1 - 4 - Origine du Registre

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  • L’Origine du Registre

“Je vais partir, maintenant. Tu lui apprendras tout ce que tu sais en attendant mon retour.” C'étaient les deux dernières phrases que Leïa avait dite à son frère avant de repartir il ne savait où. Etius avait obéit, assez misérablement, et il faisait à présent visiter le Kymérion à Lymfan. Celle-ci le bombardait de questions auquel il s’efforçait de répondre aussi vaguement que possible; après tout, elle était sa rivale. Il n’avait pas à lui révéler les secrets de son lignage.

Au fond du couloir qu’il traversait, une petite statue de verre représentant la Chimère les toisait du regard. Quand ils passèrent devant, Lymfan se signa et embrassa sa propre paume en murmurant: “Kymeria aq sadaris… La Chimère est mon seul Dieu, et Gabriel fut son messager.”

  • Humpf. Tu n’as pas besoin de faire ça. Il n’y a que moi qui regarde.

La jeune fille le foudroya du regard, et Etius haussa les épaules. Qu’importe. Si elle voulait se la jouer pieuse, ça impressionnerait les laïcs; pas les apôtres, ni les maestros.

  • Ici, ce sont les trois bibliothèques. La première est réservée aux auditeurs, et contient essentiellement des rapports de marques. La seconde, c’est celle des Avalions… Je suppose que tu as le droit d’y aller, puisque tu es l’apprentie de ma sœur. Il n’y a pas grand chose, à part des livres d’histoire écrits en vieux-mencite. La dernière, c’est la bibliothèque privée de Leïa. Même moi, je n’ai pas le droit d’y entrer.
  • Ah… Et, c’est verrouillé ?
  • Je ne sais pas. Quelle question…
  • Tu n’as jamais essayé d’y entrer? Même pas une seule fois?

Etius dévisagea Lymfan un instant, avant de répondre:

  • Tu es sérieuse, là? Je te dis qu'on n'a pas le droit, de toute manière. Tu sais ce que Leïa fait à ceux qui lui désobéissent?
  • Non. Je l’ai rencontrée aujourd’hui, ta soeurette. Elle a l’air de bien m’aimer.

Etius allait répondre, quand elle fit un pas en avant, et ouvrit la porte d’un geste brusque.

  • Apparemment, c’est ouvert.

Lymfan entra dans la bibliothèque sans écouter les protestations d’Etius. Elle eut un sourire ravi. Elle n’avait jamais vu autant de livres de sa vie. Il n’y avait pourtant que deux étagères modestement remplies, en plus des quelques ouvrages dispersés sur un bureau adossé à une fenêtre de gypse. Une épaisse couche de poussière recouvrait le tout.

  • On a pas le droit, je te dis!

Sur le bureau, Lymfan reconnut alors une reliure familière. C’était un exemplaire des Révélations de Gabriel, similaire en tout point avec celui qu’elle avait vu dans sa jeunesse. Elle le prit dans ses mains: des traces de doigts indiquaient qu’il avait été ramassé récemment. Elle souffla dessus pour en retirer la poussière. Etius lui attrapa alors les poignets; Il était beaucoup plus fort qu’elle, et il en profita pour la jeter à terre.

  • Tu n’as pas le droit, j’ai dit! C’est à ma sœur, espèce de voleuse!
  • Lâche moi!
  • Je t’ai dit qu’on avait pas le...

Lymfan lui mordit alors la main de toutes ses forces. Etius cria de douleur, et elle se libéra.

  • C’est qu’un livre! Arrête d’être un crétin!
  • Il y a plein de livres, dans les autres bibliothèques !

Elle s’enfuit en courant, et Etius la poursuivit jusque dans sa chambre. Elle ne parvint pas à maintenir la porte close, et il finit par réussir à entrer et à lui arracher le livre des mains.

  • Rends le moi! gémit-elle.
  • Non, je vais le ramener...
  • Tu es juste jaloux, parce que je peux lire les Révélations, et pas toi!
  • Tu n’as qu’à lire un autre exemplaire, répondit fermement Etius. Celui-ci était dans la bibliothèque de ma sœur… tu ne peux pas…
  • Qu’est ce que tu en sais? Je suis sûre que ça ne l’énerveras pas. Si ça se trouve, elle n’a pas verrouillé sa bibliothèque précisément parce qu’elle veut qu’on lise ces bouquins. Si ça se trouve, ce qu’il faut que tu apprennes à faire, c’est désobéir! Comment crois tu que tu vas apprendre une langue aussi exceptionnelle que le pavi, si tu n’oses même pas braver un interdit de temps en temps?
  • Tu sais quoi ?” Il lui jeta le livre à la figure. Tu n’as qu’à le garder, ton livre. “Mais quand Leïa apprendra ce que tu as fait, tu ne diras pas pas que je ne t’avais pas prévenu…

Il sortit de la pièce sans plus lui prêter aucune attention. Qu’elle aille au Fléau! Il avait des choses à peindre, et peu de temps à perdre. Après tout, ça n’était qu’un livre... Ce qui venait de se passer semblait sans conséquence, en dehors du fait qu’il avait appris qu’en plus d’être une peste arrogante, Lymfan était une petite voleuse. Rien qu’un simple bouquin… Malheureusement, c’est précisément de là que vint tout le problème: Il ne s’agissait pas d’un simple bouquin.

S’il avait su, à ce moment! Tout aurait pu être évité! Le précieux ouvrage qu’elle s’était approprié était loin d’être un simple exemplaire des Révélations. Au moment précis où elle le sortit de la pièce, elle déclencha une succession d'événements funestes qui, dans l’ombre, mèneraient à une guerre sans précédent.

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