Chapitre 10 : Découvertes vertigineuses (2/2)

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Ralaia se mut de sa position et nous nous unîmes à sa volonté. Les mystères suscitaient autant d’appréhensions que de curiosité, nous nous dirigeâmes alors vers ces lieux inexplorés.

Nous rentrâmes au cœur des basses hauteurs en peu de temps, là où des chemins méandriques se faufilaient sur les divers flancs. Déterminer les distances relevait d’un calcul théorique se devant de correspondre à la réalité. Hélas, l’obtenir fut moins facile qu’escompté ; dans les régions montagneuses, nous mésestimions largement les écarts entre deux emplacements. Adoncques notre endurance fut mise à rude épreuve.

L’intuition devait être suivie, égaux face à l’inconnu que nous étions. Au nord-ouest, la densité de conifères augmentait et les rivières s’insinuaient entre ces arbres : elles rejoignaient des cours d’eau primordiaux. Cet arrangement de la nature s’adaptait à la cohérence de la perspective. Mais pourquoi ne s’y baladaient qu’un faible nombre d’animaux ? Au sud de Temrick, des chevreuils et bouquetins paissaient l’alpage, les aigles et les gypaètes esquissaient leurs passages dans le ciel ; contrairement à notre précédente rencontre, la magie ne semblait pas les avoir altérés.

Nous contournâmes les zones boisées et atteignîmes finalement le renfoncement que l’archère avait désigné. Quelles causes avaient amené une telle dégradation du paysage ? Une brève réflexion m’amena vers une déduction logique : une collision d’un objet avec le sol avait engendré ce cratère. Son large rayon le rendait visible à des lieux à la ronde, de la végétation touffue recouvrait l’ensemble de sa surface incurvée, j’en conclus donc cet impact s’était produit à une période lointaine.

Sondant mes compagnons, j’étudiai leurs réactions, et comme d’habitude, elles étaient difficiles à interpréter. Chacun se comportait différemment devant un cratère, encore plus s’ils en ignoraient sa provenance. Erak entreprit de tourner autour, Ralaia et Elmaril touchèrent l’herbe lors d’une ébauche de pistage et les mages utilisèrent la détection magique. Arzalam, lui, s’approcha du centre et se tourna vers nous.

— Nous sommes sur la bonne voie, confirma-t-il. Ce cratère correspond aux écrits qui l’ont décrit. D’autres voyageurs sont passés par ici, même si ce n’est pas récent.

Cela me revint ! Toute personne un minimum cultivé connaissait l’existence de ce cratère. À l’époque, les superstitieux redoutaient qu’il s’agît d’un présage ; les événements survenus par la suite leur avaient malheureusement donné raison. Mes connaissances historiques présentaient donc des points communs avec les mages. Si j’avais saisi les occasions de discuter davantage avec eux…

— J’en avais entendu parler, commenta Jyla. Apparemment, un objet céleste, chutant depuis l’espace, se serait écrasé aux basses hauteurs de Temrick, juste avant l’invasion Carônienne. Pour beaucoup, ce n’était pas une coïncidence.

— Tout à fait, appuya Arzalam. D’aucuns prétendaient que les mages avaient redirigé ce météore. En tout cas, c’est à partir de cette époque que ces montagnes ont commencé à être moins fréquentées. On peut dire que ce fut le commencement d’une ère incertaine.

— Mais Temrick n’est pas inhabité ! rétorqua Elmaril.

Le regard d’Arzalam lança des éclairs avant de suivre l’index de la guerrière. Nonobstant les blâmes qu’elle méritait, le soutien de Ralaia révéla l’improbable : quelques dizaines de mètres plus hauts, une maison cernée de pins s’intégrait parfaitement au versant. Elle revêtait une architecture basique ainsi qu’une structure bâclée : un assemblement de troncs cylindriques s’enchâssait sur une façade poussiéreuse d’où une porte forjetait.

Cette demeure abandonnée jurait avec le panorama. Il nous fallait la découvrir pour soulever nos interrogations, pour comprendre pourquoi une tierce personne avait établi son logement loin des autres.

— Mais…, bredouilla Bramil, bouche bée. Je croyais que personne ne vivait ici !

— Cette maison semble vieille, objecta son oncle. Je doute que quelqu’un y habite encore.

— De toute manière, ajouta Jyla, ça ne m’étonne pas. Les idées reçues sont souvent fausses. Voilà la preuve que Temrick est encore plus intéressant que nous ne l’aurions imaginé. Je propose d’examiner cette maison.

— Personne ne va s’y opposer. Je suis certain qu’il y a un lien avec ce cratère. Allons-y.

