Je me mets à gémir et mon reflet s'enlaidit d'autant plus, pathétique. Je ne les aurais jamais, ces femmes parfaites. Je ne suis rien. Je suis laide.
- Même.
Elle m'enserre. Je ne vois plus que par elle.
- Je ne te laisserai pas.
Une promesse. Elle m'étouffe.
- D'accord.
J'obéis, elle me lâche. Je sens sa main guider mon poignet, verser le produit sur le mouchoir. Et - rageusement - j'efface ce grenat qui souille ma laideur.
Ça ne sert à rien, tout ce rouge.
Elle a gagné encore une fois.
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