Chapitre 24 : Un peuple vaillant (2/2)

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— Tu avais raison, Margolyn, signala Ralaia de bon matin. Ces éléments éparpillés correspondent à des tentatives de construction.

— Comment ils se sont retrouvés là ? interrogea Elmaril.

— À nous de le découvrir, proposa l’archère. Les conditions climatiques sont plus favorables, c’est normal que certains aient essayé de s’y installer.

De maigres indices couvraient la végétation à nos pieds. Ils avaient voulu se rapprocher de la nature, altérée par le passage d’humains. Du pistage, encore ? Mes compagnons désiraient de la coopération, qu’ils se débrouillent, moi je restais en arrière, bien en sécurité ! Ce devait être la première fois que l’archère et la guerrière coopéraient ensemble, enquêtant sur un de ces mystères dont tout le monde se fichait. Ça n’avait réussi personne par le passé ! Tout ceci ne me concernait pas. Impliquée malgré moi dans cette histoire, je tâchais de laisser mes sentiments de côté. Encore et toujours.

Nous suivîmes Ralaia et Elmaril, elles-mêmes plongées dans leur recherche sans sens. Un peu d’optimisme, bon sang ! Des heures à se baser sur des éléments vagues pour avancer devaient bien aboutir à une progression ! Marcher sur des sentiers distincts, s’immerger dans le panorama, bénéficier des arbres dont l’ombre s’étirait jusqu’aux plus discrètes fleurs, ce n’était pas assez, tout se serait bien passé sinon !

Peu avant le coucher du soleil, nous découvrîmes une pente différente des autres. De vieilles pierres alignées dénotaient une présence antérieure. Tout le monde était persuadé que des individus s’y étaient établis. Exceptionnellement, mon petit cœur s’emballa. Peut-être était-ce une grande découverte ? N’importe quoi me satisferait, tant qu’on sortait de ce quotidien ! Je me précipitai, devançai Jaeka et Bramil et… Crénom, c’était la pire idée possible !

Je poussai un cri d’effroi et mes compagnons propagèrent cet écho. Un véritable carnage ! Une quinzaine de cadavres gisait auprès d’une demi-douzaine d’habitations en bois. Femmes, hommes, enfants, personne n’avait été épargné. Qui avait perpétré un tel massacre ? Inhumain, improbable, intolérable ! Des charognards s’amusaient déjà à picorer leurs vêtements ensanglantés ! Et l’odeur putride qui s’exhalait des dépouilles, et ces insectes qui bourdonnaient tout autour, ils brisaient le silence, ils alourdissaient l’atmosphère d’un massacre auquel on n’était pas préparé. Des liquides gastriques remontaient mon œsophage, détourner les yeux et me boucher le nez ne m’en protégeaient pas !

Nous pensions abandonner à tout jamais les horreurs de l’humanité. Une idée débile ! La réalité nous y ramenait sans cesse, elle nous torturait, nous éviscérait tout entier, et quand on avait l’affront de la fuir, elle nous empoignait avec fracas pour nous forcer à contempler les fressures ! Rester bouche bée n’aiderait pas les victimes ! Aussi inhumains qu’ils paraissaient, Ralaia, Gurthis et Elmaril l’avaient compris, puisqu’ils commençaient à fouiller les lieux.

— Quelle triste fin…, murmura Jaeka. Je n’en reviens pas…

— Mais qui les a massacrés ? s’indigna Bramil. Ça n’a aucun sens !

— Que retiendrons-nous de ce voyage ? demanda Stenn. Je ne dispose pas des mots pour le décrire…

Gurthis se mit à enjamber les corps, renâclant à la vue du sang. Surprenant de sa part ! Ralaia, quant à elle, déglutit en s’agenouillant à côté d’une dépouille. Elle m’adressa un signe de la main pour m’ordonner d’examiner l’état des victimes. Eh oui, des ordres silencieux, même dans un contexte pareil ! Sauf qu’aucun doute n’était permis : on les avait égorgés, éventrés, décapités ou démembrés. Une démonstration de la violence typiquement humaine ! Mais les guerriers de notre compagnie, ça ne les choquait pas ! Ils contemplaient le champ vermeil d’un bout à l’autre, inspiraient à pleins poumons cet air malade né de la stupidité de notre espèce, s’enfonçaient dans les méandres du malheureux silence.

