LN

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  • Hélène. Je m’appelle LN. Je ne suis pas une fille comme les autres. Je suis une terrienne. On est arrivé directement ici, dès le début, pas comme tous ces transfuges de l’Ouest ne ce moment.
  • J’en suis une.
  • Ah… désolée.
  • Et je suis presque une terrienne.
  • Ah bon ?
  • Ma mère en est une, elle est arrivée enceinte ici. Mais la conception sur Terre n’a pas été classique. C’était la fin du monde, elle était dans le cercle fermé de Greta, elles ont appelé ça « la voie lactée », elles ne croyaient pas si bien dire vu le voyage qu’il y a eu après. Avec ce procédé, Greta est soit-disant mon autre mère, mais je n’ai rien d’elle, j’ai plus l’impression d’être un clone de ma mère. Je m’appelle Élise, je suis la fille de Sandrine. J’ai eu le temps d’avoir plusieurs vies, un peu moins que toi j’imagine. Et j’ai eu beaucoup de succès et de problèmes avec les garçons vu mon anatomie recherchée. Et toi ?
  • Moi aussi, en pire, je suis déviante avec les garçons.
  • Déviante ?
  • Sur Terre j’étais un peu trop entreprenante avec les garçons de ma propre famille. Ici je me suis calmée. Mais comme toi je cherche autre chose, une compagne idéale.

On se regarde dans le miroir l’une à côté de l’autre. On fait jeune. Moi la brune et elle la blonde. Deux terriennes en perdition qui vont peut-être se trouver. C’est la soirée des speed dating à la Mutinerie, un bar très particulier de Sylvania, interdit aux garçons. Mais je réalise qu’il y a déjà un lien entre nous :

  • Élise, je vis encore avec mon mari, Thomas, c’est l’ex d’Aline, le double d’Alice. J’ai un fils, Valentin, qui est en couple avec Sandy, la fille de Cendrine, le double de ta mère.
  • En cherchant bien, on est tous liées d’une façon ou d’une autre.
  • Le monde est petit. Enfin, je veux dire, la planète C.
  • C’est peut-être un signe. On va se revoir, LN. Moi je suis libre. Et je n’ai pas d’enfants. Mais je ne veux pas participer à ton couple avec ton Tom. Je veux l’exclusivité.
  • D’accord, je le quitte. Ce n’est pas la première fois. Et tu me plais bien, Élise. OK pour se revoir.
  • Mais on va pas se quitter comme ça. On peut continuer de faire connaissance. Ou tu es pressée ? Tu veux voir d’autres filles ?

Je regarde à droite et à gauche, puis je la regarde elle.

  • Finalement, non. Continuons.
  • Mais pas de romance entre nous. J’ai 58 ans et 43 années de sexualité active, toi encore bien plus je suppose, alors je te propose de plutôt passer à l’étape suivante. Une vraie relation. Mais pas quelque chose de familial ou de hiérarchique non plus.
  • Tu es sûre ? On n’est pas plutôt là pour s’amuser ? Ton truc me paraît un peu sectaire. En fait, tu cherches une partenaire, pas une compagne.
  • Je te propose de découvrir le partenariat, oui, toi l’ancienne terrienne. C’est un autre paradigme, dans S, sans I et sans A.
  • C’est assez déviant à mon goût. Alors, qu’est ce qu’on fait ?
  • On ne se voit pas tous les jours comme ces dégénérés de passionnés. On se laisse respirer.

Elle commence à m’énerver avec ses conneries, la petite fausse Greta. Je lui crache à la gueule :

  • Ok, ciao, à plus.

Et je m’arrache. Terminé. Moi je veux de la passion irraisonnée, de la sueur, du sang, tout ! Son machin vaseux de relation à distance, très peu pour moi. Je retourne dans mon foyer avec le sous-préfet.

  • Thomas, t’a l’air fatigué.
  • C’est encore la gestion de l’énergie dans les quartiers nord. Je dois mettre en place une équipe de maintenance et d’intervention. On a trouvé les jeunes volontaires et on les forme sur le terrain. Et toi ?
  • Toujours sur la Tour R, on programme l’aménagement d’un étage sur deux sur la ligne Ouest. Les robots ont déjà commencé le travail.

On est des bons. Efficaces pour la ville. On va certainement finir par décrocher un poste à l’administration centrale de la ville.

Je revois Élise, déjà, par hasard, à la Firme. Elle change de lieu d’habitation et vient pour les formalités. Avant de repartir elle passe me faire coucou :

  • Je t’en pries, entre, tu veux boire quelque chose ?
  • Un thé ? Sans philtre.

Elle est froide, calme. Elle enlève son bonnet et ses gants et regarde comment j’ai agencé mon bureau.

  • Tu quittes la ville ?
  • Non, je m’éloigne du centre. Quartier sud. Histoire de pouvoir aller aux Boutiques à pied ou en vélo.

Elle est belle. Sensuelle. Mais je ne dois pas l’envisager. Ça ne va pas marcher.

  • Élise, je n’en suis pas encore à ton niveau, je cherche encore quelqu’une avec qui faire des câlins.
  • Et moi je veux juste une amie.
  • On n’est pas faites pour être ensemble.
  • Non. Mais au moins toi, tu n’es pas obsédée par la maternité. Les autres filles que j’ai rencontré, elles sont instables, à fond dans l’aventure de leur destin. Nous on est des anonymes. En marge. Dans les coulisses. Tranquilles.
  • Et tu es là devant moi pour que je te confirme encore qu’on ne va pas êtres compagnes ou partenaires. Élise, tu as besoin d’être secouée. C’est pour ça que tu reviens à la charge sur une cinglée comme moi. Tu es prête à sortir de la zone de confort.

