Épilogue : Initiales.

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Alors que la soirée battait son plein, Kimi décida d’aller chercher son iPod pour passer d’autres musiques. Elle monta les escaliers en trombe, extatique. C’est toujours quand elle avait besoin qu’elle ne remettait plus la main dessus. Elle fouilla tous ses tiroirs. Tout ce sur quoi elle retomba, c’est une photo de sa mère. Elle eut soudainement envie de pleurer. L’alcool l’avait rendue émotive. Après un temps à contempler la femme dont elle n’avait presque plus aucuns souvenirs, ses yeux se mirent à rougir. Elle sursauta en entendant quelqu’un arriver. Sky comprit qu’il apparut au mauvais moment. Il ne sut quoi faire en voyant son début de larmes. Ses yeux vrillèrent alors sur le papier qu’elle tenait en main. Nerveusement, et gênée, elle rit et se laissa tomber sur son lit. Conscient de pénétré dans son intimité, Sky entra dans sa chambre et s’assit auprès d’elle.


  • Qui est-ce ? fit-il en pointant la photo du doigt.

Elle rit à nouveau, en s’essuyant les yeux de la manche de sa robe. Les larmes n’en avaient rendus le bleu que plus beau. Elle perdit son sourire en observant à nouveau longuement le cliché.


  • C’est ma mère, dit-elle enfin.
  • Je peux voir ? demanda-t-il, pour une fois, gentiment. Tu lui ressembles beaucoup, ajouta-t-il en brandissant la photo à côté du visage de Kimi.
  • Pff, j’espère que tu ne dis pas ça pour te moquer...
  • Tiens, tiens, ne serait-on pas à la recherches de compliments ? la taquina-t-il.
  • N’importe quoi, bouda-t-elle.

Un silence suivit.

  • Hum, pourquoi est-ce que tu es monté ? se demanda-t-elle alors.
  • Ah, je… pour… Je venais m’excuser, en fait, avoua-t-il sans la regarder, la tête bien haute. Avec les autres en bas, impossible de le faire sans qu’ils se moquent. Donc… Hum, je suis désolé d’avoir été…

Ces mots semblait lui brûlait la gorge. Sky était définitivement quelqu’un de fier. Elle sentit néanmoins sa franchise quand il planta ses yeux verts dans les siens. Magnifiques, comme la première fois qu’elle les avait vus.


  • Un parfait connard ? chercha-t-il ces mots.
  • À peu de chose prêt, c’est plus ou moins ça, pouffa-t-elle.
  • Hey, je suis sérieux !
  • Je sais, lui sourit-elle en guise de réponse.

Il se sentit tout d’un coup étrange face à sa bouille réjouie, alors il changea de sujet :


  • Ce collier appartenait à ta mère, c’est ça ? Depuis combien de temps est-elle… ?
  • J’avais sept ans. J’ai quelques photos souvenirs, mais c’est surtout ce bracelet auquel je tiens le plus. Excuse-moi de t’avoir giflé, mais quand tu me l’as pris… J’ai eu la sensation qu’on me la retirait à nouveau. C’est un cadeau de sa part. Je me souviens parfaitement du jour où elle me la passer au poignet. Il était bien trop grand d'ailleurs...

Sky comprenait mieux et il se sentait réellement coupable. Pas question de le montrer, par contre. Kimi le devinait quand même à son attitude plus douce qu’à l’habitude.


  • Est-ce que tu te souviens d’elle ?
  • En fait… Je n’ai pas beaucoup de souvenirs, c’est pour ça que celui-ci est si précieux.
  • Mais tu avais sept ans ? Comment ça se fait que…
  • Je ne sais pas, le coupa-t-elle. Moi aussi, ça me frustre, beaucoup même.
  • Je n’aurais pas dû demander…
  • Non, c’est bon…

En voyant son visage attristé, une boule de colère se forma au creux du ventre de Sky, du moins ce qu’il crut en être une. Il partageait à nouveau un regard avec Kimi et s’apprêtait à chasser un cil sur sa paupière quand un cri strident vint le couper dans son élan. D’une traite, les deux adolescents se précipitèrent en bas. Ce qu’ils crurent être un accident, n’était rien d’autre que Selim, plus vivant que jamais, une batte de base-ball à la main. Il criait dans tous les sens :


  • D’ENFER !! Elle est grave stylée !!

