Chapitre 31 la présidente de l'Assemblée écrit par Seb Astien

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Chapitre 31 - La Présidente de l’Assemblée écrit par Seb Astien

Mardi matin, 9h30. Sur le parvis de l’Assemblée Nationale, une femme se tenait debout. Grande et élancée, elle était vêtue d’un pantalon de tailleur bleu nuit et d’une veste assortie sous laquelle une chemise blanche se trouvait. Par-dessus, elle portait un manteau noir plongeant jusqu’à la moitié de ses cuisses. Cette personne dégageait une certaine prestance.

Cette femme aux cheveux châtains plaqués et retenus par un chignon affichait une expression sévère et assurée sur son visage de cinquantenaire. Elle avait un regard d’ébène qui scrutait l’endroit où elle se trouvait. Ses longs doigts squelettiques aux ongles rouges étaient à la recherche de quelque chose dans la poche de sa veste. Après avoir exploré chacun des rangements de son manteau, elle sortit une boîte de métal contenant une dizaine de cigarillos marron. Extrayant l’un d’entre eux de son emballage, elle le tapa le long du couvercle puis le porta à sa bouche après avoir rangé le contenant.

Son expression d’assurance devint plus troublée lorsqu’elle entreprit une autre recherche dans sa tenue vestimentaire. De toute évidence, elle ne parvenait à trouver son briquet.

« Putain », marmonna-t-elle d’un air contrarié avec le cigarillo collé à ses lèvres. Ce petit rituel faisait partie des habitudes qu’elle avait avant de passer une longue journée de débats et de séances parlementaires à l’Assemblée. Et elle en avait bien besoin lorsqu’elle pensait aux jérémiades de la majorité qui passait son temps à plaindre de l’opposition, quand ce n’était pas l’inverse. Parfois, elle estimait être la maîtresse de la cour d’école pour gamins attardés. Le rôle de Présidente de l’Assemblée n’était pas de tout repos.

Un homme arriva à son secours et lui tendit un briquet.

« Est-ce là ce que vous cherchiez ? », demanda-t-il d’un air suffisant.

La dame ne répondit pas, se contentant d’approcher le cigarillo de la flamme, comblant enfin cette envie en inspirant une grande bouffée.

« Merci », répondit-elle sèchement tout en expirant. L’homme continuait de se tenir à côté d’elle, un café à la main. Elle l’observa plusieurs fois avant de pointer son regard dans le sien.

« Et vous êtes ? », demanda-t-elle sur un ton méfiant avec sa voix rauque confirmant que ce n’était pas sa première cigarette.

« Votre nouvel assistant, madame Le Guen », s’introduisit l’homme.

Elle le regarda impassible. Il ne se décontenançait pas pour autant.

« Vous pouvez m’appeler Holan. »

« Et en dehors de m’apporter un briquet, vous comptez me servir à quoi ? », poursuivit-elle.

« Organiser votre agenda, vos rendez-vous, envoyer balader les invités un peu trop gênants, vous assister dans la planification de vos diverses activités, donner quelques informations utiles sur vos concurrents, piloter votre chargée de communication, jeter un corps dans la Seine, mes qualifications sont nombreuses », débita Holan tel un commercial. Noémie Le Guen eut un léger rictus devant cet étalage de qualités. En réalité, elle savait tout cela puisque c’était elle qui avait supervisé son récent recrutement. Ancien membre du parti d’Alix, il allait être un bon atout pour ses affaires. Et Holan était connu pour ne pas hésiter à effectuer les basses besognes.

Plongeant sa main dans la poche intérieure de son manteau, la Présidente de l’Assemblée sortit un smartphone de celui-ci. Le bord droit présentait une fêlure comme s’il avait subit un violent choc. Elle le tendit à Holan. L’écran s’alluma au contact de ses doigts montrant en arrière-plan la photo d’un jeune homme posant avec une femme, visiblement un couple.

« Mignonne », murmura Holan intéressé.

« Dorénavant, vous utiliserez cet appareil pour vos communications avec moi. Il s’agit de celui de votre prédécesseur, ne répétez pas les mêmes erreurs. L’accident de circulation dans lequel ils sont morts fut une tragédie pour nous », expliqua-t-elle autoritairement.

Holan hocha de la tête en signe d’approbation. L’espace d’un instant, son attitude désinvolte devint plus sombre. Il semblait avoir réalisé la dangerosité de la mission qu’il avait acceptée.

Lorsque le portable se déverrouilla par identification du visage de son nouveau propriétaire, Holan sentit un frisson parcourir son échine. Et ce n’était pas la fraîcheur matinale qui en était à l’origine. De toute évidence, madame Le Guen avait des moyens qui lui permettaient d’inscrire dans la reconnaissance biométrique d’un smartphone les caractéristiques d’une personne n’ayant jamais possédé l’appareil. L’homme le rangea dans sa poche en se disant que la DGSI pourrait tenter une copie de celui-ci pour l’analyser. En espérant qu’il n’y ait pas de piège dedans trahissant sa réelle identité.

9h47, Noémie Le Guen accompagnée de son nouvel assistant entra dans l’Assemblée Nationale pour une matinée de session parlementaire. Un premier pion était en place sur l’échiquier.

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