113. Le temps est compté

8 minutes de lecture

Liam

Je crois que je l’aime déjà, moi, ce bébé.

C’est la phrase qu’elle m’a dite et je m’en souviens mot pour mot. Elle me tourne dans la tête et il ne se passe pas un instant sans que je me repasse ces quelques paroles. Car oui, elle ne parle pas d’un objet, ni d’un embryon mais bien d’un bébé. Notre bébé. Un petit mélange d’elle et de moi, fruit de notre amour. Un survivor. Un battant capable de passer au-delà des barrières chimiques. Rien que ça, ça mériterait d’être reconnu, non ?

— Liam ! Tu dors ou quoi ? Je t’ai demandé de rejoindre le terrain il y a déjà cinq minutes ! me réprimande le coach en me secouant le bras. Tu as l’air ailleurs, Capitaine, c’est pas comme ça qu’on montre l’exemple aux autres !

— Désolé, Coach, je vais faire attention.

Et effectivement, je me concentre pendant le reste de l’entraînement, ce qui a au moins le mérite de m’éviter de penser à cet avortement que Sarah n’a pas l’air d’avoir envie de subir. Nous sommes retournés au Planning Familial et une date a été décidée, dans quelques jours, il n’y aura plus de choix à faire. Et pourtant, le médecin nous a aussi dit que jusqu’au dernier moment, on pouvait changer d’avis et qu’elle respecterait notre décision, quelle qu’elle soit.

Je repense à ce qu’elle m’a dit l’autre jour sur le couple mixte qu’elle a vu au supermarché qui avait l’air heureux, je me surprends à m’imaginer avec elle et notre petit bébé, un peu d’elle, un peu de moi, tout ça réuni dans un petit être qui va être parfait, c’est sûr. Je suis assis dans les vestiaires après la douche, une simple serviette autour des hanches, et je regarde les dernières photos d’elle et moi avec Jude. Je trouve qu’on est beaux.

— Eh mec, tu fais quoi, là, tu mates un porno ? Je peux voir ? m’apostrophe Abdul, nu comme un ver, son sexe à deux centimètres de mon visage.

— Tu vois bien que ce n’est pas un porno, rétorqué-je en lui montrant la photo de Jude et nous. Et puis, arrête de foutre ton engin devant ma gueule, sinon, je risquerais de me montrer moins tendre que Becca !

— Oh, tu comptes me prendre en bouche, petit coquin ? me dit-il d’une voix suave en caressant ma joue.

— J’ai les dents de Dracula, je te rappelle ! le menacé-je en le repoussant pour me lever.

Je me rhabille lentement et rentre à la maison au moment du dîner où, comme tous les soirs ou presque depuis que nous avons emménagé, nous prenons le repas en famille. Quand je capte le regard de Sarah sur moi, je suis content d’avoir opté pour le tee-shirt moulant que je porte. Il met bien en valeur mon torse et ma musculature, et j’avoue que j’en joue quand je m’assois à ses côtés.

— Tout le monde va bien ? demandé-je en prenant la carotte qui a été déposée sur mon assiette.

— Judith a mis trente minutes à aller à la douche parce qu’elle est ronchon, ton père et ma mère ne parlent que du mariage, tout roule, sourit Sarah. Et toi, tu as titillé la balle ou le coach a encore été un tyran ?

— Non, c’était de la mise en place aujourd’hui. J’aime bien parce qu’on joue avec le ballon, c’est plus agréable que la musculation ou les étirements.

— Je ne suis pas ronchon, grommelle ma petite sœur, toute mignonne.

— Si, tu es une petite râleuse. Qu’est-ce qui t’a énervée, Jude ?

— Rien, j’avais juste envie de finir ma construction de Légos, et Sarah voulait pas attendre.

— Ah oui, je vois, mais c’était l’heure d’aller te laver, non ? Et puis, si tu veux, on pourra finir ça à deux après manger ?

— Non, j’ai pas envie, dit-elle en boudant clairement, toujours contrariée.

— Tant pis, je finirai avec Sarah, si c’est comme ça.

Daddy et Vic nous observent en souriant alors que Sarah me fait un clin d'œil. Jude fait de même et capte le geste de la jolie femme. Elle me tire la langue avant de me répondre.

— C’est mes Légos, et tu dis ça juste pour que je change d’avis, je suis pas bête, Liam ! Et t’es mon frère, c’est moi que tu dois défendre !

— Moi, je ne défends pas les petites filles qui boudent, mais si tu me fais un sourire, je t’attends pour faire les légos. Deal ?

— Non, pas Deal ! Je boude si je veux ! Moi je te dis rien quand tu boudes, continue-t-elle en me tirant la langue à nouveau, un sourire en coin.

— C’est parce que je ne boude jamais, moi ! Allez mange et tu verras après comment je sais faire un avion en légos !

— T’es plus gentil que Sarah ce soir, au moins, sourit ma sœur en lui jetant un coup d’œil.

— Ben voyons, normal, moi je me tape la douche et les devoirs, ton frère te propose de jouer avec toi seulement, intervient Sarah en souriant.

Ces petits moments sont agréables et je suis reconnaissant à nos parents d’avoir instauré ce temps obligatoire à table, en famille. C’est tellement mieux que de manger chacun dans son coin des plats préparés et sans saveur. Le repas passe très vite et après avoir débarrassé la table et joué aux Légos, nous mettons Jude au lit. Quand je retourne à ma chambre après m’être lavé les dents, j’ai la surprise de découvrir Sarah qui est déjà couchée dans mon lit.