Elle regarde sa tasse et a un doute :

  • Tu n’as pas fait ça ?

Elle se lève. Moi aussi. Je m’approche au plus près :

  • C’est ce que tu voulais. Tu t’exposes dangereusement à moi. Je te plais. Et tu m’énerves, tu es complètement à côté de la plaque mais tu me plais. Alors arrête de pleurnicher sur ton sort d’enfant lactée en décalage avec son époque. Tu veux autre chose, tu veux vivre vraiment, et tu l’as décidé au moment même où tu as franchi le seuil de la Mutinerie.

En plus elle sent bon. Je vois mieux ses yeux de près. Il y a comme un verrou à ouvrir dans son âme. Je la prends dans mes bras. Elle se raidit. Mais le philtre commence à faire son effet. Elle se détend. Elle m’enlace timidement et j’entends un soupir, comme un sanglot. Pauvre petite chose. Elle me regarde. Son regard a changé. Elle me met une main sur la joue. Et si je l’embrassais ? Mais c’est elle qui ose. Je lui remets son bonnet, je prends mes affaires et on s’en va, main dans la main.

  • LN ? On va où ?
  • J’ai une petite suite au Palace.

Elle s’accroche à moi.

Elle est toute douce, toute tendre, un vrai petit bonbon. Je lui donne du plaisir, beaucoup de plaisir, et elle s’endort. Elle a du Greta en elle. Sous certains angles elle lui ressemble. Son gabarit, sa neurodifférence, elle ne demandait qu’à se révéler. Je prends une douche bien chaude mais j’hésite à me rhabiller quand je la vois nue sur le lit. On dirait une scène de crime. Je la recouvre d’une couverture et je me glisse dessous avec elle. Elle se blottit contre moi et elle me caresse, elle m’embrasse, c’est reparti pour un tour. Quand je me réveille elle n’est plus là. Si. Je la vois devant un petit déjeuner assise toute seule, les cheveux en bataille, le regard dans le vide. Mais elle n’a pas l’air fâchée, c’est déjà ça. J’enfile ma nuisette et je la rejoins, je me baisse pour l’embrasser sur le front, elle me sourit, je l’embrasse sur la bouche, elle met sa main dans mes cheveux pour me retenir un baiser langoureux. Je m’installe en face d’elle et elle me garde ma main. Ce n’est plus la même Élise.

  • Bonjour jolie petite blonde. Comment te sens-tu ?
  • Nouvelle.

Même sa voix a changé. Plus douce. Moins grave. Je me lève et je m’installe à côté d’elle, cuisse contre cuisse et je lui prépare une tartine que je lui fais manger. Je luis fais plein de bisous et elle me caresse sous la table. On se badigeonne de confiture et on se lèche ensuite, on se chatouille pour se faire rire et on passe à la salle d’eau où on se mélange dans un bon bain chaud.

Thomas s’inquiète. Je ne rentre plus. Je ne donne pas de nouvelles. J’envoie un texto : « Je suis au Palace avec une copine ». C’est sa suite. J’espère qu’on va pas nous virer. Mais bon, ce n’est qu’une fille. Ça va plus l’exciter qu’autre chose. Mais elle est à moi. Élise change à vue d’œil. Elle ressemble de plus en plus à Greta, jeune. J’ai déclenché quelque-chose mais je ne sais pas quoi. Greta, elle, doit savoir. On va à la Caserne. On trouve une Greta au bout de ses forces :

  • Salut les filles, plus que 22 jours avant le démoulage, la dé-fusion ou je ne sais quoi. Élise ? C’est toi ? Qui est cette jolie brune ?
  • Greta, c’est moi, Hélène, la femme du sous-préfet.
  • Ah oui, LN. Entrez. Je prépare le thé ou bien ?
  • Non Greta, on n’est pas venues pour ça.

Elle s’assoit difficilement dans le canapé des doléances où elle écoute ses invitées. Élise me prend la main, Greta comprend tout de suite :

  • LN, tu es venue demander la main de ma fille ?
  • Greta, tu vois bien ce qui se passe. C’est la voie lactée ?
  • Il lui en a fallu du temps pour trouver le grand amour ! Quand c’est le cas mes gènes s’expriment. Tu es très belle Élise.
  • Merci maman.

Ça y est, je vais pouvoir rompre avec Thomas, m’en libérer, le libérer aussi sans doute. On laisse Greta se reposer. On rentre dans le froid. Je ne sens pas sa main chaude à travers les gants. Elle me parle :

  • Tu sais, LN, je ne suis pas Greta. Je ne suis même pas ma mère, Sandrine, l’aventurière, non. Je suis juste moi. Toi, t’es tranquille, tu n’as pas de parent célèbre.
  • Non mais je dois assumer toutes mes déviances. Même si j’ai été calme en arrivant ici. Sans doute les antennes.
  • Calme ? Jusqu’à maintenant j’espère.
  • Oui Élise, ce soir je vais te faire crier maman jusqu’à ce que tu t’évanouisses.

Et on part en fou rire.

  • C’est la plus belle promesse qu’on m’ait jamais faite.
  • Ce n’est que la première d’une longue série.
  • Tu crois que je vais survivre à ça ?
  • Survivre, c’est le bon terme.

Elle se jette dans mes bras et elle soupire.

