105. Boulette et brownies

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Liam

Ce soir après les cours, j’ai repris le chemin de la salle de sports. Après les fêtes et l’interruption des entraînements, j’ai gagné un peu de poids et il faut que je le perde et que je retrouve mon niveau de forme. Je me rends donc au centre d’entraînement du campus où se situe aussi la piscine. C’est un beau complexe que je n’ai pas encore pris le temps de découvrir vu qu’il a été inauguré à l’automne dernier seulement.

Quand j’arrive, je suis accueilli par une jeune femme blonde qui doit faire ça comme job étudiant pour se payer ses cours. Elle m’explique le fonctionnement du lieu et me présente les différents exercices que je vais pouvoir trouver. Il y a vraiment de tout et je me décide à commencer par la salle des machines, comme j’appelle ça. Je m’installe sur un banc et m’entraîne à soulever des poids de plus en plus lourds, jusqu’à ce que j’arrive à ma limite. Lorsque je redescends de cet engin de torture, j’entends quelques petits applaudissements qui viennent saluer ma performance.

— Bravo ! Tu es costaud ! minaude une grande brune vêtue d’une brassière et d’un legging moulant qui doit avoir à peu près mon âge. Je m’appelle Debbie, ravie de te rencontrer ici. C’est la première fois, non ?

— Oui, c’est bien la première fois, ça se voit tant que ça ?

— Non, non, mais je viens ici souvent et je n’aurais pas raté un beau spécimen comme toi, c’est sûr.

— Merci, dis-je un peu gêné, en me dirigeant vers le tapis de course qui se situe un peu plus loin.

Debbie n’hésite pas une seconde et prend place sur le tapis voisin du mien. Là aussi, je teste les différents niveaux et je constate que je suis plutôt en bonne forme physique car j’arrive rapidement à la vitesse maximale qui ne me pose pas plus de problème que ça.

— Eh bien, tu tiens la forme, toi ! s’exclame la brune à mes côtés après avoir arrêté de courir pour m’observer.

— Il faut, oui, je fais partie de l’équipe de basket de l’université.

— Ah mais oui, c’est ça ! Je me disais bien que je t’avais déjà vu quelque part ! Tu es le capitaine ! Tu es un de ceux qui jouent le mieux !

— Oui, c’est moi, souris-je, ravi d’être reconnu et apprécié à ma juste valeur.

— Eh bien, je ne regrette pas d’être venue travailler mes fessiers et mes abdos ce soir ! me dit-elle en me les montrant. Je suis moi dans l’équipe de volley féminine. Entre sportifs, on devrait s’entendre.

— Oui, on voit que tu es sportive aussi, exprimé-je en la matant un peu en détail.

Je termine mon heure d’exercices sans qu’elle ne m’ait quitté une seconde, mais elle garde ses distances et j’apprécie qu’elle ne me saute pas dessus comme le font habituellement les filles à qui je fais de l’effet. Au contraire, quand je pars, elle se contente de me sourire.

— A bientôt, Liam. J’espère que tu reviendras t’entraîner. Je suis là tous les jeudis soirs, moi. Si ça te dit de me retrouver, tu sais comment faire.

Je la salue et vais prendre une douche rapide avant de rentrer à la maison où tout le monde est déjà là. Jude me saute dans les bras alors que je pose mon sac près des escaliers pour le remonter plus tard.

— Oh tu sens bon, Liam ! On dirait la vanille ! Tu as pris ta douche ?

— Oui, c’est bien ça ! Je suis allé à la salle de sports et pour ne pas revenir plein de sueur, je me suis rincé avant de rentrer. Comme ça, je suis prêt pour le dîner. On mange quoi, tu sais ?

— Vic a fait du riz et des brocolis. J’aime pas trop, mais ça va aller parce que Daddy a fait des hamburgers.

— Parfait, tout ça me va ! Tu m’aides à mettre la table ?

Nous nous y mettons à deux et nous sommes bientôt rejoints par le reste de la famille qui s’installe à table. Je jette un œil à Sarah qui a l’air d’aller mieux et qui me fait un grand sourire en s’installant à mes côtés.

— Tu te sens comment ce soir, Sarah ? En forme ? lui demandé-je alors que Vic ramène les plats à table.

— Oui, oui, ça va pas mal. Mieux que ce matin, c’est sûr. Ça a été ta journée ?

C’est vrai que ce matin, avant de partir en cours, elle était encore un peu barbouillée, mais ces derniers jours se sont passés plutôt normalement. Et j’ai pu passer mes nuits avec elle, même si nous sommes restés sages et n’avons partagé que des câlins et des baisers.

— Très bien oui, j’ai découvert la salle de sport du centre d’entraînement, tu sais le complexe qu’ils ont inauguré en fin d’année dernière ? C’est vraiment bien, il y a de tout. La prochaine fois, je prendrai mon maillot de bain aussi pour terminer par une séance de piscine et ce sera parfait.

— Tu ne fais pas déjà assez de sport comme ça ? m’interroge Daddy en me regardant, intrigué.

— Oh, tu sais, on n’en fait jamais assez. Si je veux passer l’étape qualificative pour la NBA, il faut que je m’entraîne dur. Sinon, autant rester à la maison.

— On est bien à la maison, en même temps, sourit Jude.

— Tu as croisé un pot de gousses de vanille dans les vestiaires, au passage ? grimace Sarah. Tu sens fort…

— J’ai juste utilisé mon gel douche habituel, Sarah. Tu aurais préféré que je sente la sueur ?

— Moi, j’aime bien l’odeur de vanille, intervient Vic. Ça sent tout de suite le propre, je trouve. Tu dois être un peu sensible, ma Chérie, dit sa mère en la regardant, pleine de sollicitude.

