Chapitre 56

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— Ethan ! Que me vaut le plaisir de ton appel ?

Je me sens atrocement mal à l'aise tandis que la face rougeaude de Keliver s'affiche sur mon entoptique. Je réalise alors que j'ai sans doute surestimé mes capacités. Il m'est aisé de dialoguer avec quelqu'un en proximité, car j'ai accès à ses humeurs et ses arrière-pensées. À distance, avec les expressions faciales et le ton d'une voix comme seuls indices, cela nécessite des compétences que mon père a bien mieux développées que moi.

Ce n'est pas le moment de me débiner. Je joue mon avenir, ma vie même, dans cette histoire. Quoique je n'aie jamais envisagé d'avoir un avenir sur Mars, alors je suppose que je peux le sacrifier volontiers.

— Nous n'avons guère eu le temps de terminer notre conversation, la dernière fois, au dîner du Sélène...

— Oui, je me rappelle que ton père est venu nous interrompre. S'ingère-t-il toujours de cette façon dans tes affaires ?

— Disons qu'il aime garder le contrôle sur ce qu'il croit posséder...

Un sourire malin se dessine sur sa figure. Il espère me voir arriver là où cela arrange ses combines.

— Effectivement, mais c'est aussi ce qui contribue à sa qualité en tant que gouverneur, j'imagine.

— Comme gouverneur, et peut-être prochainement, président de la Fédération... J'ai cru comprendre que vous briguiez, vous aussi, ce mandat, n'est-ce pas ?

Sa figure plantureuse se déforme d'un rire amer, alors qu'il comprend que j'ai fouillé dans son esprit l'autre soir. Seulement brièvement. Je n'imaginais pas devoir jouer ce jeu-là avec lui à ce moment-là. Mais son ambition était si criante qu'il était impossible de passer à côté.

— On ne peut rien vous cacher à vous, les Alters... En effet, je compte me présenter pour cette élection et ton père sera mon plus rude adversaire.

— Pas si des informations fâcheuses à son sujet fuitent sur le réseau.

Le sourire de convenance s'étire cette fois en une large dentition carnassière.

— Tu me surprends, Ethan. Tu joues si bien les garçons timides et effacés que j'ai du mal à concevoir quel intérêt tu aurais à trahir ton propre père...

Le dégoût que je lui ai suscité pendant des années ? Sa volonté de me contrôler comme un pion docile ? Ou le soufflet de sa trahison lorsqu'il m'imposa la psychochirurgie contre mon gré ? Ce ne sont pas les raisons qui manquent. Mais je ne vois pas d'intérêt à les partager avec ce gouverneur véreux.

— C'est un rôle qu'il est convenable de tenir pour éviter d'attirer l'attention. Cela ne m'empêche pas d'avoir de l'ambition. Je vais être direct. La politique ne m'intéresse pas, je laisse cela à des gens comme vous et mon père. Je compte en revanche me frayer un chemin au sein des Renseignements. Vous connaissez les rumeurs sur mes capacités d'Alters. Elles sont vraies et je parviendrai sans problèmes à mes fins grâce à cela. Hélas, Vauclair est trop bien enraciné sur son siège. Je sais que vous avez fait votre service militaire ensemble, lors du dernier conflit dans les Coprates et je sais que vous disposez de quelques dossiers à son sujet... Qu'en dites-vous, Keliver ? Un bon échange de faveurs mutuelles ?

Il grimace, se demande s'il ne devrait pas voir un coup fourré là-dessous, avant d'estimer que la carotte est beaucoup trop belle.

— Bien. Rencontrons-nous en privé dans ce cas.

*

— Tu peux répéter, Ethan ? Je n'entends rien avec les cris de cochons derrière toi ?

— Désolé, je vais m'en occuper.

