Avant la bataille

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Dans les jours qui suivirent, une frénésie comme encore jamais vue s’était emparée du centre de commandement. L’alerte était restée à son niveau maximal et toutes les troupes avaient été rapatriées d’urgence, y compris les agents en permission sur Terre Nouvelle. À Centralville, les habitants évitaient de sortir afin d’optimiser leur mise en sécurité en cas d’attaque sur la planète.

Une partie de la menace qui planait sur la colonie avait été endiguée deux jours plus tôt par deux attaques-surprises de la Police Spatiale sur le site d’Orphos et sur la base en construction de Képhas. L’opération avait consisté en premier lieu en une rafale de missiles qui, une fois plantés au sol, avaient libéré des impulsions électromagnétiques, dernière innovation technologique de Futur-On. Ainsi, les installations ennemies et les vaisseaux posés furent entièrement paralysés, facilitant l’enjeu de la bataille.

Selon les estimations, un tiers des effectifs Black-Trons avait été mis hors circuit, mais le plus gros des troupes était encore en garnison au Lunar Centaury.

Les agents ayant participé aux interventions avaient été plus motivés que jamais, animés par un sentiment de revanche et de justice après la perte de leurs camarades. Niki avait mené son escadrille sur Képhas et avait assuré la victoire en neutralisant les vaisseaux ennemis ayant échappé au champ électromagnétique. Spiros, qui avait été parmi les effectifs de la bataille, avait observé chez elle une façon très inhabituelle de réagir, comme si elle n’était dirigée d’aucune émotion. Elle avait été très rigide, bien qu’efficace, comme l’aurait fait un robot. Son attitude était ainsi depuis la mort de Lioris : froide, distante… et ne répondant que par de brèves paroles lorsque l’on s’adressait à elle. Juste avant le départ de la flotte pour Képhas, Julius avait fait remarquer à Spiros le regard brûlant et déterminé de Niki. De toute évidence, elle attendait d’en découdre avec l’ennemi et cela donnait froid dans le dos.

Depuis la cérémonie funéraire, où les deux anciens amants s’étaient étreints par réconfort, Spiros la croisait souvent sans pour autant s’adresser la moindre parole. Elle évitait son regard et continuait son chemin comme si elle avait d’autres préoccupations, mais il voyait bien que c’était une façade.

Comme d’habitude, il ne savait pas comment s’y prendre avec elle et n’arrivait pas à la comprendre. Cela avait toujours été le cas depuis qu’ils se connaissaient et la situation ne s’arrangea guère lorsque, le lendemain de la bataille, Niki rejoignit Spiros dans sa cabine-dortoir, seule, sans un mot ni explication.

Elle venait de terminer son service et Spiros ne reprenait le sien que dans quelques heures. Par chance pour elle, les autres cabines étaient fermées ou vides, personne n’était là pour s’offusquer de sa présence. Elle en profita donc et ouvrit la porte de celle de son ex-petit ami. Ce dernier, en train de lire sur son HoloTab, sursauta sur son lit, surpris de la voir dans le dortoir.

Elle n’avait de l’uniforme réglementaire que le pantalon et les chaussures. Elle ne portait en haut qu’un débardeur léger qui mettait ses formes en valeur, sa plaque de matricule tenue par une chaîne autour de son cou gracieux. Le regard baissé, ses joues étaient marquées par des traces de larmes à peine séchées, mais visibles dans la faible lumière qu’émettait l’holographe.

Avant qu’il ne puisse lui demander le sujet de sa venue, elle entra dans la cabine, referma la porte et se jeta dans ses bras, ses lèvres se collant à celles de Spiros pour la première fois depuis des années. Le jeune homme se laissa faire, l’enlaçant contre lui, retrouvant ainsi le bonheur de passer une nuit avec celle qui avait été sienne autrefois et oubliant la tension, le stress et l’anxiété accumulés de ces dernières heures.

