120. Entre paradis et purgatoire, il n’y a qu’un escalier

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Sarah

— Liam, arrête ! pouffé-je en le repoussant alors qu’il m’empêche de m’habiller.

Il m’attire à nouveau contre lui et je sens ses lèvres dans mon cou tandis que j’essaie de me trouver un truc à enfiler. Je savais que c’était une très bonne idée de me promener en sous-vêtements sous ses yeux. Enfin, pas pour être à l’heure au dîner, c’est clair. Surtout que je pense qu’on va vraiment finir en retard. Je sens son érection contre mon dos et l’une de ses mains glisse dans ma culotte pour pouvoir constater toute l’excitation qu’il m’inspire.

Je tire la porte de mon placard pour le refermer et ai tout le loisir de pouvoir nous observer à travers le miroir. Sa grande carrure qui me surplombe, le contraste entre nos peaux, le sourire qui se dessine sur nos lèvres quand nos regards s’y croisent. Tant pis pour le repas, il nous faudra trouver une excuse pour notre arrivée tardive.

Je me retourne au creux de ses bras et m’attelle à le dévêtir avec impatience. J’ai les mains qui tremblent sur le bouton de son jean, l’impression que tout mon corps appelle le sien, et il n’y a que lorsque je me retrouve accroupie devant sa hampe tendue que le sentiment d’urgence de m’unir à lui se calme un peu. Je pose mes mains sur ses cuisses et remonte lentement jusque sur son ventre, évitant sciemment sa verge qui tressaute lorsque je l’approche d’un peu trop près, et recommence mon manège à plusieurs reprises avant de finalement l’empaumer. Je lui inflige quelques allers-retours avant de poser mes lèvres sur son gland pour le prendre en bouche. Liam souffle alors que je m’amuse à aller et venir lentement, jouant sur la pression que j’y exerce, sur la profondeur et la vitesse, caresse son corps de ma main libre et le branle plus vigoureusement. Je ne m’arrête d’ailleurs que lorsque je le sens proche de l’orgasme, ce qui me vaut d’être soulevée avec vigueur et embrassée avec force.

Liam ne me repose que lorsque nous sommes tous deux à bout de souffle. Il dégrafe mon soutien-gorge et descend ma culotte sur mes chevilles à vitesse grand V avant de me retourner et d’attraper mes mains pour les déposer sur le miroir. Nos yeux ne se lâchent pas à travers la glace tandis que je le sens s’enfoncer profondément en moi. Ses mains glissent le long de mon corps pour venir enserrer mes seins tendus et sensibles. Encore une fois, notre étreinte est torride et passionnée, et le plaisir est au rendez-vous. Je dois contrôler mes gémissements et l’orgasme qui me fauche alors que je le sens se déverser en moi, obligeant Liam à me maintenir à flot. Je sens mes jambes flancher tandis que mon corps est traversé d’ondes de plaisirs toutes plus fortes les unes que les autres.

— Eh bien… Je me demande à quoi j’aurais droit en me promenant en porte-jaretelles sous ton nez, ris-je alors qu’il m’attire contre lui et m’enlace.

— Et quand comptes-tu me faire ce plaisir ? me répond-il, tout câlin.

— Mauvaise réponse, Capitaine. Tu aurais dû dire que je n’avais pas besoin de ça pour avoir très envie de moi, plaisanté-je.

— Comme si tu ne le savais pas déjà, ça ! s’esclaffe-t-il. Il faut qu’on se bouge, là, par contre, on est déjà à la bourre pour le repas.

— Ben voyons, maintenant que tu as profité de moi.

Je l’embrasse sur la joue et récupère ma petite culotte avant d’enfiler un legging et un pull. Liam se rhabille dans le même temps. Je sors la première et lui fais signe que la voie est libre, ce qui n’est pas étonnant puisque tout le monde est en bas.

— Désolée pour le retard, j’étais en galère sur un cours, Liam m’a filé un coup de main, dis-je en m’asseyant.