Je mets en pause la conversation avec Thor le temps de revenir vers Keliver qui s'égosille depuis cinq minutes. Le gouverneur du Dôme Quatre a pris soin de déconnecter temporairement les systèmes de surveillance entre l'entrée de son fief jusqu'à sa fière tour pour invisibiliser ma venue. Dans ces conditions, il n'était pas bien difficile de passer inaperçu dans ce lieu où les machines dépassent de loin la présence humaine. Je voulais une rencontre discrète pour pouvoir le neutraliser sans attirer l'attention, j'ai été servi.

Si j'ai eu des scrupules à user du Rugen-Hoën pour le blesser et en profiter pour le menotter ? Pas vraiment. J'aurais dû. Peut-être. Pour le moment je reviens vers lui avec un morceau de tissu et tente de lui passer dans la bouche. Hélas, il se débat.

— À quoi joues-tu, espèce de cinglé ? Es-tu conscient qu'utiliser le Rugen-Hoën sur un représentant de la Fédération te vaudra la mort ? Je ne comprends même pas que tu puisses encore être vivant alors qu'on sait très bien que ce pouvoir n'engendre que des dégénérés ! Finalement, j'aurais dû me contenter d'attendre que la rumeur à ton sujet se répande. Ton père ne serait pas resté longtemps en fonction en étant soupçonné d'avoir outrepassé les lois sur la régulation des Alters pour son fi...

Je n'en peux plus de l'entendre parler, alors j'use encore de mon pouvoir de « dégénéré » sur lui. Il hurle de douleur, mais s'immobilise suffisamment longtemps pour que je puisse le bâillonner. Ceci étant fait, je retourne devant le terminal de son bureau et reprends ma communication avec Thor.

Je ne peux qu'être reconnaissant envers le hackeur qui a finalement décidé de s'engager dans ce projet complètement fou et quasi suicidaire. À l'oral, il prétend n'agir que pour l'argent, mais, pour connaître Hector, je sais que son alter ego est un homme de passion et d'obstination. Je lui offre l'occasion de se venger de son échec de l'an passé et de dévoiler au peuple martien la manigance de la Fédération. Un détenu reste un citoyen avec des droits. Pas sûr que tout le monde accepte facilement qu'on se serve des prisonniers comme de vulgaires outils pour les programmes de recherche sur les Alters.

— Répète-moi son code d'accès de secours, me demande Thor par mon module intra-auriculaire.

En me connectant au réseau du Dôme Quatre avec les accès administrateur de Keliver (pour les mots de passe, ce ne fut pas compliqué de les lire dans sa tête, j'ai eu, en revanche, un peu plus de difficulté avec ses marqueurs biométriques, mais en rapprochant le lecteur d'empreintes digitales de ses doigts...), j'ai permis à Thor de prendre la main.

Je vois s'afficher sur l'écran du terminal une flopée de commandes passer de « inactives » à « actives ». Thor est en train de dessiner une voie d'entrée pour les complices du LISS, droit sur l'usine d'assemblage des vaisseaux. Cette dernière appartient d'ailleurs à Space Infinity, la société historique des Della Verde. L'ironie de la situation pourrait presque me faire rire. Oui, je suis en train de trahir ma lignée, et jubile de ce honteux sabotage.

— C'est dingue quand même... lâche Thor. Le Quatre est une vraie forteresse de l'extérieur, mais une fois dedans, s'y mouvoir est aussi simple que de conduire un speeder dans une travée ascendante. Même après des siècles, ils n'ont toujours pas appris du mythe de Troie.

Je n'écoute plus vraiment Thor. Maintenant que j'ai rempli mon rôle ici, je ne dois pas lambiner pour la suite du plan. Pendant qu'un tiers des effectifs du LISS s'occupe de l'usine essentiellement robotisée, les deux tiers restants visent Lan Klau, qui dispose de bien plus d'effectifs humains. Et les attaques doivent être menées avec le bon timing, car l'alarme peut être donnée d'un moment à l'autre. Un véritable challenge avec seulement trois hackeurs aux commandes (Thor est épaulé par deux débrouillards du LISS) et une cinquantaine de rescapés de l'organisation rebelle. Je sens bien que ma présence est censée faire peser la balance. On compte sur moi pour neutraliser les gardes humains pendant que les hackeurs neutralisent les défenses automatisées.