***

À son réveil, Spiros ne savait plus vraiment où il en était. Tellement de choses lui arrivaient sur le coin de la tête que ses pensées se bousculaient comme dans une foire. En plus de cela, il attendait l’annonce du retour du nouveau vaisseau-amiral, le Séraphin, parti depuis trois jours pour récupérer les équipes en poste dans le système, dont celle d’Alpha-3. Inquiet pour ses camarades, il avait demandé à y retourner à bord de son Protector mais aucun officier ne lui avait accordé de reprendre son appareil grossièrement amélioré sans protocoles de sécurité.

— Ça serait de la folie d’y aller seul comme ça, lui avait dit Julius lors d’un repas. Tu te retrouverais face à la flotte entière Black-Tron sur ton chemin, sans parler de la distance à faire dans les deux sens et de ton chasseur modifié à la va-vite qui pourrait sauter durant le trajet.

— C’est un principe, c’est tout ! avait rétorqué Spiros. Je les ai laissés là-bas alors que mon rôle était d’assurer la sécurité du site.

— Mais tu as permis le secours de la flotte alors que la situation devenait périlleuse. Sans toi, qui sais ce qui se serait passé…

Au fond, il savait très bien que son action avait été cruciale, mais imaginer ses compagnons seuls sur cette Lune isolée lui torturait l’esprit.

Couché dans son lit, il essayait de remettre ses idées en place. Finalement, plutôt que de broyer du noir, il décida d’aller dans la salle de simulation avant de prendre son poste dans deux heures. Cela lui ferait penser à autre chose, s’il arrivait à se concentrer. Il se frotta le visage pour se réveiller et pivota la tête vers la droite.

Niki était allongée à côté de lui, tournée de l’autre côté, habillée uniquement du drap du lit. Même de dos, il remarqua qu’elle était belle. Il caressa d’un revers de la main sa peau douce et agréablement chaude. Elle frissonna. Une pensée lui vint alors à l’esprit : avait-il fait quelque chose de correct ?

Physiquement, Spiros en ressentait un soulagement, comme un manque qui avait été comblé par l’intensité du moment, mais si cet effet était éphémère. Et maintenant que le mal était fait, il se posait tout un tas de questions.

Tout d’abord, pourquoi s’était-elle incrustée sous sa couche, quelques jours seulement après la mort de son fiancé ? Était-ce par manque d’affection physique ou bien était-ce pour le retrouver lui ? Avait-elle déjà oublié ses sentiments pour l’adjudant Smiss ?

Ensuite, il se demandait si c’était une bonne chose de se remettre ensemble, surtout après tout ce qu’ils avaient vécu depuis leur séparation. Certes, il admit intérieurement qu’il avait secrètement espéré cet instant ces dernières semaines, même s’il aurait préféré être avec Nadeige. Et maintenant qu’il pensait à elle, avait-il assez de sentiments pour Niki ?

Toutes ces questions lui embrouillèrent de nouveau l’esprit et cela devenait agaçant. Il se tapa deux fois la tête et se leva du lit. Il remit ses vêtements et se prépara à sortir de sa cabine lorsque Niki se retourna :

— Tu t’en vas ?

— Oui. Je n’arrive plus à dormir, je vais aller faire un tour aux simulateurs.

— OK.

Elle se rendormit en tirant la couverture sur elle.

Spiro aurait préféré qu’elle regagne sa propre cabine. Même si elle lui avait garanti que personne n’était dans les parages quand elle était entrée, cela ne le rassurait guère de la savoir ici. Si quelqu’un la voyait, dans ce dortoir où il n’y avait que des hommes, cela pourrait faire jaser leurs camarades. Surtout en des temps comme ceux-là où tout le personnel était présent au centre de commandement.

