51. In the Navy

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Liam

— Joyeux anniversaire, Jude !

Ma petite sœur se réveille sous l’effet de mes chatouilles et me sourit, encore ensommeillée, avant de passer ses petits bras autour de mon cou et de me serrer fort contre elle.

— Tu es prête pour ta folle journée à Navy Pier ? Tu vas voir, tu vas adorer toutes les attractions.

Je suis content de pouvoir l’emmener là-bas car nous n’y sommes jamais allés, cela coûte trop cher, mais Vic nous a proposé d’y aller tous les trois, avec Sarah… Et de payer. Je n’aime pas dépendre d’elles comme ça, mais pour Judith, je suis prêt à accepter cet argent afin de rendre cette journée mémorable. Six ans, ça se fête, quand même !

— Joyeux anniversaire petite princesse ! s’écrie Sarah en entrant dans la chambre pour venir embrasser Jude.

Celle-ci l’attire à elle sans me lâcher et nous voilà tous les trois enlacés sur le lit de la petite. Je ne peux m’empêcher d’apprécier le contact avec la peau de Sarah, qui porte juste un petit short et un tee-shirt, et j’admire la vue tout en profitant de ce gros câlin entre nous trois.

Nous nous préparons rapidement et je suis content de voir qu’en cette mi-octobre, le temps est encore agréable. Il fait frais, mais au moins, il ne pleut pas et c’est main dans la main, Jude au milieu de nous deux, que nous allons prendre le “El” pour nous rendre au bord du lac. Le métro nous dépose en effet à l’entrée de ce quai aménagé en zone de promenade et où il y a énormément d’attractions, avec une vue magnifique sur les gratte-ciel qui trônent tout au long du bord du lac. Jude ouvre de grands yeux, comme si c’était la première fois qu’elle venait dans la ville, et c’est un plaisir de la voir courir vers le premier manège qui se situe à l’entrée du Pier.

— Attends-nous, Jude ! lui crié-je alors qu’elle est déjà en train de vouloir monter sur une licorne couleur arc-en-ciel. Je n’ai pas encore acheté les tickets !

Ma soeur redescend à regrets de la licorne et vient avec moi faire la queue. Cependant, je suis obligé de me tourner vers Sarah, un peu gêné.

— Euh… Tu peux lui acheter les tickets ? C’est toi qui as le porte-monnaie, je crois.

Je sais bien que c’est elle qui a le porte-monnaie et l’argent, mais bon, j’essaie de faire bonne figure, surtout devant Jude car j’ai quand même un peu l’impression de faire l'aumône.

— Oui, oui, bien sûr. Désolée, je n’y avais pas pensé, balbutie Sarah en fouillant dans son sac à main pour en sortir quelques dollars et me les tendre.

— Allez, on va prendre des places pour nous trois, comme ça, on sera tous ensemble sur le manège !

Le rire de Jude à cette idée vaut lui aussi tout l’or du monde et quand le manège s’arrête à nouveau, je l’aide à monter sur la fameuse licorne avant de prendre place sur le lion qui est juste derrière et Sarah s’installe sur un aigle doré un peu sur le côté par rapport à moi. Quand le manège repart et que la petite musique retentit, je profite de mon angle de vue quand ma monture monte pour mater sans aucune discrétion la jeune femme qui nous accompagne. C’est fou ce qu’elle est belle, cette fille. Elle sourit et a l’air heureuse, et j’adore comment cette joie de vivre resplendit. Elle a choisi de mettre un petit top coloré sous un gilet bien taillé et son jean moulant révèle admirablement ses jolies jambes qu’elle serre sur son aigle. J’ai presque envie de voir l’aigle s’envoler et m’attraper dans ses serres d’or pour nous emmener dans son nid en haut d’une montagne où nous pourrons profiter sans se soucier de ce qui possible ou interdit, sans s’inquiéter de qui pourrait nous voir ou nous juger.

