39. Contre-attaque

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La tasse à café au creux de la main, je regardais les étoiles par la vitre de la salle haute. Horvath avait préféré retourner fermer les yeux dans l’atelier. Mourat était assis près des transmissions, mais il ne parlait pas, c’était comme si j’étais seule. Je savourais cette apaisante tranquillité, loin de la Terre.

Le pilote civil entra, son reflet s’approcha du mien.

— Manque de sommeil ?

— Je profite de la vue.

— Après quelques heures on s’en lasse. C’est qu’un caillou sec et sans vie.

— Et vous y travaillez.

— Il faut bien manger.

— Et comment vous vous êtes retrouvé pilote ? Vous étiez dans l’armée ?

— Non. La société a récupéré par hasard un vieil ESAO de manutention, c’est assez pratique. Et il fallait un volontaire pour le piloter. Curieusement, il n’y a pas grand monde qui s’est proposé.

— Les ESAO, c’est tabou.

— Se faire pomper le dard au travail, ce n’est quand même pas désagréable.

— J’imagine que non.

— Et puis quand on a commencé à prospecter, je suis devenu leur escorteur. Et vous alors, ça vous excite de vous goder tout en faisant la guerre ?

— Serais-je ici, si ce n’était pas le cas ?

— Qu’est-ce qui vous a mené ici ?

— La guerre.

— Je veux dire…

Soudain une explosion blanche aux éclats bleutés illumina le ciel. Mon interlocuteur jura à qui voulait l’entendre :

— Putain ! Y a eu une explosion !

— Quoi ? s’exclama Mourat. — Les débris dessinaient des traînées dans l’atmosphère. — TBK2 à GG, vous me recevez ? GG, vous me recevez ? Ici TBK2. — Il tapota sa tablette. — À ton ESAO tout de suite !

Il se leva aussi vite que moi, et alors que je dévalais les marches il aboya :

— Le Gulo Gulo est détruit ! Tout le monde à son poste !

Héloïse bondit vers moi pour huiler les sondes. Alors que chacun se jetait sur sa combinaison, dos à eux, aux pieds de mon Furet, je délaissais l’uniforme. L’urgence ne laissait pas de place à la pudeur. À peine déchaussée, je m’embrochais sur ma selle. Héloïse emprisonna mon clitoris et ferma le carter d’un geste précis et rapide. Les arceaux bloqués, ma poitrine aspirée, je remontais alors que les hommes verrouillaient leurs armures de combat. Héloïse coiffa son heaume, tandis que la rotation du transmetteur vaginal augmentait mon humidité mécaniquement, sans vraiment pallier mon stress. Le pilote civil, avait glissé son pénis flasque dans son carter et disparaissait dans le Grizzli.

À travers la vitre donnant sur la porte vitrée nous apercevions les premiers tirs des batteries anti-aériennes. Les voix des sentinelles nous vrillèrent les tympans :

— Défonceur en approche !

Conti ordonna :

— Ouvrez les portes !

Une explosion nous devança, déformant l’immense porte du hangar. D’autres impacts firent vibrer les murs de la base. Conti s’affola :

— Fontaine ! Pensez-vous être prête à tirer ?

— Non, mon lieutenant.

— Bazookas prêts ! Abritez-vous !

Mes camarades sous mes pieds cherchèrent chacun un abri. Deux d’entre eux armèrent des lance-roquettes. Les vitres au-dessus de nous fendirent sous les impacts de rayons lasers orange flamboyants. Un vaisseau de chasse extraterrestre se maintenait en vol stationnaire. Il avait une forme triangulaire, des pointes d’ailes acérées qui se recourbaient. Sa puissance de feu semblait infinie. Le verre finit par céder en éclats polis par la chaleur. Beck visa à travers les bris de vitres et le projectile explosa sur le cockpit. Concentrée sur moi-même, je laissais passer un léger courant de ma poitrine vers mon bas ventre. L’envie de participer à la destruction faisait grimper mon désir sexuel.

La porte du hangar s’éventra, s’ouvrant sur l’énorme vaisseau blindé qu’on surnommait Défonceur. Il était noir, très anguleux, des excroissances sous son ventre soufflaient bruyamment pour le maintenir en l’air et lui donnaient un air de panda en colère. Mes camarades projetèrent deux roquettes. Le vaisseau s’éleva brutalement, comme s’il avait anticipé, projetant autour de lui des éclats de brumes dans lesquels nos projectiles aveugles vinrent exploser. L’immense navire ouvrit le feu sur les canons antiaériens. Les murs vibrèrent à nouveau, jusqu’à ce qu’il se repositionnât face à nous. L’ESAO civil fit un pas en avant et sa gueule lâcha un rayon de deux secondes qui frappa l’aile.