— Eh bien, me répond son père, je ne pensais pas que Liam pouvait te venir en aide. J’aurais plutôt imaginé l’inverse !

— Ton fils est plein de surprises, Jim. Les deux neurones du basketteur sont plutôt musclés !

— Chou, on n’est pas là pour parler de ton fils et des cours qu’il donne à sa sœur, voyons ! On a autre chose à évoquer ce soir, nous interrompt ma mère d’un ton assez sec.

— Et vous voulez parler de quoi qui pourrait être plus important que mes deux neurones ? demande celui qui, il y a juste quelques minutes, était en train de me faire jouir.

— On a plusieurs choses à voir avec vous, les enfants, continue ma mère d’un ton des plus sérieux. D’abord, avec Jim, nous voulions être sûrs que vous étiez toujours d’accord pour vous occuper de Jude pendant notre lune de miel. Sinon, il va falloir qu’on trouve une babysitter.

— Ça fait des années que je m’occupe d’elle, ce n’est pas un problème, répond immédiatement Liam, visiblement plus rapidement remis que moi de notre petit échauffement. Vous allez pouvoir profiter de votre petite excursion à Hawaï, les chanceux !

— Moi, je veux que Sarah aussi s’occupe de moi, intervient Jude en prenant ma main.

— C’est au programme. Il va bien falloir que quelqu’un te récupère à l’école quand ton frère sera au basket, non ? souris-je en ébouriffant ses cheveux. Donc, le problème est réglé, on gère la petite Tornade. Autre chose, Maman ?

Ma mère a vraiment un air sérieux qui ne me dit rien qui vaille. Je sens que la conversation va virer au compliqué sous peu.

— Oui, mais mange tant que c’est chaud, voyons. Je n’ai pas préparé tout ça pour que tu manges froid. Et il faut bien prendre soin du bébé, en plus. Il a besoin de toute l’énergie possible. Et toi aussi, Liam, on dirait que tu hésites à te servir. Le mariage arrive vite, tu sais, tu peux vraiment faire comme chez toi.

Je soupire et me sers à manger avant de tendre le plat à mon basketteur. J’attends patiemment qu’il soit servi avant de reprendre la parole.

— Et donc ? Quoi d’autre ? Il y a un problème dans l’organisation du mariage ? Pourquoi tu sembles si sérieuse ?

— Eh bien, voilà, avec Jim, on en a beaucoup parlé, et on veut savoir qui est le père du bébé. On veut vraiment qu’il soit là pour notre mariage. C’est quand même notre futur gendre, on a le droit de savoir, non ? Quel meilleur moment que ce jour-là pour nous le présenter ?

Et c’est reparti. Ça faisait longtemps, et j’avoue que je ne l’avais pas vu venir, ce soir. J’en ai marre de m’embourber dans mes excuses et mensonges à ce sujet, c’est de plus en plus difficile.

— Je vous remercie pour l’invitation, mais je doute que ce soit possible, désolée. Il est… Très occupé.

— Il peut quand même se dégager quelques heures pour notre mariage, non ? insiste ma mère. Il a su prendre le temps de te faire un bébé, il peut bien assister à notre cérémonie. C’est quoi cette excuse, Sarah, voyons !

— Je crois que c’est une manière polie de dire qu’elle n’a pas envie qu’il soit là, marmonne Liam en fixant son assiette.

— Liam, tais-toi, ce n’est pas toi qui est visé dans cette histoire, le réprimande doucement son père.

— Non, Jim… Il a raison, en fait. Je n’ai pas envie qu’il vienne, en réalité…

J’ai vraiment honte de leur mentir de la sorte. C’est super compliqué de se dépatouiller de tout ça. J’ai presque envie de balancer la vérité, histoire de ne plus avoir à dénigrer ce soi-disant père qui n’est jamais disponible. Sauf que ça reviendrait à foutre en l’air leur mariage, leur bonheur, et l’équilibre qu’ils ont créé à la maison.

