Flo-R&J

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Je navigue en schizophrénie entre ma Law House du Village et la Mairie de Sylvania. Je devrais peut-être m’accorder une seconde chance comme je viens de le faire à Alice. Repartir à zéro. Mais repartir à quel zéro ? Je ne vais tout de même pas remonter jusqu’à Noëlle ! Je m’appelle Florence Albertini et je suis une force de l’ordre qui surveille les forces des Ordres, entre autres. Je surveille aussi Dana, elle s’est trouvée et je l’ai perdue. Je vais devoir y renoncer. Même si je l’aime, pour toujours. On a été heureuses ensemble. Mais le bonheur n’est pas éternel. Je suis sortie de mes pensées par une ombre qui a jeté un œil dans mon bureau. C’est Big, il voulait voir si j’étais là. Il entre et ferme la porte derrière lui comme si il était poursuivi.

  • Ça y est, j’ai l’explication, pour la fusion. Plus besoin de faire le B.B.I. pour faire de la recherche dans ce domaine.
  • Quoi ?
  • Les forces telluriques. Mais ce n’est pas lié aux antennes.
  • Quoi ? Non en fait, pas quoi. Je ne veux pas le savoir. Mon travail c’est de gérer les problèmes de sécurité, pas d’empêcher ou de comprendre les événements qui pourraient éventuellement être un problème de sécurité. Ce n’est pas le bon service. Va voir les illuminés du Vatican 4, ils ont des prédicateurs ou je ne sais quoi. Et rouvre la porte s’il te plaît, je ne veux pas d’ennuis avec Gaby, on connaît ta réputation.
  • Ce sont elles qui se jettent sur moi. J’ai trop de charme. Je suis irrésistible. Tu as l’air tendue ?
  • Ta copine Greta vient de me piquer Dana. Ce ne serait pas arrivé si tu l’avais secouée de temps en temps.
  • C’est sûr, elle serait rassasiée pour un siècle ou deux avec moi.

Il rouvre la porte et disparaît. Mais je connais Big. Il est venu attirer mon attention. Il doit y avoir un risque de sécurité important avec le Big Bang Institute. Je ne vais pas valider son installation à Sylvania. Il y a de la place à l’Est, dans les montagnes, dans un ancien laboratoire de physique expérimentale. Je vais proposer ça à la place. Il m’en avait déjà parlé. Ça serait plus simple si il me parlait normalement. Ou alors il me teste ? Ou alors Gaby déteint trop sur lui. Et j’en ai marre de me poser des questions à la con. À la Law House du Village, tout est plus simple qu’ici en ville. Je reçois un rapport. La fusion est un artefact provoqué par l’extinction de la planète Terre. Dans certaines grandes éruptions, il s’est passé des choses similaires. Les forces telluriques. Celles sur lesquelles s’appuient la technologie des antennes. Qui n’existent pas. Elles sont symboliques. Les ondes viennent du noyau de la planète C. Elles ont été activées par un laser depuis l’espace. Cette même technologie avait été utilisée quand les marsiens sont arrivés sur Terre mais avec un succès mitigé, la Terre était trop grande. Bref, je ferme le rapport. Ce sera mieux raconté dans la B4, je suppose. On ne saura jamais comment traiter la fusion, comme un danger ou comme une bénédiction. Big veut que j’enquête. Ce sera ma dernière enquête. Ensuite je passe la main. Et je me trouve un destin. Je retourne au Village, à la Law House. J’enfile mon uniforme, je prends mon arme, je vérifie qu’elle est chargée. Je mets les gris-gris que Noëlle m’a donné pour me protéger de l’Invisible, un bracelet, un collier et une boucle d’oreille. Je demande à la jeune apprenti de m’amener chez Émilie. Une petite brune débrouillarde et efficace. On monte dans un gros véhicule à roues, elle prends la radio :

  • Régulateur de unité 1. On va au point zéro. Prévenez-les de notre arrivée.
  • Tu assures toujours autant.
  • Ouais, cheffe. En plus j’ai lu dans la B3, c’est ma fête aujourd’hui.
  • Vraiment ? C’est bon signe.