  • Je te lâche plus. Tu crois qu’on peut vivre collées l’une à l’autre ? Une fusion charnelle.
  • Reliées par un brisim comme un cordon ombilical.
  • Oui LN, tu lis dans mes pensées. Ça y est, on devient la même personne. Ou alors on est juste un couple. Tu crois qu’il y a une limite ? On peut aller jusqu’où ?
  • Il y a plein de limite. Et désolée pour toi je les ai toujours dépassées.

Et ses cris sont étouffés par l’environnement ouaté de notre suite au Palace. Après un long entraînement, notre travail paye. On y arrive. Ensemble. Et notre univers tourne en un seul cycle : jouir, dormir et se réveiller pour reprendre des forces.

  • La troisième étape n’est pas une fin en soi, c’est plutôt un début.
  • La première, c’est le but, non ? Atteindre l’absolu.
  • Et si c’était dormir la finalité ? Le néant ?
  • Tu veux dire que tu veux zapper l’étape absolue ?
  • Je ne sais pas si on va y arriver à nouveau un jour.

Et on se rapproche tout en douceur, tout en tendresse, dans la chaleur de nos caresses. Il s’agit maintenant de faire durer le plaisir avant de s’évanouir.

*

On refait surface. On se lave, on s’habille. Élise annonce le programme :

  • Maintenant je voudrais te présenter à ma vraie mère.
  • Elle est importante aussi. Tes mères sont avec des partenaires importants. Et toi tu n’as que moi à leur montrer. Je ne suis qu’une pauvre petite terrienne ordinaire.
  • Oui on va être heureuses et tranquilles, sans rien avoir à prouver. Comme dirait Énola, nous ne sommes personnes et nous n’avons pas de destin. C’est le grand message de la B4. On est en phase avec notre époque.

Sandrine adore les endroits sombres. Ça lui rappelle sa station. On la retrouve au fond de la Mutinerie :

  • J’ai réussi à échapper à Alice. Alors, vous vous êtes rencontrées comment ?
  • Ici, soirée speed dating.
  • Ça fonctionne ce genre de truc ?
  • Non, c’était une catastrophe. Ensuite on a fait un slow dating.

On se s’est jamais rencontrées sur Terre. Sandrine raconte :

  • J’étais sur le terrain, LN tu étais au château en Bretagne.
  • On est restés à Dijon le plus longtemps possible avant d’évacuer.

On nous sert une sorte de Kir Royal, spécialité de la maison. Justement, Sandrine nous propose une maison dans le quartier résidentiel du centre. Ce n’est pas notre stratégie d’être à cet endroit exposé mais on ne dit pas non tout de suite, par politesse.

En rentrant au Palace on passe la voir. Petite et discrète, elle nous plaît bien. On repassera demain pour la revoir en plein jour.

On rentre au Palace en riant, l’alcool fait son effet. Et on est soulagées et heureuses.

  • Élise, demain je démissionne de mes fonctions. Ou plutôt je demanderai un congé et je n’y retournerai plus. À partir de maintenant, je me consacre entièrement à toi, tu es ma priorité, tu n’es plus une option annexe.
  • Bonne idée. Moi aussi. On est plusieurs sur les mêmes postes aux Boutiques. Ça ne se verra même pas que je ne suis plus là.

Mais quand on déclare nos compétences dans les fiches des nouveaux résidents du quartier central, Rachel nous réclame tout de suite :

  • Les filles, la ville a besoin de vous.

La Mairie commence à devenir une grosse institution où chacun y a sa place. On a l’impression de s’engager.

  • Vous verrez, on se sent tellement utiles qu’on s’investit beaucoup. C’est addictif. Il y a une dynamique et vous n’êtes pas des employés, vous êtes des agents municipaux.

Sylvania a sa propre police et d’autres administrations qui doivent être reconnaissables. Élise doit inventer les uniformes pour chacune en mettant à contribution les Boutiques du sud de la ville.

  • Je vais aussi demander à l’école des Arts de l’Ouest avec une nouvelle formation appliquée.

Et moi je m’occupe de remplacer tout le mobilier. Il faut que je trouve une identité stylistique au lieu et à la fonction.

Voilà comment changer de vie en une journée.

*

Valentin, mon fils, et sa compagne Sandy. On a réussi à les faire sortir du Village. Ils découvrent Sylvania. Ils sont premiers invités dans notre maison. Élise et Sandy sont fascinées l’une par l’autre. Leurs mère sont des doubles. Elles se trouvent plein de points communs. Pendant qu’elles sont occupées à discuter dans le salon, Valentin vient m’aider à ranger en cuisine. À l’abri des regards, il me fait un gros câlin. Mon bébé. Pendant ce temps, on dirait que Sandy est en train d’hypnotiser Élise. J’entraîne Valentin dans le cellier et je ferme le verrou.

Quand ils partent, Élise m’avoue :

  • Elle m’a embrassée.

Je la regarde dans les yeux.

  • Pourtant tu n’es pas sous philtre.
  • Pas besoin, on est… magnétiques. Et toi, pendant ce temps, qu’est ce que tu faisais dans la cuisine avec Valentin ?
  • De la déviance.
  • Ça te fait de l’effet, tu es toute rouge, et lui aussi l’était. Vous avez dû y aller fort. Tu sais, je me suis sentie en famille avec Sandy. On devrait les voir plus souvent. En plus ils nous ont invités au Village. Un coup là-bas, un coup ici, ça serait pas mal, tous ensemble, si tu vois ce que je veux dire.

Et elle me met sa main dans ma culotte. Elle cherche profond, je ferme les yeux et j’ouvre la bouche pour mieux respirer et alors que je commence à en profiter elle la retire. Quand j’ouvre les yeux elle a les doigts dans sa bouche.