Il était où, leur bouleversement ? Ah, quand même, leurs poings se crispaient, leurs sourcils se fronçaient, des tressaillements remontaient jusqu’à leurs bras, quelque chose s’éveillait en eux ! Des émotions ? De la belle hypocrisie de la part de militaires !

— Ils menaient sûrement une belle vie, déplora Gurthis. Ils s’étaient installés sur ces montagnes, cultivaient les champs et prospéraient. Puis le malheur a frappé…

— C’est toujours comme ça ! criai-je, écœurée. Les armes emportent les innocents, un cycle éternel qui ne s’arrêtera jamais ! Tout ce sang versé… Pourquoi ?

Je me forçai de regarder ailleurs, mais ces cadavres occupaient ma vision, où que j’aille, où que je traîne mes yeux vacillants. C’étaient des gens au teint blafard, le visage dégoulinant de désespoir. Ils arboraient des longues chevelures et portaient de vestes en laine rayées et munies de capuche. Des gens de tout âge, allongés sur la terre qu’ils chérissaient.

Ralaia examina le corps d’un enfant au crâne transpercé. Un pauvre gosse, trucidé aussi sauvagement ! Je m’empêchai de m’évanouir pendant que la soldate ramassait un poignard en fer. Tous les moyens étaient bons pour se dérober de cette tuerie.

— Même les enfants ont été tués ! fulmina-t-elle. Ils avaient tous des armes, mais ça ne les a pas sauvés… J’en viens à me demander où nous sommes et qui ils sont. Le sang est encore frais, c’est récent. Nous ne sommes pas en sécurité ici.

Elle pouvait se carrer son faux dégoût et son attendrissement de pacotille là où je pensais ! Seule sa vigilance restait authentique derrière ses prétendues vertus de défenseuse de notre nation ! Depuis quand une vie à persécuter des citoyens sous prétexte de les protéger apportait de la compassion pour autrui ? De toute manière, vu l’état de ce valeureux peuple, notre apitoiement était leur dernier souci !

Pas de repos pour les braves ! La façon dont Ralaia me fixa voulait tout dire.

— Peux-tu trouver l’origine des armes responsables de leur mort ? me demanda-t-elle.

— Je ne m’y connais pas ! ripostai-je. Comment veux-tu que je sache ?

Pas de réponse, juste un haussement de sourcils. Elle m’étriperait si je me montrais impertinente, elle me fracasserait les genoux et je me retrouverais étalée par terre, sous le soleil brûlant qui faisait bouillir le sang. Qu’est-ce que je pouvais conclure de ce massacre ? Il avait été commis en pleine journée, mais je n’avais pas une fichue information sur les circonstances, la présence hostile, l’étendue des dégâts. Mon rôle ne consistait pas à fouiller des cadavres encore frais. Il me restait un peu de dignité !

Quelqu’un toussa. Les derniers sursauts, l’agonie, peu importait, il n’avait pas succombé ! Ça provenait d’un homme blond, couché quelques mètres plus loin. Jaeka fut la première à le repérer.

— Un survivant ! désigna-t-elle. Il semble très souffrant…

C’était peu de le remarquer. Une plaie rougeâtre striait sa poitrine, à se demander comment il avait survécu. Oui, ce gaillard blond paraissait robuste, mais quand même ! Un épéiste abattu avant ses camarades, selon toute vraisemblance : il n’avait pas eu le temps de dégainer son arme. Il était bien réveillé, le bougre ! Ses cris de lamentation me vrillaient les tympans, de même que ses borborygmes. Le destin le condamnait à vivre quelques minutes de plus, le plaçant dans son impuissance autour de ses compatriotes ! Impossible d’atténuer ses souffrances…

Gurthis et Ralaia ne l’entendirent pas de cette oreille. Ils se dépêchèrent de le transporter tout en m’interpellant. J’eus une moue perplexe sans m’opposer à eux, comme toujours ! Déposant l’inconnu contre le mur latéral de la maison la plus proche, les soldats s’écartèrent pour alléguer mon soutien.

— Soigne-le ! somma Gurthis. Ce sera l’occasion de découvrir ce qui leur est arrivé.

