Chapitre 19

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Léana

Je n’arrive pas à croire que Matt se sente aussi déstabilisé à cause de son connard de paternel. En revanche, je suis grandement soulagée de voir que ce n’est pas notre baiser qui l’a fait fuir. Je ne me pardonnerais jamais d’avoir mis en péril notre amitié. Je sors mon téléphone de la poche de mon pantalon et constate que j’ai plusieurs messages de Paul, Sophia, ainsi que tu chef Jones. Ils ont attendu moins d’une heure après mon départ pour les deux premiers. Le chef a été plus patient puisque son message date d’il y a trente minutes à peine. J’envoie un rapide texto à chacun pour leur dire que je suis avec Matt.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je rassure nos collègues et Jones. Pas trop envie de me faire engueuler parce que je les ai laissés sans nouvelles à mon tour.

- Je vois, tu es missionnée, sourit-il. Tu veux un café ?

- Non, ça va aller. Je suis rassurée de voir que tu vas bien. Je vais te laisser tranquille maintenant et rentrer, la maison n’est pas la porte à côté, dis-je en le prenant dans mes bras.

- Tu sors de garde, reste pour te reposer un peu, répond Matt en me serrant contre lui.

- Je ne veux pas te déranger, tu as besoin d’être seul apparemment.

- Hors de question que tu reprennes la route maintenant Léa. Dors quelques heures et tu pourras repartir ensuite, si tu en as envie.

- Qu’est-ce que tu peux être autoritaire quand tu t’y mets, ris-je.

- Je protège ceux que j’aime.

Bon sang, ne me parle pas comme ça Matt. Ces quelques mots ne devraient pas me faire autant d’effet. Je pose ma tête contre son épaule et soupire. Ce que c’est bon d’être près de lui, de sentir sa chaleur. Je meurs d’envie de l’embrasser à nouveau, de sentir ses lèvres sur les miennes mais je suis terrifiée à l’idée de mettre en péril ce que nous avons. Matt est mon point d’ancrage, ma constante dans la tempête. Je ne peux envisager de perdre cette amitié qui nous lie.

- Matt…

- Oui ?

Je relève la tête et plonge mes yeux dans les siens. Est-ce que je me fais des films en croyant déceler du désir dans ses prunelles ? En tout cas, il y a de la tendresse dans son regard. Je pose ma main sur sa joue et la caresse. Sa barbe est plus longue, j’aime assez le style négligé sur lui. Je sais que je ne devrais pas. Nous sommes amis et colocataires, nous pourrions tout perdre ; nous sommes collègues, nous n’avons pas le droit. Pourtant, quand je le regarde, j’ai l’impression qu’il n’attend que ça, qu’il en a envie autant que moi. J’ai l’impression d’être, ici au creux de ses bras, à ma place. J’ai l’impression de me retrouver.

- Je t’interdis de partir à nouveau sans nous prévenir. Que tu aies besoin d’être seul, je veux bien, mais tu peux envoyer un petit message pour dire que tout va bien de temps en temps… Je me suis fait un sang d’encre.

- Désolé… Je suis parti sans mon chargeur.

- Tu m’aurais donné des nouvelles sinon ?

- Honnêtement ? Je ne sais pas. Sans doute pas, dit-il en haussant les épaules.

Je fais la moue et récolte un baiser sur le front. Matt ne m’a pas lâchée, je suis toujours lovée au creux de ses bras et bon sang, je ne devrais pas aimer ça à ce point. Pourtant c’est le cas. Pour une fois, je fais fi des « et si… ». Tant pis, nous aurons tout le temps de penser aux conséquences plus tard. Mes mains glissent dans son cou et je me mets sur la pointe des pieds pour venir caresser ses lèvres des miennes. Matt se fige, il ne fait pas le premier pas, il hésite je le sais. Je ferme les yeux et l’embrasse tendrement, venant caresser ses lèvres du bout de ma langue. S’il ne réagit pas immédiatement, lorsqu’il ouvre enfin ses lèvres, il part à la conquête de ma bouche, resserrant son étreinte autour de mon corps. Matt me dévore littéralement. Ses mains glissent sous mon tee-shirt, caressent mes reins alors que les miennes passent dans ses cheveux, que mon corps se presse contre le sien à la recherche d’un contact fort et appuyé.

