81. Sans avenir

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PDV d'Ely

Après l'annonce de Jeff, je regagne ma chambre escorté par le lieutenant Nathan. Voilà la réelle raison des lieutenants qui me cèdent tous depuis ce matin. Je suis déboussolée. Comment vais-je faire sans lui ? Je l'aime plus que de raison. Je refuse de pleurer devant le lieutenant, je ne l'ai pas fait devant le Colonel, ce n'est pas maintenant que je vais le faire. Il serait trop content de m'avoir achever.

J'ai besoin d'être seule, je prends sur moi. Avant de rentrer dans ma chambre, je demande au lieutenant de me laisser seule le temps que je réunisse mes esprits mais surtout ne pas craquer devant lui. Il serait trop content de mes faiblesses ce crétin sans cervelle. Je suis tellement en colère. A peine après avoir fermé la porte je m'effondre contre celle-ci, les larmes coulent, je ne peux plus les retenir.

Je finis par me relever, je dois me ressaisir et partir le plus vite d'ici. Une valise trône sur mon lit. Elle doit être pour moi, quand je l'ouvre elle est pleine de vêtements que même une mamie ne mettrait pas. L'enfoiré, il avait tout prévu depuis le début. Il s'est joué de moi comme un mouchoir usé que l'on jette. Les larmes surgissent de plus belle, avoir été manipulé par lui est trop dur à supporter.

Ça ne va pas se passer comme ça .

Je récupère les ciseaux dans ma trousse et décide de faire des lambeaux. De toute façon, moi je serai partie . Je prends la valise en ne mettant rien dedans, je suis prête. Je me tourne une dernière fois vers mon lit, cet endroit qui était devenu mon champ de bataille pour m'en sortir. Le colonel a tout gâché et m'a anéanti à un point inimaginable.

Je traverse la cour sans même me retourner escorté par le lieutenant qui m'attendait devant la porte. Ce sont vraiment ses toutous. Il m'ouvre la porte comme si je n'étais pas capable de le faire, ce qui a le don de m'énerver.

- Pas la peine d'en faire autant, je ne vais pas me barrer.

— Je respecte les consignes, Ely.

— Vous pourrez lui dire de ma part, que je suis assez grande et que je n'ai pas besoin d'un de ses larbins pour m'escorter, je connais la sortie !

— Ely, fais des efforts je n'en suis pas plus ravie que toi de la façon dont se termine ton séjour.

— A d'autre !

Il ne me répond pas, et se dirige vers le parking des instructeurs. Il m'ouvre la portière. On ne sait jamais si je me barre.

Nous prenons la direction de la ville. L'école est vraiment loin du centre ville, pas étonnant que personne ne réussisse à se barrer de cette prison. Je ne comprends pas pourquoi il ne me renvoie pas chez mon père. Après tout c'est là qu'est ma place.

Nous arrivons devant un bâtiment qui ne paie pas de mine. Il est d'un vieillot. Après la prison, les curetons. Nous sommes accueillis par un homme d'une trentaine d'années, il est plutôt mignon. Mais pas le temps de monter anguille sur roche. Dès qu'ils auront le dos tourné je me casse d'ici. Pour qui il se prend ce colonel, il me vire et monsieur se permet de m'envoyer dans un autre établissement et de plus sans me demander mon avis. Il me montre le dortoir car on peut appeler cet endroit comme ça. 10 lits trônes dans une chambre, c'est vraiment lugubre cet endroit. Nous avons à peine 6 mètres carrés par personne. C'est encore pire que le lieu que je viens de quitter.

— Je te laisse t'installer Ely, le temps de remplir les derniers papiers avec le lieutenant, je repasserai te voir un peu plus tard. Ici, c'est l'endroit idéal pour se faire une situation et voler de ses propres ailes. Nous ferons en sorte de t'aider en ce sens. Bienvenue parmi nous.

Je ne lui réponds pas ce qui me vaut un coup de coude du lieutenant. Mais pour qui se prend t-il, il n'est plus rien pour moi cet abruti.

— Ely, je sais que tu es vexée par la situation mais fais quelques efforts. Ils sont là pour t'aider. Bon courage Ely et saisis enfin ta chance. Le colonel Jeff ne s'est jamais investi pour trouver un lieu à une recrue quittant son centre.

Je ne lui réponds pas, lui tourne le dos pour lui montrer que j'en ai terminé avec lui. Je les entends enfin quitter la chambre.

Ni une, ni deux je me casse d'ici. Je profite de m'éclipser pendant qu'ils sont occupés. Ce n'est pas difficile de passer inaperçu car je n'ai rien emporté de la caserne.

Je suis libre comme l'air. Je vagabonde comme au bon vieux temps dans la rue. Je vais devoir me prostituer ou mendier pour pouvoir manger.

Je dois garder la tête haute et montrer à tous ces crétins que je suis capable de m'en sortir sans eux.

Je me poste devant un supermarché et mendie les gens sont plutôt sympa, je récupère rapidement de l'argent pour m'acheter quelque chose qui va me réchauffer. J'attrape une bouteille de rhum, j'en ai trop envie depuis le temps que je n'ai rien bu dans cette prison. Finalement, la liberté n'a pas de prix.

A peine sortie, je reprends ma route tout en buvant. Je cherche un endroit où je pourrais dormir ce soir. La rue, ça me connait. Il me faut un endroit stratégique, l'alcool fera le reste.

Il est déjà tard, la nuit tombe, je commence à regretter de ne pas m'être acheter à manger. Mon estomac crie famine, alors que je déambule toujours dans les rues à la recherche d'un endroit pour dormir. En chemin, je tombe sur une personne que j'ai l'impression de connaître. Mais je dois me faire des idées.

— Bonjour Ely, tu as besoin d'aide.

Je n'arrive pas à me rappeler qui c'est. Il me sourit et m'aspire confiance.

— Je cherche un endroit où dormir, il fait froid ce soir.

— Tu sais je me rendais au bar du coin, si tu veux tu peux m'accompagner. Ensuite tu pourras dormir chez moi.

— Oui.

Je réponds sans réfléchir tellement j'ai froid. Ce mec me dit quelques choses mais je n'arrive pas à me souvenir. 

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