56. Free hugs

9 minutes de lecture

Sarah

Je tourne en rond dans mon lit depuis deux bonnes heures en repensant à cette journée folle qui s’achève. Liam m’a énervée en un rien de temps ce matin, et m’a apaisée comme jamais je ne l’ai été en ce triste jour. C’est sans doute le plus difficile de l’année, avec l’anniversaire de mon père. Sans compter les fêtes de fin d’année qui ne sont plus pareilles maintenant qu’il n’est plus là. Ouais, ce n’est définitivement pas toujours facile, mais il a su, avec un rien, rendre la fin de journée plus supportable. Et maintenant que je me retrouve toute seule, je rumine à nouveau. Ma mère a Jim à présent, et tout semble plus facile à supporter pour elle. Et moi, dans tout ça ? Je m’appuie sur mon frère qui n’en est pas un, mon plan cul qui n’en est plus un, mon crush qui n’a semble-t-il pas été réciproque. Bref, je réfrène mon envie d’aller me glisser sous ses draps pour peut-être réussir à m’endormir en profitant de son réconfort et de sa légèreté. Je sais que ça pourrait déraper si j’y vais, j’ai trop besoin de me vider la tête, de penser à autre chose et le sexe avec Liam serait assurément la meilleure solution, même si l’envie se bat avec mon état émotionnel instable.

Je finis pourtant par me lever et enfile un tee-shirt avant de sortir de ma chambre. Il n’y a aucun bruit dans la chambre à côté, mais je frappe doucement quand même, sans savoir si j’espère qu’il est réveillé ou non. Est-ce que je vais vraiment faire ça ? Aller quémander un câlin ? Une nuit avec lui ? Ça me manque tellement…

N’entendant aucune réponse, j’entrouvre la porte et constate que Liam dort, emmitouflé dans ses draps, toujours aussi beau et désirable. C’est agréable de le voir sans son masque de beau gosse fier, ou sans ses traits contrariés et inquiets, même si je ne les vois plus sur son visage depuis la dernière fois qu’il a croisé l’un des sbires du Mexicain. Il a beau ne pas vouloir de la charité ou être entretenu par notre argent, il est tout de même plus serein depuis qu’il est à la maison.

J’éteins la lumière du couloir et referme doucement la porte derrière moi avant de tatonner pour retrouver le lit dans le noir. J’espère qu’il ne va pas m’envoyer chier, et prie pour qu’il reste endormi, au final, tandis que je me glisse sous la couette. Liam bouge un peu et tire la couverture de son côté, mais tout ce que je cherche se trouve à quelques centimètres de moi, uniquement vêtu d’un boxer puisque je peux en sentir l’élastique sous mes doigts lorsque je pose ma main sur son ventre. Je me love contre lui, posant ma tête sur son épaule, ce qui le fait sursauter.

— C’est moi, désolée, je… Je ne voulais pas te réveiller, chuchoté-je en me reculant.

— Oh, bonjour, toi, me répond-il encore à moitié endormi en m’attirant contre son torse nu avant d’embrasser mon front.

— Je peux dormir avec toi ? J’ai besoin d’une atmosphère Liamesque pour réussir à dormir, je crois…

— Tu as besoin d’un gros doudou ? Et juste pour dormir, hein ? me demande-t-il alors que je sens déjà son corps se réveiller contre ma jambe.

— J’ai besoin d’un doudou fort aux bras costauds pour me réconforter et poursuivre sa mission du jour… Je viens encore purement égoïstement, désolée. Un vrai comportement de fille capricieuse.

— J’accepte, mais à une seule condition, me répond-il en dégageant une mèche de cheveux qui s’est glissée sur mon visage.

— Laquelle ? soupiré-je. Je sens le plan foireux, là.

— J’ai besoin d’un gros bisou pour me donner l’énergie nécessaire à ta protection. Deal, Sweetie ?

Il ferme les yeux et tend les lèvres dans une moue adorable, ce qui me fait flancher quasi instantanément, et je pose mes lèvres sur les siennes quelques secondes, trop courtes autant pour lui que pour moi vu comme il rouvre les yeux.

— Voilà, tu peux me câliner et me permettre de m’endormir, maintenant ?

