117. Le Tam Tam du trou noir

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Liam

— Tam, tam... Tam, tam…

Purée, quel est le con qui se met à jouer de la percussion de si bon matin ? Franchement, ils devraient avoir honte, ces imbéciles qui font du bruit comme ça au réveil.

— Tam, tam… Tam, tam…

J’ouvre un œil et constate que je suis dans mon lit et que Sarah est tout contre moi. J’ai un mal de tête terrible et, pour essayer de le faire passer, je referme les yeux en me collant à elle.

— Tam, tam… Tam, tam…

Je rouvre les yeux immédiatement pour voir d’où provient ce bruit lancinant et incessant qui ne fait que renforcer la migraine que j’ai. Mais bien entendu, il s’arrête dès que je fais mine de faire attention. Je jette un œil au réveil et réalise qu’il est déjà tard et que Sarah aurait dû rentrer dans sa chambre il y a déjà un moment. Là, ça va être chaud de sortir sans se faire remarquer… Elle bouge d’ailleurs et se retourne, ses seins viennent se poser sur mon torse et je la serre contre moi, profitant de la douce sensation de son corps chaud contre le mien. Je réalise alors que le bruit de percussions vient de mon propre corps car désormais, il se double de celui de Sarah. C’est juste mon cœur qui bat et qui résonne dans tout mon cerveau embrumé. Petit à petit, quelques bribes de souvenirs de la veille me reviennent en tête. Mais comment je me suis retrouvé ici dans mon lit alors que je devais passer la nuit chez Mitch, je n’en ai aucune idée.

Je caresse doucement le visage de la jolie femme qui partage mon lit. J’ai de la chance d’être avec elle et pas dans les bras d’une autre, vu mon état. Surtout que, si je me souviens bien, Becca n’aurait pas dit non à prendre cette place qu’elle continue à convoiter même si sa relation avec Abdul est épanouissante, si j’en crois tout ce qu’ils me racontent. J’ai toujours cette douleur qui résonne dans tout mon cerveau et je ne sais pas comment la faire passer sans réveiller Sarah. Mais il va bien falloir que je me lève et aille prendre un anti-douleur, ça ne va pas être possible d’aller en cours, sinon. Je me dégage donc de son étreinte et vais dans la salle de bain, où j’en profite pour me laver les dents et me débarbouiller un peu le visage. J’ai une sale tête ce matin, je crois que j’ai un peu trop abusé de la vodka. Quand je reviens, je constate que Sarah est réveillée et qu’elle m’attend. Elle s’est redressée sur le lit et s’appuie contre le mur. Son regard réprobateur n’annonce rien de bon. Je tente tout de suite de désamorcer les choses.

— J’ai merdé, hier soir, c’est ça ? Je m’excuse d’avance, Sweetie, dis-je en venant m’installer à ses pieds, sur le lit.

— Tu comptes me faire ça tous les jours ? Parce que les coups de fil à pas d’heure pour venir te récupérer, plein comme une barrique, ça va vite me gonfler.

— On t’a appelée pour venir me récupérer ? Mais je devais passer la nuit chez Mitch… C’est pour ça que j’ai un peu abusé… Je voulais fêter la nouvelle de ta grossesse… Tu es venue me chercher cette nuit ? Tu… J’en reviens pas que tu aies dit oui, dis-je, vraiment étonné qu’elle n’ait pas envoyé chier celui ou celle qui l’a prévenue de mon état.

— Tu as une drôle de façon de fêter les choses. Picoler au point de tout oublier, c’est pas très rassurant. Ni très mâture, d’ailleurs, mais bon, passons sur ce sujet, me sermonne-t-elle.

Sarah se lève pour aller mettre mes vêtements d’hier dans le panier avant de se diriger vers la fenêtre qu’elle ouvre en grand.