Lorsque le tour se termine, Jude est vite descendue de sa licorne alors que je vois que Sarah peine à descendre, un peu gênée par les ailes de l’aigle, et je m’approche pour lui tendre la main qu’elle saisit rapidement. Je ne sais pas si elle le fait exprès, mais elle évite de tomber en s’accrochant à moi, une main sur mon épaule tandis que je l’aide à récupérer son équilibre en posant une main sur sa hanche.

— Eh bien, on dirait que tu as vraiment décollé loin de nous pendant ce petit tour de manège, ris-je.

— Et toi tu en profites, forcément, sourit-elle en attrapant ma main pour m’entraîner rejoindre Jude.

Si seulement je pouvais vraiment en profiter… Mais bon, c’est déjà bien qu’on ne soit plus en train de se taper dessus ou de se disputer. Jude me tend la main et nous reprenons notre chemin tous les trois, en souriant et en rigolant.

— Liam, on peut monter sur la Grande Roue ?

— Moi, ça me va, et toi Sarah ? Qu’en penses-tu ?

— Heu… La Grande Roue ? Vraiment ? Je… Je vais vous attendre en bas, moi, allez-y tous les deux.

— Ah non, tu viens avec nous ! On a besoin de toi, sinon, on va se faire disputer par ta mère parce qu’on t’a abandonnée ! Allez, arrête d’hésiter, tu as peur ou quoi ?

— Possible, marmonne-t-elle. Je ne suis pas très fan de la hauteur, dirons-nous. Je vous promets que je ne cafterai pas à ma mère.

— S’il te plaît, Sarah, tu viens avec nous ? Liam et moi, on te tiendra la main, promis, demande Jude en faisant ses yeux de merlan frit auxquels il est impossible de résister.

— Oui, je te tiendrai la main et tout ce que tu veux pour que tu viennes, ajouté-je, taquin, en imitant les yeux de ma sœur.

— Vous êtes un duo diabolique, soupire-t-elle. Très bien, vous ferez moins les malins si je vous vomis dessus.

Je la laisse acheter les billets et nous allons faire la queue pour monter dans la Grande Roue du Centenaire. Elle est bien décorée et, au fur et à mesure que la file avance, je sens Sarah se rapprocher de plus en plus de moi alors que Jude se trouve désormais devant nous, toute excitée à l’idée de monter. Moi, j’avoue que je pense plus à m’envoyer en l’air qu’à monter, mais je me raisonne en me disant que c’est déjà bien d’avoir Sarah tout contre moi, toute stressée. Je lui serre la main et nous montons dans une cabine tous les trois. Le début est lent pour laisser monter du monde dans chacun des habitacles mais quand la roue part, Sarah pousse un petit cri de peur et Jude un petit cri d’excitation.

— Youpi ! On monte !

— C’est beau, Jude, hein ? Tu crois qu’on va arriver aussi haut que le gratte-ciel là-bas ?

— Ouiiii ! Sarah, regarde ! Ne ferme pas les yeux ! C’est superbe !

— J’espère bien qu’on ne va pas aller aussi haut que le gratte-ciel, geint Sarah en ouvrant à peine les yeux.

— Attends, je vais te donner du courage, Sweetie, soufflé-je dans son oreille avant de déposer un petit bisou dans son cou.

Jude me capte en train de le faire et vient elle aussi déposer un bisou sur la joue de Sarah.

— Voilà des bisous magiques, tu peux ouvrir les yeux !

— Je suis avec vous, ça ne vous suffit pas ? rit finalement la jeune femme en s’exécutant, sans pour autant vraiment profiter du paysage. C’est joli, mais, vraiment, pas aussi haut que le gratte-ciel, pitié.

Jude rit aux éclats, elle nage en plein bonheur, et moi, je profite de ces petits moments. J’ai posé, comme par inadvertance, ma main sur le genou de Sarah, et je la caresse doucement, autant pour lui donner un peu de courage que pour me rappeler tous ces contacts que nous avions encore il n’y a pas si longtemps. Quand nous arrivons à nouveau en bas, Sarah est la première sortie, elle est presque en train de courir pour s’échapper de la petite bulle dans laquelle nous nous trouvions. Jude et moi nous regardons et rigolons en la voyant faire avant de la rejoindre.