— Sans doute, lui répond Sarah en fronçant les sourcils avant de se servir. Bon appétit.

Pendant le repas, je m’amuse avec Jude à faire des grimaces afin de la distraire et de la faire rire. J’essaie à chaque fois de la faire éclater de rire quand elle met sa fourchette à sa bouche et parviens enfin à lui faire tout cracher sur son assiette.

— Liam, me gronde gentiment Daddy, laisse ta soeur manger tranquillement, on dirait que c’est toi le gamin, ici !

— Désolé, Daddy, j’essaie juste de mettre un peu d’ambiance, parce que je vous trouve tous bien silencieux.

Jude s’est enfin arrêtée de rire, mais je la sens prête à repartir au quart de tour si je refais une grimace ou une nouvelle blague. Je décide de me contenir et de jouer au grand frère sage.

— Liam, tu veux mes brocolis ? me demande Jude. Et arrête de me faire rire, c’est pas drôle de me faire tout cracher !

— Si, c’est drôle ! Allez donne-les moi, je dois me faire pardonner. Il y a quoi en dessert ?

— Des yaourts maison et… Peut-être même des brownies, me répond Vic en me faisant un clin d'œil. Je te promets de me mettre aux gâteaux faibles en matières grasses, Liam. Je ne voudrais pas que tu te prives ou sois trop tenté.

— Non, si c’est au chocolat, je ne vais pas me priver, non plus ! Ne bouge pas, je vais le chercher en cuisine.

Je m’exécute et le ramène. Je le dépose sur la table devant les yeux gourmands de Jude qui semble déjà le dévorer du regard avant même d’y goûter.

— Il a l’air trop bon, Vic ! Tu nous gâtes ! Je le coupe en huit où ça fera des trop grosses parts ?

— Eh bien, ça dépend si vous voulez en garder pour le petit déjeuner, les enfants.

— Je garde ma part pour demain, moi, intervient Sarah en reposant sa serviette sur la table. Je m’endors à moitié, je suis crevée, je vais aller me coucher.

— Tu vas vraiment nous laisser manger les brownies de ta mère sans y goûter ? lui demandé-je, surpris car d’habitude, elle les adore.

— Oh, laisse, Liam, ce n’est rien, sourit Vic. Je vais t’en garder pour quand tu seras plus en forme, ma Chérie. Moi aussi j’étais comme ça, je comprends. Le premier trimestre est le pire, mais tu verras, tu auras un regain d’énergie après ça.

— Le premier trimestre ? la questionne Daddy alors que je percute plus rapidement que lui et observe Sarah, sous le choc de l’annonce.

— Tu es enceinte, Sarah ? C’est ça, ta maladie depuis quelques jours ? demandé-je, complètement abasourdi.

— Je… Heu, bafouille-t-elle en se levant, évitant soigneusement mon regard. C’était pas censé sortir comme ça à table…

— Oh désolée, Sarah… s’empourpre Vic qui ne sait plus où se mettre face au regard noir de sa fille qui nous laisse sans un mot de plus avant de monter dans sa chambre.

— Sarah, elle va avoir un petit bébé ? demande Jude qui essaie de suivre notre conversation.

— Ce n’est pas encore sûr, Jude, lui répond doucement Vic. Il est encore tôt dans la grossesse, je pense, rien n’est sûr à ce moment.

— Je vais aller la voir, je crois qu’il vaut mieux ne pas la laisser seule après cette annonce un peu brutale.

— Tu manges pas de brownie, alors, Liam ? me demande ma sœur. Je peux piquer ta part ?

— Oui, je n’ai plus faim de toute façon.

Je file et gravis les escaliers quatre à quatre pour frapper à la porte de la chambre de Sarah.

— Je peux entrer ? C’est moi, Sarah.

— Vas-y, me dit-elle. Mais pitié, ne m’engueule pas…

J’entre et la trouve en pleurs, roulée en boule sur son lit. Je m’approche doucement après avoir refermé la porte derrière moi et m’assois près d’elle sans oser la toucher. J’étais parti pour m’énerver, pour lui crier dessus, mais de la voir ainsi anéantie, je perds tous mes moyens et ma colère est retombée comme un soufflé.

— Tu sais depuis quand, Sweetie ? demandé-je doucement.

— Depuis… Quelques jours. J’ai fait un test en début de semaine, et une prise de sang hier matin. Je suis désolée...

— Ah mince, c’est donc confirmé… murmuré-je alors que j’avais encore l’espoir que ce soit une erreur dans le test. Mais comment est-ce possible ? Tu n’as pas pris ta pilule comme il fallait ?

— Bien sûr que si ! Je n’en ai pas oublié une seule, je… Bon sang, je ne comprends rien, Liam, ça n’aurait jamais dû arriver, se lamente-t-elle en se blottissant contre moi.

Je reste un instant silencieux, en essayant de rassembler mes esprits et surtout d’analyser ce que cette annonce signifie pour nous. Mais je n’arrive pas à réfléchir clairement.

— Ne t’inquiète pas Sweetie. Je ne sais pas ce que tout ça va impliquer pour nous, mais on va affronter les choses ensemble. Deal, Sweetie ?

Elle acquiesce sans un mot. Nous restons enlacés tous les deux alors que j’essaie de réaliser qu’elle porte en elle le fruit de notre amour. Un petit embryon, pour l’instant, qui n’aurait jamais dû exister mais qui est apparu bien malgré nous et qui a le potentiel de bouleverser nos deux existences et celles de notre famille. La moindre des choses que je puisse faire, c’est de soutenir Sarah. Le reste, on verra plus tard.

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