C’est lui qui rompt le contact en premier. Nous sommes tous deux essoufflés et désorientés par ce baiser inattendu. Ses lèvres sont gonflées et j’imagine que les miennes ne sont pas mieux. Je dois avoir les joues rougies et des yeux qui crient « prends-moi ». Lui a les sourcils froncés et son regard passe de mes yeux à ma bouche à plusieurs reprises. Ses mains sont fermement agrippées à mes hanches et la pression qu’il y exerce me laisse à penser qu’il n’a aucune envie que nous arrêtions même si dans sa tête, le oui et le non se font la guerre.

- Léa… Si on continue, je ne pourrais plus m’arrêter.

- Je n’ai aucune envie qu’on s’arrête, souris-je en reculant d’un pas.

J’hésite une seconde avant d’attraper le bas de mon tee-shirt et de le passer au-dessus de ma tête. Matt retient sa respiration en me détaillant lentement des yeux. Il a envie de moi, c’est visible à la bosse qui tend le tissu de son vêtement. Ça tombe bien parce que l’envie est partagée et moi-même je ne pourrais plus m’arrêter. De toute façon je n’en ai aucune envie. Je veux sentir sa peau contre la mienne, son corps sur le mien. Je veux pouvoir le toucher, le caresser, l’embrasser. Et je veux le sentir en moi. J’attrape le bas de son tee-shirt et souris, satisfaite de le voir lever les bras pour que je le lui enlève. Matt m’arrête lorsque mes mains se dirigent sur les boutons de son pantalon et il me prend dans ses bras, collant son torse contre le mien en déposant ses lèvres dans mon cou, caressant ma peau, la griffant avec sa barbe alors que je le sens dégrafer mon soutien-gorge. Il éloigne son corps juste assez pour le faire tomber à mes pieds avant de me serrer à nouveau contre lui. Peau contre peau, je frissonne de plaisir et d’anticipation.

- Nom de dieu, murmure-t-il en soupirant dans mon cou.

Il me fait reculer jusqu’à ce que mes mollets cognent contre le sommier et je tombe sur le lit. Mon colocataire s’attaque aux boutons de mon jean, qui disparaît rapidement avec ma culotte. Autant dire que ses gestes sont assurés, il est à l’aise avec ma nudité et le fait de découvrir mon corps. Cela ne l’empêche pas de me détailler, me faisant sans aucun doute rougir et me mettant quelque peu mal à l’aise. Je serre les cuisses et remonte un bras sur ma poitrine, ce qui le fait revenir à lui. Il déboutonne son pantalon et se met nu à son tour. Mon souffle se coupe devant cette vision, érotique à souhait sous mes yeux. Son corps musclé, parsemé de grains de beauté parfois à peine visibles à cause d’une légère toison me fait de l’œil. Matt se penche sur moi, repousse mon bras pour libérer ma poitrine et glisse un genou entre mes jambes pour pouvoir s’installer à genoux entre elles.

- Ne te cache pas de moi Léa, jamais. Tu es magnifique, excitante, bandante et bien d’autres qualificatifs que je te donnerais bien mais j’ai les idées un peu parasitées là, murmure-t-il d’une voix plus rauque qu’à l’ordinaire.

Je ris jusqu’à ce qu’il pose ses lèvres sur mon ventre. A l’instant où son souffle chaud caresse ma peau, mon excitation déjà bien stimulée grimpe en flèche. Matt promène sa bouche sur mon ventre, remonte sur ma poitrine, dans mon cou, avant de refaire le chemin en sens inverse. Sa main qui caresse ma hanche est douce, tendre, puis se fait plus entreprenante en venant se perdre sur mon bas-ventre et de plonger entre mes cuisses. Ses caresses sont expertes, il sait quoi faire pour me faire haleter et il touche illico mon point sensible lorsqu’il plonge deux doigts en moi, me faisant gémir. C’est comme s’il connaissait mon corps par cœur et c’est flippant. Je me cambre contre lui alors que ses lèvres reviennent se poser sur la miennes, pressantes et tendres à la fois.

