90. Welcome home

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Sarah

Je remonte la fermeture de mon manteau et paie le taxi avant de sortir du véhicule pour récupérer ma valise dans le coffre. Qu’est-ce qu’il caille, et la Floride me manquerait presque si je n’étais pas aussi contente de retrouver ma maison, mon confort et ma famille. Sans parler de Liam qui, malheureusement, travaille au café pour le moment.

J’ai à peine franchi le seuil de l’entrée que je me retrouve à deux doigts de m’étaler par terre. Judith s’est jetée dans mes jambes et arbore un sourire ravi qui m’émeut. Je me dépêche d’enlever ma doudoune et la prends dans mes bras pour recevoir une grosse dose de bisous et un énorme câlin.

— Tu m’as trop manqué, Sarah.

— Toi aussi tu m’as manqué, Princesse.

Ma mère et Jim débarquent dans l’entrée et je reçois une nouvelle salve de tendresse. Il faut croire que la matriarche de la famille ne peut se contenter de deux enfants et que malgré la présence de la petite bien plus câline que moi, je lui ai manqué quand même. Mon futur beau-père n’est pas aussi démonstratif, mais je reçois tout de même une accolade de sa part.

— Ça va, ma Chérie ? Tu as fait bon voyage ? Qu’est-ce que tu es bronzée ! Tu t’es bien amusée ? Pas trop de bêtises ?

— Wow, du calme, Maman, ris-je en reposant Jude par terre.

— Chocolat chaud ? Il faut que tu me racontes ta semaine, enfin !

J’acquiesce et suis Jude qui a attrapé ma main et m’entraîne déjà dans le salon. Elle vient se caler contre moi une fois que je suis installée sur le canapé et fait une petite grimace.

— Tu sais que tu as manqué à Liam, aussi ? Et puis, moi, je préfère quand vous me lisez l’histoire tous les deux, le soir.

— Ah oui ? Pourquoi, tu aimes quand je fais la grosse voix ? dis-je en prenant ma voix grave, ce qui la fait rire.

— Non, c’est mieux quand c’est Liam qui fait Papa ours ! Mais j’aime bien quand vous me faites un câlin tous les deux avant de dormir.

Moi aussi, je me suis habituée à lui lire une histoire, à la câliner et la border. Et j’adore également ce moment parce que je le partage avec mon basketteur. Basketteur qu’il me tarde de retrouver, d’ailleurs. J’ai été déçue de voir son message en descendant de l’avion. Ils avaient besoin de monde au Café et il n’a pas trop eu le choix que de s’y rendre.

— Tu sais que Becca a envoyé un message à Liam pour lui dire que tu devais être malade ? me dit ma mère en déposant un plateau sur la table basse.

— Malade ? Parce que je me suis tenue à carreaux ? m’esclaffé-je. Elle avait besoin de se consoler, moi je vais bien.

— Et alors, même pas une petite conquête ? me demande-t-elle, intriguée. J’ai failli t’appeler parce que je m’inquiétais, mais Liam m’a rassurée en me disant que c’était bien aussi d’aller en vacances juste pour profiter du soleil.

Tu m’étonnes qu’il trouve ça bien. Becca, elle, m’a collé au train les deux derniers soirs. Je crois qu’elle ne s’est jamais autant intéressée à moi que durant les dernières quarante-huit heures. Impossible qu’elle me lâche. Elle a même organisé un repas, hier, avec Nils et Rob, pour que je puisse conclure avec le blond. Il m’a été difficile de trouver des excuses durant toute la semaine, j’avoue. Rebecca m’a même demandé si je ne virais pas lesbienne, finalement.

— Oui, j’ai fait bronzette, j’ai dansé, je me suis amusée. Pas besoin d’un mec pour ça, si ?

— Oh, arrête, ma Chérie, on sait bien ce que les jeunes font pendant ces vacances au soleil ! Becca a profité, elle, non ? J’ai vu ses photos sur les réseaux sociaux, et franchement, j’ai l’impression qu’elle a enchaîné deux ou trois garçons. Je crois qu’elle est bien consolée, rit ma mère qui me surprend par ses propos.

