Chapitre Trois - Inès Madrigal de Hoces Papilón

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Depuis qu’elle était enfant, Inès Madrigal de Hoces Papilón avait toujours rêvé de vivre ailleurs. Pourtant, fille du Signor Cristobal de Hoces Papilón, un riche marchand, elle faisait partie de la plus haute noblesse de Isla Bella. Sur cette île, pas de président ou de roi. La domination appartenait aux riches et aux puissants, dont son père faisait partie. Elle était donc considérée comme une princesse. Mais être la princesse d’un pays qui n’apparaissait sur aucune carte ne la remplissait pas de joie. Car si tous les pays du monde avaient payé la taxe pour pouvoir apparaître sur la Mappemonde, l’Orgueilleuse Isla Bella avait estimé qu’elle ne paierait pas. Et donc, même si elle existait au plein milieu de l’Océan Pacifique, entre le Chili et la Nouvelle-Zélande, cette île n’avait aucune existence officielle.

Les premiers colons arrivés sur ces terres faisaient initialement partie de l’équipage de García Jofré de Loaísa, venus d’Espagne, à la recherche de l'Île aux Épices. On raconte que lors d’une terrible tempête dans le détroit de Magellan, le navire San Lesmes disparut dans les flots, englouti par des vagues si hautes qu’elles semblaient vouloir avaler le ciel. Pourtant, Francisco de Hoces et quelques hommes ouvrirent les yeux sur une plage inconnue, caressée par les alizés. Devant eux, une île verte, fière et intacte, que nul Européen n’avait jamais foulée. Ils la baptisèrent Isla Bella. Les ‘Uma, peuple premier de ces terres, les accueillirent. De leurs unions naquit une génération nouvelle, sang mêlé, destinée à bâtir une société sans roi ni président, mais dominée par ceux qui possédaient richesses et terres.

Le père de Inès était un descendant direct de Hoces, ce qui le gonflait encore plus d’orgueil, et alourdissait le poids sur les frêles épaules de sa fille. Inès, dont la beauté était sans égal, avait la lourde responsabilité de représenter la famille. On attendait d’elle qu’elle reprenne les rênes de l’entreprise familiale.

Mais aujourd’hui, las des courbettes et des convenances, elle voulait s’amuser.

Accompagnée de ses dames de compagnie, ses laquais et ses jeunes gens, elle débarqua au Golden Bolt, espérant assister à l'un des fréquents spectacles de flamenco ou de danse folklorique ‘Uma. La jeune Dame et sa suite impressionnèrent par leur grâce et le faste de leur toilette. Robes espagnoles au corset ajusté, étoffes de fils d’or, chignons ornés de plumes et bijoux coûteux, la princesse et ses suivantes offraient un spectacle raffiné à leurs observateurs. Et les jeunes hommes qui les accompagnaient les encadraient de leur force et leur beauté, tels des mustangs puissants et majestueux. Tous, du noble au vil bandit, s’inclinèrent sur leur passage. Personne n’aurait osé leur faire le moindre tort. Car tous savaient que c’était la fille du Signor Cristobal, connu pour sa puissance et sa richesse. Et personne ne voulait être pendu.

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