Chapitre 29 : Une patrie accueillante (2/2)

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Cette pensée me glaça les veines. Non, cela ne me ressemblait pas… Tuer par légitime défense était déjà condamnable, j’envisageais encore pire : un meurtre avec préméditation. Mais je m’y fixais. Erak s’était méfié d’elle, Ralaia avait tenté de s’en débarrasser, les deux étaient morts… C’était le dernier moment pour rendre honneur à leur mémoire.

Cette nuit s’annonçait décisive. Nos hôtes ne nous avaient pas privés de nos armes : mon poignard trônait sur ma table de nuit. J’y réfléchis de longues minutes, pesai le pour et le contre… Plus d’hésitation. Je m’emparai de mon arme et m’extirpai de mes couvertures.

La porte s’ouvrit dans un grincement. Furtive à défaut d’être loyale… Mes compagnons seraient soulagés de découvrir son cadavre ensanglantée à l’aube. Encore fallait-il que je réussisse… Je progressai prudemment jusqu’à sa chambre. Elle y avait pénétrée tout à l’heure, et depuis le couloir, sa respiration régulière était perceptible. Mon cœur palpitait à haut rythme, des frissons me ralentissaient tandis que le manche reposait sur le creux de ma main. Et, par-dessus tout, mes inspirations étaient saccadées. Un lourd fardeau à assumer… Trop tard pour reculer.

La chiche lumière des chandelles s’étendit. J’aperçus Elmaril dans son lit, sereine et endormie. Elle qui chérissait d’ordinaire la nature, elle profitait beaucoup de l’accueil…. Son orgueil allait être ébranlé. Je resserrai ma main sur mon poignard et m’approchai tout doucement, au rythme de ses expirations. Elle avait laissé sa lance hors de portée par excès de confiance. Ma tâche en serait facilitée ! Mue par cet avantage, je calai ma lame glaciale sur son cou, prête à la cisailler. Soudain, un tressaillement me submergea, en commençant par mon poignet. J’étais proche de réaliser le geste juste, d’en finir avec nos peurs et nos incertitudes…

Elmaril m’attrapa le bras et dévoila des yeux vitreux de rage.

Son emprise… Ma force ne suffit pas à m’en dérober… La meneuse bondit de son lit et me flanqua un âpre coup de coude. Je me courbai de douleur tandis que mon poignard voltigeait. Le prix de la précipitation… Je recevais sa colère au centuple. Elle me frappa au thorax et à la poitrine, m’astreignant à reculer. Sauf que j’étais faible… Inapte à me défendre ou à esquiver. Elmaril était forte… Libre de me rudoyer tant qu’elle voulait.

Elmaril me plaqua contre le mur tout en ramassant mon arme. Ma fin semblait surgir comme un éclair… Mais elle n’était pas écrite, encore moins dans le sang. De la légitime défense jusqu’à la vengeance cruelle, le sourire vicieux de la sauvage brilla dans l’opacité.

— Tu te pensais capable de m’assassiner ? brocarda-t-elle, bloquant mon poignard entre ses doigts. Tu as cru que j’allais me laisser tuer par une personne comme toi ? Insignifiante citadine, tu n’as même pas eu le cran d’en finir !

— Tu es un danger pour tous ! répliquai-je en tentant de me libérer. Je prends la décision que d’autres auraient dû prendre depuis longtemps !

— Quelle décision ? Ralaia a voulu me tuer, regarde où elle est maintenant ! Mes sœurs auraient pu vous tuer, je les ai conseillées de vous épargner. C’est comme ça que tu me remercies ?

— Tu nous as gardés en vie pour mieux nous soumettre !

— Je le savais… Qu’importe ce que je fais, tu me verras toujours comme une ennemie. Je n’aurais pas dû te laisser glisser dans le précipice. J’aurais dû te tuer moi-même.

Son étreinte se durcit comme elle proférait ses menaces. J’étais houspillée, étrillée, retenue au mur, telle une proie face à une prédatrice. Des élancements de douleur me vrillaient ! Voilà où menait la désillusion… La mort était plus rude quand l’espoir la précédait.

