25. Check-up

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Durant les sept jours qui suivirent le visionnage des boîtes noires, les exercices se déroulèrent plutôt bien pour chacune d’entre nous. J’avais moi-même pu me rendre compte de la progression de mes camarades. Je ne pensais pas que leurs mouvements pussent être moins rigides, que c’était dû à leurs exosquelettes. Les déplacements de chacune avaient gagné en souplesse et en fluidité. Elles commençaient à se fondre en leur ESAO, à les posséder.

Nous étions la veille du départ. Afin que notre organisme se reposât, Mercedes et moi avions été une nouvelle fois forcées au repos. En fin d’après-midi, nous devions également nous plier à une visite médicale de routine. Je sonnai à l’interphone près de la porte à la grande croix verte. Personne ne nous répondit. Je m’étonnai :

— Je pensais qu’on était en retard.

— C’est quelle heure toi ?

— Seize heures, répondis-je.

— Je passe après toi, alors.

Héloïse s’exclama en accourant derrière-nous :

— J’arrive ! J’arrive ! Je suis en retard. J’étais au simulateur de recrutement

— Ce n’est pas grave, dis-je.

— Vous auriez vu les candidates ! Je pense qu’il y en a trois qui vont être prises pour la prochaine session. Il y a d’autres évaluations la semaine prochaine, elles vont être vingt à passer.

— Ça s’est bien passé pour toi ?

— Je pourrais bientôt écrire un livre tellement j’aurais vu de chattes différentes et de réactions différentes.

Elle ouvrit la porte.

— J’attends dehors ? demanda Mercedes.

— C’est bon, on est entre nous, répondit Héloïse. Vous vous connaissez maintenant.

— J’attends dehors, choisit Mercedes après avoir croisé mon regard.

Je me retrouvai donc seule avec Héloïse qui alla directement se laver les mains.

— Journée de folie !

— J’enlève tout ? questionnai-je.

— Je vais te faire plaisir. Pour le moment, mets-toi en culotte et garde ton t-shirt.

Elle me fit un clin d’œil. J’appréciai sincèrement le geste de notre gynécienne. Elle sécha ses mains, le temps que je me déchaussasse et ôtasse mon pantalon. Tablette à la main, elle me demanda avec un grand sourire :

— Comment ça va ?

— Et toi ?

— C’est moi qui pose la question.

— Ça va.

— Ça va tout court ne veut rien dire. Ça va bien ou ça va mal ?

— Je me sens bien.

— As-tu des démangeaisons, des rougeurs ou des douleurs ?

— Non.

Elle cocha sur sa tablette.

— Tu dors bien ? Tu as de l’appétit ?

— Oui. En quoi consiste l’examen ?

— À évaluer l’influence physique et psychique du pilotage. Normalement, j’aurais dû le faire le lendemain du rallye lunaire. Peter a déjà fait les autres filles, je me sens super nulle d’avoir fait l’impasse. Faisons ça sérieusement ! Est-ce que tu as eu des symptômes, des vertiges, des douleurs, ou même juste des sensations différentes, même très infimes ?

— Je trouve que ça va bien. Franchement, je ne pense pas qu’un examen soit nécessaire.

— Extérieurement, je pense aussi que tout se passe bien pour toi, mais je me sentirais mal de pas faire l’examen complet. Peux-tu te mettre dos à moi, bien droite.

Je tournai sur moi-même. Elle leva mon t-shirt au-dessus des omoplates et me demanda de le tenir. Ses pouces longèrent délicatement ma colonne vertébrale.

— Là, je check que la sellerie ne provoque pas de scoliose, qu’elle est bien adaptée à ta morphologie. Penche-toi et fais le dos rond.

Ses doigts tièdes évaluèrent mes lombaires et abaissèrent de quelques centimètres ma culotte pour glisser sur le coccyx.

—Vas-y, assieds-toi et enlève le t-shirt.

Je m’assis sur la table d’auscultation, dépitée d’en passer par là. Héloïse palpa consciencieusement mon sein gauche. C’était tout sauf désagréable, alors je me détendis. Ma relation à la pudeur s’était un peu transformée malgré moi. Je m’inquiétai :

— Il y a des risques de cancer du sein ?

Héloïse changea de côté puis me confia :

— Non, mais on me demande de vérifier s’il n’y a pas l’apparition d’un point dur. Et ils demandent aussi examen visuel. Quand vous descendez de l’ESAO, vos tétons sont durs et les mamelons foncés. Là, il fait chaud, les mamelons sont clairs et mous, reposés, et donc tout va bien. Tu peux remettre ton t-shirt, c’est le moment d’enlever la culotte.