Le vaisseau pivota sans pour autant sembler gêné, et il esquiva deux nouvelles roquettes, tandis que des Homards s’engouffraient par les vitres de l’étage pour nous prendre en feu croisé. Les Carcajous commencèrent à riposter. Nos projectiles étincelaient sur les armatures métalliques, le béton volait en éclat. Moi, je ne voulais laisser aucune gloire à l’autre pilote prétentieux. Le transmetteur vaginal tournait frénétiquement, et le palpeur clitoridien s’activait délicatement par intermittence. Alors que je sentais les spasmes m’habiter, je me retenais de tirer. Je voulais conserver mon tir pour un moment plus propice. Plus je le retarderais, plus mon plaisir en serait long et efficace. Il suffirait juste d’un coup plus long sur mon clitoris. Ma cyprine commençait à glisser dans mes cuisses tandis que j’alternais le rythme de la sonde entre mes muscles. Plus les secondes défilaient, tendues pour mes camarades, plus je me régalais à l’avance des dégâts que j’allais commettre.

Alors qu’une seconde vague d’assaut pénétrait en jet pack la verrière, je laissai le palpeur tourner autour de mon rubis jusqu’à ce que mes muscles tremblassent. Je ne pus retenir l’orgasme plus longtemps. Mon rayon surgit, se planta droit dans le cockpit du tank volant. J’y restai trois secondes pour être sûre de le transpercer de la proue à la poupe. Les contractions de mes muscles se poursuivant, je balayai du visage les murs pour ravager la verrière. Plus un Homard ! Le silence complet. Mourat balbutia sur la fréquence commune :

— Putain ! Je n’ai jamais vu un tir pareil.

— Quatre rejoignent les sentinelles, les autres en avant ! cria Conti. Je veux un décompte !

— TBK2 opérationnel, répondit Mourat.

— TBK3 opérationnel, surenchérit Horvath

L’appel se poursuivit, l’absence de blessé me réconforta. Je laissai le courant électrique chatouiller mon clitoris pour empêcher mon plaisir de retomber de sa zone de plateau. Voyant mes camarades avancer vers la porte éventrée, je les enjambai et jetai un œil vers l’extérieur. Un Homard s’agenouilla avec un lance-projectiles. Je tendis le bras et lâchai une salve de balles. Il tomba et sa roquette explosa contre lui. Un de ses congénères surgit pour échapper à l’explosion. Je bondis et le décapitai d’un coup de tronçonneuse. Le carnage me procurait une véritable satisfaction sadique. Conti annonça :

— On part en éclaireur à leur vaisseau. On récupère les peignes.

Les peignes étaient des modules informatiques des Crustacés, ils pouvaient contenir des infos de cryptage ou de localisation. Toute leur informatique marchait par modules qui s’imbriquaient les uns dans les autres. Certains pouvaient comporter des informations précieuses.

Les Carcajous Maudits accélérèrent le pas, fusils épaulés. Le soleil levant dorait le sable brun d’Hansel-Gretel IV. C’était magnifique et ma seule envie était d’exploser à nouveau de plaisir, tant le paysage m’enivrait. Je retins mes cuisses de trembler et coupai tous mes stimulateurs. J’accompagnai mes camarades, alors que le simple mouvement de ciseau de mes jambes me laissait à fleur d’orgasme. Il fallait absolument qu’il y ait une seconde vague d’attaquants ! Je voulais jouir utile.

Conti pénétra dans le vaisseau la première. Une salve retentit. Héloïse, peu rassurée, resta à faire le guet.

— TBK6 à TBK1 ! Trois autres Défonceurs en approche.

— On se retranche dans la base ! On ne fait pas le poids ! TBK11 et TBK10, restez planqué dans l’épave pour les prendre à revers. Toute l’artillerie prête à faire feu ! Faut les faire tomber ces salauds.

Elle sortit de l’épave alors qu’Héloïse y pénétrait pour s’y cacher. J’escortai le lieutenant qui nous encouragea en courant vers la base :

— Allez les gars, c’est ce matin qu’on meurt !

— Lieutenant ! Un croiseur de la marine a reçu notre message d’alerte.

— Un croiseur ? Qu’est-ce qu’il fait là ?

— Je n’en sais rien. Ils disent qu’ils seront sur nous dans moins de dix minutes.

— TBK6 ! Dans combien de temps l’ennemi sera sur nous ?

— Trois minutes.

