Le sacrifice de Corésus
Le jour où je vous vis, mon sang ne fit qu'un tour,
De vous je fus conquis par les feux de l'amour.
Une princesse, un prêtre, protégés par les dieux
N'aurions-nous pas fait un couple merveilleux?
Mais les dieux sont cruels, et j'avais oublié
Aveugle, sourd, seul, et de douleur possédé,
Que l'amour est un souffle qui à deux se vit,
Et que de ces deux-là je ne faisais pas partie
Ma peine fut si lourde et mon courroux si fort
Que mon peuple chéri je vouai à la mort
Les dieux m'ont écouté, mon voeu ont exaucé.
Sur Calydon d'un coup la peste fut lâchée.
Le sang devait couler, qu'on cesse cette folie
Qu'on mette terme enfin à toute cette infâmie.
Et tu t'es proposée, et ton amant aussi
Pour de ma sombre vengeance en payer le prix.
Voir Agénor périr eût put me soulager
Si de cette mort vaillante notre amour fût sauvé
Mais les choses de l'amour ne fonctionnent pas ainsi
Pour l'éternité vos âmes eurent été unies.
Le ciel est noir, et les ombres funestes guettent
La tragédie se forme au-dessus de ma tête
Le drap à mes pieds a la couleur du sang
Qui se répandra ici dans quelques instants
Sous le regard des dieux je me suis avancé,
Ai saisi ce poignard à la lame argentée
Comme le sang doit couler, que ce soit le mien
Et non le vôtre même si vous ne m'aimez point.
Souvenez-vous de moi, de celui que j'étais
O belle Callirhoé, comme je vous aimais
Vas avec Agénor, accepte mon sacrifice,
En succombant je veux que ma mort vous unisse.
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