- Matt s’il te plait…

- Quoi ? Dis-moi ce que tu veux Léa.

- Toi, maintenant… Je t’en prie.

Matthew

Mon dieu, elle va m’achever. Retrouver son corps nu sous le mien, ses lèvres chaudes et douces, sa peau qui réagit à mes caresses. L’entendre soupirer, gémir, me supplier de lui faire l’amour. Je pourrais jouir rien qu’en l’écoutant me dire qu’elle me veut.

Je viens plaquer mon membre dur et impatient contre son intimité, lui tirant un soupir de plus. Elle est chaude et trempée, prête pour moi, mais jamais elle ne le sera autant que moi. J’attends ce moment depuis si longtemps. Je fais taire la petite voix qui me dit que je devrais sans doute arrêter les choses maintenant et lui dire pour nous. Je ne sais pas, je ne sais plus ce qu’il y a de mieux pour elle, pour moi, pour nous. Tout ce que je sais c’est qu’elle a envie de moi comme moi j’ai envie d’elle et que je veux plonger entre ses cuisses et la faire jouir à nouveau.

- Matt… Matt le préservatif, m’alerte-t-elle alors que mon gland vient s’introduire entre ses lèvres intimes.

- Je suis clean Léa, je te le jure, dis-je en me stoppant malgré tout.

Son regard se perd dans mes yeux. J’y vois un soupçon d’hésitation et je ne bouge pas, attendant son approbation. Elle acquiesce doucement en glissant ses mains dans mon dos, venant caresser mes reins et la naissance de mes fesses.

- D’accord. Moi aussi je le suis et j’ai un stérilet, murmure-t-elle.

Je lui souris malgré la pointe de culpabilité qui me traverse. Je sais tout ça. Je peux même lui dire qu’elle doit prendre rendez-vous pour le faire changer d’ici la fin d’année. Je l’embrasse tendrement puis recule de quelques centimètres pour l’observer alors que je la pénètre lentement, refreinant mon envie de la prendre sauvagement. Je noue mes mains aux siennes pour les remonter au-dessus de sa tête. Léa gémit, cambrée, ses beaux yeux plongés dans les miens. Lorsque je m’immobilise au fond d’elle, je ferme les yeux un instant, profitant de ces sensations retrouvées. Puis je m’active lentement en elle, faisant monter le plaisir doucement. Je l’embrasse, la mordille, la vénère. Je retrouve ma moitié, son corps et je l’espère son amour. J’ai l’impression de revivre, de me réveiller de ce cauchemar qui dure depuis des mois. L’entendre gémir est la plus douce mélodie possible pour mes oreilles et je me perds dans la contemplation de son visage marqué par le plaisir.

- Matt… Plus fort s’il te plait.

Je grogne alors qu’elle serre mes mains dans les siennes et enroule ses jambes autour de ma taille. J’accélère la cadence et lui fais l’amour intensément, prenant sa bouche d’assaut, mordillant ses lèvres, son cou, caressant ses courbes d’une main et la menant à l’orgasme par deux fois avant de me déverser au fond d’elle en gémissant. Je m’effondre à ses côtés puis l’attire dans mes bras, nichant mon nez dans son cou. Nous reprenons notre souffle en silence. Léa caresse mes cheveux humides pendant que mes doigts se promènent dans son dos, puis sur l’alignement de grains de beauté sur mon épaule qu’elle a toujours adoré, la comparant à la constellation du Scorpion.

Je ne sais pas où tout cela va nous mener, mais là maintenant je me sens bien, complètement serein pour la première fois depuis des mois. Encore dans le brouillard, je crois lui marmonner un je t‘aime à moitié endormi avant de sombrer totalement.

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