Or, je n'ai jamais eu l'occasion d'employer le Rugen-Hoën à si grande échelle et j'avais très certainement sous-estimé l'effort nécessitant de cibler un humain à plusieurs cloisons maillées de ma position, puis de lâcher la bête féroce qui loge dans mon crâne sur cette cible en particulier, sans la laisser dévorer les autres humains qui m'accompagnent de plus près. Au départ, je m'efforçais de seulement les blesser, j'ai finalement lâché l'affaire. Le contrôle que cela exigeait épuisait trop vite mes réserves d'énergie. Et de toute façon, le LISS ne s'embarrasse pas de ce genre de pitié. La Fédération les opprime depuis bien trop longtemps pour qu'ils puissent se considérer encore comme pacifistes.

Alors oui, nous semons quelques cadavres dans notre sillage et je n'en suis pas fier. Je réalise que j'ai déjà bien trop poussé sur mes forces quand je sens la main puissante de Greg me rattraper avant que je touche le sol.

— Ça va, petit ?

Greg, c'est ce type qui m'avait fichu un coup dans l'estomac avant ma rencontre avec Hellander. Depuis que son chef lui a assuré qu'il valait mieux qu'ils m'aient dans leur camp que contre eux, cette petite frappe se fait bien plus amicale.

Je hoche la tête, tandis que de nouvelles instructions du groupe de Thor retentissent dans nos oreilles.

— Vous arrivez sur la salle de commande des cuves. Je n'ai pas de visu caméra pour vous dire s'il y a du monde dedans et c'est un circuit indépendant. Je ne vais pas pouvoir prendre la main dessus. Il va falloir que vous y alliez.

Je puise dans mes dernières réserves d'énergie pour scanner la salle. À l'intérieur, quatre personnes travaillent sur le monitoring des paramètres des prisonniers. Et comme nous avons eu la chance insolente de contrecarrer toutes les alarmes avant qu'elles se déclenchent, les employés de l'établissement pénitencier ne se doutent pas de notre arrivée.

Hellander passe la carte d'accès dérobée à un gardien et nous entrons en trombe. Les quatre individus se lèvent et dressent bien vite leurs mains en voyant les blasters pointés sur eux. Moi, je m'avance directement sur l'ingénieur en chef, un grand rouquin qui tente vainement de se cacher dans le fond.

J'arrive ainsi près de la baie vitrée. Celle qui donne sur les fameuses salles de cuves qui prennent tout l'espace sur le plan que Thor a uploadé sur nos entoptiques. Elles s'étalent sur trois étages d'environ mille-cinq-cents mètres carrés. On estime qu'il y aurait entre trois mille deux cents et quatre mille détenus à Lan Klau, et voir ce que cela représente visuellement me donne des haut-le-cœur.

Les cuves s'alignent à la verticale comme de sinistres cercueils blancs. On ne distingue pas les corps derrière le hublot et la gelée verte, qui empêche l'atrophie musculaire, dans laquelle ils baignent. On devine néanmoins qu'elles sont occupées de par le barda de câbles qui les alimentent et les voyants qui clignotent en grappes sur la tranche. Je ne peux que frémir devant la démesure que prend notre projet. Pour autant, je ne dois pas laisser transparaître de doutes. Facile. Je n'ai pas mon pareil pour ne trahir aucune émotion sur mon visage.

— Débloquez-nous l'accès au terminal de contrôle des cuves, exigé-je auprès de l'ingénieur.

Ce dernier me renvoie un regard effaré, comprenant ce que nous voulons faire.

