Epilogue
Dans les villages voisins, il était dit que la sorcière du coin était tombée. Plus personne n’apercevait sa silhouette au marché ni n’entendait ses murmures dans les bois. Le manoir, d’ordinaire redouté, n’avait plus fait résonner ses colères depuis plusieurs semaines.
Pourtant, sur la colline, la demeure ne s’était pas tue. Chaque soir, des flammes continuaient à danser dans l’âtre des hautes cheminées, et des lueurs circulaient d’une fenêtre à l’autre, comme si la maison vivait encore. Certains affirmaient avoir vu une ombre juvénile parcourir les couloirs, d’autres juraient que des chants étouffés de poupées résonnaient parfois dans la nuit.
Michael, désormais maître du lieu, s’asseyait dans le fauteuil où la sorcière avait régné avant lui. Les vastes couloirs, autrefois piégeux et hostiles, s’étaient faits dociles à ses pas. Les portes s’ouvraient pour lui, les escaliers le guidaient sans détour, comme si le manoir l’avait reconnu pour ce qu’il était.
Il aurait pu s’en aller. Quitter cette prison, briser les chaînes, descendre jusqu’aux villages et disparaître parmi les vivants. Mais ses pieds restaient cloués aux planches anciennes, et chaque fois qu’il regardait au dehors, à travers les vitres hautes et froides, quelque chose en lui murmurait qu’il n’y avait pas d’ailleurs.
Minerva, silhouette rafistolée, demeurait dans l’ombre, fidèle et silencieuse. D’autres poupées l’observaient aussi, leurs yeux vides emplis d’attente. Michael sentait leur regard peser sur ses gestes, comme s’ils attendaient un ordre, une direction, une promesse.
Un soir, il se surprit à sourire devant les flammes, son reflet se tordant dans le verre de la fenêtre. Le manoir lui appartenait… mais lui appartenait-il encore à lui-même ?
Dans les villages, on disait que la malédiction était rompue. Pourtant, à la nuit tombée, les plus attentifs juraient que les lumières du manoir brillaient d’un éclat différent, non plus celui de la sorcière… mais d’un héritier.
La sorcière était tombée.
Et peut-être… que quelque chose d’autre était né.

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