CHAPITRE 2

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La journée de Fanny fut bien remplie. Toute au long de la matinée, les nouveaux cowboys se succédèrent dans son bureau, pour l’attribution de leur logement, signer leur contrat et régler les derniers détails concernant leur période de travail. Elle les accompagna, chacun à leur tour, jusqu’au logement qui leur était attribué. Randy Pratt ne perdit pas de temps pour faire son numéro de charme à Fanny. Celle-ci mit les choses au clair tout de suite, mais elle était sûre qu’il retenterait. A elle de rester ferme et claire. Owen et Tony étaient très content de leur logement respectif vu que c’était pour eux deux, la première fois qu’ils vivaient en dehors de chez leurs parents.

Olivia avait fait installer une dizaine de bungalow qu’elle destinait à ses cowboys. Les bungalows n’étaient pas de grand luxe, la décoration était sommaire, mais d’actualité et il y avait le strict nécessaire au niveau ameublement. Il y avait des bungalows de tailles différentes afin de pouvoir accueillir soit des cowboys célibataires, soit des familles de 4 à 5 personnes. Les plus petits bungalows faisaient 30m2. Ils se composaient d’une petite cuisine ouverte sur la pièce de vie, d’une salle de bain et d’une chambre. Les plus grands bungalows faisaient 55m2 et avaient 2 chambres supplémentaires. Tous les bungalows étaient meublés et équipés de l’électroménager de base : lave-linge, réfrigérateur, gazinière, cafetière, micro-onde et un téléviseur.

Comme Olivia et elle le prévoyait Owen Brown vint se plaindre des tâches ingrates qui lui avaient été assignées. Fanny lui expliqua que travailler dans un Ranch, ça n’était pas seulement se balader à cheval dans la prairie, c’était aussi faire les tâches les plus ingrates et les plus difficiles, comme de nettoyer la litière des chevaux. Owen bougonna, mais partit prendre son poste tout de même.

Elle déjeuna à son bureau tout en travaillant afin d’avoir un peu de temps le soir pour aller faire une promenade à cheval aux alentours du Ranch. Fanny montait à cheval depuis sa plus tendre enfance. Sa mère lui avait transmise sa passion pour le cheval et la nature. Elle aimait, après sa journée de travail, décompresser en s’accordant une balade à cheval dans la plaine. Le contact avec l’animal, les plaines à perte de vue et le soleil couchant lui faisaient oublier les dures journées et les tracas du quotidien. Elle préférait être seule afin de vraiment tout oublier et profiter du paysage. Parfois elle s’arrêtait au pied d’un arbre et admirait la vie autour d’elle. A 18h Fanny avait fini sa journée. Après avoir pansé et sellé son cheval « Magic », elle prit la direction de la plaine. Quel bonheur de sentir le soleil chaud sur son visage, de respirer l’air pur et d’entendre seulement le chant des oiseaux.

Après une balade d’1h30, il était temps de rentrer. Une fois chez elle, Fanny oublia le Ranch pour la soirée. Elle essayait de ne pas laisser son travail, envahir sa vie privée. Fanny était célibataire depuis son arrivée au Ranch, il y a 10 ans. Son ex petit ami n’avait pas accepté qu’elle travaille avec d’autres hommes. Fanny qui aimait énormément son travail au Ranch et qui s’y sentait bien, avait préféré rompre avec cet homme qui l’étouffait et ne la respectait pas. Très macho, il aurait voulu qu’elle reste à la maison, mais elle n’était pas de cet avis. Elle n’avait rencontré personne depuis. Sa vie lui plaisait ainsi et pour le moment elle n’avait pas ressenti le besoin de chercher un nouveau compagnon. Lorsqu’Olivia la poussait à sortir pour trouver l’homme de sa vie, elle lui répondait que s’il existait, la vie ferait en sorte de le mettre sur son chemin au bon moment.

Elle se fit un plateau télé avec sa chatte « Harmonie » sur les genoux, toute ronronnante. Elle alla se coucher vers 23h, car demain recommençait une nouvelle journée de travail.

Fanny arriva au bureau à 8h30. Randy Pratt l’attendait déjà devant son bureau prétextant avoir perdu son planning. Fanny lui en imprima un nouveau et quand elle la lui tendit, il lui prit la main.