— C'est de la folie ! Sortir quelqu'un d'un coma léthalogique aussi long nécessite une prise en charge médicale et du temps. Vous allez semer une pagaille monstrueuse en réveillant ces gens !

— On prend le risque. Débloquez l'accès.

Le rouquin ne bouge pas davantage après la deuxième demande. Il me toise d'un air de défi, s'imaginant qu'il n'a aucune raison de se sentir menacé par ma carrure de mouche albinos non armée. Pas le choix. Je déploie encore le Rugen-Hoën. Une seconde plus tard, il regrette son attitude bravache en se tordant de douleur sur le sol.

— Je n'ai besoin que d'un de vos doigts pour ouvrir ce terminal, faut-il que je vous le coupe ?

Je ne suis pas certain que la menace me sied vraiment. Heureusement que la douleur psychique que je lui inflige officie comme un argument suffisant. Il serre les dents et se traîne jusqu'au l'interface pour rentrer son code et glisser un doigt sur le verrou biométrique.

— Vous allez le regretter, grommèle-t-il. Vous n'aurez jamais le temps de quitter cet endroit avant que l'armée arrive...

Pour le coup, il n'a pas tort : le timing est serré. Alors je ne perds pas de temps à insérer le relais de Thor sur l'interface.

— C'est bon, j'y suis. Je lance la procédure de réveil, annonce-t-il.

Et alors que Thor a pris la main sur le terminal, je vois les noms défiler. Hellander a fourni une liste des membres du LISS incarcérés, ainsi que d'autres prisonniers politiques. Cela nous a posé un dilemme moral de ne pas réveiller tout le monde. En vérité, le choix n'était pas en option. Il aurait été irréaliste d'extirper d'un seul coup les trois mille sept cent huit détenus en suspension (je peux lire le chiffre exact à l'écran désormais). Surtout que la plupart n'ont certainement aucune envie de fuir vers Cérès.

Les hommes d'Hellander se répartissent entre les trois étages pour réceptionner les personnes étourdies qui émergent de ce sommeil prolongé, les aidant à nettoyer sommairement les traces de gel, à s'habiller et à retrouver leurs esprits. Je suis resté dans la salle de contrôle, observant ce ballet depuis ma vigie. Par réflexe, je guette les têtes des détenus en état de choc, espérant retrouver des visages familiers parmi les deux centaines de personnes qu'Hellander a choisi de libérer.

— Ethan ? appelle la voix de Thor dans mon intra.

— Hum ?

— Est-ce que tu connais cet homme ?

Je détourne mon regard de la baie vitrée pour jeter un œil à l'écran. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je reconnais Talinn sur le profil qu'il me montre.

— Pourquoi ? demandé-je.

Une autre question en guise de réponse. Et avec ma voix qui tremble en prime.

— Je ne sais pas. Il m'a l'air familier, alors que mes back-ups mémoriels sont formels : je ne l'ai jamais rencontré...

Cette simple phrase, un doute vague et à peine tangible, suffit à raviver l'espoir que je m'étais résigné à enterrer. Il peut y avoir des résurgences ! Et alors, peut-être une possibilité de se souvenir ?

— Libère-le, dis-je simplement.

— T'es sûr ?

Non, pas du tout. Il n'était pas sur la liste d'Hellander et je ne sais absolument pas pourquoi ni combien de temps il a été condamné. Lui faire prendre le risque d'un réveil brutal, alors qu'il espérait peut-être purger tranquillement sa peine avant de retrouver sa vie sur Mars, est probablement égoïste, voire cruel. Mais alors que je vois son profil sur l'écran, alors que Thor s'interroge sur lui, je ne peux pas simplement l'ignorer, n'est-ce pas ?

— Oui, affirmé-je.

— Ok.

