35. EVA - Examination Visuelle et Ausculation

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La semaine de confinement à bord du Gulo Gulo s’était bien passée. Même s’il avait été impossible d’aborder le sujet des deux filles qui nous avaient précédées, les Carcajous Maudits nous avaient bien acceptées.

Les journées étaient ponctuées d’un roulement de tâches quotidiennes, comme nettoyer la chambre, les sanitaires. Entre deux corvées, Héloïse et moi avions repeint le Furet. Il était d’un bleu sombre magnifique, plus aucune éraflure n’apparaissait et il avait été lustré comme pour une exposition. Mourat animait des séances de sport de trois heures tous les matins. Le lieutenant Alessia Conti participait comme si elle faisait partie intégrante de l’équipe. Et si elle en bavait autant que nous, elle faisait tout pour le cacher et nous surpasser.

L’après-midi, nous faisions tantôt des exercices de déploiement, tantôt de la boxe martienne avec des mitaines et des protège-tibias. Les premiers exercices se déroulaient à travers l’ensemble du vaisseau, selon des scénarios connus de Conti seulement. En boxe martienne, ni Héloïse ni moi n’en menions large devant les monstres qu’étaient les Carcajous Maudits. La seule qui les tenait en respect avec les mitaines de combat était le lieutenant Conti, dont le visage se transformait en masque impassible de destruction dès qu’elle était face à eux. Certains en avaient même la trouille.

Ce soir, Mourat menait le dernier combat face à elle. C’était un géant par sa taille, et du coup, il ne la craignait pas trop. Mais elle était vive, agressive, déterminée. Chacune de ses esquives était suivie d’une contre-attaque très précise. Elle feignit un crochet et mit un uppercut. Mourat surpris, recula en secouant la tête. Conti, voulant finir sur cette petite victoire déclara :

— C’est fini pour aujourd’hui.

Je détachai les scratches de mes mitaines, puis ôtai le protège-dents en laissant tomber une goutte de bave par terre. Conti arriva vers nous et dit à Héloïse :

— C’était bien aujourd’hui, t’as moins reculé.

— Parce que je sais qu’ils font attention.

— Toi aussi, Fontaine. Tes frappes sont plus précises et tu fais plus de tentatives. La détermination, ça vous servira sur le terrain, à toutes les deux.

— Oui, mon lieutenant, sourit Héloïse.

— Dans quelques heures, nous serons en orbite d’Hansel-Gretel IV. Après votre douche, allez à l’infirmerie faire un contrôle de routine. Je veux une pilote opérationnelle. S’il y a le moindre doute sur sa capacité à piloter, vous m’en référez.

Le ton ferme révélait un historique tragique. Héloïse opina et je ne laissai pas paraitre ma désapprobation à laisser ma gynécienne me tâter. Paradoxalement, une certaine hâte m’emplit les muscles. Car après ça signifiait que j’allais pouvoir retourner dans mon Furet, m’empaler sur le transmetteur vaginal, sentir mon clitoris bloqué dans sa bague, ressentir toute cette carcasse s’articuler autour de mon corps et répandre ses vibrations sur mon épiderme comme dans mes orifices. J’avais l’impression que ça faisait un mois que je ne m’étais pas isolée à l’intérieur. Son souvenir effusif ressurgissait comme la lave jaillit d’un volcan. Je rangeai mes affaires dans le petit casier cubique qui m’était attribué, tandis que Conti rejoignait ses hommes. Les yeux d’Héloïse la scrutaient avec rêverie. Le short humide de sueur enveloppant les fesses de notre officier, je me moquai :

— Tu lui mates le cul ?

— T’es jalouse ?

— Non.

— Je suis juste en admiration. Ça, c’est de la guerrière ! C’est toi dans dix ans.

Le regard rond d’Héloïse sembla lire à travers mes vêtements. Alors que les hommes se targuaient les uns les autres de leurs tactiques de combat, je quittai le hangar en direction du dortoir. Héloïse m’emboîta le pas, curieusement sans un mot. Lorsque nous arrivâmes à nos couchettes, elle fouilla ses affaires avec une gestuelle nerveuse qui trahissait son impatience. Je choisis une culotte vert pomme à emporter avec mon treillis et ma serviette, puis gagnai les sanitaires. Dans la cabine, j’ôtai mon short et mon t-shirt détrempé puis les posai sur le haut de la porte à hauteur de mon nez.

L’eau tiède me fouetta. Je dénouai mes cheveux, puis les laissai s’inonder avant de passer au savon. Je ne tenais pas à être malodorante pour le contrôle à l’infirmerie. Une fois mes cheveux écumants, je passai mes mains sur mon corps. Une sensation brûlante sillonnait mon épiderme sous chaque doigt. Mon corps était d’une sensibilité inattendue. Mes doigts nettoyèrent consciencieusement ma vulve et mon sillon fessier, embrasant davantage le désir. Ma fébrilité me surprenait et je me sentais déjà sur la zone du plateau. J’hésitai à jouer les prolongations, pour exploser de plaisir sous la douche et non à l’infirmerie sous les yeux de ma gynécienne. Les voix masculines qui entraient me réfrénèrent. Héloïse me lança :

— Je t’attends là-bas.

Elle quitta sa cabine. L’eau me rinça, puis je me séchai rapidement pour m’habiller, inquiète d’être à ce point à fleur de peau. Le moindre contact d’Héloïse risquait de m’électriser. Le t-shirt trempé par mes cheveux détachés, je sortis pieds nus.

— Fallait pas te presser, me sourit un gars.

— Tu pouvais te sécher ici, on n’aurait rien dit.

