Recette 5 : Militaire

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Que la terre soit cubique, parfaitement ronde, pyramidale, en forme de selle de cheval, toute plate et que ces pensées ne posent aucun problème est un vrai problème. C'est une guerre d'extermination. Pied à pied et travaillant du chapeau pour les uns, cellules contre cellules pour les autres; brique contre brique, paille dans paille, les francs-maçons son des franc-maçonnes. Personne ne plaisante dans c't histoire. Alors j'éclate de rire. Vous connaissez le jeu d'échec ? Non ? Celui de dames alors ? Non plus.. Bon. Vous connaissez bien un jeu ? Bon, alors jouez; attention cependant : Ce jeu s'appelle la guerre et le perdant perd la vie. Je me souviens de cette partie-là, il y a des années. Jouant absolument au hasard. Coup après coup. Et mon adversaire le visage radieux portant l'estocade du dernier coup, me regardant et me disant : "J'ai gagné !" Puis le juge s'approchant et lui disant doucement : "Mais monsieur, vous ne saviez donc pas que c'était un qui-perd-gagne ?" Mon adversaire se levant alors, bondissant et sortant en claquant la porte, rouge de rage, blanc de la douleur de pêne et de battant d'où il venait de se coincer trois doigts, s'arrachant, furieux, rugissant et prenant le volant, engagé-volontaire à l'encastrement dans le premier lampadaire venu à n'importe quel coin de rue. Et c'est ce qu'il fit. La guerre fût-elle un jeu, ce jeu n'est pas futile. Règle numéro 1 : Être authentique.

Règle numéro 2 : Ne pas être insouciant. Difficile de tricher avec le karma. Pendant le combat, l'insouciance est la façon la plus sûre de se faire déborder par l'espoir et la peur, les seuls réels ennemis à cet instant.

Les sous-sous-merdes qui portent le nom de militaire, d'hommes, prêts, attendant impatiemment le doigt sur la braguette, l'ordre, tuer père et mère, étouffer femmes et enfants ou liquider vieillards et vieilles, engraissent les fumures de la terre. Un bon militaire est un militaire mort. Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, l'écrit ou l'écrira, mais Bien votre chaire patrie. Si vous en doutez, remontez les Champs-Élysées, dans le bon sens, pas celui des menteurs, des lâches et des traîtres, et offrez une pensée au soldat inconnu. Cette fleur jaune et violette si vous voulez. "Vive, le vent, vive le vent ... vive le vandalisme", jolie, reste cependant de mauvais augure en son terme, nous laissant croire, naifs ou oublieux que nous sommes, qu'un gentil peuple nordique du Vendel, province de l'Uppland, en Suède, les Vandales, voudrait réserver un emplacement sous l'Arc des victoires pour y faire du tourisme. Néanmoins, s'en tenant à une autre étymologie, "l'étude du vrai sens par le virus du langage", certes plus théorique que celle des viols et du sang sur tous les murs que nos ancêtres ont vécu, si le cœur vous en dit, et surtout si il tient, vous pourrez applaudir jusqu'à en péter de rire : "Vandale", lié à un verbe germanique wand se traduit habituellement par "errer, vagabonder". Pour être tout à fait Franc, "Cause if I'm not here, then it's not there", de Kevin Ayers, m'aurait bien plus plu. Règle numéro 3 : Ne pas être grossier.

