14. Confidences

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Bercée par le temps libre qui nous était laissé, je m’étais attardée également sous les douches. Je les quittai en même temps que Dahlia, après tout le monde. Une fois en treillis, je gardai le béret à la ceinture pour appeler ma mère.

Je rejoignis le hangar de mon Furet pour trouver la tranquillité. Il était majestueux vu d’en bas. Il était le meilleur uniforme dont je puisse rêver. J’espérais intimement qu’il allait devenir comme une seconde peau. J’étais convaincue qu’il était possible de ne plus avoir à anticiper pour un geste, ni même à réfléchir pour se stimuler. Je nous espérais un avenir glorieux et intimiste. Lui et moi, mieux qu’une histoire d’amour, ce serait une union parfaite.

Je déposai un baiser sur la carcasse de métal, puis m’adossai au mur pour entamer la conversation avec ma mère. Son visage m’apparut, elle dégagea une de ses mèches roses.

— Bonsoir ma chérie.

— Bonsoir Maman.

— C’est gentil de m’appeler. Tu as besoin de quelque chose ?

— Non, je voulais juste te donner des nouvelles, te dire que ça se passait bien.

— C’est bien, ça.

— Les autres sont sympas, l’équipe est bonne.

— Mmm…

— Et toi ça va ?

— Moi rien ne change. Vous êtes tous partis de la maison depuis un an et demi.

— Oui.

— Je te laisse, je dois me préparer, je sors à la géode, voir un polar avec Céline.

— D’accord. Bisous Maman.

— Bisous !

Elle raccrocha aussi sec. Même si ce n’était pas la première fois, je restai un peu déçue de cette brièveté. Toutefois, elle venait de m’ôter sans le vouloir un peu de ma culpabilité. Elle était seule depuis un an et demi, comme elle l’avait soulignée. Donc ma carrière, qu’elle fût militaire ou civile, ne changeait pas grand-chose à son quotidien. Certes, cela espaçait nos réunions de famille, mais cela ne bousculait pas sa vie autant que je l’avais craint.

Ayant beaucoup de temps, je décidai d’appeler Mako. Je remis mon béret et me tournai dos à mon ESAO. Je ne lui avais pas encore annoncé la nouvelle car j’avais eu peur de regretter. Mais j’étais désormais tellement sûre que j’étais faite pour être pilote que je n’avais aucun doute.

Elle répondit, allongée sur son lit. Elle chanta :

— Salut Burrito Chica !

— Il va falloir mettre ton message d’accueil à jour, souris-je.

— T’es retournée dans l’armée ?

— Yep !

J’approchai mon smart-data de l’insigne du béret quelques secondes. Le choc mua sa voix :

— T’es pilote d’ESAO ? !

— En formation pour le moment, mais j’espère bien y arriver. — Mako resta figée les yeux écarquillés. — T’as perdu ta langue ?

— Je suis juste surprise que tu m’annonces ça comme si c’était une bonne nouvelle.

— Ben ça en est une !

— Il y a plein d’autres métiers qui existent. Et si tu avais des soucis, fallait me le dire, j’aurais pu demander un peu d’argent à ma mère.

— Je n’ai pas de souci d’argent. J’ai juste postulé à ce truc qui me fait envie depuis que je suis gamine. Ça fait peut-être que deux jours que je suis ici, mais tu ne peux pas savoir comment c’est génial ! Et les autres filles, ce ne sont pas des salopes ou des je ne sais pas quoi. Ce sont des filles comme toi, comme moi. Et piloter, ce n’est vraiment pas à la portée de n’importe qui, je suis heureuse d’être sélectionnée.

— Bien… Je ne t’imaginais pas comme ça.

— Pourtant je t’en avais parlé.

— Ouais mais t’avais dit que ce n’était pas sérieux. Je veux dire, t’es une fille qui a les pieds sur Terre. Pendant un an, je l’ai bien vu. Tu réfléchis tout le temps, t’es rigoureuse. Franchement, je suis certaine que l’armée c’est ce qui te correspond, ça coule dans tes gènes, ceux de ton frère, ton père… En revanche, il y a mille autres métiers dans l’armée et à vingt ans, il n’y a aucune porte qui est fermée.