On arrive. Romélie se gare dans l’autre sens, prête à repartir. Elle sort son arme et enlève le chargeur pour en mettre un autre.

  • Des balles en argent. Je suis là pour vous protéger.

La relève est prête. On descend du véhicule et on se présente à la porte. Émilie nous ouvre.

  • On vient voir Vivien.

Elle nous fait entrer. Émilie propose à Romélie un thé et elles me laissent seule avec lui. Il est debout dans le salon et il attend.

  • Vivien, je suis aussi chargée de la sécurité de l’Humanité. Alors je dois te poser une question : est-ce qu’elle est en danger ?
  • Non, la situation est stable. Mais je n’y suis pour rien. C’est le réseau C qui dirige tout.

Bon. Ça me va. L’enquête est finie. Le Réseau C, c’est pas mon domaine. Je recule en lui faisant toujours face et je rejoins Romélie dans la cuisine. Elle ne se risque pas à boire son thé.

  • Merci madame le maire. On a fini.

Et on rentre.

  • Ils sont flippants, hein ?
  • Ils sont flippés. Ils reviennent de loin.
  • Toi aussi.

Et je me mets à rire. De sa remarque, de son assurance, de son tutoiement.

  • Ouais, tu as raison. En fait, les balles en argent c’était pour moi.
  • Aussi.

Et on éclate de rire. Elle est vraiment prête. Je peux partir tranquille. Mais où ?

*

À la Law House je me déséquipe. Je ferme le vestiaire. Je range mon arme à l’armurerie. Et à mon bureau j’imprime les dossiers en cours et je fais une pile en plaçant les plus urgents au dessus. J’ai l’air de partir en vacances mais je ne sais pas quand ni si je reviendrai. Je vais dire au revoir à Romélie. Il y a de la musique dans son bureau et elle joue aux fléchettes. Je la surprends. Elle se prépare à se faire réprimander mais je m’approche d’elle, tout près, et je lui fais la bise.

  • Je te laisse la boutique.

Et avant de sortir je me retourne pour lui dire :

  • À bientôt.

Je prends ma navette et je file à l’Ouest. J’atterris à Westech. Je vais voir Big à son labo. Il n’est pas là. Son profil n’est pas à jour. On est samedi. Il y a le dernier cours de l’après-midi. Alors je le cherche jusqu’aux amphis. J’entends sa voix. Alors j’attends. Je me pose sur un canapé et je prends un magasine sur la table. Western Technologies. N° 1286. C’est illisible. Il n’y a que des formules, des tableaux et du texte incompréhensible. Ce ne sont même pas des phrases. Il y a juste l’édito du début que j’essaie de comprendre. En anglais. C’est très négatif. Ça parle de fin du monde ? Dans l’ours, il y a un indice. Ce sont les élèves qui se relaient pour l’édito. Là il s’agit d’un Y.E. - C4 / Roméo. Quoi ? Encore ? C’est un signe. C’est aussi sa fête aujourd’hui. Finalement tout le monde sort alors je descends voir Big qui range ses affaires.

  • Tu fais cours même le samedi ?
  • C’est le sixième cycle. Demain, je donne un cours aux C7, mais ce sera sur la plage.
  • Big, je viens de dire, beau travail. Tu vas encore recevoir un prix.
  • Et pour la sécurité ?
  • OK pour ton labo dans les montagne de l’Est et pour le reste, demande à ta femme.
  • Laquelle ?
  • Gaby. C’est le Réseau C qui gère. C’est Vivien qui me l’a dit. Tu es sûr que tu couches avec elle ?