— Tu ne pouvais pas attendre, ce soir ?

— Pourquoi attendre ? Les parents ne montent jamais ou presque, et on n’aura qu’à dire qu’on regardait un film…

— J’aime quand tu es comme ça, ma Chérie.

Je me déshabille sous ses yeux gourmands et me glisse, nu, à ses côtés. Je la serre contre moi et m’adresse à elle alors qu’elle enserre mon sexe déjà bien tendu.

— Tu sais, je réfléchissais à notre conversation… Sur le bébé…

— Je n’ai aucune envie de parler d’avortement ce soir, Liam, s’il te plaît...

— Moi, non plus, expliqué-je alors qu’elle se met à me branler doucement. J’ai envie de parler de ce bébé qui grandit dans ton ventre, de mon envie finalement de ne pas arrêter et de le laisser grandir en toi…

— Pardon ? Tu as changé d’avis ? s’étonne Sarah en se redressant dans le lit, découvrant sa poitrine nue.

— J’avoue que j’hésite, mon Amour. J’ai bien envie de voir ce joli ventre grossir et se remplir doucement.

Je pose ma main sur son ventre et le caresse doucement avant de remonter sur ses seins magnifiques que j’empaume.

— Non… Tu ne peux pas me dire ça maintenant, Liam, soupire-t-elle en repoussant mes mains. Tu voulais que j’avorte et tu me l’as clairement dit.

— Oui, mais le médecin a dit qu’il fallait réfléchir. Et finalement, je me vois bien en papa, tu sais ? Sans compter que ça m’excite, Sweetie. J’ai bien envie de recommencer d’ailleurs.

— Ah oui ? Ça t’excite de faire des nuits blanches avant d’aller à un match de basket ? De devoir changer des couches en révisant tes partiels ?

— Non, ce qui m’excite, c’est de savoir que mon sperme t’a fécondée, que notre bébé est en train de grossir au fond de toi, que c’est le fruit de cet amour que je te porte. Et si ça me coûte quelques nuits, est-ce si grave que ça ?

— Bon sang, Liam… Je… Non, je suis désolée, j’ai bien réfléchi après notre conversation de l’autre jour et… Je n’ai pas changé d’avis depuis le rendez-vous au Planning Familial. Quand bien même… Ce sera difficile, on ne peut pas avoir un bébé maintenant.

Je l’observe alors qu’elle s’est à nouveau saisie de mon sexe entre ses doigts mais elle joue avec sans vraiment se rendre compte de ce qu’elle est en train de faire. Cela ne fait qu’entretenir mon excitation et j’essaie de comprendre si elle veut vraiment avorter ou pas, malgré la déconcentration induite par ses caresses.

— Oui, c’est vrai, finis-je par admettre, un peu déçu néanmoins de la tournure des choses. Tu as sûrement raison, c’est mieux ainsi. En attendant, j’ai l’impression que tu veux profiter de pouvoir faire l’amour sans capote. C’est excitant, non ? indiqué-je en attirant son regard sur ma verge.

— Oh je… Oui, il semblerait, rit-elle en venant s’asseoir à califourchon sur mes cuisses tout en poursuivant ses caresses. Je t’aime, tu sais ? Et… C’est toi qui as raison, on verra ça après nos études. De toute façon, je ne suis pas prête à dire à nos parents ce qu’il se passe entre nous… Même si j’adore ce que l’on vit toi et moi.

— Moi aussi, je t’aime, mais c’est vrai que l’on ne va pas leur dire maintenant… Ce serait mal venu. Et pourtant, je suis sûr que tu adores avoir ta poitrine encore plus sensible que d’habitude, je me trompe ?

Je joins le geste à la parole et viens téter son sein comme le bébé que l’on aura un jour le fera peut-être. Immédiatement, elle se cambre et presse ma tête contre sa poitrine pour que je redouble mes caresses buccales sur ses tétons tout durs. J’appuie sur ma hampe pour la positionner entre ses lèvres humides et elle vient s’empaler sur moi de toute sa force.

— Ça fait partie des choses qui ne sont pas désagréables, oui. C’est presque aussi agréable que de te sentir en moi, murmure-t-elle à mon oreille avant d’en mordiller le lobe.

Je ne suis plus en état de répondre car elle s’est mise à onduler contre moi. Elle me fait alterner mes baisers entre ses seins et sa bouche, avide de s’unir à moi. Elle monte et descend sur moi à une cadence de plus en plus folle. Je sens que je ne vais pas résister à ce traitement bien longtemps et me concentre uniquement sur les sensations qu’elle me fait ressentir. C’est tellement intense de lui faire l’amour en sachant qu’un bébé est en train de grandir en elle. Et vu son excitation, je pense que ses hormones jouent aussi en faveur de sa jouissance car elle se déchaîne sur moi, me faisant presque oublier que tout ce plaisir est à durée limitée. Je crois que, comme elle, je l’aime déjà aussi, ce bébé. Mais, tout ce plaisir que nous partageons, c’est un peu comme une parenthèse que nous allons devoir bientôt refermer. Un avortement et le mariage de nos parents, notre amour pourra-t-il y résister ?

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0