Chapitre 4.1
Depuis qu’il avait quitté l’Île, Eliah était moins sujet à ses absences. Il arrivait presque à les contrôler, et elles lui avaient permis de se protéger lorsqu’Oris avait profité de lui. Cependant, ce qu’il appelait « la brume », était toujours bien présente. La brume était là depuis… aussi loin qu’il s’en souvienne. Ça avait toujours été comme dormir éveillé. Comme s’il était sous l’emprise d’une substance ou de l’alcool. Comme ne pas avoir dormi depuis trois jours. Comme d’être spectateur de sa propre vie. C’était un mélange de tout cela. Les habitants avaient l’habitude de dire qu’Eliah était perdu dans ses pensées, qu’il était dans la lune. Mais jamais il n’aurait avoué que pendant ces moments d’absence, il ne pensait à rien. C’était juste le néant dans son esprit.
Ça ne lui avait jamais fait peur jusqu’à son arrivée sur Rianon. Sur l’Île, il avait accepté d’être différent, même si la solitude avait pesé lourd sur ses épaules. Mais dès l’attaque du village, il avait compris que la brume ne serait alors plus qu’un obstacle. Elle l’empêchait d’y voir clair, de réfléchir, de prendre des décisions. Il avait l’impression de manquer des événements, qu’une autre personne possédait son corps. Que quelque chose l’empêchait d’être lui-même. Il avait cru que cette sensation avait disparu sur Rianon, ses pensées avaient été plus claires, mais elle était toujours présente et Eliah avait réussi à l’utiliser à son avantage. Lorsqu’Oris ne le lâchait pas d’une semelle, cela avait été un moyen d’échapper à cette réalité. A présent, il sentait que c’était un refuge pour échapper à la tristesse qui pesait sur sa poitrine.
Parfois la brume était si épaisse qu’Eliah oubliait des heures entières de sa vie. Il gardait peu de souvenirs de son adolescence, tout était brouillé dans son esprit. Il avait appris à gérer les angoisses que lui créaient ces absences, mais il craignait que certains utilisent la brume contre lui. Le jeune homme pouvait raconter n’importe quoi dans ces moments-là.
Et, depuis qu’il avait appris la mort des villageois, il se complaisait à rester entouré de cette brume. Sa peine et culpabilité s’effaçaient enfin et il ne restait rien. Cependant, il craignait d’avoir trop forcé et que le contrôle lui échappe. Avait-il déjà été capable de maîtriser la brume ne serait-ce qu’une fois ? Ou avait-il été trop arrogant de croire que c’était possible ?
Il avait l’impression qu’Asbel ressentait ces absences et essayait d’en profiter. Mais quel avantage pouvait-il en tirer ? Eliah se sentait sans défense. Il avait l’impression d’être enfermé dans un rêve et qu’il était impossible de se réveiller. Asbel lui posait des questions prétendument innocentes, sur l’Île et sa vie là-bas. Mais s’il avait vraiment été son ami, n’aurait-il pas compris que cela faisait souffrir Eliah de ressasser le passé ? Pourtant, ne méritait-il pas de connaître un peu plus l’Îlien, qui était hébergé ici gratuitement ? Le citoyen de Rianon avait réussi à lui changer les idées, il l’avait aidé dans ses démarches. Ils passaient de bons moments ensemble, et lorsque son chagrin le rattrapait, Asbel était là pour le consoler. Alors pourquoi Eliah ressentait ce malaise ?
Il ne cessait de repenser au fait que Sevastian était un revendeur d’eau. Le gouvernement de Rianon avait une branche spécialisée qui employait des compagnies marchandes pour aller récupérer la précieuse ressource sur l’Île. Les employés étaient sélectionnés avec soin et signaient un contrat qui leur interdisait de parler de cette planète. Quant à la compagnie de Sevastian, elle allait sur d’autres planètes également, ou rachetait cette eau, et la revendait aux citoyens. Le père d’Asbel n’avait-il pas un intérêt à avoir le dernier colon en vie, chez lui ?