Les couloirs n’étaient jamais vides. Partout où l’on pouvait aller, on y croisait régulièrement des groupes d’agents. Spiros n’avait jamais vu autant de monde réuni au même endroit. La salle de simulateur, devenue le passe-temps le plus utilisé par les pilotes en repos, était toujours remplie et il dut attendre un quart d’heure pour avoir un poste de libre.

Les programmes avaient beaucoup évolué depuis son examen. Plusieurs stades de difficulté étaient disponibles, permettant ainsi de monter son niveau et de faire face à des situations de plus en plus dangereuses. Un guide automatique était également en option afin d’avoir des explications sur les erreurs rencontrées.

Spiros entra ses identifiants et se régla sur les modules en niveau intermédiaire. Même si ses résultats avaient été très satisfaisants dans leur globalité, ce stade de difficulté était encore au-dessus de ses compétences et il voulait à tout prix évoluer pour atteindre le plus haut rang du classement. Il avait déjà validé cinq modules sur une vingtaine, mais les suivants, que l’on pouvait réaliser sans ordre précis, étaient d’une telle complexité qu’il stagnait dans sa progression.

Il en choisit un où il fallait suivre un circuit en anneaux à travers une très haute atmosphère d’une planète comme Terre Nouvelle et où il pouvait se faire happer par l’attraction. Ce choix n’était pas un hasard : il s’en voulait d’avoir commis l’erreur de s’être trop approché de Képhas lors de son trajet depuis Alpha-3.

Le début était simple, mais long. La distance entre les anneaux était très grande et malgré la vitesse maximale de l’appareil, il fallait bien trois minutes pour atteindre le cercle suivant. En milieu de parcours, des Intruders se mêlèrent à la partie, montant d’un cran la difficulté.

Les ennemis effectuaient des attaques éclairs, obligeant Spiros à être très réactif pour éviter les tirs et contre-attaquer tout en continuant sa route le plus rapidement possible, l’exercice étant chronométré. Lorsqu’il eut terminé, Spiros regarda les scores obtenus par ses camarades et les compara au sien. Il était encore à la trentième place et n’avait toujours pas validé le module. Niki était septième et le premier était l’adjudant Bannoc. Pour remporter cette épreuve, Spiros en conclut que, non seulement il y avait un temps à battre, mais aussi un nombre d’ennemis à neutraliser. Or, il n’avait réussi ni l’un ni l’autre.

Il sortit du simulateur et laissa sa place. Il n’avait pas plus envie que ça de continuer et se rendit à l’espace détente pour se changer les idées. Sortant du réfectoire, il croisa Julius accompagné de Junie.

— Bonsoir Spiros, lui dit-il.

— Bonsoir ?

— Il est 18 h 45 à Centralville. Alors je dis bonsoir.

— Ne m’en veux pas, mais je n’ai aucune notion du temps en ce moment avec ces plannings…

— Je comprends. Ce rythme est assez perturbant, je l’admets. T’es-tu restauré ?

— Non, j’allais me poser un instant à la salle d’arcade.

— Tu devrais manger, conseilla Julius. Tu me sembles pâle…

— Ne t’inquiète pas pour moi, ça va aller.

— Vraiment ? N’oublie pas que tu as perdu de la masse musculaire il y a quelques semaines. Tu dois veiller à ta santé…

— Je sais, le médecin de la caserne me l’a encore répété hier. Mais qu’est-ce que vous avez tous à me surveiller comme ça ?

— On s’inquiète pour toi, c’est tout, lui dit Junie, offusquée de sa réaction.

— Je vais bien, merci, répliqua Spiros en soupirant. J’ai le temps avant de commencer mon service. Je mangerais dans un moment.

— D’accord, alors on se voit tout à l’heure. Je suis de service avec toi pour une surveillance.

— OK.