  • Il a bon goût. Je t’aime LN, tout entière que tu es. On est un couple. Tu es ma compagne. On est partenaires. Je veux tout partager avec toi. Elle est au courant, Sandy. Il lui a dit. Elle m’a embrassée pour détourner mon attention. Elle veut son bonheur à lui. Lui veut le tien. Moi, je veux le tien aussi. C’est toi le centre de tout ça, LN. Toi tu veux quoi ?
  • Je ne sais pas Élise. Je ne sais même pas ce que je ne veux pas. Sandy et toi, vous me laisser dévier. Pourquoi ?
  • Par Amour. Elle pour lui. Lui pour toi. Moi pour toi. Tu m’excites. Tu nous excites. Alors maintenant tu va sur le lit, tu écartes les jambes et je vais venir nettoyer tout ça avec ma bouche en te pétrissant les seins et en enfonçant mes doigts partout.

Je m’exécute. Et elle m’aspire, Sa main droite me caresse entre mes fesses, sa main gauche va de mes seins à ma bouche, la sienne est en moi et une décharge de bonheur a raison de ma conscience.

*

Le jour se lève sur notre lit, on est bien au chaud dans les bras l’une de l’autre et l’on se réveille doucement. Je repense à tout ce qu’elle m’a dit hier soir après la visite de Valentin et Sandy :

  • Tu as vraiment l’esprit ouvert, mon Élise d’amour.
  • J’en ai vu d’autres, je ne suis pas née d’hier. Et je t’aime. Si tu me demandes de t’aider à faire disparaître quelqu’un, je n’hésiterai pas une seconde. Mais quand on voit que même le dictateur suprême condamné à mort est revenu, je ne garantis pas le résultat. Toi qui est une vraie terrienne, tu as déjà été confronté à ça ?
  • À la mort, bien-sûr, c’était la fin du monde, je te rappelle.
  • Non, pas à la mort, au meurtre.
  • Je connais une meurtrière, oui. Elle en a liquidé plein. C’était même commandité par la Police. Non, la Gendarmerie plus précisément, une sorte de police militaire. Elle ne s’est jamais faite prendre parce que son arme, c’était un pouvoir de l’Invisible, et officiellement, ça n’existait pas. Pas d’arme officielle. Pas de crime. Le crime parfait.
  • Et alors, elle est venue sur la planète C aussi ?
  • Oui, c’est la fille d’Aline, Noëlle. Elle faisait ça avec Florence Albertini qui venue aussi, faire la Police au Village. On a là deux grande serial killeuses intersidérales.
  • Bon, on ne fait pas grand-chose de mal alors.
  • On ?
  • Oui, je suis complice, je n’ai pas dénoncé ta déviance.
  • Il faut rester prudentes et discrètes. Les règles du jeu peuvent vite changer avec de nouveaux systèmes de valeur. Ça ne va pas tout le temps dans le sens du progrès. Le jour ou c’est interdit, je purgerai ma peine. En attendant, pas vue, pas prise.
  • Je t’ai vue.
  • Alors prends-moi.

Et on se caresse pour réveiller nos corps, en attendant que ça aussi soit condamnable. On a l’éternité devant nous. Alors si il y a un risque que ça se produise, c’est que ça se produira un jour. En attendant, je secoue mon visage entre ses cuisses et je savoure mon crime en hors-la-loi à venir.

*

  • Sandy ? Qu’est ce qui se passe ?
  • J’ai suivi Valentin. Il est dans ta suite au Palace. Avec Élise.
  • Quoi ?
  • Valentin ne peut pas résister aux petites blondes terriennes. Il sait être très persuasif. Mais en général, ça n’aboutit pas. Je ne peux pas lui donner cet amour bestial, je ne suis qu’une locale. Et Élise, à quoi elle joue ?
  • C’est pas toi qui l’a embrassée sur le canapé ?
  • Si, mais apparemment ça n’a pas été très efficace.
  • Je ne connais pas les détails de son comportement sexuel passé, mais quoi qu’il en soit, depuis qu’elle est avec moi, elle change. Tout le Greta qui était en elle ressort. Elle vient à peine d’arriver dans ma vie et je sens qu’elle me glisse entre les doigts. Et toi ? Comment tu vis ta clonitude ?
  • Je fais tout pour y échapper, me construire une identité. C’est pour ça que je l’ai embrassée, pour voir, c’est la fille du double de ma mère clone. Je ne pensais pas que ça allait provoquer ça.
  • Ne culpabilise pas, c’est moi qui ne sait pas tenir mon Élise. Tu sais, elle m’a même proposé qu’on fasse ça tous les quatre ensemble. Je n’ai pas dit non.
  • Même pas à cause de moi ?
  • Surtout grâce à toi. Je n’ai jamais eu d’expérience locale.
  • Tu n’a rien loupé, les terriennes trouvent ça un peu fade, c’est pour ça que les brisims existent. Tout est pareil sauf pour devant. Tu veux que je te montre ?
  • Pourquoi pas, au moins ils ne seront pas les seuls à s’amuser.

Elle se retourne pour aller fermer la porte de mon bureau et elle ferme les stores. Elle s’installe sur le canapé. Je m’approche. Elle soulève sa jupe, baisse sa culotte et me mets ma tête sur son ventre, pour que je vois bien.

  • Ce qui nous fait le plus d’effet, c’est de lécher les bords intérieurs.

Je suis ses instructions.

  • Tu peux aussi essayer d’y rentrer la langue.

Elle a un goût acidulé.