Il a l’air dépité :

  • Non, c’est elle qui couche avec moi. Pourtant, sur l’oreiller, elle répond à toutes mes questions.
  • Faut juste lui poser les bonnes. Si tu as besoin de plus, à partir de demain, voit avec ma stagiaire, Romélie. Moi je pars en vacances. Au fait, ils sont où tes C4 ?
  • Le quatrième cycle arrête le jeudi. Ils ont un grand week-end.
  • J’aimerais rencontrer l’un d’entre-eux. Un certain Roméo.

Il tripote son mono et m’envoie sa localisation. Un frisson me traverse. Comme si j’avais accès à quelque chose d’important. Une éventualité. Un possible. Une seconde chance. Demain je change de nom. Une seconde vie pour une seconde chance. J’ai la chance d’avoir un deuxième prénom. C’est encore un signe. Encore un.

- C’est une étrange coïncidence ou bien ? Ton Roméo, c’est le gémeau de ta Romélie.

Et un de plus.

*

Je le trouve dans un restaurant sur la plage. Il sert à manger. Je demande à l’accueil à voir son superviseur. Une jolie brune arrive. Je lui montre ma carte officielle sur mon mono et je le demande. J’attends sa pause. Je l’attends au bar. Il me rejoint, un blond aux yeux bleus, il a l’air fatigué.

  • Pas la peine de venir me relancer, j’ai déjà envoyé ma copie aux C7.

Je lui montre ma carte : Sécurité de Humanité.

  • Ton prénom, c’est le nom d’une ville en Italie.
  • Comment un jeune local sait ça ?
  • Avec le professeur Bang, on a été obligés de tout apprendre de la Terre mère, sans oublier la grand-mère Mars. Qu’est ce que j’ai fait pour mettre en péril l’humanité ? J’ai pas encore accès au labo expérimental. Qu’est ce que la patronne de ma sœur me veut ?
  • Je suis tombée sur ton édito.
  • Ah. Oui, la fin du monde. C’était à cause du numéro.
  • 1286 ?
  • Oui, c’est le nombre de pages de la B4. On a comme directive de rattacher notre science à l’Invisible, pour être crédible de ces gens-là aussi.

Une alerte sonne sur son mono.

  • Mince, je suis de permanence sur le pôle magnétique. Il y a une alarme.

Mais la superviseuse a aussi besoin de lui. Il pose son mono et accourt pour servir la table 13. Les chiffres défilent sur son écran. On me sert un cocktail. Je goûte, c’est bon, c’est fort. Je me perds dans mes pensées quand il revient.

  • Il doit y avoir un bug, le nouveau pôle magnétique se trouverait exactement ici, n’importe quoi.

Un bug ? C’est du langage de Big.

  • C’est moi je bug, je suis une terrienne, il doit y avoir des interférences. Si tu n’es pas lié aux Chevaliers de l’Apocalypse, j’ai fini mon enquête.

Je suis en vacances. Prolongées. Je vais peut-être rester dans le coin, au chaud. Pour faire une pause vers je ne sais où en étant je ne sais qui. Je vais pour partir mais il me retient.

  • Interférences ? Terrienne ?
  • Laisse tomber petit néo local. Il te reste beaucoup de choses à apprendre. Écoute bien ce que raconte le professeur Big.

Je n’ai fait que suivre des signes jusqu’ici. Mais ils me fatiguent. Je vais changer de direction, changer de nom. Je vais juste garder mon deuxième prénom, celui de ma grand-mère, personne ne le connaît, je crois qu’il est disponible ici. Merde. Je m’arrête avant de sortir et je me retourne.

  • Roméo ?
  • Oui ?

J’ai le contrôle de mon présent. Mais ce dernier signe est fort. Mais je suis plus forte encore, même si demain je m’appelle Juliette.

  • Sois sage. Adieu.

De toutes façons, cette histoire fini en suicide collectif. Ça pue les Chevaliers ici. Je m’en vais. Je me sauve. Je m’échappe. J’ai eu chaud. Merci les gris-gris de Noëlle.