Par moment, il s’en voulait d’avoir des doutes. Après tout, ils avaient fait les démarches pour qu’Eliah obtienne ses papiers, il ne restait plus qu’à attendre. Les journées étaient paisibles, il n’avait pas à s’inquiéter de la police, ou de trouver un endroit pour dormir. De plus, Sevastian était peu présent, comme l’avait expliqué Asbel. Quant à son frère, Dimitri, il ne le croisait que très peu. Le jeune homme était atteint d’une maladie rare et devait souvent se rendre à l’hôpital pour faire des tests. Le reste du temps, il le passait à l’université.
Asbel de son côté se destinait au commerce spatial. Il lui racontait ses différents stages sur d’autres planètes et qu’il aurait rêvé d’aller sur l’Île. Eliah avait bien vite remarqué l’attrait de la planète Sanctuaire dans cette maisonnée. Sevastian et ses fils étaient obsédés par ce sujet, comme bien d’autres citoyens de Rianon, sûrement, essayait de se convaincre le brun. Asbel lui avait expliqué qu’au début de la colonisation de l’Île, les habitants d’ici n’avaient qu’une idée en tête : se rendre au sanctuaire et échapper à ce quotidien lugubre. Pourtant, la colonisation avait pris fin en seulement quelques décennies ; les Îliens opposaient une farouche résistance et n’acceptaient pas les colons.
Rianon avait donc fermé les portes de l’Île, mettant un terme au rêve de millions de ces citoyens. Tous les documents à son sujet avaient été emportés par le gouvernement. Seule restait la légende, qui se transmettait de génération en génération. Dimitri et son frère avaient été abreuvés par ses histoires dès leur plus jeune âge. Lorsqu’Asbel le questionnait sur sa planète natale et qu’Eliah refusait de répondre, il pouvait voir la déception et la peine dans le regard de son ami. Celui-ci n’avait même jamais vu de représentation de l’Île, puisque c’était interdit. Il ne lui restait que les récits d’Eliah, la seule personne à en être revenue.
Le jeune homme ressentait moins de remords à parler de sa planète, puisqu’il avait été rejeté et abandonné par ses habitants. La haine qu’il ressentait avait à peine faibli. Rianon avait abandonné la colonisation et la vente d’eau, il n’y avait plus aucun risque pour la planète bleue, alors Eliah pouvait bien en parler à son ami.
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Ce soir-là, les quatre hommes se réunirent pour le souper. Le silence régnait. Eliah demeurait plongé dans ses pensées tandis que les autres regardaient les actualités sur des écrans minuscules. Soudain, Sevastian s’exclama :
« Ils réquisitionnent encore des jeunes pour aller au front ! Quel scandale de gaspiller ces vies et cet argent. On aurait mieux fait de les envoyer sur l’Île. »
Eliah sursauta mais se retint de lancer une pique cinglante. Dès qu’il était en présence du quinquagénaire, celui-ci ne pouvait s’empêcher de mentionner la planète bleue ou la tragédie qui avait touché le village des colons. Seul un sourire triste se dessina sur le visage du jeune homme. Une boule se forma dans sa gorge, il ne put prononcer un mot tant l’émotion lui serrait encore le cœur. Sevastian eut un regard compatissant qui lui donna envie de vomir, et continua à parler de l’Île.
« C’est une honte ce qu’il s’est passé dans ton village. Un siècle que nous avons colonisé cette île et nous l’avons abandonnée en quelques années. Cela nous a pourtant pris des décennies pour éliminer la vermine ! »
A l’entendre, on aurait presque pu croire qu’il avait lui-même participé à la chasse aux sorcières. Ce soir-là, pour la première fois Eliah prêta vraiment attention à ce discours. La colonisation était finie et c’était une bonne chose pour l’Île, songea Eliah. Pourtant il aurait aimé que les événements aient été différents concernant les colons présents sur la planète. Les frères avaient à peine levé la tête, ils devaient être habitués à ce genre de monologue. L’homme continua sans percevoir son trouble :
« Il y a des ressources à n’en plus finir, de l’eau, du bois, des minerais précieux, du poisson. Et ça coûte trop cher ? Evidemment que ça coûte cher mais ça nous rapporte tellement plus, c’est une véritable mine d’or ! »
Il reprit son souffle et remit sa cravate en place pour reprendre contenance. Les ressources avaient été extraites à une vitesse folle en seulement quelques décennies. L’Île devait retrouver sa paix d’antan. Eliah se dandina sur sa chaise, mal à l’aise de voir l’avidité briller dans les yeux de l’homme.