  • Mais on préfère le doigt. Non, pas ce doigt là, le but n’est pas d’aller au fond. Pas l’index non plus. Mets le plus gros, le pouce, et tourne et secoue le en rond.

Elle se cambre.

  • Oui, voilà, plus fort, plus vite.

Finalement c’est presque bestial aussi. Je me touche en même temps. Elle prend le relais. Et on gémit, visage contre visage, on se regarde droit dans les yeux, je respire l’air qu’elle expire, on ralentit, on ferme les yeux, je sens ses lèvres sur les miennes. Ce n’est plus une démonstration, ce n’est plus une initiation, on sent la passion monter. Et au moment où je pensais que c’était fini, ça ne faisait que commencer, car elle sort un brisim, elle le met en position hybride et elle nous connecte tout doucement. Chaque centimètre est pour moi comme une révélation de plaisir, c’est tellement puissant, et une fois en place, elle appuie sur un bouton et on se connecte. Tout un nouveau monde de sensations irrésistibles apparaît. J’en suis sûre maintenant. Dieu existe. Et cet outil en est l’ambassadeur.

*

Et elle est repartie. Je ne sais même pas si je suis en état de rentrer toute seule. Et dire que j’ai découvert tout ça sur mon lieu de travail d’agente municipale à la Mairie... Voilà à quoi sera associée cette première fois avec une locale et son brisim. Je passe au moins une heure dans les toilettes de la Mairie à me remettre en condition avant de rentrer à la maison où je trouve Élise en train de faire de la pâtisserie, en toute innocence. Au lieu de lui avouer que je sais tout et de lui dire ce que j’ai fait avec sa sœur sidérale, je la prends dans mes bras et je l’embrasse. Je n’ai aucun reproche à lui faire. Je la prends comme elle est. Je la regarde et j’essaie de déceler du négatif dans son regard ou ses mouvements mais rien. Elle n’est qu’un ange qui m’aime. Elle m’aime tout entière et Valentin avec ? C’est peut-être ça...

  • Tu es un ange, Élise. Mon ange.
  • Et toi tu es ma sorcière. La brune et la blonde. Chacun son rôle. Ça me donne une idée : je vais faire des biscuits foncés en ton honneur.

J’ai bien de la chance de l’avoir. Mais elle ne m’appartient pas. Ne rien attendre d’elle et je ne serai jamais déçue. Au contraire, elle me donnera tout. Sur la table une pile de courrier traîne. Des invitations pour se faire un réseau dans le quartier. Un enveloppe ressort du lot. Elle brille. J’ouvre, c’est Greta, elle nous invite à Noël, à la Caserne, juste avant la Messe à la Basilique. Ça sent le destin. Heureusement, on a aucun potentiel d’héroïne biblique Élise et moi. Sauf que, Énola disait la même chose. En attendant, j’ai plein d’idées de cadeaux.

  • Élise, on rentre dans le cercle d’influence. L’éternité ne sera pas tranquille. On va passer Noël avec Greta.
  • C’est quoi Noël ?
  • Une fête terrienne païenne récupérée par la religion ou plutôt une fête de famille.
  • Bienvenue dans la famille, LN.

Et elle m’embrasse avant de me faire goûter la pâte foncée pour le biscuit en mon honneur. Je sens qu’elle va aussi honorer mon biscuit ce soir. Il faut que je retrouve un peu d’énergie pour en être digne. Je goûte donc aux cookies déjà prêts, blonds comme mon angélise.

*

Je vais voir Marielle pour faire le point, envisager l’avenir, il faut que j’aie tous les éléments. Mais elle n’est pas seule. Le professeur Bang est venu la consulter aussi.

  • Salut Hélène, ça faisait longtemps.
  • Professeur. Tu viens aussi consulter ?
  • Très drôle. Tu crois que je peux devenir une femme ?

Il me fait rire, qu’il est con.

  • Big, LN, laissez-moi tranquille, allez voir Hilde.

Elle a raison, on s’excuse et on la laisse. Direction la Caserne avec le gros barbu.

  • Tu perds tes cheveux Big. Tu pourrais faire un effort. Comme Gaby accepte ça ?
  • Elle adore les gros dégueulasses.

C’est dur de ne pas rire. Il est tordant.

  • C’est vrai que t’es pas si mal comme ça, tu commences à me plaire.
  • Je suis irrésistible.
  • Qu’est ce que tu lui voulais à Marielle ?
  • À Lisa. Elle m’a enseigné la génétique. J’en avais besoin pour les antennes. Ça m’a permis de comprendre cette histoire de gémellité mixte programmée. La même version de deux genre. Maintenant il y a les iel au programme. Mais tu vois les antennes exploitent des failles comportementales. Et les accepte et efface les conséquences néfastes. C’est le même processus pour l’immortalité. Un problème ? On corrige. Willem et Aline : on corrige. C’est dingue non ?
  • J’étais une faille comportementale sur Terre. Avec un iel.
  • Mais oui, tu es un super sujet d’étude.
  • Justement je venais voir Marielle pour ça. Je suis avec une fille, Élise, elle est encore autre chose. Avant moi elle n’était qu’une sorte de clone provoqué par la voie lactée de Greta. Depuis moi, elle se transforme en Greta.
  • Passionnant.
  • Et Élise fricote avec sa sœur sidérale, l’enfant du double de sa mère, Sandy.
  • Génial.
  • Sandy qui est un clone aussi de sa mère, Cendrine.
  • Tu as ta réponse LN. C’est pas toi qui a transformé Élise en Greta. C’est Sandy.
  • Et Élise me trompe en cachette avec mon fils, Valentin, qui est avec Sandy.
  • C’est tout ?
  • Bien-sûr que non. Je suis déviante depuis toujours mais pas qu’avec mon frère iel, Fred. Valentin est le vrai dernier garçon né sur Terre. Comme il allait être beaucoup sollicité, je lui ai fait son… éducation.
  • Seigneur Dieu.
  • Et on ne s’est jamais vraiment arrêté.
  • Stop ! C’est fini ?
  • Non, ça commence. Je crois qu’on va finir par être un couple à quatre.
  • Ça me rappelle Gabrielle et son Nathan. Il y aurait pu avoir le même schéma si ils étaient restés avec Alice et Sandrine. Quel bordel. C’est un schéma qui se répète. Mais on va où là ?
  • Tu es rudement bien renseigné Big.
  • J’ai mes sources et je fais des recherches.
  • Et ça te donne envie de trouver quoi ? C’est comme lire la B4, on y trouve toutes les réponses à nos question.

