14. Babysitter au cœur fondant

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Sarah

Mais qu’est-ce qui me prend ? Je m’étais dit que je ne craquerais pas trop vite s’il revenait vers moi, et dès qu’il appelle à l’aide, je débarque. En même temps, il était trop mignon, au téléphone, tout gêné de me demander de l’aide, comment résister ? Et puis, merde, le paiement vaut le coup, c’est le cas de le dire ! Je peux bien garder sa petite sœur quelques heures, surtout qu’elle a l’air trop mignonne.

Je me gare à quelques pas de la maison et sors de ma voiture en observant un peu le quartier. Sans vouloir faire dans le cliché, je me dis que ce n’est vraiment pas un lieu qui donne envie d’y élever ses enfants. Un petit groupe de jeunes qui ne doivent pas être majeurs font les gros bras au coin de la rue et je me demande même s’ils ne sont pas en train de dealer. Non, ça doit être mon côté bourge, celui qui déplaît tant à Liam, qui se fait des films.

Liam m’ouvre rapidement la porte lorsque je frappe, un sourire mal à l’aise aux lèvres. Je crois qu’il ne va pas se départir de sa gêne d’oser me demander un coup de main. Cela ne l’empêche pas de me dévisager de la tête aux pieds.

— La babysitter est arrivée, souris-je en me mettant sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue.

— Elle est charmante, me répond-il en admirant la petite robe que j’ai mise. Et elle me sauve la vie, surtout.

— Tu ne vas pas bouder parce que je te donne un coup de main, promis ? le taquiné-je.

— Non, non, je n’oserais pas. Je suis vraiment désolé de te solliciter comme ça au dernier moment, reprend-il, mais mon père n’est pas là et je ne sais pas où il est parti.

— Pas de problème, je comptais aller voir un match de basket avec Becca, mais la compagnie de ta sœur me semble moins risquée. Il faut la faire dîner ? Elle se douche comme une grande ? Dis-moi tout, je suis fille unique et je n’y connais rien, ris-je. Enfin, ne panique pas, hein, je vais faire attention.

— Je crois qu’elle a déjà un peu mangé chez la voisine tout à l’heure, mais tu peux manger avec elle si tu ne l’as pas déjà fait. Et pour la douche, elle le fait seule, mais elle a besoin d’aide. Enfin, quand c’est moi qui l’aide, elle abuse et me fait faire plein de choses, mais je suis sûr qu’elle voudra avoir l’air d’une grande avec toi. Tu sais, ne la force pas, ce n’est pas bien grave si tout n’est pas fait dans les règles de l’art… Ou alors, vous venez au match quand même si tu voulais venir, et tu n’auras qu’à garder un œil sur elle ? Je… Tu… Non, ce que je veux dire, c’est que tu ne dois te sentir obligée de rien. Fais ce que tu veux, comme tu le sens. Je ne peux rien te demander de plus… A part peut-être un petit bisou, sourit-il enfin après sa longue tirade.

— Je ne te donne un bisou que si tu me dis ce que tu voulais me dire, Capitaine. Dis-moi tout, je ne vais pas te manger. Enfin… Pas tout de suite, pouffé-je.

— Je ne sais pas comment te remercier, Sweetie. C’est vraiment cool, ce que tu fais. Tu me promets d’être encore là et de ne pas avoir fait ta Cendrillon avec ma sœur avant que je ne rentre ce soir ?

— Promis. J’ai même prévenu ma mère que je ne rentrerai sans doute pas, vu le paiement qui m’attend, dis-je en agrippant sa nuque pour l’embrasser.

— Cela va me donner envie de rentrer encore plus vite, finit-il par me dire, une fois notre baiser fougueux terminé.

Judith dévale les escaliers avant que je ne puisse répondre et son sourire me fait chaud au cœur. J’espère que tout va bien se passer, parce que vu comme Liam semble être protecteur avec sa frangine, la moindre bourde me vaudra sans doute d’être fusillée dans la seconde.

— Salut, Judith. Prête à me supporter pour la soirée ?

— Tu vas voir, je vais être gentille, Sarah. Liam m’a dit que tu venais que pour moi et que j’avais pas le droit de faire des bêtises. Mais on pourra jouer quand même, hein ?

— Bien sûr qu’on pourra jouer, dis-je tandis que Liam récupère son sac et prend la petite dans ses bras.

Il la couvre de bisous et la chatouille alors que son rire cristallin emplit la pièce. Les voir tous les deux, si proches, me rappelle comme j’ai toujours voulu avoir un petit frère ou une petite sur pour partager une telle complicité, même s’il me semble que Liam joue un peu plus le rôle du père que du grand frère, vu la différence d’âge et les responsabilités qu’il a.

— Allez, Capitaine, file avant d’être en retard, souris-je en tendant les bras à Judith qui s’y réfugie après avoir déposé un smack bruyant sur la joue de son frère.

— Merci, jolie babysitter. A tout à l’heure, Sweetie.

— Mais de rien ! Bon match, et préserve-toi un peu quand même, hein ? Je te veux encore en forme, moi. Allez, oust, laisse-nous entre filles, bon sang !

Je lui fais un clin d'œil et nous le regardons partir avec Judith, sur le pas de la maison. Lorsque sa moto quitte notre champ de vision, je me tourne vers la petite qui me sourit, toute mignonne.

— Alors, qu’est-ce que tu veux faire ? Tu as faim ? Tu veux jouer ? Dis-moi tout.

— C’est vrai qu’il faut que je sois sage pour que tu fasses des bisous à Liam ? Il m’a dit qu’il fallait que je fasse très attention. Mais tu n’as pas l’air si méchante que ça.

