Paniquée, Avalon errait dans le grand hall à la recherche de Mathéo quand une voix éraillée s’éleva derrière elle. La jeune femme faisait volte-face quand un objet lourd s’abattit sur le haut de son crâne. D’abord, elle lâcha sa torche qui roula un instant sur elle-même avant de s’arrêter, puis elle se sentit choir. Le faisceau de la Maglite brilla encore un instant devant ses yeux et l’obscurité s’invita sous son crâne.

*

La tête prise dans un étau, le sang pulsant à ses tempes comme une harde de sangliers en furie et attachée à une chaise, Avalon émergea de son sommeil forcé dans l’une des pièces de la maison qu’elle n’avait pas encore visitée. Cette dernière, plus grande encore que toutes les autres, semblait contenir un appartement au complet : une chambrée coquette au lit impeccablement fait, une petite salle de bain dont elle n’apercevait que la baignoire sur pieds, une kitchenette équipée et un salon qui aurait fait pâlir d’envie n’importe quel collectionneur de raretés occupaient l’espace baigné d’une douce lumière feutrée.

Elle cherchait à se défaire de ses liens lorsque des chuchotis parvinrent à ses oreilles.

— Oh ! Ça y est Edward ! La petite est réveillée ! Regarde ! La pauvre, elle doit avoir mal à la tête… je t’avais dit d’y aller moins fort, c’est encore une enfant !

Le dénommé Edward bougonna et vint se poster face à Avalon.

— Même si elle est jeune, maman, n’oublie pas ce qu’elle est ! Une vermine comme les autres ! Venue nous dépouiller afin de s’engraisser !

Avalon fusilla le vieil homme du regard.

— Il n’y a que la vérité qui offense, jeune fille !

— Voyons Edward… sois gentil avec notre invitée ! intervint la femme en rejoignant le vieil homme face à Ava. Va lui chercher quelque chose à boire, il fait chaud ici. Elle doit mourir de soif. Faudrait pas qu’elle nous claque entre les doigts avant…

L’homme hocha la tête de façon entendue et esquissa un sourire mauvais à l’adresse d’Ava.

— Où est Mat ? demanda Avalon dès que le vieil homme eût tourné les talons.

Maintenant que son fils ? son mari ? s’était éloigné, peut-être la vieille oserait-elle lui répondre.

— Mat, mon p’tit ? questionna-t-elle en penchant la tête d’un côté et en ouvrant les yeux façon soucoupe.

— L’homme qui était avec moi…

La vieille fit une moue indéchiffrable avant de répondre :

— Oh ! Celui-là. Ne t’inquiète pas pour lui, c’est bientôt fini, si ça ne l’est pas déjà. Il rejoindra bientôt les autres. Vois-tu, notre fils est à pied d’œuvre depuis qu’on a attrapé ton compagnon. Il sera si beau ! J’ai tellement hâte de le voir ! Une vraie force de la nature, cet homme ! Il était destiné à devenir notre Adam !

Avalon se souvint soudain de ce qu’elle avait vu à l’intérieur de la statue au grenier.

— Vous l’avez tu…

— Oh non, ma chère petite ! Bien sûr que non ! Nous ne sommes pas des assassins ! Nous l’avons rendu immortel ! Tout comme les autres personnes que tu as croisées jusqu’ici !

La vieille ricanait maintenant presque comme une enfant.

Deux grosses larmes roulèrent sur les joues d’Avalon.

— Ne pleure pas, ma petite. Tu vas bientôt le rejoindre et vous ne serez plus jamais séparés ! Nos Adam et Eve réunis pour l’éternité.

— Je ne veux pas mourir, s’il vous plaît, détachez-moi.

La femme arrêta de rire et la regarda en fronçant les sourcils. Quelques secondes plus tard, sa main s’abattait sur la joue d’Ava qui, tellement surprise, ne réagit même pas.

— Je n’ai jamais aimé les enfants capricieuses. Tu sais, je pourrais demander à mon fils de couper quelques bouts avant de te sculpter… ça ne te tuera pas, ça fera juste très mal.