Episode 62 : Le bourreau des enfers (partie 2)

5 minutes de lecture

« Je te jure que je sais pas qui c’est ! » hurlait une voix implorante au moment où Hana arrivait tout en bas. Une horrible odeur métallique la prit immédiatement à la gorge. Elle grimaça également à la vue du décor.

L’endroit était sombre et glauque. Des étagères s’alignaient le long des murs en pierre et croulaient sous les armes diverses : des pistolets, des fusils, des couteaux, des machettes, des pinces… la jeune femme distingua même une espèce d’arbalète aux allures meurtrières accrochée dans un coin.

Debout au milieu de la pièce, Leo toisait sa victime d’un air amusé tout en fumant tranquillement une cigarette. De son autre main, il exhibait une dague qu’il faisait tourner d’un geste nonchalant. La lame ensanglantée brillait froidement dans la pénombre.

Son prisonnier était attaché à une chaise, des liens maintenaient fermement ses bras et ses mains sur l’accoudoir. Le malheureux était en sang. Le liquide poisseux suintait de chaque centimètre carré de sa peau et de ses vêtements. Hana fut prise d’un haut-le-cœur, tant le spectacle était écoeurant.

« Pitié…» sanglota l’homme. « Je sais vraiment pas c’est qui ! Pitié… »

« Ah ouais ? » susurra Leo d’un ton qui lui hérissa le poil.

Hana le trouvait… terrifiant. Son regard halluciné et son rictus mauvais étaient tout simplement glaçants.

« Et moi je vais te reposer la question, espèce de petite sous-merde. T’as intérêt à me répondre cette fois-ci, il ne te reste plus que sept doigts... et tu ne veux pas en perdre d’autres, n'est-ce-pas ? »

Il s’accroupit ensuite devant son prisonnier et lui souffla des ronds de fumée en pleine figure, toujours avec son petit sourire menaçant aux lèvres.

« Alors dis-moi : qui vous envoie ? Mais surtout comment toi et ta bande de bouffons vous nous avez trouvés ? »

Tout en parlant, il fit danser la lame de son couteau devant le visage bouffi et ensanglanté de l’autre qui se mit à pleurer sans retenue.

« C’est cette nana ! Une gosse ! », s’écria-t-il alors d’un ton désespéré. « On l’a encore jamais vu avant, une espèce de tarée avec un nom bizarre qui commence par un J… Elle s’est juste pointée comme ça à notre planque et nous a dit exactement où te trouver ! Et c’est tout, je te jure ! »

« Mmmmmm », fit Leo d’un air pas du tout convaincu, sans cesser de jouer négligemment avec sa dague. Il tira ensuite une dernière bouffée de sa cigarette, puis jeta le mégot par terre. « Et cette putain de J, elle veut quoi au juste ? Réponds sinon, tu perdras plus que des doigts... »

Il appuya ses propos en dirigeant la pointe de sa lame vers l’entrejambe de son prisonnier, un grand sourire sadique aux lèvres.

« Elle veut les gamins ! » répondit aussitôt l’autre en pleurnichant. « Elle n’a pas dit pourquoi, juste qu’on devait lui livrer les gosses ! Je sais rien d’autre, je te dis ! Mais pitié, assez… »

Son bourreau ne répondit pas, il se contenta de fixer le malheureux sans ciller, pendant de longues minutes. La tension était insoutenable. Puis sans crier gare, Leo abattit brutalement son couteau sur la main de l’autre. Le bruit de la lame déchirant la chair sortit Hana de sa torpeur. ça et le hurlement d'agonie du malheureux. C’était juste horrible.   

« Leo, stop ! » cria-t-elle alors d’une voix suppliante en se précipitant.

L’interpellé se tourna lentement vers elle, l’air contrarié. Il n’était clairement pas content d’être interrompu en plein interrogatoire.

« Hana, qu’est-ce que tu fous là ? » lui demanda-t-il sèchement en se redressant, alors qu’elle se plantait devant lui. « Retourne à l’étage avec Kaleb, je termine un truc et je vous rejoins. »

Il n’avait pas besoin de faire un dessin pour lui faire comprendre ce qu’il voulait dire par « terminer un truc ». Hana sentit sa gorge se serrer. Ce tortionnaire assoiffé de sang ne pouvait pas être Leo. C’était impossible.