Arzalam se plaça aussitôt à la tête de notre groupe. Nous voici encore assujettis de cheminer derrière quelqu’un au lieu d’avancer ensemble d’égal en égal. Mieux valait analyser ce qui nous entourait : des halliers épars piquetaient le chemin, notre méfiance n’en fut qu’accrue. Et les intentions du mage demeurèrent sibyllines. Il nous distança au détriment de notre union puis saisit la poignée de la porte. Elle était verrouillée. Le mage ne s’en soucia guère puisqu’il accéda à l’intérieur d’un simple sort.

Dès notre entrée, des colonnes de poussières cinglèrent notre visage ; une quinte de toux immobilisa la majorité d’entre nous alors qu’Elmaril et Erak graillonnaient pour lutter contre cela. Les mages dispersèrent la poussière de l’air de crainte d’attraper une maladie, parfait pour m’enfoncer dans l’opacité interne. Restait encore à ne pas buter sur un quelconque objet égaré sur le plancher grinçant ou à tomber sur une embûche. Gurthis et Ralaia n’avaient pas franchi le seuil, au lieu de cela, ils attachaient nos équidés le long de la façade.

— Nous surveillons l’extérieur et les chevaux, garantit le soldat, la main gauche effleurant le manche de son espadon. Vous êtes bien assez de huit pour fouiller cette maison. De toute manière, elle ne m’inspire pas confiance.

Je me raclai la gorge. Leurs intuitions de militaires chevronnés auguraient bien la hantise que cette demeure manifestait. Il fallait se débarrasser de l’obscurité, et à mon bonheur, Arzalam semblait l’avoir compris : il généra une orbe bleuâtre afin d’illuminer la pièce d’un halo diffus.

Aucun élément des lieux ne se dérobait de notre vision. Les mages tournaient autour du vétuste mobilier à l’affût des moindres vétilles. Sans ambages, cette habitation fut abandonnée à une lointaine époque, tant la poussière s’était agglutinée partout. Sur la table et l’armoire surannée, des ustensiles adhérents avaient été rongés à de multiples reprises. Un élément interlope captiva ma curiosité : un chaudron en bronze effectuait des petites oscillations sur un âtre ; pourtant, aucune cheminée ne surmontait le toit de la maison. Si un individu avait logé céans, comment avait-il réussi à générer des braises sans consumer les lieux ?

Jyla et Margolyn se dirigèrent vers le lit collé au coin de la pièce, près d’une vitre maculée de salissures ; elles y découvrirent un squelette emmitonné sous des couvertures brunes. Cette vue ôta un cri d’horreur à la guérisseuse, laquelle agrippa le bras de la mage pour s’y réfugier.

— Lâche-moi, froussarde ! fulmina Jyla. C’est juste un squelette.

— Non, c’est encore un squelette ! s’épouvanta Margolyn. Pourquoi on en croise autant ?

— Parce que ce sont les reliques d’une époque perdue. Il n’y a pas lieu de s’en étonner.

Cette jeune femme se montrait impavide... Je n’eus pas cette chance ! Les tremblements de Margolyn traduisaient son humanité selon moi, mais les autres demeurèrent de marbre face à cette atrocité. Même pour Jaeka et Bramil, ce squelette s’insérait sans peine dans le décor.

Cela m’obnubila tellement que je n’avais pas remarqué l’absence d’Arzalam. Lorsqu’il revint vers nous, il portait un grimoire poussiéreux qu’il me tendit aussitôt. J’attirai l’attention de mes camarades en le recevant.

— Un livre intact ? s’esbaudit Bramil. Nous devons absolument voir ce qu’il contient !

— Ne sois pas si enthousiaste, dissuada Elmaril. Il doit être illisible depuis le temps.

— C’est complètement faux, démentit le mage. Je l’ai ouvert et les écritures m’ont paru lisibles. Malheureusement, ma maîtrise de l’Ertinois n’est pas suffisante pour comprendre. Tu nous accompagnes pour cela, Stenn. Traduis ce livre pour nous.

Que signifiait cet ordre ? Son ambition rendait son ton impérieux. Ce livre comportait des centaines de pages ! J’étais tout bonnement incapable de lire l’ensemble de son contenu à haute voix !

— Nous n’avons pas autant de temps à perdre, intervint Erak. Je ne pense pas que tout traduire sera indispensable pour notre quête.

— Je vais voir ce que contient la fin…, décidai-je.