— Mais pilote d’ESAO, c’est ce que je voulais faire.

Elle leva les yeux au plafond.

— Tu entends ce que tu dis ?

— Bien sûr, j’ai des oreilles !

— Clarine ! Mais Clarine !

— C’est difficile à accepter que ta pote soit pilote ?

— Ma mère ne me croira jamais si je lui dis que tu fais ça.

— C’est quoi qui gêne ? Que je sois à poil dans un exosquelette ? C’est comme un gros vêtement bien chaud. Ou que je jouisse pour défendre mon pays ?

Elle pouffa de rire, puis céda :

— OK. C’est ta vie, t’en fais ce que tu veux… Du moment que t’es heureuse.

La voir sourire me rassura, même si je voyais qu’elle ne comprenait pas. J’eus pendant quelques seconds envie de lui décrire chaque combinaison de stimuli possibles jusqu’à l’en faire mouiller, puis je m’abstins. Après tout, si elle n’avait pas eu la curiosité de s’intéresser aux ESAO, autant garder le mystère.

— Je vais te laisser, moi aussi je dois étudier. Le manuel de pilotage est assez complet.

— T’es l’amie la plus bizarre que j’aurais eue, mais je te garde comme amie.

— Merci Mako. Bonne soirée.

— Toi aussi. Bises ma poupée !

Mes lèvres lui envoyèrent un baiser, puis je fermai mon smart-data, partagée entre le soulagement de conserver son amitié et la déception de ne pouvoir partager l’expérience que je vivais. J’avais envie de crier combien je trouvais le défi du pilotage passionnant, et en même temps je restais une incomprise. Même parmi les filles ici, j’étais la seule enrôlée de mon plein gré. Étais-je anormale ? Nymphomane ? Le Furet me contemplait de sa hauteur et l’émoi qui revint en écho me tira un sourire. Qu’importait ce que j’étais si c’était exaltant ?

Je collai ma joue sur l’acier et enlaçai sa jambe.

— À demain, mon grand… ou ma grande…

Je passai la porte puis gagnai les extérieurs ensoleillés. Assise sur un muret paysager, Dahlia était seule, le regard dans le vague. Je m’approchai d’elle et lui demandai :

— Ça va ?

— Oui, en pleine réflexion.

— Tu veux être seule ?

— Non, ça ne changerait rien. Je crois que je préfère parler.

Je m’assis à côté d’elle.

— Vas-y, si t’as besoin de balancer, ça me changera d’entendre les soucis d’une autre plutôt que les miens. Confidences entre françaises.

— Entre blondes aux yeux bleus, aux petits seins et françaises, ça nous fait beaucoup de points communs, dit-elle.

— Oui. À la différence que je suis la plus jeune et toi la plus âgée du groupe… enfin expérimentée, tu n’es pas vieille.

— Bientôt trente. Si j’écoute ma mère, la roue tourne.

— Elle sait que t’es ici, ta mère ?

Elle pouffa et me dévisagea quelques secondes avant de décider de se confier.

— Elle croit que je suis en vacances sur une autre planète. Si elle me voyait… Je crois qu’elle deviendrait folle, surtout si la famille venait à le savoir. Elle me renierait, c’est certain. Alors que si je faisais mes deux années de prison, elle me soutiendrait sûrement. Quand je pense à ma réputation, je me dis que j’aurais peut-être dû affronter la peur de la prison. Travailler dans un atelier de taulardes ou se faire goder dans une boîte de conserve… Quel choix ?

— T’as réussi les deux premiers jours. Donc c’est un bon choix, non ?

— Toi t’aimes bien ?

— Moi je m’occupe de ce que je ressens. Mon corps aime se faire goder, je trouve le défi de maîtriser l’ESAO super intéressant.

— Nous ne sommes pas si semblables alors.

