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Je m'étais éclipsée au bout milieu de la nuit, comme une voleuse, en passant par la fenêtre de ma chambre. Lorsque j’ai regardé la maison de mes parents une dernière fois, un pincement me déchira le cœur. J’avais le pressentiment que je commettais une grosse erreur. Mais j'avais décidé de ne pas m'écouter, et j'avais filé droit chez Audrey.
Après avoir parcouru les trois kilomètres qui me séparaient de mon amie, je sonnais chez elle malgré l’heure tardive. Sa mère m’ouvrit, le visage froissée, les yeux endormis et en pyjama. Lorsqu’elle vit les marques sur mon visage, elle se réveilla complètement, me serra dans ses bras et s'empressa de me faire entrer. Je savais qu’elle avait beaucoup de préjugés sur les maghrébins et j'avais l'intention de m'en servir pour qu’elle me rende service. Je lui expliquais alors toute la "vérité". Cette vérité qui n’était pas un scandale pour une famille qui n’avait pas nos croyances.
Après quelques larmes de sa part, Suzanne, parti réveiller sa fille qui dormait paisiblement.
— Putain Alya ! Mon dieu ! Ton père est un monstre !
Les paroles de mon amie me touchèrent en plein cœur. Il n'en était pas un. Pourtant, j’avais décidé de jouer le pire rôle de ma vie.
— Il faut que tu m’aides Audrey ! Je ne dois pas retourner chez mes parents. Je dois retrouver Nabil au plus vite. Il me protégera de ma famille.
Audrey et sa mère ne se firent pas prier.
Dès le lendemain matin, à leur frais, je montais dans le train qui me menait à Paris.
Je les imaginais déjà venir à mon mariage pour les remercier.
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