*

En vélo je longe la plage avec l’océan à ma droite. Je croise les fameuses cabanes où les vélos sont stationnés deux par deux. Je m’arrête sur une plage immense. J’enlève mes chaussures et je marche dans le sable brûlant, vers les vagues. Je me dépêche d’y arriver pour me soulager les pieds. Et je regarde l’horizon où toute destination reste invisible. Je n’ai aucune révélation. Je retourne doucement vers mon vélo, il me reste encore un peu de trajet pour arriver à l’Occident, l’Hôtel de ma cure de sommeil. Quelqu’un est assis près de mon vélo. Qu’est qu’il fout là ?

  • Roméo ? Tu me suis ?

Il me montre son mono.

  • Nan, c’est lui qui te suit. Tu as mis un virus dans mon mono.

Je sors le mien et je lui donne.

  • Ça doit être lui. Il est capricieux parfois.

Il le prend et il les regarde côte à côte. Ils réagissent. Et ils lui échappent des mains, ils se collent l’un à l’autre.

  • Ah …
  • Pas grave, tu peux le garder, je n’en ai plus besoin, je suis en vacances.

Je prends mon vélo et je pars en le laissant perplexe avec son nouveau bimono. J’arrive enfin à l’Oxi, comme il se surnomme. Je laisse mon ID card à la réception contre le badge de ma chambre et je commence par prendre une douche, tiède, puis froide. J’en ressors vite pour me réfugier dans un grand peignoir blanc et j’allume l’écran de divertissement pour occuper mon esprit en séchant mes cheveux. Ensuite je me peigne et je vais sur le balcon admirer le coucher du soleil. Il fait plus frais tout d’un coup. Je rentre, je n’ai pas sommeil alors je m’habille, je vais descendre dans le hall pour me trouver un nouveau mono à la boutique. Toc toc toc. Je ne suis plus étonné de le voir en ouvrant la porte.

  • Apparemment, vous êtes le nouveau pôle Nord magnétique de la planète C. Du moins, pour mon mono en panne.
  • Justement, j’allais descendre en récupérer un autre. Tu devrais faire pareil. Mais j’y vais d’abord, parce ton bimono risque de polluer les autres, avec son virus.

Je le laisse perplexe dans le couloir. En boutique je termine à peine de paramétrer ma nouvelle identité qu’il se repointe à nouveau.

  • Je viens aussi en chercher un. J’ai laissé les nôtres au coffre.

Il en récupère un nouveau au distributeur et vient s’asseoir à côté de moi pour le régler. Il tape ses codes à toute vitesse, enregistre ses empreintes digitales et visuelles et fait un test.

  • C’est bon. Je ne vois plus qu’une Juliette à proximité.
  • C’est le deuxième prénom de ma grand-mère. Enchantée.
  • Ah oui, les vacances. Moi je reprends mardi. Sauf si ma C7 me retrouve. Heureusement, tout mène au coffre. C’est l’occasion de vite m’éloigner d’ici.

Mince. Je commençais à m’habituer à lui.

  • Je t’ai déjà fait assez courir. Et tu as l’air d’avoir besoin de sommeil. Je me porte garante si elle te retrouve. Il fait nuit, il faut dormir, éteins ton nouveau mono et dodo.

Je le prends par la main et je l’amène à ma chambre et je continue de lui donner les directives sont les élèves sont friands pour être guidés.

  • Vas prendre une douche. Je prends le côté gauche du lit.

Je reste en nuisette sous les draps et je l’attends en zappant. Dès qu’il arrive, je me redresse et il annonce :

  • J’ai trouvé un pyjama.

Il s’installe à côté de moi, j’éteins l’écran et je lui fais la bise.

  • Bonne nuit mon Roméo.
  • Bonne nuit ma Juliette.

Nuit. On dort.

*

On se réveille pour le brunch. Je mets une robe blanche à fleurs rouges et je frise mes cheveux, ils paraissent plus courts ainsi. Roméo se déguise en touriste et on descend bruncher en rigolant. On a bien dormi. On a faim.