À force d’être acculée, du sang gicla de mes narines et éclaboussa le visage d’Elmaril qui, loin d’être aveuglée, redoublait de véhémence dans ses coups. Le désespoir… m’incita à continuer la lutte ! Je plantai mes dents sur sa main. Une voie fut délivrée ! Je bousculai mon assaillante et m’y précipitai. Le bruit avait peut-être réveillé les autres occupants, et dans ce cas, peut-être que je serais sauvée. Sinon, je devrais me débrouiller seule… Déjà que je ne repérais plus mon poignard…

L’effet de surprise s’était envolé… Avec quelle habileté pourrais-je m’en sortir ? Aucune… Mon ennemie agrippa vertement mon épaule alors que j’étais à peine retournée ! Des griffures lacérèrent ma peau : même en m’arquant, rien ne réprimait ma géhenne. Quelle erreur impardonnable… Une inflexible combattante ripostait contre la mort, et je subissais sa fureur…

Privilégier la défense à l’attaque. Une leçon que m’avait apprise Ralaia pour survivre. La lance véloce transperçait l’obscurité : je m’engageai dans le couloir pour m’en préserver. Son étroitesse gênerait Elmaril ! Non pas que cela me protégeait de la menace… Cela la minimisait au mieux.

Après la défense venait la riposte. Évitant d’être embrochée, je harpai la hampe et tirai de toutes mes forces. J’essayai à tout prix de m’emparer de sa lance et ainsi prendre l’avantage sur ce duel. Mon corps n’obéit pas à ma volonté… S’endurcir et surpasser ses limites m’aidaient peu à me confronter à une guerrière née dans ce milieu… Telle une silhouette dans les ténèbres, elle me repoussa et sa lance défila devant mes yeux. Une allée plus large et c’aurait été le décès…

Mon destin m’appartenait ! Je me sauvai d’une roulade et, dans mon élan, je me redressai puis lui collai un poing dans sa figure. Cela la fit à peine broncher, Elmaril privilégia le rire à l’énervement par surcroît… Mais je reconnus l’expression peinte son faciès rubicond. Ses yeux virant au rouge, ses veines ressortant de ses bras, ses jambes tremblantes et pourtant fixées sur le sol… Une personne à ne provoquer sous aucun prétexte.

— Pour qui tu te prends ? vitupéra Elmaril. Tu n’es pas une brave combattante. Tu n’es pas une héroïne. Tu n’es même pas une bonne citoyenne ! J’ai triomphé de Gurthis, tu crois que tu m’effraies ? Tu ne dois ta survie qu’aux autres !

Je résistai au mépris et aux blessures. Debout mais pantelante, je plissais les paupières pour mieux voir le danger. La pointe de la lance me frôla encore ! Une autre esquive pour retarder la fatalité…. Des sifflements agressèrent mes oreilles, comme si ma souffrance ne me taraudait pas assez…

— Tu as ruiné notre voyage ! blâmai-je avec une once d’acrimonie. En as-tu au moins saisi le sens ?

— C’est moi qui ai ruiné ce voyage ? s’indigna la sauvage. Je n’ai pas créé les Kaenums. Je n’ai pas ressuscité les mages dans les ruines. Je me suis défendue contre nos opposants. J’ai épargné votre vie, combien de fois devrais-je te le dire ?

— Tu t’es vantée toi-même d’avoir massacré des enfants et piller des villages ! Tu n’as aucune valeur morale !

— Je n’ai jamais tué d’enfants ! Ce bébé… n’était qu’une malheureuse exception ! De toute façon, vous ressassez toujours les mêmes arguments. Je me suis pourtant coupée de mon ancienne vie et je me suis tournée vers l’avenir. Tu as tout gâché ! La Nillie semble être une nation bien plus respectable que l’Ertinie ! Elle ne s’est pas vendue à l’envahisseur, n’a pas renoncé à sa langue et à sa culture par soumission ! Elle n’asservit pas les animaux et ne détruit pas la nature !

Un exemple de malhonnêteté… Plaider son innocence diminuait le peu de crédibilité subsistant en elle. Chacune de ses actions était destinée à me briser mentalement. Elle échouait à me vaincre, donc elle se livrait à d’autres méthodes, tout aussi cruelles et farouches. Songer à la victoire était peut-être trop optimiste… Elmaril n’avait perdu qu’une fois et avait été récompensée en se joignant à notre groupe…

J’essuyai mes lèvres maculées de sang. Je ne pourrais plus tenir très longtemps… Mon corps avait outrepassé ses limites… Mais je ne flancherais pas ! Nous nous fixâmes en anhélant.

— Tu es pitoyable, asséna Elmaril. Tu te prends pour ce que tu n’es pas. Je te déteste parce que tu ne mérites pas de vivre. Des gens sont morts pour toi, on t’a privilégiée, alors que tu n’as pas gagné le droit de fouler ces terres ! Tu n’as jamais prouvé ta valeur, enfermée dans tes murailles. Tu es tout ce que je hais dans l’Ertinie d’aujourd’hui !

— La vie ne se résume pas à livrer bataille ! Moi, je n’y étais pas destinée…

— Ah oui ? Alors pourquoi tu nous as rejoints ? Tu étais indigne de notre compagnie et tu l’es toujours. Vous me traitez de sauvage ? Notre clan est pourtant resté fidèle à notre nature ! L’humanité n’était pas destinée à s’abriter dans des cités trop grandes. Elle survivait dans les forêts, les montagnes, dressait des camps, chassait, pêchait. Elle souffrait, bon sang !