- Que votre peau est douce. Vous avez des mains magnifiques. Ce doit être agréable pour un homme d’être caressé par ces mains là, dit-il avec un sourire plein de sous-entendus

- Mr Pratt, nos relations sont strictement professionnelles et le resteront. Veuillez garder vos allusions pour quelqu’un d’autre.

- Très bien, j’ai compris, dit-il en reculant et en levant les bras comme pour se rendre.

Il sortit du bureau en lui adressant un clin d’œil et un sourire ravageur. Loin de faire fondre le cœur de Fanny, comme ça devait être le cas avec beaucoup de femmes, au contraire son comportement l’exaspérait. Il lui donnait presque la nausée et Fanny ne put réprimer un frisson de dégoût.

Aujourd’hui, il était prévu la visite d’une colonie de vacances. Olivia, Fanny et John Walker, étaient chargés de guider les enfants et de leur montrer ce qu’était la vie dans un Ranch. Olivia, qui n’avait pas eu la chance d’avoir des enfants, adorait ces journées entourées de bambins de tous âges. Leur curiosité, leur énergie et leur candeur étaient une bouffée d’oxygène dans le monde rude du travail d’un Ranch.

Olivia et Harper Barnes avaient acheté ce Ranch alors qu’ils venaient de se marier. Il était à l’abandon depuis plusieurs années. Il leur a fallu beaucoup de courage et d’énergie pour le remettre en état, le faire revivre et lui donner la réputation qu’il a actuellement. Ils vécurent heureux ensemble pendant 35 ans. Olivia s’était retrouvée seule, il y a 12 ans, à la tête du Ranch « La Vie Belle » à la mort de son mari Harper. Harper avait été victime d’une crise cardiaque alors qu’il nettoyait les boxs. Il n’avait que 58 ans. Olivia et Harper était un couple modèle. Ils étaient complémentaires autant dans la vie privée que dans la vie professionnelle. Ils s’aimaient profondément et Olivia fût dévastée à la mort d’Harper. Mais il fallait gérer le Ranch. Elle ne pouvait pas abandonner les employés et les animaux. Olivia ayant un caractère très fort, elle prit son courage à deux mains et repris les rênes du Ranch. Elle développa les activités d’élevage des vaches et des chevaux et se fit une grande renommée dans tout le Texas. Harper et elle n’ayant jamais pu avoir d’enfants, elle tenait beaucoup à faire découvrir la vie dans un Ranch, aux enfants du coin. C’est pourquoi elle organisait, via l’aide des écoles du conté, des visites guidées et des journées découvertes de la vie dans un Ranch. Elle prête aussi ses chevaux aux centres de rééducation et de soins des alentours pour les enfants handicapés. Lorsque ces activités se développèrent, Olivia avait recruté une assistante administrative pour l’aider dans la gestion du Ranch et de ses employés. C’est à cette période qu’elle avait rencontré Fanny et l’avait embauché. Le contact était tout de suite bien passé entre les 2 femmes et Olivia avait une confiance aveugle en Fanny.

Le restant de la semaine fut plus calme. Fanny n’eut pas l’occasion de quitter son bureau et de faire un tour sur le Ranch, sauf pour sa sortie quotidienne avec « Magic ». Elle avait de multiples déclarations à faire en lien avec les nouveaux contrats, elle dût répondre à plusieurs demandes de visites du Ranch par des écoles alentour, plus diverses tâches de dernières minutes.

Chaque jour, Randy Pratt trouvait une excuse pour venir à son bureau. Sûr de son charme et que Fanny allait craquer pour lui, il trouvait le moindre prétexte pour venir la voir. Il se montrait de plus en plus entreprenant, il faisait des allusions aux soi-disant sentiments que Fanny avait pour lui et la draguait ouvertement. A chaque fois Fanny le remettait à sa place, mais il devait prendre ça pour un jeu de séduction et revenait tous les jours à la charge. Pour le moment Fanny gérait la situation en se montrant ferme et claire sur ses intentions. S’il devenait trop entreprenant, elle en parlerait à Olivia pour que celle-ci le recadre ou prenne les sanctions qui s’imposeraient.