Il s’arrête.

  • Merde, encore un axe de recherche. Une liaison avec l’Invisible.
  • Du coup, je ne pense pas que Hilde puisse m’aider en quoi que ce soit.
  • Moi non plus.
  • C’est sympa de discuter avec toi, Big. Amuse toi bien avec tes énigmes mystérieuses.
  • Hop hop ! Regarde, le Rototo est tout vert.

Il parle du restaurant dégueulasse et rapide, il passe en vert quand il est prêt à accueillir des clients audacieux. Et on se retrouve à table à manger des trucs gras dégoulinants en riant au lieu de discuter sérieusement. Il est vraiment cool, Big.

  • Tu sais, Big, j’ai des flash dans ma tête. Je me vois bien en train de te chevaucher, mon petit corps sur ton gros ventre poilu. Et tu me prendrais les seins juste avec deux doigts.
  • Ça me le fait tout le temps avec les petites comme toi. Je ne suis pas psy mais ça doit être l’image du père, et comme tu es déviante.
  • Mon vrai père était un gros dégueulasse aussi. Ma mère fricotait avec son cousin. Je l’ai découvert sur le tard, je devais avoir 20 ans. Voilà le résultat. C’est là que j’ai commencé aussi à jouer, avec mon vrai demi-frère trans.
  • Et ton faux père ?
  • L’officiel ? C’était le père du trans. J’ai peut-être eu de la chance, ça aurait pu être pire. Big ? Tu peux me rendre un service ? On voit bien qu’on n’est plus dans un monde où on garde nos fantasme, ici c’est pour l’éternité alors il faut s’en débarrasser. S’en libérer. Fini ton truc et suis-moi.
  • Il avale le reste de son sandwich d’un coup et vide son grand gobelet qui déborde, c’est immonde et ça m’excite.

On est à deux rues du Palace. Il me protège du froid et de la pluie sous son grand manteau. Je lui propose la petite entrée des artistes mais il opte pour la grande :

  • De toutes façons Gaby me fait sans doute suivre.
  • Elle va te tuer.
  • Sauf si je la débarrasse d’un de ses nombreux fantasmes.

Ni d’une, ni de deux, on est tous nus sur le lit. Mais il faut réveiller la bête. Alors je me frotte à elle de tout mon corps en l’humidifiant avec ma bouche et avant que la pression ne soit trop dure je la rentre déjà pour la sentir grossir en moi à chaque secousse.

  • Pince-moi les seins professeur !

Et il râle déjà. Je m’étends sur son torse et j’écoute son cœur battre. On attend un peu et on recommence. À chaque fois c’est plus long, c’est plus bon. C’est encore mieux que ce que j’imaginais. On fini en sueur, essoufflés. C’était le septième round.

  • Je suis vidé.
  • Je pense déjà à une autre position, pour la prochaine fois.

Et on s’endort. Une courte sieste avant de reprendre nos esprits, se laver, s’habiller et rentrer chez nous. Sans même un petit bisou.

On se recroise à la Mairie le lendemain matin. Il est venu apporter un dossier de demande de local technique pour un laboratoire.

  • C’est bizarre, je te trouve plus jolie qu’hier.
  • Pourtant je suis la même. Mais souviens-toi sur Terre j’avais les oreilles décollées et j’étais pratiquement plate. Merci les antennes et la chirurgie esthétique. C’était presque un coup de foudre nous deux hier, ça a été rapide.
  • Tu as déjà eu un coup de foudre ?
  • Oui, avec mon mari, Thomas, le sous-préfet. Ça a été instantané, sans philtre. Je ne sais pas ce qui s’est passé…
  • Il était peut-être de ta famille ?
  • Ça expliquerait bien des choses mais j’ai vérifié, jusqu’à son grand-père. Mais maintenant que j’y pense, c’était le fameux papy d’Aline, elle m’avait raconté. Ils sont fait des trucs ensemble, elle n’avait que 20 ans à l’époque, même. Thomas a dû hériter du gène papy. Et pour toi alors ? C’est quoi l’explication ?
  • On n’a pas eu de coup de foudre. Tu n’a pas été déviante. C’était juste comme ça.
  • Mais c’est pas fini, si ? Parce que le local d’impressions ferme à clef. Et je suis en jupe. Et je n’ai même pas mis de culotte. J’ai juste à me cambrer pour que tu me prennes par derrière. Tout debout. Ni vu ni connu...