Le problème de l'idée d'une terre en forme de pet ou même de lingot d'or n'est pas tant l'odeur ou l'envie mais bien la réalité du fait que cette idée puisse nous sembler d'abord saugrenue, puis acceptable, et finalement peut-être vraie, non pas pour moi bien sûr, "je ne suis pas raciste, vous savez; bon il est vrai que les noirs sentent un peu, mais... ", et enfin, tout au fond : "qui sait..". Alors on passe à autre chose, ça fait chier. Quoi d'autre pour s'amuser ? Quand j'écris cette pub : "Le vert est dans le fruit, et le fruit est dans le verre", je m'essaye sincèrement à être un publiciste talentueux sans avenir... Mais qui ne lira pas "Le vers est dans le fruit.." ? Avec beaucoup de chance, un enfant qui vient juste d'apprendre à lire et loin d'un adulte qui le corrigera, pour son Bien, de son "interprétation". Et c'est pareil avec toutes les pailles, toutes les poutres et tous les yeux. Un homme politique, un maire, explique sur un plateau télé à des journalistes indépendants que déclarer qu'Arte c'est mieux que TF1, c'est jouer les faux culs, le petit doigt en l'air : "Qui, oui qui, trouvez-moi une seule personne qui se retrouvant seule devant son écran domestique, les pieds dans les charentaises, ne préfère pas regarder TF1 plutôt qu'Arte ?" Et les journalistes, une demi-douzaine, si volubiles par ailleurs, si tranchants, critiques sur tout et sur rien, libres de propos et de pensées, alors se ... taisent. Vu et entendu, hier sur LCI, leur silenceeuuuuu. Faudrait-il donc alors mettre une grosse de journalistes sur le plateau télé pour entendre, une voie, un son ? Une chiée ? Vous pourrez protester que LCI, hummm... Mais quand vous lisez "l'anthropologie est l'étude de l’hôte humain par son virus le langage" et "L'AMOUR ET LA MUSIQUE SONT ÉTERNELS" vers où va votre esprit critique ? Vers Jésus ou vert Barabbas ? Qui préférez-vous ? Votre papa OU votre maman ? C'est une guerre d'extermination. Vous voilà prévenus. Règle numéro 4 : Être attentif.

Ainsi armé, je vais souvent l'automne, en forêt ou par prairies et bois, à la cueillette des champignons. Il y a 2 ans, en 2019, j'ai pu, c'était ma première rencontre avec une nouvelle forêt, cueillir plusieurs kilos de cèpes. Cette forêt, la forêt de l'Assise, s'élève vierge en son essence et majestueuse dans ses cimes. Elle est proche de la forêt des Bois Noirs, mère de la Besbre, et du Puy de Montoncel, son père. L'action se passe, vous l'avez compris dans le Livradois, Massif Central. Cette année 2020 fut mémorable. Je passe en vitesse les faux certificats "RDV Doctolib" qu'il m'a fallu imprimer pour passer sous les radars et entre les mailles des filets de confinement, sur plus de 50 kilomètres, pour en arriver à l'essentiel : 2 champignons cueillis sur toute la saison. J'en suis resté baba, après la cueillette pléthorique de l'année précédente, je m'attendais à mieux avec le fameux coronavirus, car cette année, j'étais vraiment le seul cueilleur de champignons dans toute la forêt. Aucun 4x4 pour lui blesser le cœur. Ah!, si, 1,entre les 2 confinements. Rien n'est jamais parfait. Mais 2 champignons !! 2 cèpes sur une dizaine de cueillettes !!! Quand même... Bon c'est vrai, je vieillis, j'ai la vue qui baisse, mais à ce point !? Alors je me suis souvenu de la devise "...bon pied...bon œil". Il est avisé en forêt de marcher dans des mocassins, d'être armé léger, afin de ne pas trop blesser les plus petits que soi. Et on est ainsi plus attentif. Aux vieilles branches de sapin tombées au sol, par exemple, et qui sont glissantes comme du verglas quand au matin elles sont couvertes de rosée. Croyez-moi si vous voulez, bien qu'à chaque cueillette je parcours généralement plus de 10 kilomètres, voire quinze, je n'avais nul souvenir d'une quelconque chute lors de ces marches. Mais peut-être aussi, comme la vue, ai-je aussi la mémoire qui flanche ? Qui sait ? Toujours est-il que depuis près de quarante ans je vais l'automne cueillir les champignons sans choir ni réminiscence de chute. Eh bien vous savez quoi ? Vlam ! J'ai chu ! Je me suis cassé la gueule après avoir glissé sur une de ces branches de sapin patinoire. Je ne me souviens plus si c'était du pied gauche ou du pied droit, tout ce que je me souviens, c'est que mon visage en touchant presque le sol s'est retrouvé face à face avec un gros cèpe, le premier des 2 de cette cueillette annuelle 2020; et il m'a semblé, après coup, qu'il était venu me dire "alors ! on salue plus ? !!"

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