Comme s’il allait nous fournir une quelconque explication ! À contrecœur, je m’accroupis devant lui et démarrai mon inspection. La moindre erreur m’était répréhensible sous l’œil inquisiteur de mes camarades. Un peu de bonne volonté pour retarder l’échéance, voyons !

Alors… À en juger par la profondeur de l’entaille, une lame en métal aiguisé avait pénétré sa chair. Sa survie relevait de l’exploit même si aucun organe vital n’avait été touché. Il oscillait de droite à gauche, crachant sa bile avec son sang. Impossible de le stabiliser ! On me réclamait trop pour un inconnu qui s’accrochait péniblement à son existence !

Je déglutis mon surplus de salive. Et mon liquide gastrique, il continuait de saturer mon œsophage, il devait se frayer un passage jusqu’à ma bouche ! Je ne savais plus où donner de la tête !

— Je ne sais pas si j’en suis capable…, avouai-je.

— Tu es guérisseuse, accomplis ton rôle ! insista Gurthis.

Céder était l’unique possibilité ! C’était trop difficile de me laisser tranquille ? Je fouillai mon matériel dans mon sac, recherchant de quoi estomper sa douleur, quand bien même ça ne servirait à rien !

— Qu’est-ce qu’il dit ? questionna Bramil. Quelqu’un comprend ?

— Je crois qu’il s’exprime en Nillois, répondit Stenn.

— Ah bon ? douta Elmaril. Comment tu reconnais la langue ?

— Je suis un spécialiste, rappela l’érudit. Il fallait au moins un membre du groupe capable de comprendre le langage du pays où nous allons. Cela confirme nos soupçons sur leur identité : des Nillois se sont installés de leur côté accessible de Temrick.

— Eh bien, qu’attends-tu pour traduire ? s’impatienta Ralaia.

— Ce n’est pas aussi simple. Il articule très peu, et je n’ai appris que des rudiments de leur langue telle que nous la connaissions avant l’invasion Carônienne. Elle doit avoir beaucoup évolué depuis lors.

— Essaie quand même !

— Je veux bien, mais le silence est préférable.

De quoi Stenn se mêlait, à prêter ainsi son oreille ? Ça les dérangeait de patienter un peu ? Il était peu probable d’extraire des informations d’un homme agonisant dont les paroles seraient tout aussi inarticulées dans notre langue ! Dans son obstination, le littéraire se bornait à l’écouter. À moi de m’adapter, bien sûr, même s’il était le seul à qui je pouvais coller une baffe !

— Ses propos sont vraiment indistincts, dit Stenn, justifiant son incompétence. Il évoque une attaque brusque et inattendue quelques heures plus tôt. Il se sentirait coupable de ne pas avoir été un bon protecteur…

L’érudit s’interrompit et plissa les lèvres. Les hurlements du blessé tonnèrent de plus belle ! Il ne devait pas nous considérer comme ses sauveurs, loin s’en fallait ! Peut-être étions-nous des coupables tout désignés ! Il pointa Elmaril de son index tremblant, un filet de sang coulant de sa bouche. Et notre amie, armée de toute sa subtilité, le foudroya du regard en réplique.

— Je n’ai jamais vu ce type de ma vie ! se défendit-elle. Pourquoi m’accuse-t-il ?

— Il parle abondamment, reprit l’intellectuel, mais il te désigne comme élément hostile. Ou plutôt…

Un cliquetis lui coupa la parole. Gurthis venait de défourailler son espadon et le brandit vers la sauvage. Il avait un quota de menaces à respecter ou quoi ?

— Plus de doute possible, maugréa-t-il. Tu cherches à nous nuire. Je ne te laisserai pas t’en prendre à nous.

Jaeka et Bramil reculèrent d’instinct tandis que Ralaia s’interposait entre les deux opposants. Comme d’habitude !

— Réfléchis avant d’agir, suggéra-t-elle. Ça ne peut pas être Elmaril, elle est restée tout le temps avec nous ! Tu bousilles ta santé pour le vérifier !

— Pourquoi tu la protèges ? tonna Gurthis. Elle représente tout ce que tu détestes !

Je t’ai sauvé des loups, rappela Elmaril. Ce n’est pas assez humiliant pour toi ? Tu préfères mentir ? Tu vas comprendre que je suis de ton côté ?