Je n’ai pas fini mon argumentation mais il me prend par la main et on se retrouve dans le local où je m’appuie sur le copieur. Il se met derrière moi et soulève doucement ma jupe pour découvrir la forme parfaite de mes fesses. Quelques instants plus tard je m’accroche partout où je peux car mes pieds ne touchent plus le sol quand il me soulève à chaque secousse. Quand on ressort de là je suis toute rouge et lui a le regard dans le vide. On part chacun de notre côté, sans même un petit bisou. Quelque chose coule le long de ma jambe. Tout mon corps crépite encore de plaisir. Je le sens encore en moi quand je m’assoit à mon bureau, les mains à plat devant moi sur les parafeurs.

Et puis je rentre à la maison retrouver mon angélise. Qu’est ce qu’elle a bien pu faire de son côté aujourd’hui ? On s’en fiche, on est heureuses et on s’aime.

*

Je m’ennuie un peu au bureau. Tout est prêt, tout est fait et maintenant ? Toc toc :

  • Tu veux voir mon nouveau labo ?
  • Tu as déjà le local ?
  • Vous êtes trop rapides à la Mairie.
  • Ha, Ha…

J’ai à peine le temps de m’imprégner des lieux pour un meilleur aménagement des machines qu’il m’entraîne vers une cabine où il y a un lit avec des capteurs tout autour.

  • Ça enregistre ?

Il fait froid, je n’enlève que le bas. Lui aussi. Et puis on se chauffe. Et j’enlève le haut. Lui aussi. Je me mets sur le dos, je lève les jambes et je les écartes. Round 1. On se regarde, puis il détourne les yeux. Je mets mes mains sur son visage pour l’orienter à nouveau sur mon regard. Jusqu’au bout. Où il ferme les yeux.

  • Ne garde pas ton plaisir pour toi.

Il se retire et il s’assoit sur le lit. Je lui fais plein de câlins.

  • Qu’est ce qui se passe professeur ?
  • Je crois que tu me plais, vraiment.
  • Alors reprend toi et fais moi un round 2. Je veux m’entendre crier.
  • Tu es vraiment trop LN.

Et il m’embrasse sur la joue. Je mets la main dessus et je lui dis, toute émue :

  • Ton premier bisou. Il était temps.

Et il me donne un coup d’épaule affectif. Je m’enlace à lui et je lui fais un gros poutou dans le cou. On se rhabille. Fini les galipettes. On se met au travail et on réfléchit à l’aménagement des lieux. Une fois que c’est fini, je ferme mon parapheur et je lui dis :

  • Ce n’était pas une belle histoire. Et tu ne m’as pas satisfaite. Je veux ta main gauche entre mes fesses et ta main droite entre mes cuisses.

Il m’obéit et il frotte jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Et là, il enfonce ses doigts. Je me retiens de ne pas le mordre et le griffer et puis je dégouline dans ses bras, assouvie, haletante, je le regarde, il ne rigole plus du tout, ce n’est plus un jeu. Alors je m’approche et je lui fais un tendre baiser sur la bouche. Ça pique.

*

On arrête pas de se faire mal avec Élise. Ce sont les séquelles de nos ébats chacune de notre côté.

  • Il faut aller consulter, j’ai mal partout et toi aussi.

Hilde tient à nous recevoir séparément et pas au même moment. Je crois que Élise s’est faite mal au dos. Il a du y aller à fond le petit.

  • Et toi ?
  • Je crois qu’on m’a pincé la poitrine un peu trop fort.

Mais elle regarde tout sauf ça. Je suis tâtée de partout. Et puis elle vérifie aux instruments. Ce n’est jamais bon quand elle va aussi loin. Et même une petite prise de sang qu’elle met dans ses machines.

  • Mince, j’ai dû me planter. On dirait mon code. L’analyse génétique déconne. C’est n’importe quoi ces machines. Bref, on laisse tomber. Sinon, avec Élise, vous restez connectées longtemps ? Avec le brisim.
  • Ben ne fait, il faut que je t’avoue, c’est Sandy qui m’a montré. Hilde, tu cherches quoi ?
  • Je peux te prendre une goûte de sang ?
  • C’est un test de grossesse ? Merde. C’est un test de grossesse.
  • Oui mais j’ai un bug sur le code génétique. Il faut que je réinitialise.
  • Non Hilde. J’ai compris. C’est bien ton code.
  • Quoi ? Mais qu’est ce que tu racontes ? Non ! Tobias ?
  • Non, Hilde. C’est Big.
  • Papa ? N’importe quoi. Toi et papa ? Laisse tomber.

Mais elle vérifie et ça matche.

  • Alors, c’est une petite sœur ou un petit frère ?
  • C’est la nouvelle génération, c’est tous des iel.

*

Après Valentin, avec Thomas ça n’avait plus rien donné sur Terre pendant la 6EM, on était tous devenus infertiles. Arrivés sur la planète C, pareil. Pour moi j’étais stérile, alors en passant d’un terrien à un autre, je n’ai pas pris mes précautions. J’aurais dû me méfier car Big a eu des enfants, mais avec une locale. Comment vais-je lui annoncer ?

On se revoit au Palace où on s’entreprend doucement en 69. Mais quand il veut passer aux choses sérieuses et qu’il y va un peu fort je fais une drôle de tête alors :

  • Je te fais mal ?
  • Non, j’ai juste un peur peur.
  • Pourquoi ?
  • Pour le bébé.

