Les petits pois parleurs
Il était une fois une famille de petits pois nommée Bondula qui faisait la loi à Potage-sans-Gras. Le premier qui s’amusait à appeler l’un de ses membres « pois cassé » ou « pois chiche botoxé » perdait sa cosse plus vite qu’une cabosse. A potage-sans-gras, sous la menace des Bondula, les jours s’égrainaient encore plus austèrement que les grains de chapelets à l’intérieur d’un monastère privé d’eau et d’électricité, jusqu’au jour….
….Jusqu’au jour où la famille Bioton débarqua, masques à la main…
Petits, moches d’après le standard des petits pois mais souriants !
Les Bioton étaient venus de loin pour se présenter au concours des « petits pois dans vos assiettes ». La famille gagnante remportera la place d’honneur sur les étals, en tête de gondole.
Les voyant ainsi arriver, les familles Bondula et Potage-sans-Gras se regardèrent saisis de la même stupeur !
Bioton père, en bon commandant en chef, somma sa petite troupe de jeter les masques.
« A armes égales maintenant ! »
L’ambiance qui régna à ce moment-là fut empreinte d’un mélange d’étonnement et de silence…
« Nous allons nous installer près des oignons, la place est sûre ! » ajouta Bioton père. Une voix venue de ses rangs se fit alors entendre
« Comme ils sont beaux ces petits pois ! »
Un instant atterés, les Bondula, bombant leurs cosses, se fixèrent en face des Bioton.
« Arrière d’un mètre ! » tonna petit pois en chef Bioton
« Sérieux ? » s’agita petit pois Bondula mère en exécutant des « rouler, bouler » de rires incontrôlables.
Bondula père pris alors un air de fier-à-bras
« Vous arrivez en territoire conquis, tout petits que vous êtes, des masques à la main…mais c’est carnaval ! »
La famille Potage-sans-Gras restée muette jusqu’à présent s’hasarda d’un
« mais pour qui vous vous prenez donc ! »
Cassée, broyée aussitôt d’un cinglant « c’est moi qui parle ici ! » provenant de Bondula père, elle se replia sur le champ.
« Bon, je vais vous expliquer les règles se figea Bondula père, encadré maintenant par toute la famille Bondula
« Ici il y a nous, les Bondula et les Potage-sans-Gras, de vrais fayots sans saveur aucune ceux-là ! C’est moi qui commande dans la boutique ; pour vous installer et pour tout d’ailleurs ! Vous avez choisi de loger à côté des oignons, ça me convient et si vous supportez leur odeur c’est votre problème ! »
Un énorme rire de petits pois Bondula verts de rage et de rires sous capes de leur cosse des petits pois Potage-sans-Gras s’ensuivirent…
Bondula père ajouta « un mètre de vous, volontiers, j’en décrète même deux ! »
Là, en concert non concertés, les Bondula et les Potage-sans-Gras s’esclaffèrent.
« Deux mètres de distance, merci, cela nous convient ! » ironisa la famille Bioton « vous empestez! »
« Nous empestons ! répétez un peu pour voir ! » répliqua Bondula père, sorti de sa cosse.
« Oui et vous êtes tellement chargé d’agressivité que si j’étais une poule je m’inquièterais de vous manger, alors au menu d’une bonne table, n’y pensez même pas »
On pressent la famille Bondula qui commence à charger et se mettre en boule, l’atmosphère est palpable, un mot de plus et la purée de petit pois n’est pas loin…
« Voyez-vous s’enhardit vaillamment Bioton père : vous les Bondula et les Potage-sans-Gras vous êtes beaux, bien calibrés, hypervitaminés mais botoxés»
« Première erreur, pointa Bondula père, pas de Bondula et de Potage-sans-Gras dans la même phrase, et deuxième erreur, reprit-il en se donnant un air de diva, « tout est absolument naturel ! »
« Naturel, vous me prenez pour un petit pois sorti de la première pluie ! La terre qui vous a porté, l’eau qui vous a abreuvé, tout est toxique, chimique et en plus ça sent l’OGM ! »
« Cela n’est pas étonnant que vous soyez beaux, forts, robustes, d’une durée de vie presque immortelle tant la dose de pesticides vous a enveloppé, vous ne vous en rendez pas compte mais vous empestez les produits chimiques. Cela dit nous avions apporté nos masques en prévision d’un entretien un peu trop rapproché… Sachez par ailleurs que nous avons bravé plus forts que vous, les insectes avec lesquels il a fallu se battre pour se développer…le prix à payer pour grandir dans un terreau sain »
D’autre part, pour le concours, nous avons toutes nos chances, la mode est au sain et au naturel, peu importe une trop belle apparence et pour votre gouverne financièrement au kilo nous pesons la même chose à un petit écart près mais c’est le petit plus qui fait la différence !» Il faut avoir un petit pois dans la tête pour ne pas en tenir compte !»
« Nous verrons bien qui emportera ce concours et à l’heure où je vous parle, il me semble que vous avez changé de couleur ! »
*AUCUN POIS N'A SUBI DE VIOLENCE PHYSIQUE PENDANT CETTE HISTOIRE
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