— Elle a évolué depuis…

— En mal ! Il fallait gagner son droit de survivre, autrefois. Les faibles mouraient et les forts se perpétuaient. Vous croyez avoir évolué ? Vous croyez protéger les faibles ? Demandez aux puissants ce qu’ils en pensent ! Des menteurs, hypocrites, manipulateurs ! Dire que vous osez encore vous soumettre à eux ! Qui sont les sauvages, maintenant ?

Je pourrais riposter… Mais j’étais trop mal en point… Impuissante… Elmaril critiquait férocement la société dans laquelle j’avais grandi. Cette même société responsable de bien des maux… Tout n’était qu’une question de point de vue. Une morale apprise à mes dépens…

Elmaril me darda des yeux enfiellés.

— Nos méthodes sont critiquables, oui, m’écriai-je avec un semblant de conviction. Ça ne rend pas les vôtres sont acceptables ! Nous n’aurions jamais dû t’intégrer dans notre compagnie…

— Qui est l’intruse ici ? Tu n’as su protéger personne. Ni tes chevaux, ni ton mari, pas même ton fils !

Tant pis si je mourrais… L’affront était trop important. Je me jetai sur elle à corps perdue, esquivai sa lance de justesse, et nous fûmes entraînés dans les marches. Ma tête… Elle me lancinait de part en part… Un filet de sang coulait sur ma tempe. Pas question de sombrer dans l’inconscience… Je devais braver mon ennemie, quel qu’en fût le prix.

Mon poignard était trop loin… Quitte à mourir, quitte à poursuivre un combat irréfléchi, autant faire appel à mon corps, autant revenir à la nature… Mes poings transmettraient le message. Je m’approchai, la bigornai à deux reprises, puis elle brandit sa lance derechef, m’obligea à reculer.

Ce n’était pas fini… Mais nous ne bougions plus. Des claquements et des cris brisèrent la monotonie de notre duel, de notre affrontement inachevable, de notre quête perpétuelle. Nous n’étions pas seules. Plus maintenant… Plusieurs personnes entouraient la demeure. À l’affût de leur approche, Elmaril renâcla avant de me toiser.

— Tu sais quoi ? lâcha-t-elle. Tu ne vaux même pas la peine que je te tue. Tu es plus tenace que je le pensais. Plus résistante que bon nombre de mes adversaires… Mais il y a plus important.

La guerrière empoigna hardiment sa lance, cracha un peu de sang et courut vers l’extérieur. Une fuite... Tout ceci s’achèverait sur cette note ? Pourquoi renonçait-il si aisément ? Ma vie revêtait peu de valeur à ses yeux, m’épargner une seconde fois me cingla comme une injure. Je m’étais fixée un objectif que j’avais raté…

— Tante Jaeka ! interpella Bramil, inondé de transpiration. Que se passe-t-il ?

Mon silence était la meilleure réponse. Je chancelais sur moi-même. Non, tout vacillait sur mon corps constellé de blessures, à l’exception de mes yeux… De quoi affermir mon regard vers mes derniers compagnons. Bramil, Margolyn, Stenn… Aucun mot n’était nécessaire pour leur expliquer ma décision regrettable. Restait à savoir pourquoi ils n’étaient pas intervenus. Sûrement à cause de notre frayeur perpétuelle…

— Nous devons sortir, suggéra Stenn. J’ignore ce que disent précisément les Nillois, mais ils exigent que nous sortions. J’ai aperçu qu’ils étaient armés de ma fenêtre... Mieux vaut donc se soumettre à leur volonté.

Mon cœur tambourina contre ma poitrine… Une nouvelle menace pesait sur nous alors que l’ancienne n’avait pas cessé de nous accabler. La rude réalité effaçait les promesses naïves…

Nous nous guidâmes à partir de la lueur nocturne traversant les rideaux. À l’extérieur, des lueurs intruses révélèrent une scène improbable : Elmaril se dressait contre une quinzaine d’individus. Des soldats à n’en pas douter… Ils étaient équipés d’une cuirasse en cuir et de spallières. Les torches me permirent de distinguer leurs armes : certains portaient des épées, d’autres des haches, et leurs rangs comportaient également un trio d’archers et une arbalétrière. Sur leur plastron flamboyait le symbole de leur nation, je le reconnaissais : une feuille d’alisier inscrite sur un fond blanc.