Julius et Junie s’en allèrent de leur côté tandis que Spiros se posa sur un des fauteuils disponibles de la salle d’arcade, dans l’ambiance des néons roses et de la musique électronique aux sonorités rétro, face à la baie vitrée qui donnait sur l’une des tours pointues du centre de commandement. Mais à peine commençait-il à se détendre qu’une alerte s’enclenchât dans tous les couloirs du bâtiment, suivi de la voix du général Septimus qui résonna à travers les haut-parleurs :

— Ceci n’est pas un exercice ! Tous les agents de terrain sont priés de se rendre auprès de leur vaisseau-amiral respectif. Je répète : ceci n’est pas un exercice ! Rendez-vous immédiatement auprès de votre vaisseau-amiral respectif dans le spatioport !

***

Les astropoliciers étaient en rangs bien ordonnés en fonction de leur escadrille. Quelques changements avaient été effectués afin que tout le monde soit sous le commandement d’un officier. Pour l’occasion, Spiros eut le plaisir de se retrouver dans l’escadron dirigé par l’adjudant Bannoc, tout juste remis de ses blessures. Cependant, il était aussi sous l’autorité directe de Niki, ce qui lui était impossible à définir si c’était une bonne chose ou non.

Julius était également assigné en tant que pilote de Protector, comme beaucoup d’agents habituellement affectés à d’autres postes, signifiant que les chasseurs allaient avoir une importance capitale dans la bataille à venir. Seul l’équipage du Séraphin était absent, celui-ci n’étant toujours pas revenu de sa mission.

Les capitaines de vaisseau étaient tous réunis, ainsi que les amiraux et le colonel Pietrezs. Ce dernier s’avança, un micro-casque sur la tête afin que tout le monde puisse l’entendre :

— Mesdames et messieurs. C’est le colonel Pietrezs qui vous parle. Nous avons reçu, il y a moins d’une heure, une alerte venant de nos satellites surveillants le Lunar Centaury. Une importante flotte de combat a décollé de la Lune noire et se dirige actuellement sur Terre Nouvelle. Avec leur vitesse de croisière, ils seront au-delà de la ceinture d’astéroïde dans moins de quatre heures, à nous donc de nous positionner afin de les contrer efficacement. Un dispositif de défense atmosphérique, utilisé habituellement contre les corps célestes sur Képhas, sera déployé sur une large zone au-dessus de Centralville. Nous tâcherons alors que le déroulement de la bataille se fasse dans cette zone. Ça sera notre dernière option en cas d’échec de la Police Spatiale. Prions que nous n’en arrivions pas là…

Un dispositif de défense atmosphérique ? s’étonna Spiros. Cela voudrait dire que l’ennemi va être pulvérisé s’il passe à travers l’écran !

Il jeta un regard rapide vers ses camarades qui semblaient aussi dubitatifs que lui. Cette solution de défense allait à l’encontre des principes idéologiques de la colonie.

— Nous formerons une ligne protectrice qui visera à encercler la flotte Black-Tron à son approche, continua Pietrezs. Les deux vaisseaux amiraux resteront en retrait au centre, tandis que les croiseurs garderont les flancs et permettront d’être un appui solide pour les chasseurs. Évitez de vous éloigner de la zone de combat. L’ennemi est en nombre supérieur, mais ne leur laissez pas l’occasion de vous abattre ! L’entraide sera votre meilleure arme. Bon courage à tous !

Les adjudants saluèrent, suivis de tout le monde, avant de se tourner vers leurs chefs d’escadrille pour leur donner des consignes plus approfondies.

— Agents, déclara alors Bannoc à ses hommes, nous voilà face à notre destin. Ceci est une belle phrase, mais cela signifie que c’est peut-être la dernière fois que l’on se voit ainsi. Je prie intérieurement pour que chacun d’entre vous puisse s’en sortir et je garde foi en cela. N’oubliez pas que vous vous battez pour la colonie, pour votre famille et vos amis, que vous avez juré de les protéger au péril de votre vie s’il le fallait ! Qui est avec moi ?

Tout l’escadron leva le poing avec entrain dans un cri de guerre, ce que n’en attendait pas moins l’adjudant.