— Tu as mérité un bon hamburger après tout ça, Sarah. Bravo ! Quel courage ! me moqué-je en entraînant Jude vers un des marchands ambulants à proximité.

— Va pour un burger… Quand mon estomac aura retrouvé sa place habituelle, rit-elle en jetant un œil sur la Grand Roue. On n’y retourne pas après, rassure-moi ?

— Si tu es gentille, on n’y retourne pas, non, affirmé-je en souriant.

— Ça dépend de ta définition de la gentillesse, mais je suis toujours gentille avec toi, moi… Quand je ne te frappe pas, me dit-elle le plus sérieusement du monde.

Je souris et la laisse faire la queue avec Jude après lui avoir commandé un cheeseburger sans sauce. J’ai vu un gars qui vendait des ballons gonflés à l’hélium et je vais le voir. J’en achète deux et les ramène aux filles qui ont les mains pleines.

— Et voilà, le petit chien, c’est pour toi, Jude, indiqué-je en lui tendant la première ficelle qu’elle saisit, ravie. Et pour la grande fille, voici un petit cœur tout rouge et tout brillant parce que tu as été courageuse tout à l’heure !

— Merci, sourit Sarah, mais ton côté moqueur est plutôt horripilant, Sanders. Tu me cherches, et après tu vas te plaindre que je ne suis pas gentille.

— Je te cherche, en effet, mais c’est toi qui me fuis. Et puis, tu vas être trop mignonne comme ça, avec ton petit ballon.

— Je suis là, je ne te fuis pas. On va se poser quelque part pour manger ? Ou… Jude, un tour en bâteau, ça te tente ?

— Ouiiiii ! Mais on mange d’abord, j’ai trop faim ! ajoute-t-elle en croquant dans son hamburger presque plus grand que sa bouche.

Nous mangeons à l’ombre d’un arbre en regardant l’eau du lac et les mouettes qui viennent récupérer toutes les miettes que nous laissons tomber, puis nous nous dirigeons vers l’embarcadère où nous nous installons afin de profiter de la petite croisière. Jude ne tient pas en place et va d’un bord à l’autre du bâteau alors que nous l’observons, amusés.

— Merci Sarah, je crois que Jude est en train de passer le meilleur anniversaire de sa vie, lui confié-je en me serrant près d’elle.

— Je suis contente qu’elle passe une bonne journée. Je sais que… Si ça n’avait pas été pour elle, tu aurais dit non à ma mère. Ça me fait plaisir qu’on passe la journée tous les trois. Autant profiter de cet argent pour faire plaisir aux gens qu’on aime, non ?

— C’est vrai que c’est agréable de jouer au bourge et de s’amuser, rétorqué-je. Enfin, ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait qu’on passe plus de temps comme ça, toi et moi, j’aime beaucoup. Surtout quand tu es collée à moi comme ça, ça me rappelle de bons souvenirs.

Je passe mon bras au-dessus de son épaule et me rapproche encore d’elle.

— Pour info, c’est toi qui t’es collé à moi, pas l’inverse, dit-elle en me faisant un clin d'œil, sans pour autant s’éloigner. Mais… Oui, j’aime beaucoup aussi.

— Tu crois que j’aurai le droit à un bisou si je suis très, très gentil ? demandé-je en faisant descendre ma main le long de son bras pour la presser sur le côté de sa poitrine.

— Un bisou ? Pour quoi faire ? me taquine-t-elle en venant tout de même poser ses lèvres sur ma joue.

— Pour le plaisir, bien sûr !

Cette complicité durant cette journée me fait énormément de bien. Il n’y a pas que Jude qui va s’en souvenir avec bonheur et émotion. Même si je reste frustré de ne pas pouvoir aller plus loin avec Sarah, je suis content de passer ces petits moments en sa compagnie. Mais est-ce que je suis prêt à ne vivre que ça avec elle ? Franchement, non. J’ai envie de plus. Difficile de devoir se contenter de petits bisous sur la joue quand on a joui et profité d’orgasmes inoubliables avec une femme comme elle.

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