Je m’allongeai, soulevai les fesses pour faire passer la culotte, puis tendis le t-shirt pour masquer mon bassin. Après avoir ganté ses doigts longs et fins en rose, Héloïse prit délicatement mes chevilles et posa mes mollets sur les étriers. Mes cuisses s’ouvrirent en grand, mes poumons prirent une inspiration, mes yeux s’égarèrent au plafond. Ses doigts séparèrent mes lèvres unes à unes. Ils les longèrent avec une infinie douceur de haut en bas, d’abord d’un côté, puis de l’autre. Ensuite Héloïse décolla doucement mes nymphes l’une de l’autre. Son index glissa d’une phalange dans mon vagin pour l’ouvrir délicatement d’une pression circulaire. Son deuxième index l’imita. Mes parois s’élargirent, sans nul besoin de lubrifiant. L’utilisation quotidienne de l’ESAO créait une certaine accoutumance, et mon corps avait pris l’habitude d’être en permanente activité au moindre stimulus

— Visuellement, tout va bien. — Elle plongea profondément son index sans avertissement. — Tu peux serrer très fort ?

Je m’exécutai et elle retira son doigt. Elle murmura en observant le mucus qui couvrait le latex.

— C’est bien, c’est bien tout ça.

Du pouce et de l’index, elle fit saillir mon clitoris une seconde. Ensuite, elle rapprocha mes grandes lèvres, comme pour me refermer et m’annonça :

— Je t’épargne le speculum.

Elle déploya le bras sonde et l’apposa sur mon abdomen. L’écran s’alluma tardivement, pour enfin laisser apparaître l’épingle bien centrée entre mon vagin et mon utérus.

— Voilà. Apte à poursuivre la mission ! Suivante !

— Merci.

Je m’habillai rapidement puis laissai ma place à Mercedes.

Lorsque la porte se rouvrit, Héloïse commenta à la place de ma camarade :

— Apte pour Kharkiv aussi. Bon, faut que je prépare vos ESAO. Je vous retrouve en soirée ?

Nous opinâmes du menton puis quittâmes l’infirmerie.

La soirée devint infernale tant l’attente me mettait à fleur de peau. Assise à la cantine devant mon plateau vide, je serrais mes cuisses machinalement l’une contre l’autre. Mon corps était reposé, et l’impatience de me retrouver dans l’habitacle me faisait l’effet d’être une droguée en manque. Voilà dix-sept jours que je m’éveillais au plaisir, à la moindre sensation, même la plus subtile, et cet arrêt soudain que je pensais salvateur prenait un sens tout inverse. Il me fallait un orgasme, il m’en fallait un.

— Ça va ? demanda Mercedes.

— Stressée, répondis-je.

— Si Héloïse est toujours au hangar, on peut aller la voir.

J’opinai. Nous arpentâmes le couloir réservé aux pilotes. Malgré l’heure tardive, nos camarades rentraient tout juste d’exercice. Sadjia passa devant nous, le ventre marqué par les ventouses électrifiantes.

— Salut Sadjia ! dis-je.

— Salut les filles ! Vous avez déjà dîné ?

— Oui, dis-je.

— Il ne reste plus de frite, alors ?

Elle s’éloigna en souriant, mais le visage fatigué. J’ouvris mon compartiment. Héloïse était en train de ranger ses outils. La selle de mon Furet était ouverte. C’était indescriptible combien j’avais hâte d’être à l’intérieur. Mercedes s’étonna :

— Tu n’es pas venue manger ?

— Non, je vous ai installé un nouveau gadget à toutes les deux.

Elle s’accroupit près de la selle et montra un rail courbe qui permettait de faire coulisser l’entonnoir de l’urètre. Lorsqu’il montait, ça faisait reculer légèrement la potence clitoridienne.

— J’ai trouvé ça sur Internet avec le programme. Vous pouvez utiliser l’aspiration de l’urinoir pour aspirer le clitoris. C’est juste un gadget, mais ça permet d’avoir une sensation en plus. Voilà, là je vais manger.

Tandis qu’elle fermait le ventre de mon exosquelette, ma curiosité fut amorcée et mon besoin viscéral de plaisir décuplé. J’interrogeai :

— On ne peut pas l’essayer maintenant ? Pour faire des réglages ?

— C’est sûr que c’est réglé au poil. On se voit demain ?

Héloïse s’enfuit, me laissant échapper un soupir. Mon corps avait besoin de se dépenser. Je passai les doigts sur les bagues clitoridiennes dans la boîte ouverte et regardai toutes les tailles qui existaient avant de confier :

— Je suis comme une pile électrique.

— Moi aussi, confia Mercedes. Tu veux qu’on revoie notre parcours ?

J’opinai du menton et nous gagnâmes la chambre.

Mercedes alluma la tablette. J’étais certaine de mon parcours, mais je m’assis en tailleur face à elle. Penser à autre chose me fera du bien.

— D’ordinaire, dis-je, je ne révise jamais au dernier moment. Ça ne fait que générer du stress. Mais bon, si on doit être parfaites…

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