— Parfait ! Maintenant, voici les détails sur la mission : nos troupes seront placées de manière à accueillir les Black-Trons dans une tenaille qui s’abattra aussi bien sur les flancs que par l’avant et l’arrière de leur flotte. Nous ne devons leur laisser aucune fenêtre de sortie possible. Dès leur arrivée de l’hypervitesse, les vaisseaux-amiraux bombarderont les croiseurs Renegats en priorité. Nous nous chargerons des Intruders par la suite, en espérant qu’aucun autre type de vaisseau comme ceux que nous avons capturés récemment ne soit présent parmi leurs rangs. Quand nous recevrons l’ordre de la part de l’amiral Quotor, nous quitterons notre position en semiluminique pour engager le combat. De là, je pense que vous saurez ce qu’il vous restera à faire. Chaque escadrille aura deux croiseurs dans ses rangs et quatre autres seront aux côtés des vaisseaux-amiraux pour soutenir la première attaque. Tous les chasseurs ont reçu quelques modifications, tant à l’armement qu’aux commandes. Ils seront plus rapides, plus réactifs et plus autonomes niveau carburant.

Il était temps, pensa Spiros.

— Les boucliers énergétiques ont été renforcés afin de nous replier sous le bouclier atmosphérique qui sera déployé. Chaque sergent aura les indications de la position à prendre et vous les transmettra en temps voulu. Un message a été envoyé au Séraphin qui pourrait arriver dans le cours de la bataille, mais nous ne pouvons le garantir. À savoir également qu’à cause de ces événements, le nouveau vaisseau-amiral n’a pu finir ses vols d’essai et n’est pas totalement opérationnel. Cependant, une grande partie de son armement est en fonction et il sera un apport majeur pour nous. Est-ce clair pour tout le monde ? Alors à vos chasseurs !

Spiros regagna son appareil, son PR-21 remis à neuf. Julius le rejoignit, suivi de Néro et Mervin.

— Quelque chose ne va pas, les gars ? leur demanda-t-il en voyant leurs visages sombres.

— Tu n’as pas compris la situation ? répliqua Mervin. Cette bataille sonne comme notre jugement dernier ! Il est possible qu’on n’en revienne pas…

— C’est peut-être la dernière fois que l’on se retrouve réunis…, ajouta Néro. Je n’ai même pas pu dire adieu à ma famille…

— Ne la jouez pas défaitiste, les mecs ! gronda Spiros. Je n’ai pas envie de penser à ça ! Montrez votre bravoure et votre hardiesse !

— Une fois qu’on y sera, oui… mais cette attente avant la bataille me fout une de ces boules au ventre ! Je n’ai jamais été aussi stressé de toute ma vie…

— Nous n’avions jamais pensé qu’un événement pareil puisse arriver un jour, souffla Julius. Nous nous y attendions, mais quand nous sommes face à notre destin, on se rend compte que rien ne nous y prépare réellement.

— C’est vrai, admit Néro. Nous sommes des colons pacifiques et voilà qu’on nous envoie à la guerre…

— Je… je n’ai pas vraiment envie de mourir comme ça, soupira Mervin, au bord des larmes. Je pensais finir ma vie dans mon lit, à 90 ans, entouré de mes enfants et petits-enfants…

Spiros lui tapota l’épaule en signe de réconfort. Il n’avait aucun mot pour les encourager, car lui-même commençait à ressentir cette appréhension qui lui tordait les entrailles.

— Si vous le désirez, nous pouvons prendre un temps pour prier ensemble…, Proposa Julius.