Je m’exécutai, non sans consulter les premières pages. Il s’agissait d’une biographie d’une citoyenne du royaume ; d’après ce que je comprenais, maints rebondissements dans son existence l’avaient amenée à établir son ultime demeure aux basses hauteurs de Temrick. Au début, le grimoire semblait délivrer un message optimiste ; hélas, au fur et à mesure, le défaitisme et la mélancolie s’étaient emparées de cette femme qui se dressait en victime. Le livre s’achevait sur l’accusation de ses contempteurs. Eoda Jadin, tel fut son nom, était décédée esseulée, isolée et malheureuse. Cette suite de tribulations me fit frissonner. Parcourir le grimoire dura des minutes entières lors desquelles mes compagnons se baguenaudèrent de part et d’autre de la pièce. Je refermai subitement le livre et le rendis à Arzalam.

— Tu as déjà fini ? s’étonna le mage. Soit tu lis vite, soit tu n’as pas voulu tout lire…

— Ma lecture fut éprouvante, dis-je en me raclant la gorge. Selon mon interprétation, l’auteure de ce grimoire, Eoda Jadin, était une mage qui vécut ici trois siècles auparavant. Elle fréquentait un village au nord de Temrick lors de sa jeunesse, Kariel, se situant à l’est d’ici. Au cours de son enfance, elle se passionna pour la magie et l’apprit de son côté, sans se soucier des guildes. Comme son patelin ne comprenait qu’une centaine d’habitants, elle paraissait unique et avait même acquis une certaine réputation. Elle se maria avec Fenzon Gahnin une fois adulte, un ami d’enfance avec qui elle partageait tout. Guerrier et patriote convaincu, il s’engagea dans l’armée dès qu’il fut informé de l’invasion Carônienne, contre la volonté de son épouse. Seul son cadavre fut renvoyé à son village. Il avait péri en défendant l’Ertinie.

Je m’interrompis car j’estimais débiter trop d’informations en peu de temps. Si Erak, Jaeka, Bramil et Jyla réalisaient la tragédie narrée, Margolyn et Elmaril s’en fichaient éperdument. Arzalam, quant à lui, se préoccupait plutôt de ce que la narratrice devînt.

— Eoda peina à supporter son chagrin, poursuivis-je. Par conséquent, elle brava et tenta de pratiquer la magie interdite pour ramener son conjoint. À son malheur, certains découvrirent ses méfaits et la qualifièrent de sorcière. Elle subit alors un âpre jugement : elle dut choisir entre la peine de mort et le bannissement définitif. Elle préféra l’exil, bien sûr. Par nostalgie de sa jeunesse, elle s’installa aux basses hauteurs de Temrick où elle avait joui de superbes moments avec Fenzon, près du cratère dont l’impact précédait de peu la guerre. Durant le reste de son existence, elle n’eut presque plus de contact avec la civilisation. Elle vécut seule et décéda paisiblement, sans regretter sa tentative de résurrection. D’ailleurs, je crois avoir lu qu’elle narrait quelques expériences en rapport avec la magie, mais…

— Nous en avons assez entendu, coupa Erak. Le désespoir l’a poussée à braver les interdits. Je peux comprendre son geste, mais je comprends aussi son bannissement. C’est à cause des personnes comme elle que la magie a mauvaise réputation.

— C’est bien vrai ! ajouta Margolyn. Moi, je renie l’amour, ça nous incite à commettre des gestes stupides. Les sentiments sont nauséabonds et nuisent à notre évolution.

— Je ne suis pas d’accord, rétorqua Jaeka. C’est l’amour qui m’a maintenue en vie.

— Il n’est pas question d’amour ! lâcha Arzalam. Est-ce que vous réalisez l’importance de cette biographie, au moins ?

— Bien sûr, affirmai-je. Eoda a initié les expériences des mages à Temrick. Peut-être que sans elle, il n’y aurait jamais eu de Kaenums. Ces mages se sont crus supérieurs à cette nature grâce à laquelle nous nous sommes développés. Ils sont à l’origine de tous les phénomènes incongrus de ces montagnes.

Arzalam ne toléra pas mon affirmation. Avais-je dégoisé des paroles vipérines ? Son regard mauvais traduisait cette impression. Il était adressé à tous, même sa consoeur qui partageait pourtant une cause commune avec lui. Il recula un peu et nous fustigea pour nos pensées.

— Vous ne comprenez pas ! s’indigna-t-il. Premièrement, son geste n’était pas mauvais et même s’il l’était, ce n’est pas à cause de son statut de mage. À moins que Stenn ait mal lu, elle a bien précisé qu’elle était appréciée dans son village avant d’avoir tenté la nécromancie. Savez-vous différencier les bons mages des mauvais ? À votre avis, pourquoi l’avaient-ils punie pour sorcellerie, et non pour magie ?