  • Juliette. Tu sais, moi aussi j’ai envie de changer de vie.
  • Déjà ? T’as même pas commencé.
  • La physique, ça m’intéresse, mais ça ne sera jamais mon métier. Je me vois pas dans un labo à étudier l’univers.
  • C’est bien. J’aurais aimé moi aussi être aussi lucide aussi tôt. J’aurais dû changer de vie il y a longtemps. En arrivant ici, je n’ai fais que répéter un profil. C’était rassurant. On ne savait pas si on était vivants ou morts. Mais là, tu vois, c’est la première fois depuis toujours que je me sens, en retraite. J’ai envie de ne rien faire, pour me retrouver, me trouver, savoir qui je suis vraiment en dehors de toute cette mascarade. J’ai le sentiment que c’est ce que veut l’Invisible aussi pour moi. Avec cette histoire de pôle magnétique. C’est une force tellurique. C’est pas de la magie. Physicien ou pas, j’ai besoin de toi sur ce coup. Tu veux bien ?

Je lui pose ma main sur la sienne pour attraper son regard.

  • J’ai rien d’autre à faire ce week-end.
  • Bien. Alors signons notre contrat.

Je m’approche de lui et j’embrasse sa bouche pleine. J’arrive à le faire rire.

Promenade digestive sur la route en bord de plage, j’ai mis un grand chapeau et des lunettes de soleil, je le tiens par la main lorsqu’une jeune fille nous aborde.

  • Je suis Julianna de la C7, je viens récupérer Roméo.

Je me place devant lui et face à elle.

  • Pas question, c’est le week-end, il est à moi. J’appelle Big :
  • Salut Big, je passe le week-end avec Roméo. Sa C7 veut me le prendre.
  • Je ne peux rien faire, c’est la procédure.
  • D’accord, je vais lui lire ses droits et je vais l’arrêter alors.
  • Non, passe la moi.

Je lui passe. Elle reçoit ses consignes et me rend mon mono. Elle recule, vaincue.

  • Et c’est valable pour tous les week-end, et le soir après les cours aussi.
  • Je ne validerai pas son diplôme.

Roméo me précise à l’oreille :

  • On peut les valider en stage.

Je précise donc à la C7 :

  • Tant pis.
  • Ça ne validera pas le mien non plus.
  • C’est votre problème. Je vous donne le choix entre la prison et un stage supplémentaire. C’est vous qui voyez.

C’est tout vu. Elle abdique.

  • Bon week-end, Julianna.

J’attends qu’elle s’éloigne.

  • Roméo ? Je crois qu’elle t’aime bien.
  • Non, je ne suis qu’une proie. Qu’est ce qu’il lui a dit, Big, pour la convaincre ?
  • Que j’étais une haute fonctionnaire de sécurité et qu’elle était une menace contre l’Humanité, au moins.

*

Le dimanche, l’Hôtel l’Occident ou l’Oxi pour les habitués, fait un barbecue dans le jardin juste avant la plage. Les invités sont tous très sympathiques dès le premier verre de l’apéritif. On est tout suite intégrés et les érudits mémorise tout de suite nos nom. On est le nouveau et fameux couple Roméo et Juliette. La plupart habitent ailleurs et ils ne viennent que le dimanche, certains en profitent aussi pour faire une sieste crapuleuse. Ainsi, après le dessert, tout le monde s’éclipse. Certains couples ont même changé de partenaire.

  • Étrange coutume, n’est-ce pas mon Roméo ? On n’a plus qu’à se rentrer nous aussi.

Il est tout joyeux et très câlin. J’ai envie de profiter de lui. On rentre en chambre climatisée et je mouille son visage d’eau froide pour qu’il reprenne ses esprits :

  • Roméo, mon bébé, tu te rappelles, je suis une terrienne. Ça va être bien différent tu sais. Plus bestial. Tu es prêt ?