Celui-ci continua avec l’économie, puis les sorcières – ce qui fit tiquer Eliah. Les êtres magiques avaient été exterminés des années plus tôt par les colons de Rianon, qui voyaient en eux une menace. Malgré leurs pouvoirs magiques, ils n’avaient pu résister contre des mitraillettes et boulets de canon.
Eliah aurait aimé argumenter, mais il se rendit compte avec tristesse qu’il connaissait mal l’Île. Sa planète natale qui était présente dans chacun de ses rêves, qui le hantait en permanence… Pendant son enfance, il n’avait pas prêté grande attention à ce qui l’entourait, jusqu’à ce que les colons soient enfermés dans leur petit village. Et alors, la brume avait pris possession de lui, et il ne lui restait plus que des souvenirs flous.
Cette triste constatation qu’il avait toujours évitée lui enfonça une pique dans la poitrine. Il avait toujours aimé l’Île, pourtant, on l’avait rejeté toute sa vie. Elle était restée mystérieuse et hermétique. Une bouffée de colère l’envahit. A quoi bon culpabiliser en parlant de la planète à Sevastian ? Celui-ci était lié par son gouvernement à ne pas pouvoir y retourner. Toutes ses informations étaient inoffensives, songea-t-il. Et ne méritait-il pas une certaine vengeance envers sa planète natale ?
Il reposa son attention sur l’homme. Le visage de Sevastian ne trahissait peut-être aucune émotion, pourtant ses prunelles étincelaient de malveillance. Eliah frissonna. Il avait déjà vu ce regard quelque part. Chez Oris. Il retint un haut-le-cœur avec difficulté. Son cœur battait la chamade et il serra sa fourchette avec une telle véhémence que ses jointures devinrent blanches. Asbel redressa la tête et fronça les sourcils :
« Tu vois bien que tu ennuies Eliah avec ces histoires », gronda-t-il.
Le jeune homme se leva mais dût se retenir à la table pour ne pas tomber tant ses jambes flageolaient. Il marmonna qu’il ne se sentait pas bien et rejoignit la salle de bain pour s’y enfermer. Des éclats de voix lui parvinrent, mais il n’y prêta pas attention.
Il passait de plus en plus de temps ici. C’était le seul endroit où il ne se sentait pas épié. De longues minutes s’écoulaient sans qu’il ne puisse détacher son regard du miroir. Son habitude consister à raser consciencieusement ses cheveux chaque semaine, pour qu’il ne reste que quelques millimètres sur son crâne. Il aimait les frissons qui lui parcouraient l’échine quand il passait une main sur le sommet de sa tête. Il prenait également soin de ne pas laisser un poil sur ses joues. Et depuis quelques temps, il ne rangeait pas le rasoir tout de suite, il décrochait une lame et… Et il avait découvert quelque chose.
Asbel ne devait pas le savoir. Personne d’autre ne devait voir ça. Ils le prendraient pour un fou. Qui sait ce qu’ils pourraient lui faire ? Mais cela lui faisait du bien. La brume s’évanouissait durant ces quelques minutes. La forme de l’étoile lui était venue par instinct. Et il s’était rendu compte que c’était aussi une sorte d’hommage pour tous les villageois qui étaient morts. Ils avaient enfin les étoiles que les Îliens n’avaient jamais voulu leur accorder à la fête de l’Île. Il avait aussi l’impression que c’était une façon de se faire pardonner.