« Arrête s’il te plait », s’entendit-elle supplier. « Tu n’es pas obligé de le tuer ! »

« J’ai dit : retourne à l’étage », ordonna le jeune homme d’un ton glacial, mais Hana resta figée sur place. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Ils restèrent un petit moment à se dévisager en silence. Puis le regard de Leo se brouilla brièvement, comme s’il reprenait ses esprits. Mais il se détourna aussitôt d’elle en serrant convulsivement les poings.

« S’il te plait, Na, va-t-en », murmura-t-il en reportant son attention sur son prisonnier. Ce dernier gémissait pitoyablement sur sa chaise.

« Ne le tue pas, je t’en prie », répéta Hana d’une petite voix tremblante. « Tu pourrais le livrer à la police... »

« Hana, arrête ça... »

Le ton était lourd d’avertissement.

« Non, toi, arrête ! » s’écria la jeune femme, cette fois-ci avec colère. « Tu n’as pas besoin de le tuer ! C’est mal, Leo ! »

Les trois derniers mots firent l’effet d’une bombe. Le jeune homme se retourna brutalement pour la fusiller de ses prunelles vertes.

« MAL ? » éructa-t-il en la dévisageant avec rage et incrédulité. « Tu trouves que tuer cet enfoiré, c’est mal ?! T’es pas sérieuse ? »

Hana ne répondit pas, se contentant de le défier du regard. Celui du jeune homme se fit alors mauvais, elle n’aimait pas du tout la lueur qui s’y alluma.

« OK, on va le livrer aux flics », dit-il lentement, avec un petit rictus en coin.

Puis sans prévenir, il arracha le couteau planté dans la main de l’autre. La lame siffla dans l’air et du sang gicla partout. Le hurlement de douleur du prisonnier se transforma en immondes gargouillis s'échappant de sa gorge tranchée. Sa tête s'affaissa ensuite lourdement en avant. Il était mort.

Leo l'avait exécuté, sans même le regarder.

« On va leur livrer son cadavre, ça te va ? », ajouta-t-il en fixant Hana droit dans les yeux. Cette dernière ne répondit pas. Ses lèvres se serrèrent, des gouttes salées roulèrent silencieusement sur ses joues. Des larmes de colère. Leo se comportait comme un enfant qui s'amusait avec un insecte.

C’était tellement révoltant !

« Pourquoi as-tu fait ça ? » s’écria-t-elle. « Aussi horrible était cet homme, tu as pris sa vie, Leo ! Tu l’as tué sans même sourciller ! Pourquoi ?! »

« POURQUOI ?! Mais parce qu’il a fait du mal à Kaleb et Kami, bordel ! » rugit le jeune homme avec colère en la saisissant brutalement par les épaules. « Ce type a tabassé mon frère et a essayé de kidnapper ma soeur, et tu crois que je vais laisser passer ça ? et juste le livrer aux flics ?! »

Il se pencha ensuite vers elle et planta ses yeux dans les siens. Hana resta tétanisée face à son regard brûlant de haine.

« Je vais retrouver ses potes et je vais tous les buter, Hana. Tu m’entends ? », cracha-t-il, tandis que ses lèvres se tordaient en un rictus cruel. « Je vais les crever avec plaisir… mais avant, je vais leur faire payer chaque coup porté à Kaleb, chaque souffrance endurée par Kami. Ces connards vont tellement en baver qu’ils vont supplier Mo de venir les chercher ! »

C’est sur ces mots prononcés avec hargne qu’il la relâcha avant de quitter rageusement la pièce. Hana l’entendit se précipiter dans les escaliers, puis monter à l’étage en hurlant au démon de « ramener ses fesses ».

La jeune femme, elle, resta immobile au milieu de cette cave de l’horreur. Ce qu’elle venait d’entendre l'avait laissé complètement interdite.

Pour la première fois depuis qu’il était revenu, Leo avait désigné Kaleb et Kami comme son frère et sa sœur.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 11 versions.

Vous aimez lire StianSamaelle ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0