— Tu te souviens que je suis enceinte ? Et victime de nausées matinales ? Ou tu as encore un taux d’alcoolémie trop élevé pour t’en rappeler ? Je peux te garantir que les relents d’alcool, ça ne va vraiment pas avec. Tu t’es roulé dans du whisky ou quoi ? J’aurais dû aller dormir dans ma chambre, continue-t-elle en se penchant à la fenêtre.

Je m’approche d’elle, content d’avoir pris le temps d’effacer un peu les traces de ma soirée de débauche, et pose les mains sur ses épaules, derrière elle.

— Je suis content que tu sois restée, Sweetie. Et que tu sois venue me chercher aussi. Sinon, j’aurais encore été plus mal que ça, ce matin. Je ne sais pas quoi te dire pour excuser mon comportement… Sauf que ce n’était pas du whisky, mais de la vodka, tenté-je de dire pour désamorcer un peu la situation. J’ai pas été trop con, hier soir, sinon ? Je ne me souviens plus de rien…

— Il est là le problème, Liam. Tu ne te souviens plus de rien. Qu’est-ce que tu as fait ? Enfin, je veux dire, à part boire, évidemment.

Je suis content de voir qu’elle ne me repousse pas car je craignais qu’elle ne m’envoie bouler suite à mon comportement, mais elle reste contre moi et je profite de ce petit instant de calme pour essayer de me rappeler ce qu’il s’est passé.

— Eh bien, je me souviens que quand je suis arrivé, l’équipe des pom pom girls m’a sauté dessus en me disant que ça faisait longtemps que je n’étais pas venu à une soirée, mais rapidement, Becca et Abdul m’ont entraîné avec eux. Et c’est là que j’ai commencé à boire. Je me souviens que Becca n’arrêtait pas de remplir mon verre… Comme si elle voulait me saouler… Et puis, je voulais aussi fêter l’annonce de ta grossesse, alors je n’ai pas trop résisté… J’ai vraiment déconné, hein ?

— J’en sais rien, Liam. Qui sait ce que tu as pu dire une fois ivre. Je n’ai pas compté le nombre de fois où tu m’as dit que tu m’aimais, sur le trajet du retour. Imagine si tu as balancé à quelqu’un ce qu’il se passe entre nous ? Et cette grossesse ?

— C’est bon signe, si j’ai dit que je t’aimais, non ? C’est qu’au moins, je n’ai pas essayé d’en draguer une autre. Tu crois que j’aurais pu dire ça devant d’autres ?

— Je ne sais pas… Je ne t’ai jamais vu aussi ivre, je ne sais pas de quoi tu es capable. En tous cas, tu as kiffé les seins de Becca, et pas qu’un peu, grommelle-t-elle en refermant la fenêtre, frissonnante.

Sa phrase me rappelle un souvenir et je ne peux m’empêcher d’être un peu gêné parce que, je crois qu’à un moment de la soirée, elle a remonté son top pour me laisser mater sa jolie poitrine. Mais ce n’est peut-être qu’un fantasme issu de mon esprit enivré. C’est fou que je n’arrive pas à faire la différence entre les deux.

— J’ai fait quoi pour que tu dises ça ? demandé-je, inquiet. Tu sais bien que c’est toi que j’aime, Sarah…

— Tu veux dire à part les mater comme un diabétique reluquerait une glace au chocolat ? Ou plonger ton nez dedans comme si tu voulais y mourir étouffé ? Oh, t’as pas fait grand-chose…

Eh bien, j’ai l’impression que j’ai bien énervé Sarah, là. Et si en plus, j’ai dévoilé notre secret ou le fait qu’elle était enceinte, c’est que j’ai bien merdé. Je m’éloigne un peu d’elle parce que j’ai l’impression de la salir avec mes bêtises. Je m’installe sur mon fauteuil devant mon bureau et me prends la tête dans les mains. Le médicament que j’ai pris commence à faire effet, j’ai un peu moins la migraine, mais j’ai toujours un grand trou noir pour la soirée d’hier.

— Il n’y a pas de mal à mater, si ? Peut-être qu’hier, c’était juste moi sans filtre. Ça devrait te rassurer que je n’ai pas arrêté de te dire que je t’aimais, non ?