Des étoiles sanglantes s’accumulaient sur ses bras. Elles entouraient la lune qui était tatouée sur son poignet. Ces symboles macabres représentaient bien ce qu’il avait toujours ressenti. Il ne se fondait pas dans la masse. Il avait toujours été un colon, jamais accepté par les natifs. Il en faisait deux ou trois chaque jour, et certaines fois, lorsque la brume était trop épaisse, il allait jusqu’à six ou sept. Le sang ne l’effrayait pas. C’était une couleur vive, chaude, qui lui rappelait qu’il était vivant. Il n’en pouvait plus du blanc de la maison, d’être enfermé dans l’enceinte en béton. Il se sentait d’autant plus prisonnier qu’il était incapable d’aller dans le jardin ; les températures à l’extérieur étaient invivables. Il s’y faufilait parfois la nuit, quand la chaleur avait diminué, mais ce n’était pas pareil. Alors ces étoiles et ce rouge lui rappelaient qu’il était bien là. Bien vivant.
Chaque fois qu’il avait l’impression que le brouillard enveloppait à nouveau son esprit, il rajoutait une coupure à une étoile. Au début, il les faisait d’un coup. Il avait appris à faire les traits au fur et à mesure, pour avoir l’esprit clair plus longtemps.
Une fois son rituel exécuté, il se dévisageait. Parfois une heure pouvait passer sans qu’il détache son regard. Il était perdu dans ses pensées quelques fois. D’autres, il scrutait ses traits à la recherche de quelque chose, mais il n’aurait su dire quoi. Il avait la sensation de se voir, de se découvrir pour la première fois. Peut-être était-ce un moyen de comprendre qui il était réellement. Mais le miroir ne lui révélait jamais rien. Le reflet ne faisait que lui renvoyer ce qu’il savait déjà.
Ses yeux étaient profondément enfoncés dans leur orbite, et ce renfrognement était accentué par son grand front large. Ses prunelles paraissaient presque noires. Sa peau qui avait été si bronzée et dorée sur l’Île avait pali sur cette planète. L’eau recyclée et impure avait rendu son épiderme grisâtre et terne. S’il restait sur Rianon, il finirait blanc et fantomatique, comme tous ses habitants. Pourtant, il s’était résolu à rester ici. Retourner sur l’Île était impossible à présent.
Cette décision était souvent remise en cause, surtout la nuit. Il rêvait des habitants de son village, dans des cauchemars terribles où ils mouraient dans d’atroces souffrances. Puis le rêve se transformait, il se trouvait dans le phare où sa sœur était morte. L’endroit était calme mais une aura malfaisante l’entourait. Il essayait d’atteindre le sommet de la tour mais ses pieds refusaient d’avancer. Quelqu’un arrivait dans son dos, il sentait l’urgence de gravir les escaliers pour échapper à la menace. Son esprit lui hurlait chaque nuit de courir, pourtant il en était incapable. Et il se réveillait chaque fois qu’il faisait volte-face.
Une certitude lui était venu à l’esprit : il ne devait pas retourner sur l’Île. Cet endroit était maudit et ne lui avait apporté que des malheurs. Peut-être que cette nouvelle vie ici mettrait fin à la brume. Une fois que Sevastian serait lassé de le garder ici, Eliah pourrait retourner en ville. Peut-être même qu’Asbel pourrait l’aider à trouver un meilleur travail.
Comme à son habitude, il prit soin de fermer la porte à clé et se jeta presque sur la lame de rasoir. Il la cachait sous le tiroir de l’évier, dans un renfoncement du bois. Personne n’irait la chercher ici. Il se sentait vaseux et fatigué, la brume obstruait son esprit. Pourtant à l’instant où la lame traça le premier trait, il retrouva la clarté. La douleur fusa en même temps, mais il l’accepta presque avec soulagement. Il s’assit sur le carrelage gris et passa de longues minutes à se repasser dans sa tête la conversation avec Sevastian. Mais ce souvenir pourtant si récent était déjà teinté par la brume. Il essaya de repenser à la conversation, de dénicher un indice qui lui indique ce que cachait le quinquagénaire. Le jeune homme grava de nouvelles lignes rouges sur sa peau, dans l’espoir que sa mémoire s’éclaircisse.
