Episode 1 : Je viens te chercher

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L’entrepôt empestait la mort.

Le sol était jonché de cadavres. Dans la pénombre, elle distinguait des hommes armés, criblés de balles ou poignardés. Elle passa devant les corps sans s’arrêter. Les autres pouvaient attendre. Elle voulait d’abord s’occuper de lui. Le regarder mourir… puis faucher son âme et l’emmener.

Elle n’eut pas à errer longtemps entre les labyrinthes de caisses et d’étagères. Connaissant désormais son aura, elle n’eut aucun mal à le trouver.

Il était adossé contre une étagère, un pistolet à la main, l’autre pressant une plaie béante au niveau de son ventre. Il y avait du sang partout : sur son visage, ses vêtements... La situation était clairement critique, mais comme à chaque fois, ses yeux brillaient d’excitation, comme si le fait d’être aux portes de la mort n’était qu’un jeu. Et qu’il savait d’avance qu’il allait gagner.

« Pas cette fois », songea-t-elle avec rage, en se plantant juste devant lui. Il ne réagit bien évidemment pas à sa présence. Bien que gravement blessé, il n'était pas encore mourant et ne pouvait donc pas la voir. Son âme se faisait attendre. Elle ne pouvait que le regarder chanceler et tenir difficilement debout. Le regarder sourire.

Il lui restait encore un ennemi à abattre.

« T’es coincé Leo ! », cria son adversaire, un homme très grand et musclé qui avançait prudemment entre les caisses éventrées, son arme à la main et prêt à tirer. « T’es mort et tu le sais ! Alors sors de ton trou que je puisse te coller une balle dans la tête ! »

Leo. C’était la première fois qu’elle entendait son prénom.

« Vraiment ? », ricana le jeune homme. « Ouais, je pisse le sang, mais ça ne veut pas dire que tout est déjà joué d’avance. Seul l’un de nous sortira vivant de cet entrepôt... et ce ne sera pas toi. »

Puis sans crier gare, il surgit de sa cachette, au moment même où l’autre était lui aussi à découvert. Les deux ennemis appuyèrent sur la gâchette en même temps. Puis comme si le temps s’était brusquement arrêté, les deux balles se croisèrent au ralenti, avant de se perdre dans des caisses.

Rapide et souple comme un fauve, l'humain - Leo - bondit alors vers son adversaire et lui jeta violemment son pistolet à la figure. L’autre fut tellement surpris par le geste que son tir fut dévié de quelques centimètres. La balle, dirigée vers le cou de sa cible, se logea finalement dans son épaule.

Puis avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, Leo était déjà sur lui, un poignard à la main et un sourire féroce sur son visage ensanglanté. Il planta son arme dans la jugulaire de son ennemi. Le sang giclait partout, mais il continuait d'enfoncer profondément la lame dans la chair de sa victime dont l’expression incrédule devenait presque comique.

« Je t’avais dit que je te tuerais », murmura Leo tandis que l’autre s’affaissait lourdement sur le sol. Son ennemi émit cependant un ricanement qui se transforma en d’horribles gargouillis. « T-t-toi au-aussi t-t’es mort », eut-il encore le temps de crachoter d’un air mauvais avant de tomber raide.

Pendant plusieurs minutes, Leo resta debout à observer le dernier cadavre, une expression d'intense satisfaction sur le visage. Puis à bout de forces, il s’affala à son tour contre une caisse éventrée. Elle vit qu'un couteau était profondément planté dans son torse.

Il avait le teint très pâle et la respiration sifflante. Elle sut alors que son heure était sur le point d’arriver. Il allait enfin mourir. Un moment qu’elle attendait depuis si longtemps.

« Fait chier », marmonna-t-il en farfouillant lentement dans la poche de sa veste avec sa main valide. Il n’avait même pas essayé de retirer le couteau. « Crever comme un chien dans un entrepôt… »

Il sortit ensuite un briquet et une pauvre cigarette tordue de sa poche. Atterrée, elle le vit ficher l’extrémité de la tige entre ses lèvres, puis essayer de l'allumer d’une main tremblante.

Elle le regarda faire, consternée : ce pathétique humain était sur le point de mourir et c'était tout ce qu'il trouvait à faire ? L’idée était d’autant plus stupide, car au moment de tirer une bouffée, Leo fut pris d’une quinte de toux qui se transforma en macabre gargouillis lorsque du sang remonta dans sa gorge. Sa tête bascula mollement en arrière, tandis que la cigarette tombait dans une flaque de sang. Il avait les yeux vitreux, mais un mince sourire se dessinait sur ses lèvres.

C’était le moment. Il ne lui restait plus que quelques secondes à vivre.

Lentement, elle se pencha et tendit la main vers lui. Mais alors que ses doigts n’étaient plus qu’à quelques centimètres de son visage, Leo leva soudainement les yeux et croisa son regard. Et contre toute attente… il lui sourit.

Surprise et déstabilisée, elle suspendit son geste. Et pendant une seconde, elle se perdit dans ses yeux verts… avant de reprendre ses esprits, bien décidée à en finir avec lui.

C’est à ce moment qu’elle fut brusquement tirée et basculée en arrière. Sa dernière vision fut le regard de Leo avant que le néant ne l’avale.

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