Chapitre 13

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Nous venons de rentrer de mon shopping, et David est sous la douche pendant que je range mes affaires sur l'étagère de l'armoire où il m'a fait une petite place. J’ai une drôle de sensation de m’installer comme ça chez lui mais si je revenais à la maison avec des vêtements, Alban se mettrait dans une colère noire. Depuis qu’on est ensemble c’est lui qui les choisis et c’est vrai que ça me permettait de ne pas me prendre la tête mais j’ai adoré fouiner dans la boutique, faire les essayages et…Les souvenirs de la cabine me reviennent en tête et j'ai très envie de l'homme qui se trouve dans la salle de bain, mais je ne veux pas non plus l'envahir. Après tout, je n’ai pas besoin de lui pour calmer le feu qui brûle en moi. Je me couche donc sur le lit, et je commence à glisser mes mains entre mes jambes. Je suis là, sur les draps de mon amant, les cuisses ouvertes en train de me doigter. Je repense à Arielle, quand je naviguais entre ses parois chaudes, au petit trou de David qui s'était ouvert sous mon doigt et encore quelques souvenirs qui me font onduler un peu plus.

— Je peux participer ? me demande David, la serviette sur les hanches.

Je suis honteuse, c'est la première fois qu'il me voit me masturber et bien qu'on ait vécu déjà pas mal de situation, celle ci est bien une première. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, j’ai l’impression d’être une petite fille, prise la main dans une bonbonnière. Alors que je reste muette, il se colle à moi et commence à caresser mon ventre puis descend jusqu’à mon clitoris, pendant que je continue d'activer mes doigts en cachette. Quand je sens qu'il s'incruste en moi, je veux les retirer mais il me bloque.

— Continue, chuchote t-il sur mes lèvres avant de m’embrasser.

Je sens qu’on se touche à l'intérieur de mon intimité. Son autre main vient me caresser les seins et mon excitation monte en flèche. Il suit ma cadence et se calque à moi comme un jumeau, j’accélère, il m‘assiste, je m’enfonce plus, il fait de même. Tout mon corps se crispe et je m'envole dans un délicieux orgasme.

— Jouis ma belle, allez, donne-moi tout de toi.

— Encore, l’imploré-je alors que mes doigts se trempent sous nos caresses.

— Il ne tient qu’à toi qu’on continue.

Ça me perturbe de tenir les rennes et je me retire alors que les siens restent en place.

— T’as le droit de te donner du plaisir Aline.

— Je sais.

— Alors reviens.

— Je…

Mon téléphone soudain me ramène sur terre quand je vois "Alban" s'afficher (Putain pas maintenant !), je décroche faisant signe à David de stopper mais il en décide autrement. Ses phalanges m’explorent pendant que je parle avec mon mari (Poker face).

— Oh mon chéri je suis si triste pour la mort de ton père, tu veux que je vienne ?

(dis non, dis non !)

David s'enfonce dans ma chair et je peine à rester concentrée. Je tente de le repousser mais il s'accroche à moi et je manque de jouir.

— Non, reste à la maison, et tu ne touches pas à Arielle, je vais m’en occuper à mon retour, je vais en avoir besoin.

— D’accord.

Les caresses de David deviennent plus douces et provoquent des petites contractions qui me font couler de plaisir, continuant ma conversation par le moins de mots possibles.

— Ça se passe bien ? demande mon époux.

— Oui.

— Al’…

— Oui.

— Je t’aime.

Une décharge se propage en moi, et je me crispe autour des doigts de David.

— T’es là ?

— Oui. Je t’aime aussi chéri.

Mon amant est là devant moi, le regard sombre (bah oui je l'aime !). Je raccroche et je lui explique que mon beau-père vient de mourir. Cette disparition ne me touche pas plus que ça, car je n’ai eu que très peu de contact avec lui.

— Et c’est quoi ses ordres ? Je suppose qu’il n’a pas pu s’en empêcher même en deuil.

(oh merde)

— On s’en fout, non ? De toute façon je ne lui obéirai pas.

Il retrouve le sourire et vient m’embrasser puis retourne au fond de moi. Cette fois-ci il est bien moins tendre et m’emmène droit vers la jouissance.

— Alors Al’, qu'est ce que tu ne me dis pas ? Son regard me fixe alors que ses effleurements recommencent leur torture.

— Pas maintenant, ronronné-je de plaisir.

David accélère, jusqu'a me faire gicler ma liqueur, mais il n'arrête pas, me gardant sur le même rythme.

— Allez dis moi, qu'est ce que tu me caches, qu'est ce qu'il t’a dit que je ne dois pas savoir ?

La cadence est déchaînée et ma respiration a du mal à suivre.

— Encore !

— Tu vas me le dire ?

Il augmente le mouvement, et j'ai l'impression qu'il va m'arracher l'intérieur à force de s'agiter comme ça.