— Ce qui me rassurerait… C’est que tu ne fuis pas la situation en finissant ivre mort en soirée, soupire Sarah en s’asseyant sur le rebord de mon bureau. Je comprends que tout ça soit déstabilisant, flippant, angoissant ou tout ce que tu veux… Heureusement que je ne fais pas pareil de mon côté, t’imagines ?

— Ce ne serait pas bon pour le bébé, c’est clair… Heureusement que tu sais te tenir, toi. Mais ce n’était pas pour fuir, tu sais ? Enfin, je ne crois pas… C’est sûr que ça va être un gros changement mais je suis plus content qu’effrayé…

Je lève les yeux vers elle et admire la vision qu’elle m’offre. Un rayon de soleil éclaire son visage et je pose ma main sur sa jolie cuisse. Son débardeur est bien échancré et j’admire son splendide décolleté. Avec le froid, ses tétons sont tout tendus et si je n’avais pas fait l’imbécile hier, je crois que j’aurais à nouveau tenté ma chance. Mais là, je reste gentiment à ma place, même si je bande.

— Liam, il faut que tu t’assures que tu n’as pas moufté. Je veux dire… Tout le monde va bien finir par voir que je suis enceinte, je m’en fous que ça se sache, je l’assumerai sans problème, mais si ça se sait pour nous deux, en revanche… Enfin, tu le sais bien, il faut qu’on réfléchisse à tout ça et je ne voudrais pas que les parents apprennent ça au détour d’une rue… Ou avant le mariage.

— A qui tu veux que je demande ? A Abdul ? Je peux essayer, ce soir, pendant l'entraînement, mais si je le questionne avant, ça risque d’être suspect, non ? Et je ne me vois pas recontacter Becca si tu dis que j’ai déjà un peu dépassé les limites avec elle. C’est fou que j’aie fait ça, parce que, même si elle est bandante, clairement, ce n’est pas elle qui me met dans cet état, dis-je en montrant mon érection.

— Si tu veux continuer à utiliser ce truc avec moi, je te conseille d’arrêter de me dire qu’elle est clairement bandante, me menace-t-elle en me fusillant du regard. Fais gaffe à ton cul, Sanders.

C’est clair qu’elle a raison. Et qu’elle a raison d’être énervée. J’ai dépassé les limites et elle risque de m’en faire baver pendant un moment. Et encore, ça, c’est si les choses en restent là. Parce que si je n’ai pas su tenir ma langue, là, c’est plus que ça qui sera sur la sellette.

— Ecoute, Sweetie, avant de se prendre la tête pour quelque chose qui n’a pas eu lieu, et si on essayait de savoir ce qu’il en est ? Toi, tu t’occupes de Becca et tu vois si j’ai su garder ma langue. Moi, ce soir, je vais voir mes coéquipiers et je pars à la chasse aux informations. En attendant, on finit de se préparer et on va en cours sans se disputer. Deal, Sweetie ?

— Si tu as su tenir ta langue ou ta queue, tu veux dire ? marmonne-t-elle avant de grimacer. Tu as raison… Deal, Capitaine de mon cœur.

J’adore quand elle m’appelle comme ça, et je la prends dans mes bras pour un nouveau baiser qui me fait presque oublier tout le reste, même mon mal de tête. Mais Sarah, toujours la tête sur les épaules, me repousse et me demande d’aller voir si elle peut retourner se préparer dans sa chambre sans se faire surprendre par nos parents ou Jude. Je m’exécute et lui fais signe que le chemin est libre. Je la regarde disparaître avec regrets, mais me fais une raison. Le fait qu’elle soit venue me chercher m’a évité de faire encore davantage de dégâts dans notre relation. Là, si j’ai su me tenir, ça ne devrait pas me prendre trop de temps pour me faire pardonner. Pourvu que l’on ne découvre pas que j’ai fait des folies…

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