Il maniait le vieil objet dont la peinture rouge s’écaillait. Des clous y avait été totalement planté, fendant le bois. Un peu plus et il mettait un coup dans le lustre. Dossan jeta un coup d’œil à Kimi, ne sachant quoi faire. Elle s’occupa de lui prendre des mains.


  • Tu vas finir par casser quelque chose…
  • C’est à toi ? Elle est trop classe !
  • Elle est surtout abîmée et bonne pour la poubelle ! Et dis dont, où est-ce que tu as trouvé ça ?
  • Ah nan, c’est pas moi !
  • Je l’ai trouvé dans le débarras, expliqua Alex qui ne donna aucune raison de son envie de fouiner dans le vieux placard.

Très intéressé, Selim se pencha sur la batte et tenta de la lui reprendre, mais Kimi était plus rapide. Il eut tout juste le temps de passer ses doigts sur des lettres graver dans le bois, sans vraiment pouvoir les lire par contre.


  • C’est à qui ces initiales ?
  • Hum, aucune idée, fit Kimi en haussant les épaules. Je crois qu’on l’avait trouvé avec des copains et qu’on la gardée pour jouer au baseball, sauf qu’elle est un peu pourrie…
  • Si tu n’en veux plus, moi je veux bien la prendre, je la trouve grave cool !
  • Mais quel petit pilleur ! l’embêta Laure.
  • Nan, je vais la mettre au garage, on ne sait jamais ça peut toujours être utile, plaisanta-t-elle en faisant semblant d’assommer Selim.
  • Fais donc ça, ma chérie, lui dit doucement Dossan en déposant une main sur le haut de sa tête. Il vaudrait mieux éviter une casse…
  • Mince ! J’en ai encore trop fait ! Rah si maman savait, elle me gronderait encore...
  • Qu’est-ce que tu veux dire par là ? l’interrogea-t-il soudainement intéressé.
  • Oh, c’est un vrai casse-cou ! s’exclama Faye.
  • Il a fait la misère à plusieurs grandes familles quand il était jeune, l’enfonça Alex.
  • Et si tu nous racontais un peu tout ça ?

L’invitant à s’asseoir dans le fauteuil, aussi dans l’espoir qu’il se calme, Dossan jeta un coup d’œil à Kimi qui quittait la pièce. Tout le monde s’était agglutiné autour de Selim pour écouter ses histoires abracadabrantes.

La batte de baseball à bout de bras, Kimi alluma le néon dans le garage et enjamba quelques caisses pour atteindre un petit escalier qui menait alors à la cave. Elle tira sur un cordon pour obtenir un peu de clarté. L’ampoule grésillait au-dessus de sa tête tandis qu’elle se dirigeait jusqu’à une fine armoire métallique. Elle l’ouvrit à l’aide de la clé et pris la batte dans ses mains de manière à ce qu’elle soit couchée. Parcourant le bois de ses doigts, elle sentait les échardes s’y accroché. Kimi jeta un regard méprisant à l’objet et plus précisément aux initiales taillées à coup de cutters, qui avait précédemment attiré la curiosité de Selim.

D’un geste las, elle la laissa tomber dans l’armoire, la ferma à clé et jeta celle-ci dans la bouche d’évacuation d’eau. De retour près de ses amis, ceux-ci l’accueillirent chaleureusement. Elle s’installa alors aux côtés de Dossan qui embrassa affectueusement le haut de son crâne et rejoint le partage d’anecdotes croustillantes. Les coudes enfoncés dans ses genoux, le menton posé sur ses poings, elle riait à pleines dents. Elle riait, comme ses amis, les Richess, qui mentaient sans cesse à leurs parents et comme Dossan qui gardait les secrets de l’ancienne génération bien au chaud.

Elle souriait, alors qu'en son for intérieur les lettres grossièrement dessinées sur cette batte ne cessait de lui apparaître. Elle voyait de manière distincte, le temps de ne serait-ce qu'un battement de paupières, ces initiales :

“D.B.”

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