Il resta de longues minutes le visage baissé vers ses pieds, le dos courbé, comme prêt à se recroqueviller sur lui-même. Sevastian préparait un coup, il en fut soudain persuadé. Peut-être était-ce une expédition secrète sur l’Île avec l’aide du gouvernement pour évaluer la situation. Peut-être même voulaient-ils déclencher une nouvelle guerre. Pourtant l’homme ne cessait de répéter que la position de Rianon concernant l’Île le décevait et que rien n’était fait. Serait-ce alors une décision personnelle ? Mais jamais il n’irait seul.
Les suppositions se bousculaient dans son esprit sans qu’une certitude ne se trouve au milieu. Il se leva et commença à faire les cent pas dans la salle de bain. Il ne pouvait pas faire confiance à Sevastian, il pouvait être sûr de ça. Mais qu’en était-il de Dimitri et Asbel ? Ils l’avaient aidé avant même de savoir ses origines. Asbel avait-il décidé de le conduire dans cette villa isolée, pour l’amener à son père ?
Eliah poussa un soupir. Asbel avait été là pour le soutenir lorsqu’il avait appris la mort des villageois. Ils discutaient sans arrêt et partageaient de si bons moments. Eliah ne pouvait admettre que tout cela soit faux. Il refusait d’être manipulé. Non, Asbel était sincère, il le sentait dans son regard. Il avait une façon si douce de poser ses prunelles sur lui.
Une question plus grande encore le taraudait et il n’osait se l’avouer… La vie ici lui plaisait. C’était toujours mieux que son travail à l’entrepôt et de se faire battre le soir par Oris. Si cela lui permettait de retrouver ensuite sa liberté, pourquoi ne pas donner quelques informations à Sevastian ?
Il se releva et ouvrit le robinet. De l’eau grisâtre en sortit et il passa ses bras sous l’eau pour enlever le sang. Il nettoya le sang par terre avec des serviettes qu’il mettait directement avec le linge sale. C’était une trappe dans le mur que l’on pouvait seulement pousser ; ainsi personne ne voyait les vêtements salis. Seuls les robots voyaient l’état des serviettes, mais à qui pouvaient-ils le dire ? Les coupures n’étaient pas si profondes et il remit sa manche normalement.
Il resta appuyé quelques longues secondes contre l’évier, incapable de se regarder en face. Il était partagé entre donner des informations ou non. Tout cela lui semblait sans intérêt et sans conséquence. Pourtant, il ressentait toujours un étrange malaise en présence de Sevastian.
Parfois, il songeait avec regret à l’Île. Il s’imaginait rentrer même, quelques fois. Mais personne ne l’accepterait, les choses resteraient les mêmes. Il serait toujours le colon, aux yeux marrons, qui les avaient tant fait souffrir. Il releva les yeux vers son reflet. Ses prunelles foncées brillaient de colère, de tristesse. Il faillit ne pas se reconnaître.
Il se redressa, prêt à ouvrir la porte. Mais la main sur la poignée, il hésita. Quitter la salle de bain signifiait aussi retrouver la brume. Il ne savait pas quoi faire pour échapper à ses absences, à ce vide. Il ne pouvait pas se couper devant Asbel ou Sevastian. Pourtant il ressentait une angoisse grandissante à l’idée de ne pas pouvoir réagir de façon appropriée, de se faire manipuler sans même vraiment s’en rendre compte. La brume était-elle une création de son esprit ? C’était seulement dans ses moments lucides où cette question jaillissait. Il savait que toutes ses angoisses allaient disparaître avec l’arrivée de la brume. Et il aimait le confort que lui procurait cette sensation, mais… Il savait que ça ne pouvait plus durer.
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