Habituée à leur humour, je lui rendis un regard désabusé avec un rictus faussement amusé. Après avoir traversé le couloir, je suspendis ma serviette à côté de mon lit, brossai mes cheveux avant de les nouer au-dessus de ma tête. Béret coiffé, pieds chaussés, je me dirigeai alors vers l’infirmerie. Chaque pas le long du corridor métallique semblait résonner jusque dans mon bas ventre, comme les pas d’un ESAO. Savoir que j’allais retourner à bord n’était pas pour rien dans cet état fiévreux.

Je n’avais visité l’infirmerie qu’une fois, à l’occasion d’un exercice de libération de prisonnier. La chaleur de mon ventre ne cessait de grandir d’anticipation. Il y avait quelques mois, une visite médicale m’aurait fait l’effet d’une douche froide. Cependant, je ne cessais de penser au retour à bord du Furet qui se concrétisait.

La cabine était petite, d’un gris austère, malgré l’éclairage puissant suspendu à un bras au-dessus de la table. Héloïse, les mains déjà gantées de rose m’invita :

— Verrouille, et déshabille-toi.

Je bloquai la porte d’un geste sur le verrou tactile. Je commençai par les chaussures, puis baissai pantalon et culotte d’un même geste, sereine parce que c’était Héloïse qui m’auscultait.

— Le t-shirt aussi.

Obéissante, je posai le béret sur la poignée de porte, puis laissai le t-shirt choir au sol. Héloïse me complimenta en désignant la balance :

— Tes muscles se sont dessinés.

— Les exercices de Mourat, répondis-je debout sur la balance.

— Et l’absence de frites à la cantine.

J’opinai du regard. Sans m’inviter à descendre, elle demanda :

— Comment ça se passe le voyage ?

— Pourquoi tu me demandes ? Tu sais bien.

— Je dois le noter.

— Très bien. L’ambiance est plus cool que je ne pensais.

— Et du point de vue sexuel ?

— Je me sens bien.

— Piloter te manque ?

— Beaucoup.

— As-tu ressenti le besoin ou l’envie irrésistible de te masturber depuis notre départ ?

Je marquai une pause, trouvant la question très intime, puis confiai :

— Non.

— Tu te sens prête à y retourner dans quelques heures ?

— Je suis super prête, même.

— On va voir ça.

Je suivis sa main qui me désignait le banc d’auscultation. Je m’allongeai et attendis qu’elle ait fixé les étriers à la table pour y poser les pieds. Comme ces derniers étaient à la même hauteur que la table, je fus obligée d’ouvrir les cuisses en grand écart. Un sourire mutin fendit le visage d’Héloïse lorsque ma fleur écarlate de désir s’épanouit. La pointe de sa langue sur sa lèvre trahit une seconde le plaisir qu’elle avait à m’observer. Je plissai les yeux pour lui signifier que je la surveillais, puis je lui souris avant de reposer ma tête, lui donnant mon consentement. Mon corps avait envie d’être touché, palpé, manipulé. Neuf jours d’abstinence m’en avait rendue malade, et désormais je n’avais plus de pudeur vis-à-vis de ma gynécienne. Héloïse se plaça à côté de moi, sa main gauche sur ma cuisse, sa main droite passa sur un de mes tétons tendus. Je n’avais qu’une envie, être à bord, et me stimuler jusqu’à la jouissance. Mon corps parlait à ma place car elle constata :

— Le check-up va aller vite. Ils sont presque aussi tendus qu’après une mission.

Elle cocha la tablette, avant de reposer ses mains. Sa main gauche glissa avec malice à l’intérieur de ma cuisse, d’une lenteur qui n’avait rien de professionnelle. Arrivés sur ma vulve gorgée de désir, son pouce fendit ms nymphes. Mon ventre se creusa sous l’effet délicieux, mes narines échappèrent mon souffle contenu, et Héloïse s’amusa de l’abondance de ma cyprine. J’étais mal à l’aise que mon corps ait réagi à son contact. Ses yeux transpercèrent les miens et elle souffla à voix basse :

— C’est plus qu’être opérationnelle.

— C’est… Assez intrusif.

— Je m’arrête là. Je n’ai pas besoin de te stimuler pour amorcer ta libido.

— Non.

Elle ôta ses gants, puis elle me questionna :

— T’as du plaisir anal avec ta sellerie ?

— Oui.

— C’est efficace ?

— Avec l’habitude, oui.

Elle resserra les étriers, alors je m’assis et jetai un regard sur sa tablette. Elle avait coché positif à tout, aspect des mamelons, lubrification vaginale, durcissement du clitoris. Je questionnai :

— Il y a un protocole qui dit que tu dois me stimuler ?

— Ben les pilotes stressées, faut les détendre, mettre leurs nerfs à fleurs de peau. Sinon, l’installation dans l’ESAO est désagréable et parfois, ça ne démarre pas.

— Ça a du sens.

— C’est issu d’un retour d’expérience, pas d’un esprit lubrique.

— Je te crois.

Elle éteignit la tablette puis me demanda :

— Stressée quand même ?

— Pas trop. Surtout impatiente.

— Cool. On se retrouve au mess ?

— Oui.

Elle quitta l’infirmerie. Je me levai, verrouillai la porte, puis m’habillai lentement en réfléchissant à celle que j’étais devenue. Je ne savais pas si prendre du plaisir sous les gestes d’une autre personne était quelque chose dont j’avais envie. Jusqu’ici, je m’explorais en solitaire, en toute intimité. Le temps avait fait tomber les barrières de l’intimité avec Héloïse, et ça en était déroutant. Mon cœur continuait de battre à l’idée d’entrer dans mon Furet.

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