— Bien sûr, le paiement a été fait même s’il avait un goût de pas assez.

Il écarte les bras pour me faire la place et attend de voir ce que je souhaite. Je n’hésite pas bien longtemps et vais me caler contre son torse, nichant mon nez dans son cou.

— Tu as vite flanché, je n’ai même pas eu besoin d’utiliser mon avantage et de t’obliger à le faire, dis-je doucement alors que mon corps se réveille au contact du sien.

— Ton avantage, ce sera pour quelque chose que je n’ai pas envie de faire, mais là, je peux t’assurer que je ne désire rien d’autre que de passer la nuit avec toi dans mes bras. Je pense que tu as compris que je désirais autre chose aussi, ajoute-t-il en prenant ma main et en la déposant sur son érection que je sens bien raide à travers son boxer, mais j’ai bien compris aussi que ce n’était pas forcément le moment et je respecte ton choix.

— Liam Sanders serait-il un gentleman, finalement ? souris-je sans enlever ma main.

— Liam Sanders ne veut surtout pas brusquer les choses et transformer sa ravissante partenaire en Cendrillon qui disparaît au douzième coup de… reins ! rit-il en en donnant un.

Je pouffe et retire finalement ma main, à contre-cœur, aucun doute là-dessus, mais je crois que ça vaut mieux. Aussi présente soit l’envie de ne faire plus qu’un à nouveau avec Liam, je doute de pouvoir débrancher mon cerveau.

— Ça ne serait vraiment pas sérieux… Et je n’ai pas accepté ton deal.

— Bien, Sweetie, comme tu veux, soupire-t-il, résigné. Mais ne m’en veux pas si je ne peux contrôler mon corps. Tu es trop jolie pour que je ne réagisse pas, ma Belle.

Je sens ses mains se poser dans mon dos et remonter lentement sous le tee-shirt. Je ne sais pas pourquoi mais je sais qu’il va s’arrêter à ces simples caresses qui le mettent pourtant tant en émoi. Il est doux, il est tendre avec moi, je le laisse faire en fermant les yeux pour profiter du moment. C’est agréable, un plus auquel je n’avais pas droit lorsque nous couchions ensemble même s’il ne m’a jamais virée à peine son coup tiré.

— Je ne vais pas me plaindre de voir que je te fais de l’effet, non plus. Ce serait clairement abusé. Tout comme de te dire que l’effet n’est pas réciproque, d’ailleurs…

— Sweetie, grogne-t-il d’une voix un peu rauque. Tais-toi et dors, ou je ne vais plus me contrôler. Et Deal ou pas, tu n’auras à t’en prendre qu’à toi-même.

Il continue néanmoins ses caresses dans mon dos et je le sens presser son torse contre ma poitrine dont les tétons se dressent de désir pour cet homme qui me serre dans ses bras. Je ne dis rien pendant un moment, me contentant de respirer son odeur et de profiter de cet effet qu’il a sur mon état émotionnel. Autant il a pu m’énerver et me faire vriller en un quart de seconde, autant là, il me fait un bien fou et cela n’a même pas un quelconque rapport avec son état d’excitation clairement identifiable.

— Merci, Liam. Je te laisse dormir, mais je reste là quand même, je te préviens.

— Et je dois aussi te laisser dormir ? C’est ça le Deal ?

— C’est tout à fait ça. Ton neurone unique de sportif semble efficace...

Il ne me laisse pas finir ma phrase et s’empare de ma bouche pour m’embrasser. Ce baiser reste chaste car il l’interrompt rapidement.

— Chut, Sweetie, tu vas encore dire des bêtises. Bonne nuit et je te préviens, si tu ronfles, je te renvoie dans ta chambre.

— Bonne nuit mon Chou. Et merci de me respecter autant.

Je me cale dans ses grands bras musclés qui m’enserrent et je laisse la douce quiétude qui émane de lui doucement se saisir de moi. Je m’endors contre Liam en ayant une nouvelle fois réussi à oublier, grâce à lui, toute la morosité que je ressentais.