— Ouiiiii

Il ralentit enfin et je reprends mon souffle. David essuit ses doigts sur la serviette et commence à s'habiller.

— Je t'écoute, c'est quoi alors ce secret ?

(il ne lâche rien lui)

Je suis assise sur son lit, et je ne sais pas comment commencer la discussion. Comment lui dire que je ne suis pas celle qu'il croit, et que j'ai chez moi une femme qu'on traite pire qu'un animal. Comment va-t-il réagir, est ce que ça sera trop pour lui ?

— Il t’a pas demandé de me tuer quand même ? ricane t-il.

— Rigole pas avec ça David.

— Ah ouais c’est si grave que ça alors.

Il s’approche de moi et vient me caresser la joue puis m’embrasse.

— Tu sais que tu peux tout me dire.

Je commence donc à reprendre les moments clés de ma vie, ma rencontre avec Alban, puis notre mariage, nos enfants et puis enfin les « Arielle ». Il m'écoute attentivement, et bien que parfois son regard change, il ne dit rien à part un "continue". Je lui explique ses conditions de vie, ma méchanceté et parmis les larmes, mes moments de douceur et de complicité.

— Donc là elle est chez vous ? Seule ?

— Oui.

Il se redresse et prend une grande inspiration. J’attends sa colère, ses reproches, sa deception mais il reste neutre.

— Demain on passe chez toi, j'ai besoin de voir ça de mes propres yeux.

Je comprends que pour lui ça soit irréaliste, et j'accepte d'aller lui présenter Arielle.

— Tu as d'autres choses à m’avouer ou on a fait le tour ?

Il est calme, il n'a pas l'air faché, ni dégouté mais certains secrets doivent le rester.

— C’est le moment Aline, je ne veux pas de mensonge entre nous ni de silence pesant comme celui-ci.

Comment je peux lui expliquer l'inacceptable. Comment lui dire qu’après nous être amusé à trois, j’étais tombée enceinte. Mes souvenirs me reviennent douloureusement, je me rappelle de la fureur d'Alban quand on avait calculé la date de conception qui tombait pile quand David avait participé alors que lui m'avait juste sodomisé. Il était revenu de chez ses parents, donc impossible que ça soit lui le père. Sa décision était prise, je devais perdre le bébé car seul mon mari pouvait me donner un enfant. Il avait donc fait partir le foetus, pour prendre sa place de père de famille. Quelques mois plus tard, je tombais enceinte de notre fille qui avait atténué ma douleur puis un petit frère était venu agrandir notre foyer. Mais ma blessure reste ancrée au fond de moi et je dois protéger David de ça, lui qui n'a jamais été mis au courant ne doit pas l’être. Je repousse mes souvenirs noirs, et mes larmes ne cessent de couler, me projetant dans ses bras.

— je t'en supplie, ne me déteste pas.

— Non Al’ ce n’est pas à toi que j’en veux, mais lui ! Tu te rends compte de ce qu'il te fait faire ?

Ouije le sais mais je n'ai pas le courage d'affronter sa colère, ni de prendre le risque sur nos vies. J'avais pris la décision de me marier, je devais en subir les conséquences.

La soirée est très calme, je sens que David met les distances même si on se couche dans les bras l'un de l'autre. Lorsque le soleil se lève, le lit est vide (est-il parti ?). J'écoute si j'entends du bruit mais rien. Mon coeur se serre, il n’a pas supporté mon secret. Mes larmes n'arrêtent pas de couler sous la douche, je viens de perdre cet homme qui me faisait me sentir bien, mon refuge, mon ami. Pourquoi lui avoir dit, et qui peut entendre de tels aveux ? Je suis une mauvaise personne et sa deception a été trop grande. Va t'il me dénoncer à la police maintenant ? Saura-t-il garder ce secret pesant ? Est ce que je devrais lui dire pour le bébé ? Au point où j'en suis...Je sèche ma peau mais pas mes sanglots, je n’arrive pas à me contrôler et je m'effondre dans la salle de bain. Pourquoi j'ai si mal ? Pourquoi je lui ai dis ? Je m'habille avec peine et mes vêtements me renvoit à mes souvenirs, quand son sourire éblouissait mon univers, quand son regard me rendait forte, quand ses bras me reconfortaient...comment je vais faire pour vivre sans lui ? Qu'est ce que je vais devenir ? Mon corps se conduit à la cuisine, je n’ai pas envie de manger, je me sens vide. Je regarde mon téléphone, pas de message. J'écoute mon répondeur "vous n'avez aucun message".

(ne me deteste pas David, je ne le supporterais pas, j’ai besoin de toi dans ma vie)

Le téléphone vibre dans mes mains, avec "Val" qui s'affiche. J'ai pas le coeur à parler à qui que se soit, je veux voir personne à part lui, mais il faut que je me rende à l'évidence, il est parti, il ne me veut plus et ma vie maintenant est triste, redevenue noire...

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