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je l’embrasse, je t’excite, ma robe tombe, je baisse son short, je soulève son ticheurte et on commence à se mélanger. Naturellement, il ne trouve pas le bon chemin alors je me place sur lui, je le chevauche et je lui montre, pour les prochaines fois, je varie la vitesse et l’intensité des mouvements et je m’assure qu’il est bien conscient, qu’il n’a pas peur, qu’il se sent bien et j’accélère, j’ai mis du gel magique, je commence à en sentir les effets, les ondes de plaisir sont de plus en plus fortes, ma respiration s’accélère, je commence à gémir, lui aussi, et je cris, et il cri, et il râle. Je m’arrête, on va attendre un peu avant de recommencer dans une autre position.

  • Ça va mon bébé ?
  • Oh oui, oui.

Et il m’embrasse comme jamais, comme si maintenant j’étais sa femme. Alors je mets sur le dos et j’écarte les jambes. Là, il peut aller à son rythme et je l’encourage :

  • Oui, vas-y, lâche-toi, laboure-moi, je veux te sentir en moi, mon Roméo, je suis ta Juliette.

Son regard est plus intense. Il est vraiment en pleine conscience.

  • Vas-y mon petit, féconde-moi.

Et il s’écroule sur moi, en gémissant. Je m’agrippe, je m’imprègne de sa semence en moi, je le presse comme un fruit vert de son jus acide, je veux qu’il me pique, je veux de lui en moi, je le veux à moi mon Roméo. Et on reste là, l’un dans l’autre. Il me caresse les seins, il les lèche, il les goûte.

  • Il faudra attendre encore un peu mon bébé. Je sens en toi l’instinct primaire, l’instinct humain, se reproduire à tout prix pour la survie de l’espèce. Tu sais, pour moi, c’est enfin le bon moment, pour avoir un bébé. Tu veux bien me laisser en faire un avec toi ?
  • Tout ce que tu voudras. Je suis ton Roméo. Je suis ton homme.
  • Je suis ta femme. Je suis ta Juliette. Je suis Juliette. Je suis ta première terrienne. Je suis ta première ?
  • Avec Romélie on n’a pas trouvé de partenaire, alors continue de se voir.
  • Romélie. Je l’aime bien aussi. Vous pouvez continuer, de vous voir.
  • On se voit le mercredi soir.
  • Bien-sûr, les fameux mercredi soir où elle s’absente. Roméo, est-ce que je pourrai être là la prochaine fois ?
  • Oui Juliette, tu es ma femme maintenant.
  • On va bien s’amuser. Mais maintenant il faut que tu saches ce que tous les locaux veulent d’une terrienne.

Alors je me mets à quatre pattes et il se positionne derrière moi, pour la saillie.

*

Dès le lendemain, pendant que Roméo retourne en cours à Westech, je vais voir Romélie après le service à son chalet privé au Village. Quand je lui propose, elle est sous le choc. D’apprendre d’abord qu’elle vient de perdre son frère. De savoir ensuite qu’elle peut le retrouver, avec moi. Elle annonce :

  • Je suis presque contente. Roméo a trouvé une bonne Juliette. Une terrienne en plus. Justement, tu es complémentaire, il n’a pas la même chose, pas de la même façon.
  • Et avec les brisims on a plein de choses à explorer, ensemble, qu’est ce que tu en dis ?

Elle ouvre la bouche pour répondre mais rien ne sort. Au lieu de ça elle s’approche et me prend timidement dans ses bras. Puis elle me serre et me murmure :

  • Je peux t’embrasser ?
  • Bien-sûr, je ne suis plus ta patronne.

