Pourquoi espagnol me direz-vous ? Peut-être parce que la France était en guerre avec les Espagnols au XVII e siècle.On se battait dans les Flandres contre l’armée espagnole car à cette époque, les Pays- Bas étaient espagnols. L’Espagnol étant l’ennemi officiel , on peut l’avoir vu ou imaginé malade ,blessé , mourant . . Vous noterez l’amusante distinction entre espagnol malade et espagnol mourant . Il y avait des nuances dans la haine . Et je suis encore admirative devant ces propositions de nuances .

Les seuls indices pour identifier cette couleur sont qu’il s’agissait de teintes pour désigner des bas de chausse donc des espèces de chaussettes. Là c’est à vous de jouer, on peut être rouge, blanc,vert ou jaune , grisâtre, livide, blafard sous l’effet de la maladie, coloriez votre Espagnol comme vous le sentez. Madrilène maladif , barcelonais blême, castillan catarrheux; catalan catatonique.

Moi, je le vois blessé à mort par une lance ennemie, perdant son sang devant un mousquetaire peut-être Cyrano… juste avant que Roxane n'arrive sur le champ de bataille ; sacrée Précieuse que celle-là !

Ps : Agrippa d’Aubigné dans la première moitié du XVIIe siècle dresse une liste d’une cinquantaine de nom de couleurs désignant les hauts- de chausse : " ventre de nonnain ou de biche, fleur de seigle, gris d’été, d’Espagnol malade ou mourant, céladon, Astrée, face grattée, rat, merde d’enfant ou d’oie, Judas, vérolée, singe envenimé ou mourant, veuve réjouie, temps perdu, pain bis, constipée, faute de pisser, jus de nature, ris de guenon, trépassé revenu, baise-moi ma mignonne, péché mortel, bœuf enfumé, jambon commun, désir amoureux, racleur de cheminée... "

N'est-on pas une fois de plus stupéfaits par l’imaginaire de nos aïeux ?

Et mon dictionnaire de précieuses couleurs n'a pas fini de s'enrichir...