— Je pense que si. Je suis peut-être juste plus à l’écoute de mon corps, et toi plus à l’écoute de ton cerveau. Moi non plus je ne l’assume pas auprès des autres. Mes parents croient que je suis lieutenant et que je dirige une unité spéciale. Et j’ai attendue d’être sûre de mon choix pour l’annoncer à ma meilleure amie. Je ne sais pas si elle pense que je suis une prostituée légale ou une nymphomane… mais c’est cool, elle veut bien qu’on reste amies. Mais bon, c’est une amie qui n’écoutera jamais, à qui je ne pourrais jamais raconter que telle manœuvre m’a été difficile, que telle action m’a donné un orgasme explosif. Seule une pilote peut comprendre une pilote.

— C’est pareil dans tous les métiers.

Lancée, je lâchai tout ce que j’avais sur le cœur :

— Quand j’étais au collège, je n’ai jamais été attirée par les garçons. Les histoires d’amour des unes et des autres, ça me saoulait grave. Au lycée, je n’ai pas trop eu de question à me poser, les mecs à cet âge préfèrent les filles avec des gros nichons. Et puis je me suis rendue compte que l’idée qu’une fille ou un mec me touche avec ses doigts ou sa langue, ça ne m’a jamais donné envie. Et pourtant, je suis sensible, j’aime ça. Les ESAO me conviennent bien car au moins je contrôle, je ne dépends pas de l’habileté de quelqu’un. J’ai l’impression d’être à ma place, mais je ne peux dire ça à personne car on me regarde avec des yeux ronds comme si j’avais une maladie mentale. Même toi, je ne sais pas si t’as envie de l’entendre.

— T’as besoin de parler, vas-y. Ne t’occupe pas des autres, c’est toujours mieux d’assumer qui on est. Je ne suis pas un bon exemple, mais pour l’avoir vu chez beaucoup de gens… Et je pense que pour être une excellente pilote, il faut s’assumer. Et c’est pour ça que je me demande si j’arriverai au bout de la formation.

— Tu verras. Faut peut-être juste accepter que tu puisses prendre du plaisir dans une boîte de conserve.

Elle hocha la tête, puis me confia :

— Avant le test sur simulateur, je n’avais jamais eu du plaisir seule.

— C’est peut-être ça qui te manque, te découvrir.

— Ce n’est pas dans un dortoir que je vais commencer.

— Ni dans les douches collectives.

Je lui souris. C’était agréable de lui parler, car nous abordions l’expérience tellement différemment.

Nous retrouvâmes le groupe pour dîner, gynéciens y compris. Il demeurait une certaine pudeur car personne ne parlait de l’entraînement. Lorsque je mangeai la dernière frite, Caitlin, la plus joviale d’entre nous proposa :

— On va au mess ?

— Oh ouais ! s’enthousiasma Héloïse

Nous nous levâmes puis nous dirigeâmes dans le couloir. Tout en marchant, c’est Sadjia qui lança le sujet :

— Sinon, vous avez pensé quoi de l’exercice ?

— Dur, confia Caitlin.

— Dur mais intéressant, dis-je. Ça donne un aperçu de la marge de progression.

— Dur et nécessaire pour survivre sur le terrain, ajouta Sadjia. Il faut qu’ils fassent monter de plus en plus le stress.

— Je ne crois pas qu’on s’habitue au stress, marmonna Mercedes. S’ils augmentent, moi je n’arriverai pas à trouver du plaisir.

— Non mais vous allez apprendre à le gérer, nous rassura Peter. S’il y a des filles qui y arrivent sur le terrain, pourquoi pas vous ?

Aucune n’eût de réponse, et nous découvrîmes le mess, plus petit que celui de l’école militaire de Clermont-Ferrand, mais plus chaleureux. Du jazz était diffusé à faible volume, il y avait des coins salons avec des fauteuils, deux aspirants jouaient aux échecs. Tout invitait à une activité calme et apaisée. Un billard anglais nous fit de l’œil.

— Partantes ? demanda Kirsten.

— Je n’ai jamais joué, confia Dahlia.