Alors nos joues se caresses, nos regards s’évitent, nos yeux se ferment, nos lèvres se touchent, s’attrapent, et nos langues se cherchent. Elle a un goût de fruits rouges. Mais ça ne s’arrête pas là. Ses mains se baladent en moi. Elle est curieuse, elle est audacieuse, elle veut voir, elle veut sentir alors je m’ouvre à elle et elle plonge en moi. On a notre moment à nous avant de l’avoir en famille. Je le sais, je le sens, qu’elle m’aime bien, et moi aussi je l’aime, bien. Et je ne tarde pas à sortir le bon brisim pour elle et moi et tout un monde s’ouvre en nous, ma petite adjointe et ses seins pointus, ses fesses fermes, sa force, sa passion, et je lui envoie une énorme vague de plaisir pour ressentir toute la fureur de ma petite Romèle.

  • Flo ?
  • En changeant de vie, j’ai aussi changé de nom. J’ai pris le prénom de ma grand-mère.
  • Juliette, je sais, j’ai lu ton dossier. Je suis contente, je suis heureuse, j’ai toujours eu envie de toi.
  • Je sais. J’ai vu. Tu me plaît aussi Romélie, beaucoup. Beaucoup trop. On évitera le brisim entre nous avec Roméo, d’accord ?

Et elle m’embrasse tendrement en guise de oui. Et elle descend goûter à son nouveau jouet en mode invasif avec ses doigts pour me faire réagir encore plus.

Mais on attend pas le mercredi. Dès le soir Roméo est en sandwich entre nous. C’est elle, derrière lui, qui lui donne le rythme en moi. Le pauvre ne fait que subir. Elle me regarde avec force à chaque coup jusqu’à que notre esclave sexuel s’éteigne. Elle le réveille en se connectant à lui. C’est à mon tour de passer derrière Roméo. Et je commence à voir en lui, et je commence à voir en elle aussi comme il voit en nous, nous ses femmes rien que pour lui.

Après l’amour elle nous laisse. Quand elle part, tout naturellement je l’embrasse sur la bouche, encore une fois, et encore, je me rends compte que je l’aime ma jolie petite brunette. Et elle semble très heureuse aussi, avec nous, avec moi, avec lui, ensemble. Mais son service va reprendre. Alors elle s’en va assumer son devoir.

*

Le lendemain à la fin des cours, j’emmène Roméo au Village, à la Taverne pour discuter avec sa sœur.

  • Tous les trois, on ne devrait peut-être faire ça que le dimanche à l’Oxi. Roméo, moi je te veux rien que pour moi tout le reste du temps. Romélie, il faut que tu aies ta vie à toi aussi, même si celle-ci te suffit pour l’instant.

On se prend tous la main et je n’ai qu’à voir leurs regards pour comprendre que tout ce que je dirai sera pris comme une parole de l’Évangile selon Sainte Florence. Je crois que j’ai beaucoup d’emprise sur eux. Alors je les secoue :

  • Et vous alors ? Quels sont vos doléances ? Roméo ?
  • D’accord pour le bébé.

Romélie semble étonnée :

  • Un bébé ?
  • C’est à dire que… je ne prends pas mes précautions. Je sais que ça peut paraître un peu tôt, pour vous, pour notre relation, mais je me sens prête, et je suis à la retraite, je peux m’occuper d’une autre vie en plus.
  • Et moi alors, je peux aussi en avoir un ?
  • Romélie, ça ne serait pas raisonnable, avec tes fonctions, et il serait plus sain de le faire avec quelqu’une d’autre que moi.
  • Je sais, c’était juste pour te tester.

Et elle s’approche pour me faire un bisou discret sur la bouche, bisou que je rend à Roméo.

  • Les enfants, on va faire une belle famille, et on va être heureux.
  • Et c’est quoi au menu ? Un iel ?
  • C’est ce qui se fait en ce moment. Vous voulez autre chose ?
  • Non, un iel c’est bien. Un mélange de nous trois.
  • Et toi Roméo, qu’est ce que tu en penses ?
  • Je suis d’accord avec vous, et avec tout l’amour que vous me donnez, et tout l’amour que j’ai pour vous. Je suis le plus heureux des locaux.

