Les secrets doivent rester secrets.

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Il est toujours inconscient.

Je commence à tapoter sa joue pour le réveiller. D’abord doucement, puis de plus en plus fort. 

Il finit par ouvrir les yeux. Ils finissent toujours par ouvrir les yeux.

Si j’avais de l’imagination, je pourrais y lire de l’interrogation ou de la surprise. 

Il essaye de parler mais le scotch que j’ai placé sur sa bouche l’en empêche alors il veut bouger. Les liens sont trop serrés pour qu’il puisse faire le moindre mouvement. 

Il me reconnait, et là, même sans imagination, je lis de la peur dans ses yeux.

  • Je suis désolé Michel. Je ne me souviens plu, c'est bien Michel, ton prénom ?  Je suis désolé, c’est de ma faute, quand je bois, je suis trop bavard. Je raconte des trucs que je ne devrais pas raconter... En plus, je suis sûr que tu ne m’as pas cru. Des délires d’ivrognes qui s’invente une vie pour se donner de l’importance... Je ne t'ai pas cru non plus : cette histoire de femme qui t’attend à la maison avec les enfants. Si un jour tu as eu une femme, ça fait belle lurette qu’elle est partie avec les gosses. Si tu avais une femme et des gosses tu ne trainerais pas dans les bars toute la nuit à payer des coups à un inconnu juste pour pas boire seul. Tu pues la solitude à plein nez, Michel. Fallait pas me faire boire, quand je bois, je parle trop. Je ne bois pas pour oublier, moi. Ça fait bien longtemps que je sais qu’on n’oublie jamais et il va falloir que je vive avec ça jusqu’au bout de cette putain de vie. J’aimerais assez être à ta place, dans le fond. Ta putain de vie à toi, elle touche à sa fin. Personne ne te cherchera et tu ne manqueras à personne, tu sais bien. Un ivrogne de plus ou de moins dans la ville... Peut-être, ton propriétaire finira par s’inquiéter de ne plus toucher son loyer. Mais je serais déjà loin. Dans une autre ville, un autre bar... Un jour, le fleuve rendra ton corps. C’est mieux comme ça tu comprends.

 C’est mon secret et j’aime assez l’idée qu’il disparaitra à jamais avec moi...

Je pose ma main sur son cou et je commence à serrer. Je sens palpiter au bout de mes doigts, son sang dans ses artères et puis je ne sens plus rien. Je continue à serrer quand même. On dit que le cœur est un muscle autonome, mais quand le cerveau est mort, le cœur finit par mourir aussi. Ce n’est qu'une question de temps.

  • J’aurais pu faire ça sans te réveiller, Michel, mais j’aime assez cette terreur que je lis dans vos yeux à cet instant-là.

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