— Peu importe tes bonnes actions, tu restes dangereuse, tu m’entends ? Jamais je ne te ferai confiance !

Le moment était mal choisi ! Ils souhaitaient que je le soigne, alors les voir se battre comme des gamins, c’était juste hors de question ! De la décence, du respect, voilà tout ce que je désirais !

— Cet homme est souffrant ! tempêtai-je. Arrêtez de vous disputer et aidez-moi !

Je devais m’y remettre après cette intervention orale ! Traiter avec prestesse un homme déjà condamné, une belle perspective qui se présentait à moi, un futur radieux en émergerait, je le sentais bien ! Je…

Une main s’enroula autour de ma cheville.

Il m’agressait ! L’épée en main, cette supposée victime se jetait sur moi ! À l’aide ! Je ne voulais pas mourir comme ça, transpercé par un homme dont je ne connaissais rien ! Tout défilait si vite : l’ombre menaçante de la lame surgit. Cet homme m’assaillait gratuitement, écumant de rage ! Quelqu’un ! Six alliés m’entouraient, ils devaient intervenir, j’étais précieuse, indispensable, un pilier pour le groupe !

On me sauva enfin ! Ralaia saisit mon assaillant par le crâne et cisailla sa gorge. Une gerbe de sang gicla sur ma figure tandis que son agonie suivait un nouveau tournant. J’avais frôlé la mort à cause d’un instant d’inattention !

Tout se figea autour de moi. Des heures après le carnage, le sang se répandait encore. Il s’écoulait, tâchait mes vêtements, me gâchait la vue, certaines gouttes finirent même dans ma gorge ! Beurk, c’était immonde ! Personne de sensé n’était censé boire ce liquide, et avec ce vent pire que tout, le goût devenait encore plus aigre !

Oh, je ne devais pas être belle à voir ! Mais depuis quand l’apparence physique avait de l’importance ? Je dégageai péniblement le corps de la dernière victime et restait couchée, les yeux vers le ciel, la respiration hachée, ma langue trempant dans un mélange de salive, de bile et de sang. Pour couronner le tout, mes mains s’agitaient toutes seules, de la terre sèche pénétrait dans mes ongles ! Mes braves camarades, les prétendus héros de la patrie, ils s’en fichaient pas mal ! Ils favorisaient les causes au lieu d’affronter les conséquences !

— Pourquoi cette tentative de meurtre ? s’interrogea Bramil. Ça n’a aucun sens ! Oh, les malheurs ne finiront jamais…

— Il nous considérait comme un ennemi, précisa Stenn. Il ne s’agissait pas uniquement d’Elmaril. Par conséquent, cela ne me surprend guère.

Quel détachement flegmatique ! Je voyageais avec des humains, non ? Alors pourquoi certains s’exprimaient aussi froidement ? Je me frottai le visage et me heurtai à cette bande trop immobile pour vivre encore. Vivre… Je ressentais le poids de mon existence seulement lorsqu’on me martyrisait.

— Tout le monde nous prend pour un ennemi ! cracha Gurthis en rengainant son espadon. Ça ne peut plus durer !

— Devons-nous vraiment les blâmer ? hésita Jaeka. Nous avons tenté de limiter nos dégâts, mais notre passage a juste empiré les choses.

— Tu n’as pas à t’en vouloir, rétorqua Ralaia. Je suis seule responsable. J’ai tué le premier Nillois que nous croisons avec la lame d’un enfant qui était peut-être le sien !

Et moi alors, je ne valais rien ? Cette combattante m’avait secouru avec nonchalance, presque par réflexe. J’étais fatiguée d’être considérée comme un outil dont on usait à sa guise ! Ils arrivaient quand, les remerciements et la compassion à mon égard ? Plus facile de pleurer des inconnus que de se soucier de son propre groupe !

— C’est tout ? fis-je. Tu ne t’inquiètes plus pour moi ?

— Je t’ai encore sauvée, répondit Ralaia en haussant les épaules. Je préfère me focaliser sur ce qui est vraiment important.