Je grimace en l’écoutant me raconter ce que son frangin lui a dit. Il cherche vraiment à me faire passer pour une vilaine ?

— Ok, je vois que ton frère raconte des bêtises, ris-je. Ce que je te propose, c’est qu’on se commande une petite pizza, et en attendant qu’elle arrive, on joue à ce que tu veux, ou on se pose devant la télé, on dessine, on danse, on chante, comme tu préfères.

— Oui, on dessine ! On va faire des dessins pour Liam ! Comme ça, même s’il perd son match, il aura un cadeau quand même !

Je souris en la voyant fouiller dans un tiroir pour en sortir des crayons de couleur et s’installer à la petite table à manger en y déposant un épais paquet de feuilles blanches. Nous choisissons nos pizzas en dessinant et attendons le livreur en enchaînant les paysages, les petits bonhommes à grands bras, les grands basketteurs aux pieds démesurés et autres dessins à la fois loufoques et trop mignons. Je crois que cette soirée est placée sous le signe de la mignonnerie. Judith est une crème, elle file même prendre sa douche quand je lui demande, et m’appelle quand elle a besoin d’aide. Bref, si tous les gosses étaient comme elle, les parents ne seraient plus sur les nerfs.

Becca m’envoie des messages pour me tenir au courant du match et quelques photos, essentiellement de son obsession du moment, à savoir Liam, évidemment. La partie est serrée et, même juste en photo, le Capitaine de l’équipe est vraiment canon. Si ma meilleure amie savait que je suis actuellement en train de m’occuper de la petite sœur du mec sur lequel elle flashe, elle me tuerait de ne pas lui avoir demandé un coup de main pour marquer des points. Mais le traitement serait encore soft comparé à ce que je pourrais vivre si elle était au courant que je couche avec lui. Rien n’était calculé, je ne savais pas qu’elle en pinçait pour Liam quand j’ai flanché. Et puis, merde, je n’y peux rien si elle ne l’intéresse pas, ou pas encore. J’ai envie de profiter le temps que ça dure, moi.

Judith et moi nous installons devant la télévision pour dîner, devant La Reine des neiges, que je découvre. Elle, elle est à fond, j’avoue que je subis de mon côté. Je n’ai rien contre les Disney, mais cette chanson est insupportable tellement on l’a entendue. Ça me donne envie de mettre des boules Quiès ou de fuir telle Cendrillon avant minuit, pour le coup.

— Oulah, tu as vu l’heure, Judith ? Il va être temps d’aller au lit, non ?

— Oh non ! On n’attend pas Liam pour voir s’il a gagné ? me demande-t-elle, les yeux suppliants.

— Tu l’attends, d’habitude ?

Je la vois détourner le regard puis se retourner vers moi, les mains dans le dos, avec un petit air pas très franc.

— Oui, toujours ! me lance-t-elle de manière pas très assurée.

— Mon petit doigt me dit que tu mens, souris-je. Fais attention, tu vas finir comme Pinocchio, Judith. Allez, file te brosser les dents, et prie pour que ton frère ne nous dispute pas parce qu’on l’aura attendu.

Elle me regarde quelques secondes avant qu’un grand sourire ne s’affiche sur ses lèvres. Elle me saute au cou et me gratifie d’un bisou, puis monte au premier en vitesse. Je la suis pour vérifier qu’elle fait les choses correctement avant que nous ne nous réinstallions dans le canapé. L’avantage, c’est qu’elle s’endort avant la fin et que, même si elle n’est pas dans son lit, son frère ne pourra pas me reprocher son manque de sommeil. L’inconvénient, c’est qu’elle est lovée contre moi et que la seule chose que je puisse faire sans bouger, c’est changer de chaîne.

J’ai dû finir par m’assoupir également car je sursaute en entendant la porte d’entrée. Liam apparaît sous mes yeux, me surplombant de toute sa hauteur, et me regarde, amusé, en secouant la tête et en levant les yeux au ciel. Il attrape doucement Judith dans ses bras et je le suis alors qu’il monte la coucher. Il fait preuve d’une telle douceur avec sa sœur et la couve d’un regard si protecteur que je sens mon cœur fondre. Je crois qu’il va falloir que je me blinde pour ne pas vriller dans la mauvaise direction. Plan cul. Juste plan cul, Sarah. D’ailleurs, sa façon de me regarder n’a rien à voir avec autre chose que son envie de moi. Il n’y a rien d’autre que de la complicité et du sexe entre nous.

Nous redescendons en silence au salon et je range notre atelier dessin tandis que Liam se laisse tomber sur le canapé en prenant une part de pizza.

— Alors, ce match, Capitaine ? Tout s’est bien passé ?

— Il manquait une supportrice importante, répond-il, mais j’ai quand même réussi à me motiver. Et on a gagné. C’est ce qui compte. Et toi ? Elle n’a pas été trop embêtante ? Tu ne regrettes pas de m’avoir dit oui ?

— Ta sœur est adorable, mais je me demande si c’est parce que tu lui as raconté des bêtises ou si c’est sa nature, ris-je en m’installant à ses côtés.

— Je ne lui ai pas raconté des bêtises, je l’ai juste prévenue que si, à cause d’elle, tu partais en courant, je la torturerais jusqu’à la fin de ses jours, rit-il en passant son bras autour de mes épaules pour m’attirer contre lui.

— Aucune envie de partir, Capitaine, murmuré-je à son oreille avant d’en mordiller le lobe. Tu as eu des nouvelles de ton père ?

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