Spiros et Néro se regardèrent, gênés. Mervin avait toujours refusé la moindre appartenance à un quelconque courant de pensée religieux, mais à leur plus grand étonnement, Mervin hocha la tête en silence. Chacun se prit alors la main et Julius pria en ces termes :

— Seigneur, notre père qui nous a donné la vie… Jusqu’à présent, tu nous as préservés de la mort et pour cela, nous t’en remercions. Aujourd’hui, nous nous tournons vers toi, car nos cœurs sont dans la terreur. Au-dehors nous attend une terrible bataille et nous avons peur de l’issue de celle-ci. Père, en ce jour, je te demande de nous protéger de ta main bienveillante, de nous sortir de cette situation périlleuse et de veiller sur chacun d’entre nous. Redonne-nous du courage et de la vaillance comme les soldats de l’armée de David, fortifie-nous et surtout donne-nous de la paix dans nos cœurs. Au nom de Jésus… Amen !

— Amen ! renchérirent les trois autres.

Des larmes coulèrent sur les joues de Mervin et il souriait. Il prit chacun de ses camarades par les épaules et les étreignit. Même Néro semblait avoir retrouvé de sa contenance.

— Que Dieu vous garde, dit alors Julius avant de mettre son casque et de regagner son chasseur.

Les quatre astropoliciers avaient un courage et une hardiesse renouvelés. Spiros avait l’impression que sa tête s’était vidée de toutes ces pensées qui l’avaient perturbé jusqu’à présent. Alors qu’il vérifiait auprès du technicien les niveaux de son appareil, Niki le rejoignit timidement.

— Spiros ? Heu…

— Oui ?

Il espérait qu’elle ne l’embrasse pas devant tout le monde. Il trouverait la situation fort embarrassante.

— Heu…, je… à propos de cette nuit…

Elle hésitait. Visiblement, elle n’arrivait pas à trouver ses mots.

— Écoute, lui dit Spiros, ce n’est peut-être pas le moment d’en parler maintenant, tu ne crois pas ?

Elle eut un sourire forcé puis haussa les épaules, vexée de cette réponse.

— Ouais… tu as raison… ce n’est pas le moment…

Elle se retourna et commença à se diriger vers son propre appareil lorsque Spiros la rattrapa et lui agrippa le bras :

— Attends… Je veux au moins que tu saches que… j’ai passé un merveilleux moment avec toi… Mais je ne sais pas si c’est correct de se retrouver comme ça… si peu de temps après… enfin, tu vois ce que je veux dire ?

Elle passa sa main sur son front en ébouriffant ses cheveux, son visage exprimant son désarroi. Spiros était, quelque part, soulagé de constater qu’elle était aussi perdue que lui.

— Oui, je sais… c’est pour ça que je voulais t’en parler… je ne sais pas si l’un de nous va s’en sortir cette fois alors… je tenais à m’excuser pour m’être laissée aller de la sorte… avec toi. Je ne veux pas que tu croies que je joue avec tes sentiments… je t’avoue que je ne sais pas trop où j’en suis ces derniers jours… j’avais tellement besoin de réconfort que je me suis instinctivement dirigée vers toi et… Je n’ai pas réfléchi ! Moi aussi j’ai passé un merveilleux moment, comme autrefois. C’était agréable…

— Et pour la suite ?

C’était sorti spontanément, comme si la question lui avait brûlé les lèvres. Oui, que serait la suite ? C’était cette question qu’il cherchait depuis tout ce temps et qui était maintenant d’une évidence même.

— Je ne sais pas…

C’était la réponse à laquelle il s’attendait. Bien sûr, il aurait aimé autre chose, mais lui et elle réfléchissaient de la même manière.

— Attendons de voir alors…

— Oui… Finissons-en d’abord avec ces Black-Trons !

— Pour nos camarades ! Pour l’adjudant Smiss !

— Pour Lioris !

Ils se firent une accolade et Niki en profita pour l’embrasser sur la joue avant de lui faire un clin d’œil et de s’en aller. Spiros se sentait un peu soulagé. Peut-être que, finalement, c’était elle la femme de sa vie et qu’il avait refusé de le voir tout ce temps.

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