Chapitre 8

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— Feitan ! criait un homme blond dans sa direction.

La peur lui glaçait le sang, quelque chose rôdait dans les parages, Iska ne devrait pas faire autant de bruit. Le jeune homme se rendait compte qu’il ne supporterait pas de le perdre à nouveau. Il ne supporterait pas de l’attendre encore aussi longtemps.

Mais qui est-il pour moi ? se demandait Basil dans un moment de lucidité. Et qui suis-je ? Est-ce moi, Feitan ? Comment suis-je arrivé là ?

— J’arrive, s’entendit-il dire. Ne t’inquiète pas, je serais toujours là…

Le paysage s’assombrissait alors.

Il était à genoux sur le tapis d’épine qui recouvrait le sol. La nuit était toujours là, mais elle commençait à se faire vieille, l’aube ne tarderait pas.

Le jeune homme baissa les yeux, il avait le cœur lourd. Quelque chose était arrivé. Il le sentait bien avant de poser ses yeux sur le corps inanimé près duquel il se tenait. Iska. Son corps à lui pleurait à peine.

“Je croyais qu’il comptait pour toi !” hurlait Basil à ce Feitan qui est censé être lui.

Le jeune homme ressentit alors toutes les émotions que l’homme essayait de cacher. Comme une tornade, elles déferlaient dans ses membres. Solitude. Tristesse. Colère. Cette dernière était la plus violente. Feitan avait envie de détruire ceux qui lui avaient arraché la personne qui comptait le plus à ses yeux.

Pourtant, Basil sentait qu’il loupait quelque chose. C’était comme si, Feitan savait qu’il allait revoir Iska. Pas dans l’instant, cela se comptait en années, en une dizaine d’années.

¤

Le soleil entrait dans la pièce par la fenêtre qu’il avait oublié de fermer en rentrant. Comment avait-il pu s’endormir aussi vite après ce qu’il avait vu ? Mystère. Et avec la fenêtre grande ouverte qui plus est.

— Inconscient… marmonna-t-il en se redressant.

Passant la main devant sa bouche pour bailler, quelque chose d’humide lui tomba sur le poignet. Intrigué, il leva les yeux vers le plafond. Rien.

Le brun posa délicatement ses doigts sur sa joue. La peau était humide.

— Pourquoi pleure- tu ? demanda une voix le faisant sursauter.

Un homme asiatique se tenait dans la lumière, près de la fenêtre.

— Je ne sais pas, répondit-il sans réfléchir.

L’autre riait avant de dire :

— Tu es vraiment bizarre parfois, Feitan.

Puis il disparut, laissant Basil dans l’incompréhension la plus totale. Il resta immobile plusieurs longues minutes, les yeux dans le vide, se demandant ce qui lui arrivait.

— Juliette ! J’ai rendez-vous avec elle aujourd'hui ! s’exclama le brun en sortant de sa torpeur. Elle sait peut-être ce qu’il m’arrive.

Sur ces mots, le jeune homme s’habilla en quatrième vitesse avant de débouler dans le couloir. Il croisa quelques enfants qui l’évitèrent soigneusement. Aucun d’eux ne voulait finir comme lui, celui que personne n’avait voulu adopter. Et il ne le souhaitait à personne ou si, peut-être à Alex.

— Ne courez pas dans les couloirs, Mr Deléon ! s’exclama l'infirmière lorsqu’il passa en trombe devant son bureau.

— Désolé ! répondit-il sans s’arrêter. Mais je suis pressé !

Basil arriva rapidement au petit parc, il ne faisait pas très beau donc il y avait peu de monde. Il n’avait pas donné d’heure à Juliette, le jeune homme ne savait donc pas quand cette dernière viendrait, mais il ne comptait pas la louper.

Il attendit longtemps, assis sur un banc.

Les gens défilaient. Un père avec son enfant sur les épaules, une femme aidant un vieillard, des jeunes, des moins jeunes.

Le ciel se couvrait de plus en plus tandis que les heures passaient. L’avait-elle oublié ?

Il commençait à désespérer de la voir lorsqu’elle apparut, silhouette sombre aux allures de faucheuse. Seuls ses cheveux blancs resortaient, lui donnant encore plus l’apparence d’un squelette aux yeux du garçon.

Elle s’asseyait à ses côtés en silence. Vu de l’extérieur, on aurait pu croire à un couple d’adolescents, pourtant, la fille était plus dangereuse que n’importe qui. L’instinct de Basil lui dictait de la fuir, mais il fallait à tout prix qu’il sache.

— Qui es-tu ? demanda le brun.

— Juliette.

— Et pour de vrai ?

Elle souriait, d’un sourire carnassier, avant de prendre la parole :

— Je suis une gardienne. Je m’occupe d’exterminer les prédateurs des humains.

— L’humain n’a pas de prédateurs.

— Et qu’est-ce qu’était la créature d’hier soir d’après toi ?

— Je…

— Un change-peau, l’une des trois grandes espèces qui font des humains leur quatre heure.

— Quels sont les deux autres ?

— Les garous et les élémentals.

Le garçon déglutissait bruyamment. Dans quoi s'était-il fourré ?

Un long silence s’installa entre eux, Basil ne savait pas quoi demander. La pluie se mit alors à tomber.

— Tu as des cernes immenses, observa l’albinos. Serait-ce dû à des cauchemars ?

Le brun sursauta étonné.

— Ça commence souvent comme ça, continua-t-elle.

— Qu’est-ce qui commence ?

— Ce ne sont pas de simples cauchemars, Basil. Ce sont des souvenirs.

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