14 septembre

Los Angeles

14H32

Jack était assis sur un banc , il faisait semblant de lire le dernier roman de Guillaume Musso. Il leva légèrement la tête vers une femme qui descendait d'un taxi près du salon de thé d'en face. Il parla dans son micro caché dans le col de sa chemise :

- Derek, j'ai une femme en visuel. Blonde, dans les 40 ans, un attaché-case à la main.

Derek se trouvait à l'intérieur d'une camionnette banalisée en compagnie de son équipe. Il surveillait une dizaine d'écrans qui donnaient sur la rue et l'intérieur du salon de thé. Il répondit :

- Je la vois Jack, c'est sûrement elle, c'est Jezabel ! Damn you ! Reste en position. Kate, que vois-tu de ton côté ?

Kate filait un jeune rappeur dans la rue. Elle répondit :

- Fox arrive dans la rue, il a pris la direction du salon de thé.

- Suis-le mais n'entre surtout pas. Il ne faut pas qu'il se doute de quoi que ce soit. Sean c'est à toi de jouer dickhead.

Sean dissimulait sa carrure de boxeur poids-lourd dans une tenue de serveur un peu trop courte, sa chemise craquait à chaque geste, mais il devait jouer son rôle :

- Entendu chef.

Sean vit la femme entrer et s'asseoir à une table. Elle était belle mais sa peau lissée au botox ne laissait aucune expression au visage. Ses mains trahissaient son âge, elle devait avoir la cinquantaine. Sean s'approcha d'elle :

- Vous désirez Madame ?

Au sourire de celle-ci, Sean devina que son physique d'athlète ne la laissait pas indifférente, elle commanda un café. Sean retourna au bar et pendant qu'il prenait la cafetière pour verser du jus de chaussette made in america dans la tasse, il chuchota dans son micro :

- Jezabel a commandé un café... 

- C'est bien, répliqua Derek, reste vigilant.

Fox entra dans le salon, d'une démarche chaloupée au rythme de la musique de son mp3 sur les oreilles.

Derek hurla dans son micro :

- Sean, le laisse pas approcher de cette fucking bitch !

Fox s'était approchée de la blonde :

- Vous avez l'heure madame ?

Mais Sean s'interposa :

- Il est 14 heures 40, monsieur.

Outrée, la femme se leva, sortit un 357 magnum de son sac à main rose et le pointa contre la tempe de Sean. 

- Asseyez-vous, invita-t-elle le jeune homme, tandis qu'elle menaçait le serveur.

Dans son fourgon, Derek fulminait :

- Mais bon dieu qu'est-ce que tu fous Sean ? Motherfucker ! Bon appelez tout de suite le SWAT, il nous faut des renforts...

Kate sur le trottoir avait sorti son pistolet automatique :

- J'y vais Derek, je peux sauver Sean.

- Non Kate, tu n'interviens pas c'est trop risqué, holy shit !

- J'm'en fous, j'ai déjà perdu Marc lors de l'opération d'Atlanta, mon frère Peter dans celle de Phoenix, et ma mère à Miami, je ne laisserais pas cette fois un terroriste assassiner mon meilleur ami.

Kate se souvenait avec douleur de la mort tragique de Marc, son petit-ami qui venait de la demander en mariage, abattu froidement par un terroriste lors d'une prise d'otage, trois semaines plus tard et c'était son frère Peter qu'elle n'avait pas su protéger d'un tir de roquette alors qu'il faisait ses débuts dans son unité. Quant à sa mère, elle lui avait sauvé la vie en la jetant à la mer depuis un yacht piégé par une bombe qui explosa. Kate se sentait coupable pour chacune de ces disparitions.

- Jack, empêche-là de faire une fucking connerie. 

Jack jeta son roman de Musso dans la poubelle voisine, sortit son Beretta 9mm et traversa la rue, brandissant son insigne aux automobilistes qui pilaient sur les freins à son passage. Mais Kate entra à son tour dans le salon de thé.

Sitôt dans la salle, la blonde la menaça :

- Baisse ton arme ou je dézingue ton copain !

Kate posa son flingue sur le sol.

- Fais pas quelque chose que tu pourrais regretter, répondit Kate, sûre d'elle.

- Je ne regrette jamais ce que je fais, ta mère doit sûrement s'en souvenir.

Kate comprit avec autant de stupéfaction que de rage que c'est Jezabel qui avait piégé le yacht de sa mère. Elle sauta sur son arme à terre.

Derek vociféra : 

- Bloodyhell !

A l'instant où Jack passait la porte, Jezabel tira, les balles passèrent au-dessus de Kate qui faisait un roulé-boulé sur le sol, mais elles atteignirent Jack en pleine poitrine. Il fut propulsé en arrière et s'effondra sur le trottoir. Kate riposta avec son uzi, les balles explosèrent tous les verres et les tasses du salon de thé, y compris la cafetière d'où l'immonde café se répandit sur le sol. Quand elle cessa de tirer faute de munitions, elle aperçut Sean étendu par terre qui se vidait de son sang. Jezabel et Fox s'étaient enfuis par la porte de derrière. Sean respirait de plus en plus difficilement :

- J'suis foutu Kate.