Il se retire et attend des explications. Alors je précise :

  • J’étais stérile depuis Valentin. Je n’ai pas pris mes précautions et voilà.
  • Et ?
  • J’ai décidé de le garder.
  • Il est tout seul ?
  • C’est un iel. C’est chouette, non ?
  • Je ne comprends pas. Je devrais m’énerver, te convaincre de le faire passer ou autre mais en fait je suis heureux pour toi.
  • Pour nous. C’est aussi ton iel.
  • C’est tout comme tu veux. Maintenant je comprends. Tu as révélé Élise et maintenant tu es en éclosion, tout vient de toi et tu arrives même à m’amadouer. C’est tes pouvoirs de l’Invisible.

Mais je ne l’écoute plus. Je me tortille sur lui pour lui donner du plaisir. Élise va sûrement moins bien le prendre. Sauf que :

  • Je suis enceinte aussi. Et je ne sais pas pourquoi mais ça me convient.

Big a raison. Elle n’est plus la même. Je suis donc la mère de mon iel et la grand-mère de celui d’Élise. Je sens même qu’ils vont bien s’amuser ensemble au temps de la B5. Big à raison. Je suis connectée à l’Invisible.

*

Je termine d’organiser la semaine prochaine lorsque je sens une menace au loin. On frappe à ma porte. Je regarde mon tiroir. Il faut que j’aie une arme dedans, prête à tirer, pour la prochaine fois.

  • Entrez !

La porte s’ouvre et une petite tête brune apparaît avec un sourire. Gaby ?

  • Bonjour Hélène.

Je pose mon crayon. Je suis cernée. Je me lève pour me rendre. Elle s’approche de moi pour me faire la bise.

  • Bonjour Gaby. Je suis désolée.
  • Il ne faut pas. Il est irrésistible. Je ne pouvais pas l’avoir pour moi toute seule pour l’éternité.
  • Il est à toi, pour toujours. Moi j’ai Élise.
  • Je sais. Comment ça va ?

Je mets ma main droite sur mon ventre.

  • Ça va bien. C’est pas pour demain. Je suis partie sur une gestation lente et naturelle, comme une bonne terrienne, tant qu’il en reste, même si c’est un iel. En fait, je ne me voyais pas avec une fille ou un garçon, pour moi un non genré est …

Mais je vois qu’elle s’en fiche.

  • Vous lisez dans mes pensées.
  • C’est pas vraiment une expression adaptée mais ça correspond à ça, oui.
  • Je vais te les préciser. Je veux juste une chose. Qu’il rentre tous les soirs. On est une famille. Je veux qu’on reste une famille. Je le veux tous les soirs dans mon lit. Il est à moi. Peu importe ce qu’il fait dans la journée. Et puis aussi, je voulais te remercier car il est beaucoup plus … performant depuis que vous êtes… ensemble.

Et elle me prend dans ses bras et m’embrasse sur la joue.

  • À bientôt LN. Porte-toi bien.

Elle met une main sur mon ventre et précise :

  • Portez-vous bien.

Alors qu’elle relâche la pression pour l’enlever, je prends sa main pour la maintenir :

  • Merci Gaby.

Et je la serre dans mes bras, timidement, mais elle me rend mon câlin. Elle sent bon. Quand on relâche notre étreinte nos joues se frôlent et elle me regarde bizarre.

  • LN, tu as beaucoup d’amour en toi.
  • Ah bon ?

Elle sourie. Elle me caresse la joue du dos de sa main. Elle a les larmes aux yeux. Elle se retourne pour partir. Nos mains se frôlent, elle me regarde par dessus son épaule. Mais la porte de mon bureau qui était restée entrouverte, se referme. Elle s’arrête. Je m’approche de son dos immobile et l’ose la prendre par la taille. Elle pose ses mains sur les miennes. Elle donne un coup de tête pour dégager sa nuque et je plonge mon visage dans son cou. Elle sent si bon. C’est sûrement une technique de séduction d’agent de renseignement. Mais je la déstabilise, elle se tend quand ses pieds commencent à ne plus toucher le sol. On s’élève dans les airs. Je lui lèche la nuque et une de mes mains se sauve pour passer sous sa jupe et sous sa culotte. Je masse un peu son bas ventre avant d’y rentrer un doigt. Elle se cambre et on redescend doucement au sol. Elle reprend ses esprits et la porte s’ouvre. Elle part, sans même oser se retourner pour me regarder. Elle ferme la porte derrière elle. Le spectacle est terminé.

*

  • Gaby est venue me voir, elle a mis les choses au clair et on s’est envoyées en l’air.
  • Oui, elle m’a raconté. Tu l’as beaucoup impressionnée. Elle a compris que tu rayonnes d’amour et je lui ai expliqué que sur Terre, l’Amour est une illusion, une folie, alors qu’ici c’est une réalité. Et il y a des gens comme toi et comme Greta qui propagent l’amour comme sur Terre on propageait la haine. Et je lui ai expliqué l’Invisible. C’est une force tellurique qui s’est libérée d’une planète mourante. On l’a amené ici où la force tellurique locale, c’est plutôt les antennes. Le jour où l’Invisible rentre dans le code des antennes, on ne sera plus qu’amour. Ça a peut-être déjà commencé. C’est dans ces moments là que mon collègue géologue me manque. Il est resté sur Terre pour assister au grand spectacle de l’inversion des pôles. Et il est mort. LN, tu es la clef de tout ça.

Et je bouge un peu pour ramener son plaisir. Il est en moi. Je suis couchée sur lui. Et on fait ça tout doucement. Mais il est tard. Il va bientôt faire nuit. Alors je me relève et je joue la cavalière qui passe les sauts d’obstacle pour franchir la ligne d’arrivée. Et une fois qu’il a jailli en moi, je me penche à nouveau pour lui murmurer à l’oreille :

  • Je suis ta petite mort, je suis ta petite, je suis...

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