Une nouvelle rencontre avec des Nillois… Des fiers représentants de leur pays. Leur démarche cagneuse s’accordait avec la rigidité de leur posture. Une étrange allure que voici, aussi agreste que militaire… Nous avions cru les Nillois accueillants, mais la venue de ces fantassins trahissait cette conception. Déceptions sur déceptions…

L’un d’eux se positionna devant ses confrères et consoeurs. Jeune pour être capitaine, il dégageait une autorité surpassant son expérience. Son aura intransigeante refroidissait tout désir de résistance. Le regard sévère, il brandit son épée en acier et s’exprima d’une voix grave et impérieuse. Stenn s’agenouilla d’un air horrifié avant même qu’il eût fini.

— Traduis ce qu’il a dit ! s’affola Margolyn. Vite, je veux comprendre !

— Il…Il…, balbutia Stenn. Il nous considère comme des étrangers indésirables sur leur territoire ! Il souhaite notre reddition ! Si nous refusons, ses soldats nous tueront !

Margolyn s’agenouilla aussitôt et ses mains volèrent à sa nuque. La soumission ou la mort… Un bien triste destin. Qui était digne de confiance dans ce monde ? Raykad, Alaenne et le bébé s’étaient éclipsés juste après le crépuscule, voilà pourquoi l’habitation était vide… Ils avaient rejoint la véritable sécurité et nous avait vendus à leur armée. Pourvu qu’ils nous gardassent en vie…

Une personne rejeta la capitulation : Elmaril oc Nilam. Le souffle automnal battait ses tresses et ses bras robustes maintenaient sa lance où les feuilles d’aulne frémirent. Elle se rebellait contre la domination des soldats, immobile, plus opiniâtre que jamais. Fidèle à ses principes. Fidèle à elle-même.

— Je ne m’inclinerai jamais ! hurla-t-elle, la lance pointée vers le ciel. Je suis une guerrière du clan Nyleï !

Son audace sans faille rencontra ses limites. Elle chargea ses ennemis, parée à tous les pourfendre. L’arbalétrière tira un carreau qui se logea sur sa cuirasse.

Un murmure parvint jusqu’à mes oreilles…

— Je ne veux plus être prisonnière… Je veux être libre… Mes sœurs, pardonnez-moi. Achevez ma mission.

Sa plus grande démonstration d’émotions… Du fluide vital commença à s’écouler autour de la plaie tandis que notre ancienne alliée y déposait sa main. Elle s’affaissa sur l’herbe humide, vaincue.

Un simple trait suffisait à l’abattre ? Nos tentatives de l’occire s’étaient heurtées à un insuccès. Nous la pensions invincible…. Elmaril était une humaine comme nous tous, en fin de compte. Une humaine dans toute sa complexité et sa barbarie. Derrière la pugnacité se terrait une vulnérabilité inavouée.

Sceptique, le chef de la troupe héla ses camarades et alla tâter son corps. Elmaril les avait bien dupés ! Elle s’arma vaillamment de sa lance et transperça le malheureux à la gorge. Une gerbe vermeille en jaillit, le soldat s’étouffa dans un borborygme et chuta à côté de son ennemie, sous l’œil impuissant de ses compatriotes. Des cris déchirants se répandirent en échos dans les cieux : l’insoumise avait encore répandu le sang, et elle ne souhaitait pas s’en arrêter là.

Les militaires encerclèrent l’insatiable tueuse, brandissant leur arme avec impétuosité. Deux camps s’affrontèrent dans une sérénade métallique. Elmaril lança son plus terrible cri en se jetant dans la mêlée. Unique parmi les siennes, représentante d’une communauté rejetée, défenseuse de valeurs repoussantes, combattante émérite, elle dompta ses opposants dans un premier temps. Elle en avait empalé deux lorsqu’un fantassin abattit sa hache sur son mollet. La guerrière exhala un râle, maîtrisa sa souffrance et riposta de plus belle. Sa lance tournoya vélocement et trouait la chair jusqu’à épuisement. La parjure fit face à son destin au-delà de notre territoire. Cinq cadavres la cernèrent avant qu’une épée ne s’abattît sur son crâne. Les soldats la transpercèrent de tous les côtés. La sauvage planta sa lance sur le sol, tomba à genoux. Son ultime regard fut accordé à l’impénétrable voûte.

Elmaril oc Nilam n’était plus. Nous étions libérées d’elle... Un poids était censé se délivrer sur ma conscience. Il n’en fut rien… Elmaril s’était défendue corps et âme, repoussant toute forme d’autorité. Elle avait mené une vie active, indécente et tumultueuse. Je l’avais crainte et détestée, maintenant, je ne pensais plus rien d’elle.

Dévastés par la perte des leurs, les soldats ravalèrent leur chagrin pour accomplir leur tâche. Nous nous rendîmes et laissâmes notre sort entre leurs mains…

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