Lorsque j’ouvre les yeux, éblouie par le soleil qui perce à travers les rideaux de l’une des fenêtres, je ne peux que constater que j’ai dormi comme un loir alors que j’ai l’habitude de connaître des nuits difficiles à cette période. Liam est calé dans mon dos, je sens son souffle sur ma nuque. Sa main est glissée sous mon tee-shirt remonté sur mon ventre, et il a empaumé l’un de mes seins. Je peux sentir son érection contre ma cuisse et je ne suis pas loin de céder à la tentation, tant toutes ces sensations et ces émotions me manquent. Si je suis heureuse d’avoir Liam et Judith dans ma vie, j’avoue que j’aurais préféré que ça ne soit pas dans ces conditions. Le deal du basketteur me tourne dans la tête et ma raison vacille un peu plus chaque jour. J’adorerais vraiment remettre le couvert avec lui, mais ça n’aurait rien de sérieux, surtout qu’il n’est pas dans le même état d’esprit que moi, stupide nana qui s’est déjà trop attachée.

Je me retourne doucement dans ses bras et lui souris alors qu’il ouvre les yeux.

— Désolée, je ne voulais pas te réveiller, murmuré-je alors qu’il pose ses lèvres sur mon front.

— Bonjour, Sweetie. Je crois qu’il y a pire comme réveil. Tu as bien dormi ?

— Oui, beaucoup mieux qu’escompté… Et toi ?

—Comme un loir et je crois que je rêve encore, non ? Tu es bien toujours dans mon lit ?

— Tu veux que je te pince pour être sûr que tu ne rêves pas ? souris-je en joignant le geste à la parole, lui pinçant la fesse.

— Eh ! Si c’est pour me faire ça, tu vas pouvoir retourner dans ta chambre ! Ou alors, c’est que tu m’autorises à faire de même ?

Il descend ses deux grandes mains sur mes fesses qu’il attrape et pelote sans retenue.

— Ben voyons ! Espèce de profiteur, ris-je sans pour autant l’arrêter. Je ne faisais que te confirmer que tu ne rêves pas, enfin !

— Et pourtant, j’ai l’impression que je ne suis pas réveillé, répond-il en avançant ses lèvres vers les miennes.

L’appel au crime est trop tentant et je ne résiste pas à la tentation d’un baiser. Ma bouche caresse la sienne avant de s’y poser plus franchement, et Liam me serre contre lui tandis que sa langue vient jouer avec la mienne.

— Liam ! Tu dors encore ?

Je recule brusquement alors que Judith frappe à la porte et entre dans la chambre sans attendre l’autorisation de son frère. Elle fronce les sourcils en nous voyant tous les deux au lit et le malaise grandit en moi, jusqu’à ce qu’elle nous lâche un sourire, les yeux encore endormis, et saute sur le lit pour se glisser entre nous deux.

— Cool ! Moi aussi je veux un câlin ! s’enthousiasme-t-elle, toute joyeuse.

— Coucou Jude. Tu as de la chance, j’ai de grands bras, il y a de la place pour deux ! lance Liam qui se recule un peu pour mieux dissimuler son érection matinale.

J’en rirais presque si je n’étais pas aussi mal d’avoir été surprise par la petite dans le lit de son frère. Nul doute que les parents vont en entendre parler. On a au moins l’excuse de mon comportement d’hier, non ?

— Je n’ai pas de grands bras, mais je ne dis jamais non à un câlin avec la princesse, moi, dis-je en serrant Judith contre moi.

— C’est trop bien les câlins à trois, j’aime trop avoir une grande sœur, moi ! dit Judith, me faisant grimacer.

Dire qu’il y a peu, son frère et moi nous embrassions… On est bien loin du frère et de la sœur dans notre comportement, et ça rend les choses encore plus glauques de voir que Jude me considère comme telle.

Je soupire et évite de croiser le regard de Liam alors que nous nous câlinons tous les trois jusqu’à ce que nous entendions ma mère nous appeler pour le petit déjeuner. Jude est arrivée au moment opportun pour nous éviter de faire une grosse bêtise. C’est un mal pour un bien, même si je suis frustrée et déçue de ne pas avoir franchi à nouveau le cap avec Liam. Ça vaut mieux comme ça, cela compliquerait encore plus ce que nous vivons déjà. J’ai raison, hein ?

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