Conti leva les yeux vers moi avant de pénétrer dans le hangar.

— Bordel de cul ! Fontaine, vous avez déjà tiré. Planquez-vous !

— Je peux faire feu dans la seconde, répondis-je.

— Vraiment ?! Alors avec les sentinelles ! Abattez-en un, ça fera peur aux deux autres.

Je grimpai sur le toit de la verrière effondrée et m’accroupis dans les décombres du dôme, tremblante, prête à exploser de plaisir. Le lieutenant s’abrita. Les trois silhouettes des vaisseaux ennemis se dessinèrent dans le ciel. Ma roulette effleura mon clitoris. Un frisson délicieux m’envahit toute entière, je me lâchai. Mon rayon percuta de plein fouet le premier vaisseau. Les deux autres virèrent de bord. Je les suivis, mais mon orgasme cessa avant que j’en atteignisse un. J’insistai avec la roulette, mis les deux godes à pivoter l’un contre l’autre, et laissai le plaisir remonter aussitôt. L’orgasme me surprit par sa rapidité foudroyante. Mon ventre trembla brièvement et le rayon de plasma frappa de plein fouet le second vaisseau. Le troisième ouvrit le feu dans ma direction. Je roulai en arrière et tombai du toit. Le choc sur le dos m’estomaqua. Je restai étourdie, les quatre fers en l’air, abritée temporairement du Défonceur par la structure de béton.

Mon corps tremblait, comme un robot agité par un bug, partagé entre les signaux contradictoires de l’adrénaline du stress et l’endorphine du plaisir. Mon corps était bien, décontracté, savourant ce qui venait de se passer et mon cerveau s’affolait, voulant absolument un nouvel orgasme pour terrasser le troisième vaisseau. J’avais l’impression de ne rien contrôler, comme dans un cauchemar. Le transmetteur dans mon vagin engourdi ne me faisait que peu d’effet. J’avais beau dire à ma tête de stopper les stimulateurs, mon regard ne parvenait pas à sélectionner les commandes.

Les explosions de roquettes pétaradèrent dans l’atmosphère. La dernière batterie anti-aérienne s’acharnait à suivre le vaisseau trop rapide. Le tir bref de l’ESAO mâle manqua sa cible. Le Défonceur ébréché tourna autour du bâtiment pour se placer à ma portée. Je levai un bras pour tirer lorsque soudain, un rayon venu du ciel transperça le vaisseau. Il tomba lourdement vers le sol. Le fracas de l’impact sépara la proue de la poupe. La silhouette d’un ESAO Lionne plana au-dessus de nous et son matricule apparut sur le canal de communication. La pilote fanfaronna :

— OPL17 à TBK, nous sommes ici pour vous rapatrier ! — Elle atterrit à côté de moi et tendit la main. — Debout camarade, les transporteurs arrivent pour vous évacuer, mais ils vont mettre plus de temps.

J’empoignai sa main d’acier pour me relever. Conti ordonna :

— TBK1 à unité TBK. On charge le chaland, et on prépare le décollage. Dites aux civils de ne rien emmener. TBK2, je veux le nombre de blessés. OPL17, on embarque tout le monde. Il nous faut juste des transporteurs sans module pour remonter les deux ESAO à votre navire.

— Je transmets l’info, répondit la pilote.

— Je monte la garde, ajoutai-je.

— Très belle démonstration, TBK12, ajouta Conti. Je n’ai jamais vu une pilote multiplier les tirs comme ça.

— C’est clair, ajouta Muller. Tu nous as tous sauvés.

— Pas de blessés du côté des Carcajous, ajouta Mourat. Chez les civils : une fracture du tibia, une clavicule pétée, des contusions légères.

— Un miracle, marmonna Conti. Un putain de miracle.

— On peut quand même enterrer celui qui est tombé, indiqua Horvath. L’égo du pilote du Grizzli.

Je reconnus les rire d’Héloïse parmi celui des autres. Seule Conti ne se joignit pas à nous, et dispatcha ses nouveaux ordres. Dix minutes plus tard, les deux premiers porteurs avec des modules pour le transport de passagers atterrirent sur la piste principale de la raffinerie. Il fallait d’abord évacuer les civils, et donc que nous restions sur le qui-vive. Les gars s’étaient partagé les munitions restantes, la Lionne patrouillait en périphérie du site, tandis que je montais la garde près de la piste. Le calme apparent m’aidait à me sentir bien. Mes muscles étaient détendus, ma peau réclamait des caresses légères auxquelles je répondais par une ventilation un peu plus poussée et rafraîchissante. Le soleil grimpait progressivement vers le zénith.

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