*

On peut rentrer chez nous. Je trouve une jolie maison sur les hauteurs de Laguna City, avec vue sur l’océan au loin. On peut poser trois navettes sur le toit. Il y a une grande piscine. On va être bien ici. Je finis d’installer la chambre et je le rejoins dans le salon. Il regarde le paysage.

  • Juliette, je n’ai plus aucune raison de retourner en cours.

Je l’enlace par derrière et j’embrasse sa tignasse qui sent si bon où je lui dit :

  • Big a besoin que tu valides ta formation. On lui doit bien ça, non ? C’est lui qui m’a menée jusqu’à toi. Après, tu pourras choisir, de continuer ou non, la physique ou non.
  • Je veux juste continuer avec toi.
  • D’accord mon Roméo, tout ce que tu veux, je t’aime.

Je vais lui trouver un job peinard, sans pression, en rapport avec tout ce qu’il a appris. En attendant je me mets à ses genoux et j’ouvre sa braguette. Et tout les jours je vais lui faire passer l’envie d’aller voir ailleurs. Et aucune prétendante ne se sentira de faire le poids à côté de moi, sa maîtresse torride, sa terrienne puissante, et même les autres comprendront le message, comme cette Julie-Anna de la C7 qui en ce moment même où Roméo s’oublie dans ma bouche, elle ouvre l’enveloppe qui contient son diplôme qu’elle n’a pas encore passé, avec un petit message : « Sans rancune Julie, hate. » Et je range son outil du bonheur que j’ai léché pour y laisser mon odeur, je remonte sa braguette et je remonte mon corps plein de promesses pour lui, je lui fais une petite bise sur la joue et je lui dis :

  • Passe une bonne journée, mon Roméo. À ce soir, j’ai hâte de t’avoir contre moi pour toute la nuit, pour toutes les nuits, pour toute la vie, pour l’infini.

Je ne me reconnais plus. Je suis quelqu’une d’autre maintenant. Et je sais à qui demander si tout çà a du sens ou non, si ce que je vis existe vraiment, si mon bonheur est enfin là. Pendant qu’il part en cours je prends mon nouveau mono et j’essaie de localiser Noëlle. Je la trouve par un contact pro, l’agent Davis. C’est dingue ! Ils habitent juste à côté...

*

Ils nous reçoivent pour l’apéritif. Ils ont l’air épanouis, en pleine forme et sous emprise avec leurs yeux brillants. Davis demande un coup de main à Roméo et ils vont faire connaissance en cuisine pour préparer les plats.

  • Désolée Noëlle, j’ai dû attendre jusqu’au soir pour venir te voir, le petit est en cours à Westech. Dis donc, tu l’as bien élevé ton homme. C’est lui qui cuisine ?
  • Oui, il ne me laisse plus rien faire à part le cuisiner lui. Alors, dis-moi, c’est ton fils ?
  • Non, c’est un jeune petit local tout frais sorti de sa gémellité. Je l’ai trouvé en suivant les signes de l’Invisible au moment où j’ai raccroché. J’ai même changé de nom, regarde.

Je lui montre ma nouvelle ID Card.

  • Juliette ? C’est tout ? Tu veux passer pour une locale aussi ?
  • Oui, j’ai décidé de simplifier, de m’intégrer. Je vais même avoir un bébé. Un iel.

Elle me sourie, elle est heureuse, pour moi.

  • C’est magnifique Flo, il est beau ton petit. Tous mes vœux de bonheur.
  • On va être heureux, n’est-ce pas ?
  • Je ne sais pas, Flo. J’ai perdu mes pouvoirs, tous mes pouvoirs, même celui de voir l’avenir. Mais peu importe, c’est ton présent qui décide de tout.
  • Flûte, et moi qui espérait avoir une explication à mon bonheur en venant te voir…
  • Pas la peine de te poser de questions, surtout si tu as suivi les signes de l’Invisible.

La voilà ma réponse. Nos hommes arrivent avec les plats et des bouteilles. On se sert et on trinque : « À l’éternité, au bonheur, à nous, à vous. »

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