Nous ne sûmes pas comment répliquer. Je concédais qu’à l’époque, la culture et les mœurs différaient certainement des nôtres, mais il était inhumain de subir des ignominies comme la résurrection. Que nous fussions incompréhensifs ou scandalisés, nul ne resta neutre ; les idées du mage portaient à controverse : Jyla elle-même les évaluait comme préjudiciables.

— As-tu perdu la tête ? stigmatisa-t-elle. Tu penses que ressusciter des morts peut être une bonne chose ?

— Et en quoi ce ne le serait pas ? riposta Arzalam. Vous semblez choqués, mais au fond de vous-mêmes, vous rejoignez mes pensées.

— Non, contesta Jaeka. Tenter la résurrection, c’est aller contre notre nature. La mort fait partie de notre vie, il faut l’accepter…

— Vous refusez que nous progressions ? Arrêtez de vous enfermer dans vos mentalités archaïques ! Toute notre vie, nous essayons d’oublier la mort. Nous devrions rejoindre ceux qui essaient d’échapper à notre destin fatidique ! Erak, Jaeka, écoutez donc votre cœur. Si vous aviez l’occasion de ramener votre fils, vous le feriez !

Ses paroles frôlaient la pure provocation. J’ignorais son but, mais il réussit à outrer ses interlocuteurs : la figure rubiconde comme jamais, notre chef faillit me bousculer et brandit son poing avec véhémence.

— Ça suffit ! gronda-t-il. Pour qui te prends-tu, Arzalam ? Tu crois que nous allons suivre le fond de tes pensées ?

— Bien sûr que non. Mes espoirs ne vont pas jusque-là. Écoutez-moi encore une fois avant de m’interrompre. Pourquoi pensez-vous que je suis resté discret jusqu’à présent ? Parce que je savais que vous me jugeriez mal. Je me suis toujours porté vers les sortilèges moins populaires, ce voyage est l’occasion de les découvrir en profondeur. Voilà pourquoi je me suis engagé.

— Ce n’est pas parce que tu ne penses pas comme nous que tu as raison ! Proposer de ressusciter des mort, c’est tout simplement immoral ! Réfléchis un peu : comment aurait réagi Fenzon si Eoda l’avait ressuscité ? Il n’y a rien de plus valeureux pour un guerrier que de se sacrifier pour sa patrie.

— Vos ancêtres ont bien rendu honneur à sa mémoire, ironisa Elmaril. Le pouvoir de l’époque s’était soumis à l’envahisseur, crachant sur tous les soldats qui étaient morts pour leur royaume.

Les distensions se manifestaient aux moments les moins opportuns : Erak était lassé de vociférer en permanence contre les dissidents. Pour ma part, discourir à l’excès m’éreintait. Atteindre la conciliation relevait de l’impossible, aujourd’hui comme les autres jours ; de surcroît, la chaleur de l’intérieur m’incommodait : sans plus attendre, je sortis prestement de la demeure étouffante et refermai la porte derrière moi.

J’humai l’air frais et étendis mes membres. Privilégier l’extérieur me parut inhabituel : cette expédition me transformait. J’émis un soupir supplémentaire avant de me rendre compte que Gurthis me fixait.

— J’avais donc tort, murmura-t-il. Elmaril n’est pas la seule responsable des problèmes dans notre groupe. Les mages le sont aussi. Sous prétexte que certains d’entre eux ont été persécutés dans des pays lointains, ils se croient tout permis !

— Tu ne chuchotes pas très discrètement, se moqua Ralaia, caressant un cheval à la crinière. Si tu n’aimes personne, autant le dire à haute voix.

— J’aide juste Stenn à réaliser qu’il doit choisir son camp.

Je ravalai ma salive. Gurthis imaginait que la guerre nous opposait continûment à cause de son statut de soldat. L’ignorance et l’inculture avaient élevé cet être vulgaire dont je devais supporter sans cesse son irritable ton guttural.

— Aucun camp ne doit être choisi, désapprouvai-je. Un objectif commun nous unit et nous devons l’accomplir.

— Les intellectuels sont décidément bien naïfs. Vous êtes tellement plongés dans vos bouquins que vous négligez la réalité ! Non, nous ne sommes pas unis par un objectif commun. Nous avons tous des intérêts personnels, même les Liwael.

Gurthis s’arrêta de parler et s’assura que personne ne nous écoutait. Tendant l’oreille, l’archère percevait le moindre souffle à quelques mètres, mais son collègue ne se méfiait pas d’elle. Il posa une main sur mon épaule une fois sa vérification achevée.

— Nous avons atteint Temrick, marmonna-t-il. Par contre, je pense que nous n’atteindrons pas tous la Nillie. Tôt ou tard, quelqu’un s’opposera à notre quête. Nous devrons agir en conséquence quand ça arrivera. Tâche de t’en souvenir.

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