Quand la Malice frappe à la porte
Ce soir-là, quelqu’un frappa à ma porte. Trois coups précis, ni pressés, ni hésitants. J’ouvris. Et je le vis.
La Malice.
Pas une créature, non. Un homme. Mon reflet, ou presque. Il souriait, tranquille, assis déjà dans mon fauteuil, comme s’il avait toujours été là.
— Tu t’attendais à quoi ? Une apparition ? Une voix divine ? Je suis juste ce que tu caches. Ton double. Ton désir. Ton feu.
Je restai debout, tremblant. Même mon silence semblait crier.
— Tu écris des histoires où l’amour survit aux tempêtes, mais toi, tu t’interdis de vivre le tien. Pourquoi ?
Je voulais répondre « parce que », mais aucun « parce que » ne suffisait.
— Parce que mon pays me condamne.
— Parce que ma foi me divise.
— Parce que mes proches me trahiraient.
— Et pourtant tu aimes, murmura-t-il. Ce garçon, cette présence douce et imprévue… Ton cœur s’est retourné, mais tu refuses encore d’écouter.
Je serrai les poings.
— Je suis médecin. Je sauve des vies. Je n’ai pas le droit d’être faible.
— Écrire, c’est ta façon de respirer quand on t’interdit de vivre, non ? Tu caches ton amour dans tes mots, mais l’amour ne se cache pas éternellement. Il attend, il espère, et parfois… il revient sous forme de malice.
Je m’assis face à lui. Dix minutes. Pas plus. Juste assez pour me souvenir que je suis vivant, et que, peut-être, un jour, je pourrai aimer au grand jour.
Il disparut, comme il était venu.
Mais ses mots restèrent. Et ce soir-là, j’ai écrit. Non pour être lu, mais pour ne pas mourir.
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Note d’auteur :
Ce texte est né d’un défi, mais il reflète une vérité bien plus grande. Dans un monde où aimer peut être une condamnation, écrire devient un acte de survie. Derrière chaque mot, une liberté que l’on arrache au silence. Ce soir-là, j’ai ouvert la porte. Et vous ?
— La Voix Qui Écrit
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