Un soir, comme à son habitude, Fanny se rendit aux écuries pour préparer « Magic » à leur sortie quotidienne. Ce soir-là, Randy l’attendait dans l’écurie. Il avait repéré les habitudes de Fanny et il savait qu’elle était toujours seule aux écuries à cette heure-ci. Persuadé que Fanny lui cachait ses vrais sentiments, il s’était dit que dans l’intimité de l’écurie, loin des yeux de tous, elle se laisserait aller et lui cèderait. Elle n’avait pas prêté attention à lui et entra dans le box de « Magic » pour le panser avant de lui mettre sa selle. Randy s’approcha de Fanny pendant qu’elle pansait « Magic » et il commença à lui caresser les cheveux : Fanny qui ne l’avait pas entendu, se raidit à ce contact.

- J’aime beaucoup la façon dont tu attaches tes cheveux pour monter à cheval. Ça met en valeur ton visage et surtout ton cou, dit-il en l’embrassant dans le cou.

Fanny le repoussa, mais il revint à la charge en se collant un peu plus à elle cette fois-ci.

- Je sais que je te plais, tu joues avec moi, mais je sais qu’au fond tu as très envie de moi. En tout cas moi, j’ai très envie de toi.

- Lâchez moi Randy ! dit-elle en essayant de maitriser le tremblement de sa voix.

Il la bloquait contre le corps de « Magic » qui commençait à s’énerver et à hennir, sentant la tension ambiante et la nervosité de sa maîtresse. « Magic » s’agita, ce qui permis à Fanny de se dégager de l’emprise de Randy. Mais celui-ci, avec un regard pervers et un sourire mauvais, lui bloqua la sortie. Fanny tenta de le raisonner :

- Vous faites peur à mon cheval. Il devient vraiment très nerveux, c’est dangereux de rester dans son box quand il est comme ça. On pourrait être blessé. Laissez-moi sortir !

Randy si mit à crier :

- Non mais tu me prends pour un idiot. Je te laisse sortir et tu en profites pour filer. Hors de question. Ce soir tu es à moi.

Il s’avança menaçant. Fanny chercha du regard, le moindre outil pour se défendre, mais elle ne trouva rien. Elle tenta de se cacher derrière « Magic », mais celui-ci était tellement nerveux qu’il ne cessait de tourner dans le box. Randy le fit alors sortir afin d’avoir le champ libre. Il ricanait et visiblement ce petit jeu l’amusait et l’excitait. Fanny commençait à paniquer et appela à l’aide.

- Tu peux toujours crier, personne ne va t’entendre. A cette heure-ci nous sommes seulement toi et moi. Crie autant que tu veux.

D’un bond, il la plaqua contre le mur du box et lui bloqua les mains au-dessus de la tête. Il colla son corps tellement serré contre celui de Fanny qu’elle avait du mal à respirer. Il commença à l’embrasser dans le cou, puis il recouvrit la bouche de Fanny de la sienne. Elle avait la nausée. Lorsqu’il cessa de l’embrasser, elle avait le souffle coupé et une migraine commençait à lui vriller les tempes. D’un geste brusque, Randy saisi les 2 mains de Fanny dans sa main gauche, afin de pouvoir laisser sa main droite parcourir son corps. Fanny se débattit de toutes ses forces, tenta de donner des coups de pied et essaya de le mordre, mais il esquivait toutes ses attaques. Elle se mit à crier de plus en plus fort. Pour la faire taire, Randy l’embrassa de nouveau. Il lui remonta la robe jusqu’en haut des cuisses et commença à se frotter à elle. Fanny se débattait tant qu’elle pouvait et essayait de crier. Elle lui mordit la lèvre, ce qui eut pour effet d’énerver encore plus Randy. De colère, il lui cogna la tête contre le mur. Allongée sur la paille, assommée, Fanny n’était plus assez consciente et vaillante pour résister. Elle ne pouvait que demander de l’aide, mais elle était tellement sonnée qu’il n’y eu qu’un filet de voix qui sorti de sa bouche. Elle ferma les yeux. Randy profita de sa faiblesse pour déboutonner son jean et coller son corps à celui de Fanny. Alors qu’il dirigeait sa main vers l’intimité de Fanny, elle le sentit s’écarter vivement. Elle ouvrit les yeux et découvrit que Grant Harrisson avait attrapé Randy par le col. Il l’avait plaqué contre le mur du box et le tenait fermement à la gorge, le poing levé prêt à cogner. Fanny ne pouvait pas voir le regard tueur de Grant, mais elle vit sa mâchoire serrée et les muscles tendus de ses bras. Visiblement il avait peine à contenir sa colère et à ne pas frapper Randy. Fanny reprenait un peu conscience. Elle baissa vivement sa robe et alla se blottir en boule dans un coin du box. Les mâchoires serrées, Grant cracha à Randy :

- Ne t’approche plus jamais d’elle. Compris ? Si tu t’en prends encore à elle, je te tue. Allez dégage !!!!