- Non Sean, bats-toi, les secours vont arriver, tu vas vivre.

- Hélas Kate, c'est fini pour moi, dis à Jenny que je l'ai toujours aimé.

- Je lui dirai Sean...

- Attends, dis aussi à Luke que je suis son père... arghhh!

Sean s'était éteint pour toujours. Kate pleurait en sortant dans la rue. Il pleuvait abondement. Jack se releva et enleva la médaille que lui avait offert son père à son douzième anniversaire. Celle-ci ne le quittait jamais, il l'avait mise dans la poche de sa chemise. La balle s'était incrustée dans le métal de la médaille, elle lui avait sauvé la vie. 

Derek s'excitait dans son micro :

- Qu'est-ce que foutent les cocksuckers de renforts ? Bon que les hélicoptères arpentent le quartier, je veux les images satellites et des caméras videos de toutes les rues de Los Angeles. Qu'on me retrouve ces fucking bastards !

Derek était fou de rage, des années qu'ils travaillaient sur ce coup et voilà qu'un incident venait tout foutre en l'air. Il jouait sa carrière, lui qui se donnait à fond depuis le temps où il n'était que le capitaine de l'équipe de foot de l'université. En tant que Black issu de quartiers pauvres, il ne devait sa place qu'à son travail acharné, sûr qu'à la moindre erreur il serait renvoyé à la circulation.

Washington

15H12 (heure de Los Angeles)

Maison Blanche

Un officier marchait à pas rapides vers le bureau présidentiel. Comme on lui refusait l'entrée, il insista :

- Urgence absolue, c'est un code rouge de niveau 18 !

Il força presque le passage : le président était assis sur son fauteuil, la chevelure de sa secrétaire dépassait d'entre ses jambes. Monica se releva rapidement et sortit non sans adresser un petit sourire coquin à l'officier. Mais celui-ci n'était pas dans un jour à se laisser distraire :

- Monsieur le président, navré de vous avoir interrompu dans votre travail mais je dois vous avertir que Jezabel s'est échappée. Le FBI est à ses trousses.

- C'est fâcheux... si la presse l'apprend, le gouvernement tombera. Faites le nécessaire pour régler cette histoire.

- Bien Monsieur le président.

Village de Skalitsa en Bulgarie

15H47 (heure de Los Angeles)

Dimir :

Kopraï ? (Comment ça va ?)

Yvan :

Nichto a ti ? (Rien et toi ?)

Dimir :

Imam rabota, kravata mi e bolna. (J'ai du travail, ma vache est malade)

Yvan :

Dobré ! (Bien).

Los Angeles

16H28

Jardin Botanique

Jezabel et Fox pénétrèrent dans le jardin, le jeune homme marchait difficilement, il avait pris une balle dans le bras. Elle le soutenait du mieux qu'elle le pouvait, mais ce n'était pas facile avec ses haut-talons. Soudain ils aperçurent un couple enlacé. La blonde n'en crut pas ses yeux : c'était Cobra son mari. Ainsi l'avait-il trahie avec une plus jeune. Elle pointa son magnum en direction de Cobra.

- Cobra ! Qu'est-ce que tu fais avec cette pétasse ?

Cobra tourna la tête dans sa direction, il indiqua à la fille de s'éloigner pour sa sécurité. Mais à peine fit-elle quelques pas que Jezabel l'abattit froidement.

- Ecoute, ce n'était pas ce que tu crois Jezabel, expliqua Cobra en inventant au fur et à mesure, il n'y avait rien entre nous, nous répétions Roméo et Juliette pour une pièce de théâtre...

- Non Cobra, je ne crois plus à tes mensonges. 

Elle allait tirer lorsque des coups de feu retentirent et qu'elle tomba lourdement sur le sol, descendue par une rafale de M16. De tous côtés arrivèrent des policiers du SWAT, du plafond descendirent des Navy Seals avec une corde. Kate et Jack surgirent de derrière un arbre :

- F Bi Aille ! Personne ne bouge !

Lorsqu'ils passèrent les menottes à Fox et à Cobra, Derek les félicita dans leurs oreillettes :

- C'est bien, nous avons fini par les avoir ces fucking assholes !

- Oui, malheureusement nous n'avons pas eu Jezabel vivante, répondit Kate.

Washington

16H43 (heure de Los Angeles)

Maison Blanche

Officier :

- Monsieur le Président, Jezabel est morte.

Président, tout en cachant sa secrétaire sous le bureau :

- Bien, vous féliciterez la CIA, nous avons eu chaud. Bon laissez-moi, je dois trier des dossiers.

Village de Skalitsa, Bulgarie

16H59

Yvan :

Kak e kravata ti ? (Comment va ta vache ?)

Dimir :

Tia e dobra. (Elle va bien)

Yvan :

Vsitchko dobro ! (Tout de bon !)