L'appel.
Cette histoire a une histoire : une inconnue m'a téléphoné à Paris, en plein hiver. Elle parlait d'un document à me remettre. Je pensais que c'était sans aucun intérêt pour moi, mais j'ai été bouleversé par cette petite voix hésitante qui laissait percer un léger accent américain.
En fait, c'était une Orientale, une reine de Babylone coiffée d'un foulard et chaussée de baskets.
L'oeil brillant, elle m'a tendu une liasse de feuillets manuscrits reliés dans un classeur pas très ragoûtant. J'ai vu une cicatrice à son poignet. Les pages étaient crasseuses et tâchées. On aurait dit du sang.
Elle prétendait que c'étaient les notes prises au jour le jour par un journaliste français en Irak, juste après la guerre, que je pouvais en faire ce que je voulais.
Alors, attablé tout seul dans la brasserie où nous avions rendez-vous, sous les regards narquois de quelques habitués, j'ai commandé à dîner, ouvert le classeur et commencé à lire.
Annotations
Versions