Grant relâcha Randy et celui-ci parti tranquillement. Il se retourna vers Fanny et lui lança avec un clin d’œil :

- On finira ce qu’on a commencé plus tard, quand ce trouble-fête ne sera pas dans les parages.

Grant fit un pas vers Randy, mais celui-ci était déjà sorti en sifflotant.

Grant se tourna vers Fanny toujours blottie dans un coin du box, tremblante de peur :

- Fanny ça va ?

Il avait maintenant un ton tout doux et s’approchait lentement d’elle, comme d’un animal apeuré. Ses yeux reflétaient la douleur qu’il ressentait de la voir ainsi. Il quitta le box pour aller chercher une couverture dans le vestiaire, juste à côté et il vint la mettre avec précaution sur les épaules de Fanny.

- Vous saignez, dit-il en examinant sa tête. Est-ce que vous pouvez vous lever et marcher ?

- Oui, je crois.

Il l’aida à se remettre sur ses jambes, mais à cause de son coup à la tête, Fanny avait des vertiges et elle vacilla. Grant la pris alors dans ses bras pour la porter jusque chez Olivia. En état de choc, Fanny posa sa tête contre le torse musclé de Grant et ferma les yeux. La chaleur rassurante du torse de Grant et son odeur musquée, l’aidèrent à se détendre.

- Mon Dieu, Fanny, que t’est-il arrivé ?

Olivia était sortie en courant de chez elle en voyant Grant arriver avec Fanny dans les bras, visiblement accidentée.

Grant pris la parole :

- C’est Randy qui lui a fait ça. Il a tenté de la violer dans les écuries. Elle est blessée à la tête.

- Venez ! Entrez ! Installez-la sur le canapé, je vais téléphoner au docteur.

Grant posa délicatement Fanny sur le canapé. Il lui mit un coussin sous la tête et lui remonta la couverture jusqu’au cou. Il allait partir, mais Fanny lui pris la main.

- Merci.

- Il n’y a pas de quoi, c’est normal, dit-il en s’agenouillant près d’elle.

- Comment avez-vous su ?

- Quand j’ai vu Magic dehors seul, je me suis douté que quelque chose n’allait pas. Je vous ai entendu crier en entrant dans l’écurie. Quand j’ai vu Randy allongé sur vous alors que vous étiez presque inconsciente, la tête en sang, j’ai compris ce qui se passait. Je vous assure qu’il m’a fallût une grande volonté pour ne pas tuer sur place ce chacal. Si je le vois dans les parages, cette fois-ci je ne m’arrêterais pas.

- Encore Merci Grant. Sans vous j’étais perdue.

Fanny se mit à pleurer.

Grant alla chercher un mouchoir sur la table basse et le lui donna.

- Merci.

- Je vais vous laisser, maintenant. Olivia va s’occuper de vous et le médecin va bientôt arriver. Reposez-vous.

Fanny ferma les yeux et Grant eu bien du mal à retirer sa main de la sienne, tellement elle se cramponnait à lui. Il avait le cœur brisé de la voir ainsi et en même temps il éprouvait une telle rage envers Randy.

Il parvint à retirer sa main de celle de Fanny et il se dirigea vers Olivia qui entrait dans la pièce :

- Merci Grant, dit Olivia.

- Vous n’avez pas à me remercier.

- Je vais convoquer Randy Pratt demain dans mon bureau, pourriez-vous être présent également. Je ne veux pas que Fanny assiste à cet entretien et comme vous avez vu ce que s’est passé, j’ai besoin de votre témoignage.

- Pas de problème, je serais là. Vous n’aurez qu’à me donner l’heure à laquelle vous voulez que je me présente et j’y serais.

- Encore merci Grant. A demain.

Grant quitta la maison au moment où le médecin arrivait.

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