De l'autre côté de la vitre, le chaos règne toujours, mais tend à s'ordonner progressivement. Je repère Sara – Sahar, de son vrai nom – complètement perdue et sous le coup de l'incompréhension. Elle trébuche et Wolfgang, alias Wolf, qui a émergé moins de cinq minutes avant elle, la rattrape déjà. Dans cette vie-là aussi, ils sont mariés. Il y a de ces destinées auxquelles on n'échappe pas.

Conjointement, les vaisseaux dérobés dans le hangar de Space Infinity se sont placés en stationnaire au-dessus de Lan Klau. Côté discrétion, ce n'est pas l'idéal. Du coup, ce qui devait arriver finit par arriver.

— Fais chier ! peste Hellander par la com. Un drone a déclenché l'alarme ! L'armée sera là dans dix minutes ! On n'aura jamais fini d'embarquer tout le monde.

— Alors il va falloir les retenir.

Ce constat fait, je quitte la salle de contrôle avec les deux derniers hommes du LISS qui abandonnent les employés de la prison, menottés à des conduites d'air. Nous rejoignons les autres assaillants qui préparent une défense de fortune sur le toit. Le tout est de protéger les trois vaisseaux le temps d'achever l'embarquement.

Sur le toit, Hellander nous répartit sur plusieurs lignes de défense avec un manque d'assurance qui me fait regretter le leadership infaillible de Zilla. Enfin, Larry, devrais-je dire désormais...

— On a cinq grenades IEM, annonce-t-il. Alors on les réserve uniquement pour les Goliaths. Il va falloir gérer les guêpes et les frelons au blaster traditionnel... La routine, n'est-ce pas ?

Quelques rires nerveux s'élèvent dans les rangs alors que les premiers vaisseaux de guerre de la Fédération font leur entrée dans le Dôme Quatre. Il faut au moins cela pour évacuer l'angoisse que suscite cette vision. De mon côté, je ne peux m'empêcher d'avoir cette impression de déjà-vu, lorsque j'essayais de fuir avec Larry six mois plus tôt. Est-ce qu'il a pu sortir de stase ? Est-ce qu'il a pu embarquer ?

— Si ça dégénère : repli immédiat derrière les boucliers du vaisseau. Ils vont tâcher de nous couvrir comme ils peuvent avec l'artillerie. Mo le sayefrei !

Les partisans lèvent le poing au slogan du ralliement ouvrier et Hellander se tourne discrètement vers moi.

— Tu crois que tu pourras t'occuper des humains avec le Rugen-Hoën ?

— Je vais faire de mon mieux.

En réalité, je ne suis pas sûr qu'il me reste assez d'énergie. Je l'ai déjà employé bien au-delà de mes limites aujourd'hui. Je ne pourrais pas le retenir de tuer, mais j'espère pouvoir le retenir de frapper dans les rangs du LISS.

Nos barrières de brouillage se déclenchent, obligeant les croiseurs militaires à débarquer en amont leurs effectifs, humains ou robots. Comme promis nous nous faisons assaillir par les guêpes, d'insupportables drones véloces très difficiles à cibler. Pendant ce temps, les miliciens en armures complètes arrosent allégrement nos pauvres défenses. Je les cible, ils tombent en quelques secondes.

Une deuxième vague arrive. Même chose.

À la troisième, je flanche. Les remparts de fortune explosent et les frelons lâchent une salve à la mitrailleuse. La douleur me percute le ventre, là où j'ai été touché. J'ai la tête qui tourne. Je ne tiens plus sur mes pieds et tombe à genoux.

Je me dis que je suis foutu quand je vois que les types à côté de moi sont aussi à terre et que les droïdes continuent à avancer pour nous achever. Nouveaux tirs de blasters, mais dans mon dos cette fois. Les frelons tombent. Des renforts !

— Tiens bon gamin !

Je sens un bras puissant me soulever. La douleur me fait tourner de l'œil. J'ai juste le temps de reconnaître la tête de Fen avant de m'évanouir. 

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