— Il suffit de taper dedans, on s’en fout de qui gagne ou perd, déclara Caitlin.

Kirsten alla voir le sous-officier qui tenait le comptoir et apposa sa plaque d’indentification pour l’emprunt de deux cannes. La partie allait être longue si nous jouions tous les huit. Cependant, c’était le moment idéal pour faire plus ample connaissance.

À peine la partie lancée, cinq aspirants de l’école d’officiers entrèrent dans le mess et ricanèrent à haute voix leurs remarques.

— Ça ne m’étonne pas qu’elles choisissent les billards. Elles aiment jouer avec les grandes queues !

Le visage de Dahlia se ferma. Caitlin haussa les épaules à l’attention de Sadjia d’un air de dire que ce n’était pas faux. Ils s’installèrent au loin et poursuivirent leurs commentaires mièvres.

— Ça doit mouiller chaque fois qu’une boule rentre dans le trou.

— J’espère qu’Arnaud a du stock, encore deux queues qui vont disparaître.

— Ça doit être hot les soirées au premier étage.

Dahlia serra les dents en les fusillant du regard.

— Je crois que la petite blonde a l’air fâché.

Prenant la remarque pour moi et commençant à en avoir marre, je me tournai vers eux :

— C’est quoi votre problème ?

— Nous on en a aucun… pas comme certaines.

— Alors fermez vos gueules, répondit Héloïse. Vous ne feriez pas la moitié de ce qu’elles savent faire.

— Moi je suis prêt à tester la moitié de ce qu’elles savent faire, rit l’un deux.

Ils s’esclaffèrent tous les uns les autres. La colère m’envahit. Déterminée à casser un nez, je répondis avant de m’élancer vers eux :

— Pas de problème, je vais te montrer.

Mercedes me ceintura d’un bras. Ils esclaffèrent davantage.

— Mais c’est qu’elle est sauvage !

— Rrr ! Une petite tigresse !

— Venez on s’en va, murmura Peter. Ils n’ont encore jamais eu les fesses sauvées par un ESAO.

— Non, on s’en fout, on reste, protesta Kirsten.

Les autres préférèrent partir. Se sentant seule, Kirsten reposa les cannes puis nous retrouva à l’extérieur. Je dis à Mercedes :

— Tu n’aurais pas dû me retenir.

— Pour que tu sois virée ?

Kirsten eut un rictus moqueur :

— T’aurais fait quoi Suce-moule ?

— Arrête de l’appeler comme ça, s’agaça Héloïse.

— Faut pas se les mettre à dos, ajouta Peter. Ce type de mecs, si tu leurs mets une raclée, le jour où ils peuvent t’isoler, ils te font ta fête. Et piloter un ESAO après ça, c’est impossible.

La perspective tacite du viol collectif nous refroidit. Peter avait raison, il fallait malheureusement faire profil bas. Les mentalités n’évoluaient pas siècle après siècle. Nous n’étions pas considérées comme des femmes. Nous n’étions pas dignes selon eux d’être traitées avec respect. Nous étions la minorité, il fallait désormais jouer coudes serrés et rester groupées.

Nous saluâmes Peter, puis retrouvâmes notre chambre. Devant son armoire, Mercedes retira son t-shirt et son soutien-gorge dont les marques restaient ancrées dans la peau. Elle massa sa poitrine de soulagement et en voyant que je l’observais, elle me demanda :

— Quoi ?

— Rien, je me demandais juste si les tatouages avaient une signification.

Elle désigna l’idéogramme sur ses seins :

— Courage et bienveillance.

— Ça a une origine spéciale ?

— Il paraît que c’est ce que je suis. Enfin, ce sont les mots de mon ex.

Soudain, les mains de Kirsten me saisirent par la poitrine et me soulevèrent du sol.

— T’en rêve d’avoir des nichons comme ça !

Je chassai ses mains et grognai :

— C’est sûr, je préfèrerai avoir les siens que les tiens.

Kirsten me renvoya juste un regard de dédain en quittant la chambre. Mercedes enfila son débardeur et me dis :

— C’est bien répondu.