Je ne savais pas, en effet, qu’elle était du genre à nous espionner sur Internet. L’avantage, c’est qu’elle doit déjà savoir ce que j’ai fait de mon temps et que je ne vais pas avoir besoin de tout lui raconter dans les détails. D’un autre côté, pas grand-chose à dire d’autre que plage et danse… Juste quelques messages coquins avec Liam, des photos, des appels. Mais ça...

— Becca soigne un chagrin d’amour. C’est sa façon de faire. Pour ma part, j’avais besoin de me retrouver seule, c’est tout. Tu comptes épiloguer pendant des heures sur ma vie amoureuse ? ris-je.

— Une dernière question et je te laisse tranquille, ma Biche. Ce grand blond avec qui tu poses sur une des photos, tu sais, celui qui avait ses mains autour de ta taille devant le coucher de soleil, tu vas le revoir ? Tu peux l’inviter au mariage, si tu le désires, ça ne me dérange pas que tu aies un beau cavalier comme ça.

— Quelle photo ? dis-je en récupérant mon téléphone pour aller sur le profil de Becca. Oh put… Je n’avais pas vu cette photo ! Ouais, non, pas la peine de l’inviter, je te remercie.

Sérieux, je vais étriper ma meilleure amie. C’est quoi cette photo ? Ça m’étonne que Liam ne m’en ait pas encore parlé, tiens. J’en viens à douter de réaliser l’idée qui me tente depuis que je sais qu’il n’est pas à la maison. Est-ce que je vais au Café, au final ? Mince… Je n’ai aucune envie qu’on s’embrouille, encore moins alors que les retrouvailles sont plus qu’attendues.

— Ah d’accord. N’hésite pas à te trouver un beau cavalier en tous cas, il sera le bienvenu. Bon, je te laisse, tu as sûrement ta valise à défaire. N’oublie pas qu’on repart demain pour Aspen, ça va te changer d’ambiance ! Tu viens, Jude, on va laisser Sarah un peu tranquille.

— Je peux t’emprunter ta voiture, Maman ? J’ai vu que Liam avait pris la mienne, il devait avoir froid aux fesses avec sa moto, souris-je. Je voudrais acheter deux ou trois trucs avant de partir…

— Oui, bien sûr. Liam n’a pas pris sa moto depuis la tempête de neige en début de semaine. Il dit que ça glisse trop.

Tant mieux, je préfère ça. Je l’embrasse rapidement et me rhabille pour filer au café. Cette photo ne signifie rien et j’espère bien que mon basketteur ne va pas me faire la tête. Ce serait vraiment stupide, et j’ai juste envie de le retrouver, moi.

Il y a un peu de monde quand j’entre, et Liam est affairé derrière le bar. Je me demande s’il va avoir un peu de temps à m’accorder, même si sa collègue est là. Je fais la queue et prends mon mal en patience en tentant de ne pas me faire voir, et j’arrive finalement au comptoir sans avoir été repérée.

— Un grand café noir, s’il vous plaît, joli garçon, souris-je en m’acoudant au comptoir.

Il lève les yeux, surpris, et le sourire qu’il m’adresse dénote tout le plaisir qu’il ressent à me retrouver, ce qui me rassure un peu.

— Oh, c’est toi ! Mais que fais-tu là ? me demande-t-il en faisant le tour du bar pour m’emmener dans l’arrière cour, après s’être assuré que Janet pouvait gérer le service.

— Eh bien, j’avais envie de te voir. C’est mal ? J’ai pourtant de bons souvenirs dans cette cour, dis-je en l’enlaçant.

Liam me serre dans ses bras et m’embrasse avec ferveur. J’ai enfin l’impression d’être rentrée à la maison, là, et je savoure ce petit moment d’intimité qui, je le sais, ne durera pas bien longtemps.

— Tu sais que tu m’as manqué ? me demande-t-il avant de reposer ses lèvres sur les miennes pour un baiser plus tendre.

— Toi aussi tu m’as manqué, beau basketteur. La semaine a été longue sans toi, grimacé-je.

— Vraiment ? J’ai l’impression que tu as trouvé de quoi t’occuper quand même, me reproche-t-il. C’était qui ce mec qui a osé te toucher et poser ses sales mains sur toi ?

Oups… On dirait bien que Becca a fait des dégâts sans même le savoir.