Assez de ce mépris ! Je me remis debout et balaya mes alliés du regard. Autant dire que mon visage couvert de sang les incommodait, les terrifiait ! Tant mieux, c’était le but recherché. Je flanquai un regard mauvais à Ralaia, les poings collés aux cuisses.

— Qu’est-ce qui est important pour toi ? critiquai-je. Nous avons quitté le territoire prétendument hostile, mais j’ai l’impression de continuer à vivre les mêmes malheurs. Est-ce nous, le peuple vaillant qui est supposé atteindre la Nillie ? On ne rencontre que mort et souffrance ! Quand il y a un peu de vie, on la supprime aussitôt !

Ils me dévisageaient d’un air distant. Peut-être que j’étais cinglée à leurs yeux. Oh, je m’en cognais, quel plaisir de me lâcher après des semaines, des mois, des années de calvaire !

— Ou alors, repris-je d’une voix plus forte, ce sont les Nillois qui incarnent le peuple vaillant. Les lâches Ertinois ont abandonné Temrick pendant que leurs rivaux se sont installés de leur côté ! Un peuple paisible et isolé aux premiers abords, mêmes eux n’échappent pas à la mort. Personne n’y échappe !

Mon ultime phrase se propagea dans un écho. J’écartai les bras et m’ouvris à leurs réprimandes. Ils n’osèrent pas prononcer quoi que ce soit. Gurthis et Ralaia restèrent immobiles, Elmaril ricana discrètement et Stenn observa les cadavres avec amertume. Une belle crise digne de moi, je faisais la honte de notre espèce ! Des innocents avaient péri, et je m’excitais pour des niaiseries. Bramil eut tellement pitié qu’il s’approcha, tendant son bras restant.

— Ce voyage nous a tous épuisés, déplora-t-il. Viens, Margolyn, allons-nous reposer.

— Garde ta compassion pour toi ! refusai-je.

— Sois un peu gentille ! se mêla Jaeka. Bramil te propose ton aide et tu lui craches à la figure ? Tu te plaignais qu’on ne se soucie pas de toi, ne rejette pas quelqu’un qui fait le contraire.

Depuis son retour, Jaeka développait un instinct maternel pour son neveu. Elle aurait dû y penser plus tôt ! Une aura protectrice l’enveloppait et me décourageait de la provoquer. Je m’étais déjà attirée trop d’ennemis, le calme était préférable. Alors je tombai à genoux et éclatai d’un rire hystérique.

— J’ai presque envie de mourir…, murmurai-je. Allez-y donc, installez-vous dans l’une des maisons. Les morts ne s’en plaindront pas, après tout. Le confort est plus important que le respect ! Vous surveillerez les alentours, parce que vous savez que nous ne sommes pas en sécurité. Ce ne sera qu’un gain de temps minime. Le destin finit toujours par nous rattraper !

Un long silence s’ensuivit. Les cadavres me cernaient, et ses innocents, dont la vie avait été emportée prématurément, étaient délivrés de la souffrance perpétuelle. J’étais toujours là, sans savoir quoi entreprendre de ma vie, parce qu’aucune perspective ne s’offrait à moi.

Et ça n’arriverait jamais.

Heureusement, Ralaia allait décider à ma place ! Elle m’agrippa par l’avant-bras et me redressa.

— Que les choses soient claires, déclara-t-elle gravement. J’ai été amené à tuer de nombreuses fois, mais je n’y ai jamais pris de plaisir. Je n’ai jamais considéré la mort à la légère. Si nous voulons renouer les liens avec la Nillie, nous devons leur prouver que nous sommes leurs alliés. Ces morts seront vengés. Je le jure.

— Tout dépend de la façon, dit Gurthis à l’intention d’Elmaril. Mais je ne suis pas d’humeur aujourd’hui, tu survivras un jour de plus.

Sa menace pouvait s’adresser chacun d’entre nous. Comme toujours avec un type de son gabarit. Les valeureux aventuriers poursuivaient leur expédition, les morts nourrissaient la terre. Par dignité, par honneur à ces gens sacrifiées pour de stupides ambitions, on allait emprunter leur maison, s’installer comme si on était chez nous ! L’avenir interprèterait ça comme il le déciderait, la décision était prise. Nous résidâmes donc là où les Nillois furent piégés. Le temps d’une nuit.

Le temps idéal pour subir le même sort.

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