— Je m’inquiète pour toi, ma Puce. Cet homme, le père de ton bébé, il est… Violent avec toi ? Il te fait peur ? C’est pour ça que tu ne veux pas qu’on le rencontre ? Liam, c’est ça ? Parle-nous, toi, tu vois bien qu’elle ne veut rien nous dire.

— Eh pourquoi vous me mêlez à vos histoires, leur reproche-t-il en s’emportant. De ce que je sais, il n’y a pas de problème avec lui.

— Il n’y a plus de “lui”, balancé-je sans réfléchir. On n’est plus ensemble. Est-ce qu’on pourrait arrêter de parler de ma vie amoureuse à table en famille ? Tu veux pas non plus qu’on en fasse un sujet de dissertation, Maman ?

— Comment ça, il n’y a plus de “lui” ? me demande-t-elle en écarquillant les yeux. Et tu gardes quand même le bébé ? Mais tu te rends compte du scandale que tu vas causer ? Une fille-mère, ce n’est pas possible !

— Il y en a plein, des filles-mères, ce n’est pas la fin du monde. Je m’en fous totalement du scandale, m’agacé-je. S’il n’y a que ça qui t’inquiète, c’est bien malheureux.

— Il n’y a pas que ça, voyons, je suis inquiète pour toi. Qui va t’aider avec ce bébé ? Tu n’as pas essayé de le retenir ? Il ne t’aime plus ? Tu ne crois pas que l’inviter au mariage pourrait arranger les choses, ma Chérie ? Comment tu fais pour vivre ça, toute seule ?

Elle enchaîne les questions en peinant à réaliser que ce qu’elle demande est impossible.

— Maman, c’est comme ça et pas autrement. Une fille mère célibataire, désolée de te décevoir. Je le vis bien, moi, aucun problème. Et je ne suis pas seule, puisque chacun de vous ici m’a assuré de son soutien.

— Oui, tu abuses, Vic, lance soudain Liam. Je n’ai pas l’impression que Sarah soit triste ou désespérée, ces derniers temps. Elle sait bien qu’elle peut inviter qui elle veut au mariage, elle l’a bien fait pour Becca et Abdul. Il faut arrêter avec cette histoire ! Et même s’il n’y a pas de Papa, je peux te dire que je suis là, moi. Pour la protéger. Et être son cavalier, s’il faut, lors de la cérémonie. Il y a des fois où il vaut mieux accepter les choses comme elles sont plutôt que de juger ou critiquer !

J’ai follement envie de l’embrasser alors que ma mère le regarde, interdite. Jim fusille son fils du regard et je constate que Jude semble totalement perdue. Pauvre petite.

— Maman, je t’assure que je vais bien. Et que je vis bien cette grossesse. Je me sens bien, j’assume, et je suis heureuse. Est-ce qu’on pourrait… Parler d’autre chose ? Ce n’est pas vraiment un sujet de conversation pour Jude. Ni pour ce petit bébé, d’ailleurs. Y a quoi de prévu en dessert ? J’ai envie de sucré !

— Vic, ta fille a raison. Elle est majeure et ce qui compte, c’est qu’on l’accompagne. On a fait ce qu’il fallait, il n’y aura pas de papa au mariage, ce n’est pas grave. Mais Sarah, continue le père de Liam en se tournant vers moi, si la situation change, tu n’hésites pas à nous le dire, hein ? On s’adaptera.

J’acquiesce et me lève pour aller chercher le dessert. J’espère vraiment que ma mère va lâcher l’affaire, parce que lui mentir me fait mal au cœur. Il va vraiment falloir que l’on avoue aux parents ce qu’il se passe entre Liam et moi, et la vérité à propos de ce bébé. Je peux comprendre que voir sa fille mère célibataire soit compliqué à encaisser pour ma mère, et peut-être que je prends cela trop à la légère, mais je suis plutôt sereine pour le moment. Je sais que je ne suis pas seule et j’ai juste envie de profiter de ce sentiment de sérénité qui m’emplit chaque fois que je pose mes yeux sur mon basketteur. Panier après panier.

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