— Nils ? Un gars que j’ai rencontré le premier soir en boîte. Becca s’est tapé son copain, Rob. Lui a été beaucoup plus que correct et a vite compris que je n’étais pas intéressée. Je peux avoir un autre bisou ?

— Tu as été sage ? Tu le mérites, ce bisou ? m’interroge-t-il en essayant de prendre un air fâché que son sourire dément.

— J’ai été une vraie nonne, promis. Je me réservais pour des retrouvailles que j’espère torrides ce soir, et des vacances à Aspen où je compte bien profiter de la taille de la maison pour pouvoir faire plein de bêtises avec le beau gosse qui partage ma vie, murmuré-je sur le ton de la confidence en promenant mes doigts sur son torse.

— C’est fou, tu sais. Je m’étais promis de ne pas craquer, mais dès que je t’ai aperçue, j’ai oublié toute ma jalousie et je n’ai plus qu’une envie, profiter de notre soirée torride, sourit-il. Parce que je suis sûr que tu as vraiment été une nonne, et que je suis trop content de te retrouver. Tu as plus que mérité ton bisou !

Je suis ravie qu’il ne soit pas trop borné et me croie. C’est quand même plus agréable de se retrouver à coups de baisers et de caresses. C’est d’ailleurs bien dommage que l’on se contente de bisous et de mains baladeuses, parce que j’ai vraiment envie de le sentir à nouveau en moi, et si j’en crois son érection contre mon ventre, lui aussi semble pris du même désir. Si seulement il ne faisait pas si froid...

— J’espère que ton sac pour Aspen est prêt, Capitaine, parce que je vais te coller aux fesses toute la soirée, et j’espère bien que ce ne sera pas pour faire des valises, ris-je. J’ai trop envie de toi, Liam…

— Tout est prêt, je n’aurais pas voulu manquer la moindre minute de nos retrouvailles, tu t’en doutes bien. Moi aussi, j’ai envie de toi, Sweetie. Mais il va falloir attendre ce soir, je pense.

— Oh, vraiment ? Moi qui pensais que tu allais me proposer un petit tour dans la réserve, ris-je en jouant avec la fermeture éclair de son jean.

Je le vois qui hésite quelques secondes, jette un œil vers le bar avant de me tirer vers la petite pièce où il m’attire avec envie. Je me retrouve rapidement plaquée contre la porte et c’est avec un certain empressement que nous nous déshabillons mutuellement. Je me retrouve en un tour de main sans pantalon et en soutien-gorge, tandis que Liam me soulève dans ses bras, sa bouche pressée contre la mienne. Je peux sentir toute son excitation dans ses gestes un peu brusques, et je ne suis pas en reste tant le besoin de nous retrouver est grand. Je m’entends le supplier de me prendre sans vraiment avoir conscience d’en être à ce point, et il étouffe le gémissement qui sort de ma bouche à son intrusion en m’embrassant encore. Nous aurons tout le temps de nous câliner, de profiter et de savourer nos retrouvailles, à cet instant le besoin de fusionner l’un avec l’autre est trop grand pour se faire languir, s’aguicher et faire monter la température. Clairement, le désir est bien trop présent dans nos veines pour jouer à ça. C’est un coup rapide mais tout aussi intense, un besoin viscéral d’atteindre la jouissance ensemble après une semaine loin l’un de l’autre. L’orgasme qui me fauche finalement alors qu’il va et vient en moi sans relâche est puissant, ravageur, et encore démultiplié par cette sensation de le sentir se déverser en moi sans barrière. Un pur moment de bonheur, des retrouvailles mémorables et passionnées, qui me poussent à rompre ce putain de deal qui m’opresse tandis que nous reprenons notre souffle, lovés l’un contre l’autre.

— Je t’aime, Liam, murmuré-je à son oreille. On reprendra ce deal demain…

— Moi aussi, je t’aime, Sweetie. Et ça fait du bien de suspendre ce deal, rit-il en m’embrassant à nouveau avec passion.

C’est clair que ça ne fait pas de mal. Enfin, pas encore. Mon petit cœur est en joie, mais ma tête, elle, se dit que l’idée est très mauvaise. C’est comme si j’avais une petite voix désagréable qui cherchait à me faire entendre raison. Foutue petite voix, je m’en passerais bien. J’ai juste envie de profiter, moi.

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