Je soupirai. Kirsten était ce genre de fille qui avait besoin d’un bouc émissaire pour se mettre en avant. Je préférai néanmoins me changer avant qu’elle ne revînt des toilettes. Il était inutile d’avoir de la pudeur entre nous qui partagions vestiaires et douches deux fois par jour. En repensant à Rita, je me dénudai entièrement à côté de Mercedes, faisant violence à ma pudeur. Elle me dit avec un sourire :

— Je pense que Kirsten aimerait bien avoir ton joli petit cul tout rond.

— C’est clair ! s’esclaffa Caitlin.

Me sentant rougir, j’enfilai le short et le débardeur, avant de replacer mon chignon plus haut sur mon crâne afin qu’il ne me dérangeât pas pendant mon sommeil. Il ne restait que deux tenues de sports, il allait falloir passer à la buanderie. Pendant ce temps-là, les filles poursuivaient leurs comparaisons. Sadjia disait :

— Moi, j’ai les hanches de ma mère.

— Je propose qu’on vote, surenchérit Caitlin. Les plus beaux nichons du groupe, c’est Mercedes.

— Moi je préfère ceux de Dahlia, indiqua Héloïse.

— Ils sont pointus et pas droit, protesta la Parisienne.

— Ben c’est joli comme forme.

— Qui vote pour Mercedes ? insista Caitlin.

Toutes levèrent la main sauf Mercedes et Héloïse. Caitlin me demanda :

— Clarine tu ne votes pas ?

— Je n’ai pas d’avis.

— Et qui pense que Clarine a le plus beau cul du régiment ?

— Je préfère celui de Mercedes, confia Sadjia.

— En tout cas, ricana Héloïse, je pense qu’on est d’accord que le titre de la fesse la plus mollasse revient à Kirsten. — Elles éclatèrent de rire au moment où la Danoise revenait. — Et je trouve ça dingue ! Kirsten au moins elle ne se laisserait pas faire.

— De quoi ? demanda la grande blonde.

— Ben des machos de l’école des officiers. — Nous échangeâmes des sourires amusés par le rebond habile de la gynécienne. — Je me disais qu’on n’aurait peut-être pas du partir du mess. C’est un signe de faiblesse.

— Je suis d’accord ! lâcha Kirsten en gagnant son lit.

— Ils ne se seraient pas arrêtés, soupira Caitlin. Ça fait deux jours que nous sommes ici, ça n’est pas en les écoutant qu’on va garder l’envie de continuer. Et puis ça aurait fini en bagarre.

— Y en a une qui aurait fini écrasée, c’est sûr, pouffa Kirsten.

Je ne relevai pas l’insinuation et montai sur mon lit. Sadjia dit :

— C’est l’image qu’auront toujours les pilotes.

— Moi je suis pilote que pour cinq ans, lâcha Dahlia.

— Pilote un jour, pilote toujours, lui dit Caitlin. Tout ceux qui apprendront que t’as été pilote penseront que t’es une fille facile. Faut juste l’accepter. L’adjudante nous avait prévenues le premier jour. Mais il y a moyen que la formation se passe bien si on reste entre nous et si on a une bonne ambiance.

— Faudrait que certaines arrêtent de qualifier d’autres de suce-moule, lâcha Héloïse.

— Ça va ! protesta la Danoise. T’es amoureuse ?

— Non ! balbutia Héloïse. Mais ça ne se fait pas.

Kirsten lâcha un sourire narquois et la charria :

— Je suis sûre que t’es une lécheuse de moule, c’est pour ça que ça te plait d’être gynécienne.

— Ça ne nous regarde pas, l’interrompit Mercedes. Et là, t’es lourde.

Kirsten soupira et s’allongea.

— Si on ne peut plus dire ce qu’on pense.

J’étais peinée des tensions qui naissaient car au service militaire, toute la chambrée s’entendait super bien. Peut-être fallait-il attendre que nous ayons traversé quelques épreuves stressantes.

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